Aicha se réveille quelques heures plus tard. Tandis qu’elle déambule encore entre le monde des rêves et celui de la réalité, son premier reflexe est d’attraper son téléphone portable. Elle place donc sa main sous un premier oreiller mais ne trouve rien. Elle fait de même avec le second sans aucun succès. C’est alors qu’elle se rappelle les évènements qui se sont déroulés avant qu’elle ne s’endorme. Là, toute la colère qui s’est évaporée avec le sommeil revient d’un coup. Elle a du mal à croire que sa propre mère lui ait confisqué ses appareils. La jeune femme se lève donc de son lit et manque de tomber à cause de ses affaires qui trainent sur le sol. Après les avoir violemment poussés avec son pied, elle ouvre la porte de sa chambre et sort.
Aicha referme derrière elle et va dans la chambre de ses parents. Sa mère ne s’y trouve pas, ce qu’elle considère comme une bonne nouvelle. La demoiselle se dirige un premier temps vers leur grande armoire à linge. Elle ouvre cette dernière et se met à la recherche de son téléphone portable. Une dizaine de minutes plus tard, elle ne trouve rien. Elle referme donc la porte et passe aux commodes se trouvant de part et d’autre du lit. Aucune trace de ses appareils électroniques à l’intérieur. Devant ces recherches infructueuses, la colère déjà présente en elle s’intensifie de plus en plus. Il ne lui reste plus qu’un dernier endroit à fouiller : le gros meuble situé en face du lit. A l’intérieur, elle trouve de tout, des chaussettes, les débardeurs de son père, et même ses sous-vêtements mais pas le moindre téléphone. Aicha attrape donc les habits de son père et les jette un peu partout.
- Maman ! hurla si fort la jeune femme que ses cordes vocales deviennent visibles.
La fille de Meriem sort de la chambre de ses parents et part à la recherche de sa mère. Elle finit par la retrouver assise devant la télévision dans le salon.
- Maman ! crie-t-elle à nouveau.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu fais autant de bruit ? questionne la femme de David.
- Mon téléphone ! Où t’as mis mon putain de téléphone, dit-elle.
- Tu ne l’auras pas. Cela te servira de leçon.
- Je veux mon téléphone maintenant.
- Ne compte pas sur moi pour céder à tes caprices, répond la mère tout en attrapant la télécommande.
Meriem se met à parcourir le catalogue de chaines à la recherche de quelque chose d’intéressant à suivre. Pendant ce temps, Aicha s’approche de sa mère et attrape son téléphone posé à côté d’elle.
- Remet le à sa place, réagit calmement la maitresse de maison.
- Pas tant que tu ne m’auras pas remis mon téléphone, répond Aicha.
L’insolence de sa fille pousse Meriem à déposer la télécommande de la télévision et à se lever du canapé.
- Aicha Aouni Ellah ! Rends-moi immédiatement mon portable, dit Meriem en tendant sa main vers sa fille.
L’expression faciale de la mère est on ne peut plus sérieuse. Jamais n’aurait-elle pensé que son propre enfant adopterait un tel comportement. D’ailleurs, après que la femme de son père se soit redressée, cette dernière lève sa main au-dessus de sa tête et menace de laisser tomber l’appareil.
- Aicha, si tu oses le lâcher, attends toi à de très graves répercussions, déclara Meriem.
- Si tu me rends mon téléphone maintenant, je n’aurai aucune raison de le faire, répond la jeune femme.
La demoiselle fait une première fois semblant de faire tomber l’appareil, ce qui fait bondir le cœur de sa mère. Celle-ci avance alors d’un pas, ce qui pousse la jeune femme à en faire un en arrière. Aicha finit par laisser tomber l’appareil. Durant sa chute, Meriem hurle le nom de sa fille tout en essayant de le rattraper. Malheureusement, elle n’est pas assez rapide et le précieux téléphone atterrit violemment sur le sol. C’est au tour de la femme de David de piquer une crise de colère. Ce que son enfant venait tout juste de faire était inacceptable.
Tandis qu’elle est toujours courbée, Meriem se redresse précipitamment, fonce sur Aicha et essaye de l’attraper.
- Est-ce que tu sais combien d’euros ce téléphone m’a couté, crie Meriem.
- Je m’en fous. Rends-moi le mien, rétorqua la jeune femme en esquivant sa mère.
- Tu penses vraiment que je vais te le remettre après ce que tu viens de faire ? Tu te fous de qui ?
La tension entre les deux femmes est à son paroxysme. La femme de David, qui n’a jamais levé la main contre son propre enfant depuis sa naissance, ne peut vraiment plus d’elle. C’est donc un jeu de chat et de la souris qui déroule dans le salon de la demeure familiale.
—–*—–
Le bruit du moteur et les coups de klaxon d’une voiture se font entendre devant le portail de la maison des Ellah. Mamadou qui est encore de garde se précipite pour voir de qui il s’agit. Après avoir confirmé l’identité de la personne, celui-ci ouvre la barricade. La voiture de David pénètre alors dans la concession. Le gardien referme alors le portail et se dirige vers le maitre de maison qui vient tout juste d’arrêter son moteur.
David attrapa son attaché-case sur le siège passager, retire la clé du contact, et sort du véhicule. Il entend alors des hurlements en provenance de sa maison.
- Monsieur ! Ca ne va pas dans votre maison, dit Mamadou.
- Qu’est-ce qui se passe ? questionne David, curieux.
- Je ne sais pas monsieur. Madame votre femme et votre fille ont commencé à se disputer tout à l’heure, rétorque l’homme.
- C’est bon. Je vais me charger de ça. Tu peux retourner à ton poste.
- Bien monsieur.
Comme le lui a demandé David, Mamadou retourne à son poste mais reste toujours curieux de savoir ce qui bien se passer à l’intérieur de la demeure. Pendant ce temps, monsieur Ellah se demande ce qui a encore bien pu se passer entre sa femme et sa fille. Rien qu’en pensant à cela, l’homme sent qu’il va attraper une migraine. Sans trainer, David prend la direction de sa maison et tombe sur un triste spectacle. Les membres de sa famille sont en train de se battre.
- Qu’est-ce qui se passe ici ? intervient l’homme d’une voix ferme.
Aicha et Meriem qui n’ont pas entendu les bruits de sa voiture arrêtent immédiatement de se battre. La jeune femme coure vers son père, pensant que ce dernier serait de son côté.
- Maman m’a confisqué mon téléphone et mon ordinateur portable cette après-midi et refuse de me les rendre, déclare Aicha.
- Oui parce que tu es insolente. Regarde ce que ta fille a fait ! s’exclame l’épouse de l’homme en colère.
Meriem montre alors les débris électroniques se trouvant sur le sol, ainsi que son téléphone portable qui traine à côté d’eux.
- Ta fille est très insolente. Depuis ton départ ce matin, elle n’a cessé d’avoir un comportement désagréable envers tout le monde. Elle me bouscule, engueule Junior quand il essaie de lui parler, disparait alors que je lui ai dit de rester à proximité. J’ai confisqué ses appareils pour la punir et regarde le résultat.
- Tu n’avais pas le droit de…
Avant qu’Aicha ne finisse de prononcer sa phrase, la main de son père vient violemment s’abattre sur sa joie. La jeune femme est sous le choc. Jamais ce dernier n’a levé la main sur elle. David est très en colère et déçu par le comportement de sa fille. D’ailleurs, cela se reflète sur son visage.
- Elle n’a pas le droit de faire quoi ? C’est ta mère et en tant que tel, tu lui dois respect et obéissance. Si elle te demande de faire quelque chose, tu le fais sans discuter.
Des larmes se mettent à couler le long du visage d’Aicha. Cela ne semble cependant pas attendrir le maitre de maison qui se retourne vers son épouse.
- Combien de temps avais-tu prévu de lui confisquer ses appareils ? lui demande-t-il.
- Deux semaines environs, répond-t-elle.
- Ce sera désormais deux mois.
- Mais…, intervient la jeune femme.
- Il n’y a pas de mais qui tienne. Si je t’entends émettre la moindre plainte, je monte à six mois, interrompt David.
Aicha n’a plus que ses yeux pour pleurer. Son père qui a toujours été de son côté vient littéralement de se retourner contre elle. Au fond de son cœur, elle ne maudit plus ses parents mais leur souhaite la mort. David finit par renvoyer sa fille dans sa chambre, lui disant qu’elle ne sortira pas de là tant qu’il ne lui donnera pas la permission. C’est donc plein de rage et les poings fermés que la jeune femme passe devant son père et sa mère et enjambe les marches d’escalier.
Se retrouvant désormais seul avec sa femme, David dépose son attaché-case dans un fauteuil et s’assoit. Il met alors ses deux mains sur sa tête et se demande quelle partie de l’éducation de leur fille son épouse et lui ont raté pour aboutir à un résultat pareil. Meriem s’assoit juste à côté de lui et essaie de le réconforter. Plus tard dans la soirée, la punition d’Aicha est passée de deux à trois mois à cause du désordre fait dans la chambre de ses parents.
A suivre !!!