Chapitre 05

Il est aux alentours de midi à leur montre lorsque Junior, Meriem, et Aicha sortent du village artisanal avec plusieurs articles en main. Le jeune homme déverrouille la voiture à distance et tout le monde y range les courses. Alors qu’ils viennent tout juste de monter à bord, le ventre de la plus jeune des trois se met à gargouiller. En entendant le bruit de son estomac, la femme de David se dit qu’il serait bien d’avoir un petit truc à manger.

  • Junior, y a-t-il un endroit dans les environs où nous pouvons nous restaurer ? lui demande-t-elle.
  • En effet madame. Non loin d’ici se trouve ‘La Terrasse,’ un restaurant plutôt sympa bien qu’il soit trop cher à mon gout, répond-t-il.
  • L’argent n’est pas un problème. Conduis-nous là-bas s’il-te-plait.
  • Oui madame.

Junior met le contact, démarre la voiture, et emmène les deux femmes à l’endroit indiqué. Il faut moins de vingt minutes au trio pour arriver devant ‘La Terrasse.’ Le jeune homme cherche alors un endroit où se garer. Une fois la place de parking trouvée, Meriem est la première à descendre, suivie de près par sa fille.

Le restaurant est rempli de monde, tout ce qu’il y a de plus normal vu la période de la journée. Après avoir attendu plusieurs minutes à l’extérieur de l’édifice, Meriem se demande pourquoi leur jeune chauffeur ne vient pas les rejoindre. Elle décide donc de retourner vers le véhicule pour lui poser la question.

  • Attends-moi là, ordonne-t-elle à Aicha qui fait la gueule depuis l’incident au village artisanal.

Meriem s’en va alors vers la voiture. Là, elle voit Junior assis sur son siège, les yeux fermés. Elle cogne légèrement à sa vitre, ce qui le fait se retourner. Il baisse donc le morceau de glace pour voir ce qu’elle désire.

  • Y a-t-il un souci madame ? questionne-t-il.
  • Pourquoi ne nous accompagnes-tu pas ? N’as-tu pas faim ? lui répond-t-elle.
  • Madame, j’apprécie le geste mais je ne suis que votre chauffeur. Je me vois très mal accepter de la nourriture venant de la femme de mon patron, rétorque le jeune homme.

Alors qu’il vient tout juste de lui répondre, le ventre de Junior se met lui aussi à exprimer son opinion.

  • Tu vois que toi aussi tu as faim. Allez, vient prendre quelque chose, l’invite-t-elle après avoir entendu le bruit émis par son estomac.

Junior n’a d’autre choix que d’accepter l’invitation de sa patronne. Il remonte donc la vitre de la portière, descend de la voiture, et la verrouille.

A l’intérieur du restaurant, Aicha, Junior, et Meriem doivent attendre leur tour avant de pouvoir récupérer leur commande. On les avait donc invités à s’asseoir pour rendre leur attente un peu plus confortable. La femme de David profite alors de l’occasion pour poser quelques petites questions à l’employé de son époux.

  • Dis-moi Junior, depuis combien de temps travailles-tu pour mon mari ? demande-t-elle.
  • Cela fait à peu près cinq ans que je suis à son service, répond-t-il.
  • Je vois. En tant que son employé, comment le trouves-tu ?
  • Monsieur votre mari est quelqu’un de très strict mais juste. Je me rappelle une fois où il avait réprimandé Mamadou à cause d’un oubli.
  • Mamadou ?! questionne-t-elle, curieuse.
  • Le gardien de votre maison madame.
  • Ah Ok ! Donc, que s’est-il passé après ?
  • Monsieur David a découvert qu’il était malade et n’a pas toléré le fait qu’il le lui cache. Il m’a donc demandé de le conduire à l’hôpital pour qu’il passe des examens et achète des médicaments. D’après moi, il ne voulait pas que l’une des personnes responsable de la protection de son domicile soit réduit physiquement.
  • C’est très compréhensible. Si quelqu’un venait à s’infiltrer dans la concession, Mamadou serait très désavantagé.
  • En effet.
  • J’ai une autre question pour toi. Pendant ces cinq longues années, mon mari a-t-il ramené des gens chez nous ?

En entendant la question de sa patronne, Junior comprend immédiatement où elle veut en venir et ce qu’elle entend par ‘gens.’

  • Personne en dehors des ouvriers et de quelques amis, répond le jeune homme.
  • Je vois. Merci encore pour tes réponses.
  • Tout le plaisir est pour moi.

Tandis que Junior et Meriem sont toujours en train de converser sur divers sujets, l’une des employés du restaurant arrive enfin avec les articles qu’ils avaient commandés.

  • Voici vos sandwichs et vos boissons, leur dit-elle en posant les objets sur leur table.
  • Merci beaucoup, rétorque tout le monde sauf Aicha.

La jeune femme retourne s’occuper d’autres clients tandis que le trio commence à consommer leur nourriture.

—–*—–

Une trentaine de minutes après qu’ils furent servis, Aicha, Meriem, et Junior finissent leur déjeuner. Ils se lèvent donc et sortent tous du restaurant. Tandis qu’ils sont de nouveau dans leur voiture, la femme de David demande au jeune homme s’il a d’autres endroits à leur faire visiter. Il lui répond alors qu’il y a bien un musée qui se trouve non loin de leur position, mais la femme marocaine n’est pas intéressée par cela, venant tout juste de visiter le village artisanal.

  • N’y a-t-il pas d’autres divertissements en dehors du musée ? questionne-t-elle.
  • A part deux ou trois cinémas, rien d’autre ne me vient en tête. Il faut dire que notre pays n’est pas vraiment développé sur ce plan, répond-t-il.

A ce moment, Aicha qui se trouve sur le siège arrière émet un ‘pfff,’ un son témoignant de son ennuie.

  • Ne pense pas que j’ai oublié l’incident de tout à l’heure, dit la mère à sa fille en la regardant à travers le rétroviseur.

Aicha roule des yeux tandis que Meriem vient tout juste de leur parler. Cette dernière le remarque mais ne dit rien. Elle préfère attendre qu’elles soient toutes les deux à la maison pour la punir comme il se doit.

  • C’est vraiment dommage que vous n’ailliez aucun parc d’attraction et autres divertissements du genre, reprend-t-elle avec Junior.
  • Nous en avions avant, à l’époque de notre ancien président, déclare le jeune homme.
  • Que s’est-il alors passé ? demande Meriem, curieuse.
  • Je n’en ai malheureusement aucune idée. Du jour au lendemain, les différentes attractions ont été démontées pour laisser placer à une foire d’exposition.
  • Comment font alors les jeunes pour se divertir ?
  • Ils font avec les moyens du bord madame. Ils font avec les moyens du bord. J’ai l’habitude de dire que tout ce qui est bien pour la population de ce pays finit inexorable par disparaitre. Alors, où voulez-vous qu’on aille ? répond-t-il tout en mettant le contact.

L’épouse de David réfléchit quelques instants et, n’ayant aucune idée de lieu à visiter, décide qu’il est temps pour eux de rentrer à la maison. Sa fille et elle avaient déjà obtenu ce dont elles avaient besoin, en plus d’avoir rajouté quelques petits extras. Meriem donne donc leur destination à Junior et ce dernier appuie sur la pédale des gas.

Près de quarante-cinq minutes après leur départ de ‘La Terrasse,’ Aicha, Meriem, et leur chauffeur se retrouvent devant le portail de leur concession. Le jeune homme klaxonne plusieurs fois avant que Mamadou ne leur ouvre. Il engouffre alors l’énorme véhicule à l’intérieur puis coupe le contact quelques secondes après. Aicha est la première à descendre. Sans adresser la parole aux deux autres, elle se précipite dans sa chambre, laissant au passage Junior et sa mère s’occuper de décharger le coffre.

Avec l’aide de Mamadou qui venait tout juste de refermer le portail, le jeune homme transporte tout ce qu’ils ont acheté dans le salon. Une fois la tache terminée, Meriem les remercie tous les deux et leur donne un peu d’argent en guise de bonne foi. Ces derniers l’acceptent volontiers et retourne à leur poste. Junior, n’ayant plus rien à faire de la journée, verrouille et va déposer les clés à l’endroit exacte où il les avait prises. Il souhaite ensuite une bonne soirée à tout le monde et s’en va. La maitresse de maison, avec l’aide de la gouvernante, se met à ranger les courses. Une dizaine de minutes plus tard, l’ordre est de retour dans la demeure. Il ne lui reste plus qu’une dernière chose à faire : s’occuper de son insolente petite fille.

A suivre !!!

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