La sonnerie retentit, ce qui signifie que le temps alloué au cours de mathématiques est terminé. Aicha qui était couchée jusqu’à présent se redresse et attend la venue du prochain professeur. Elle en profite également pour jeter un nouveau coup d’œil à son environnement et se rend compte que rien n’a vraiment changé. Les groupes sont toujours identiques et leurs membres parlent toujours de tout et de rien.
Cinq minutes plus tard, le silence s’impose en classe et tous les élèves regagnent leur place. Une dame d’une quarantaine d’années voire plus venait tout juste de rentrer dans la pièce. Elle est habillée de façon très sobres et possède des cheveux bruns attachés en chignon. Une paire de lunettes de vue se tient devant son regard sévère et intimidant.
- Bonjour à tous ! dit-elle en se dirigeant vers le bureau.
Les élèves répondent à ses salutations tandis qu’elle dépose ses affaires sur le bureau. Comme avec le précédent professeur, elle attrape un marqueur et écrit son nom sur le tableau blanc. Elle se retourne ensuite vers les adolescents et continue son introduction.
- Je suis madame Dubois et à compter d’aujourd’hui, je serai votre professeur de français, Il y a de nombreuses points importants que vous devez tous sans exception connaitre à mon sujet, le premier étant que je ne supporte pas l’insubordination. Donc, si je vous surprends à parler durant un de mes cours, à tricher pendant les évaluations, ou à faire une quelconque activité prohibée à mes heures, je vous mettrai immédiatement à la porte et vous ne reviendriez à mon cours qu’avec vos parents…, dit-elle en regardant chacun des élèves dans les yeux.
Lorsqu’ils croisent tous ses yeux, chacun des camarades d’Aicha y compris elle-même sait que cette dame n’est pas du genre à dire des paroles en l’air et donc qu’il faut se tenir à carreau avec elle.
- Le second point que j’aimerais aborder avec vous concerne les retards. Chacun d’entre vous a pu constater qu’aucun de mes cours ne débute à 7h, ce qui signifie que si l’un d’entre vous ne se trouve pas en classe avant que je n’y pénètre, son accès lui sera purement et simplement refusé…
A ce moment, un des lycéens lève la main, ce qui pousse madame Dubois à interrompre son monologue et à lui donner la parole.
- Madame, et si par exemple un ou une élève qui venait d’effectuer la grosse commission arrive en retard à votre cours, le laisseriez-vous entrer en classe ? demande le jeune homme sous le regard de tout le monde.
- Il y a exactement dix minutes de pause entre chaque cours. Ca vous laisse donc le temps d’éjecter votre matériel fécale, de vous nettoyer convenablement, et de revenir vous asseoir sur vos sièges, répond-t-elle froidement.
- Madame, et si la personne ne peut pas se retenir et se voit obliger de sortir avant votre arrivée, rajoute l’élève.
- Dans ce cas, je vous renvoie au début de mon second point, rétorque-t-elle de nouveau.
La conversation entre le lycéen et elle coupe court et elle continue son monologue. Comme avec le professeur de mathématiques, elle le dit qu’elle ne supporte pas les élèves qui ne font pas leur travail, que c’est leur devoir de le faire comme c’est le sien de leur apprendre divers notions de la langue française. Les minutes passent et Aicha commence à s’ennuyer. Sans le faire exprès, elle se met à bailler mais place vite sa main devant sa bouche. Cela n’échappe cependant pas à madame Dubois qui lui demande immédiatement après si ce qu’elle raconte ennuie la jeune femme.
- Non madame, répond la fille de David tandis que tous les regards sont tournés vers elle.
La dame la laisse tranquille et ordonne à tout le monde de sortir une feuille. Tous les lycéens de la classe s’étonnent lorsqu’ils entendent l’ordre qu’elle vient de donner. Ils se disent alors que tous les professeurs ont du se passer le mot pour faire des évaluations le premier jour de la rentrée des classes. Comme elle leur a demandé, tout le monde sortit une feuille. Le jeune homme qui interpela Aicha précédemment ne prend plus la peine de le faire et préfère se tourner vers d’autres personnes.
- Maintenant que tout le monde a sortir une feuille, j’aimerais que vous écriviez dessus votre nom, prénom, quartier de résidence, et ce que vous aspirez à faire plus tard, leur dit madame Dubois.
En entendant cela, beaucoup d’élèves sont soulagés. Ce n’est pas une évaluation mais une fiche de présentation. Devant sa feuille, la jeune Aicha inscrit ses différentes informations mais s’arrête lorsqu’il s’agit d’indiquer ce qu’elle veut faire plus tard. Quand elle pense à cela, elle ne se voit pas faire le même métier que sa mère, peut-être une profession comme celle de son père qui lui permettrait de voyager tout autour du monde et de visiter des lieux exotiques. Indécise, la jeune femme préfère laisser cette section vide et dépose son stylo avant de retourner sa feuille.
- Ceux qui ont fini sont invités à venir déposer leur feuille sur la table, rétorque de nouveau madame Dubois.
Plusieurs élèves y compris Aicha se lèvent de leur siège et se dirigent vers le bureau du professeur. Afin que personne ne lise ce qu’elle a écrit, la demoiselle ralentit le pas et attend que les autres aient déposé leur copie. Elle s’avance ensuite et met la sienne sur le lot. Madame Dubois qui l’observe depuis un moment déjà constate qu’il manque une information sur sa fiche.
- Vous n’avez pas indiqué ce que vous voulez faire plus tard, lui dit-elle alors.
- C’est tout simple parce que je ne sais pas encore ce que je veux faire plus tard, répond-t-elle.
- Je vois. Alors, écrivez-le dessus, retorque à nouveau le professeur en lui remettant sa feuille.
Aicha retourne donc à sa place pour compléter la fiche. Elle s’assoit, attrape son stylo, et marque l’information manquante sur la copie. Dès qu’elle termine, la jeune femme se relève et retourne auprès du professeur de français au même moment qu’un autre élève. Ce dernier l’invite à déposer sa feuille en premier.
- Apres toi, lui dit-il.
La demoiselle ne prend même pas la peine de le regarder directement ni même de le remercier pour sa courtoisie et pose son morceau de papier sur le bureau avant de retourner à sa place. L’adolescent, surpris, la regarde s’éloigner et regagner son siège. Il se retourne vers madame Dubois et dépose à son tour sa copie. Il profite alors de cet instant pour jeter un coup d’œil rapide sur sa feuille pour connaitre son prénom.
Après que tous les élèves aient déposé leurs fiches de renseignement sur le bureau, madame Dubois les récupère et les parcourt. A chaque fois qu’elle lit le contenu d’une des feuilles, elle prononce le nom de l’élève à haute voix. Ce dernier lui répond par la suite, ce qui permet à la dame de placer un nom sur le visage de ses élèves. Lorsque le tour d’Aicha arrive, certaines personnes sont contentes de pouvoir enfin connaitre son prénom.
Dès que le profession finit de faire l’appel, elle range les copies dans son sac et poursuit son cours. Par la suite, madame Dubois donne aux adolescents la liste des œuvres littéraires qu’ils vont étudier au cours de cette année scolaire. En faisant cela, elle espère que ces derniers les achètent à la sortie des cours et commencent à les lire. D’ailleurs, elle rajoute même qu’une évaluation basée sur l’un des ouvrages aura lieu dans six semaines.
S’étant assurée qu’ils avaient bien noté les titres des livres à acheter, madame Dubois n’a plus rien à leur dire. Elle range donc ses affaires et s’apprête à sortir.
- Si l’un des enseignants des classes d’à côté venait à m’informer que vous avez fait du bruit pendant mon absence, non seulement j’en informerai le directeur mais également vos parents. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, dit-elle avant de franchir le pas de la porte.
Les élèves sont de nouveau seuls, ce qui provoque la formation des précédents groupes. Aicha de son coté, reprend l’activité qu’elle faisait avant l’arrivée de madame Dubois : dormir.
A suivre !!!