Chapitre 01

Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était et aie confiance en ce qui sera” __Bouddha

La ville de Meyscy au fin fond de l’Oklahoma sortait doucement des ténèbres de la nuit, laissant ainsi place à la lumière bienfaisante du soleil. C’était le commencement d’une nouvelle journée qui semblait comme toutes les autres, ne laissant rien présager de ce qui allait se dérouler.

Comme tous les matins, dans une maison toute à fait ordinaire, une jeune fille était encore toute endormie, se prélassant dans les bras de Morphé. Elle ne semblait pas se rendre compte de la tonalité que faisait son réveil qui bipait déjà depuis une bonne dizaine de minutes…

Tout à coup, on entendit un bruit de casse dans la chambre, ce qui ne passa pas inaperçu pour les autres habitants de la maison.

  • “Elle a encore dû casser son réveil” RÉVEILLE-TOI OU SINON TU SERAS EN RETARD. hurla une jeune femme dans une pièce situé à un étage inférieur. 

Suite à cela, aucune réponse ne suivit, la maison était dans un calme absolue comme si le vacarme ne s’était jamais produit. 

La dame qui venait de crier, d’un geste las, s’essuya ses mains sur son tablier puis se dirigea vers les escaliers  qui étaient à sa droite. Elle était vêtue d’une robe de nuit blanche et portait des chaussons gris. Malgré son accoutrement, on pouvait assez facilement deviner qu’elle était dotée d’un physique assez séduisant, pas du tout effacé par le poids de son âge. Ses longs cheveux noirs, frisés, attachés en queue de cheval au dessus de sa tête et son teint chocolaté faisait ressortir sa subtile beauté sans qu’elle n’eut dû mettre la moindre couche de maquillage. Elle avait un visage harmonieux composé d’un petit nez fin, d’une magnifique bouche rehaussée par des lèvres pulpeuses roses et des petits yeux en amandes possédant une pupille d’un magnifique vert pailleté d’or. Elle avait encore des traces de fatigue malgré son air complètement réveillé, ce qui laissait présager qu’elle venait de sortir du sommeil ou que ça ne devait pas faire très longtemps.

Après avoir gravit les escaliers, elle déboucha sur un couloir possédant quatre portes, deux à sa gauche, une à sa droite et une au fond. Elle se dirigea droit vers la porte du fond et pénétra dans une salle de bain, dans laquelle elle fit remplir un grand seau d’eau. Quand elle eut finit, elle en sortit, puis se dirigea vers la première porte à sa droite, sur laquelle était accroché une plaque avec un nom « ELSY ».   

La dame ne se fit pas prier et entra dans la chambre avec son seau en main. La pièce, dont les murs étaient recouverts d’un papier peint bleue pastel, était assez simplement équipée et bien aérée par la grande fenêtre qui était présentement recouvert de rideaux de couleurs belges. Il y avait un lit recouvert de couverture blanche à droite, une place, et sa table de chevet, sur laquelle devait sans doute se trouver quelques instants plutôt le réveil. Cette dernière, elle aussi dans des tons blancs-belges, possédait deux tiroirs et sur elle reposait une lampe et une photo où figurait 3 personnes. On pouvait aussi apercevoir l’armoire qui trônait dans le coin droit de la pièce, près de la fenêtre qui était juste au dessus d’un bureau. Entre les deux il y avait une poubelle, remplie à moitié de papier. Juste au dessus du lit, était installé une étagère, remplie de livre de contes, regorgeant d’histoire fantastiques, nous plongeant dans des univers parallèles remplis de monstres et de toutes sortes de créatures  tirées tout droit de l’imaginaire. Sur le bureau reposait des livres d’études, des cahiers, et un ordinateur portable. Juste en face du lit se trouvait une petite coiffeuse et son tabouret.

 Dès qu’elle fut devant le lit présent dans la pièce, elle remarqua d’abord le livre, qui jonchait le sol, ouvert. Elle le ramassa et le referma tout en le posant sur son bureau. C’était Le songe d’une nuit d’été de SHAKESPEARE, un livre qui, elle le savait, était le préféré de la belle endormie. Elle ne devait donc pas le mouiller… Sans plus aucune formalité, elle déversa tout le contenu du récipient sur l’occupante du lit. Le choc fut assez brutal car, la température de l’eau contrastant assez fortement avec la chaleur réconfortante des draps ne mit pas long feu à la réveiller. Ce qui permit à certains de leurs voisins d’entendre un cri strident digne des plus grands films d’horreur provenir de leur maison.

  • HAAAAAAAAA!!!!!!! s’écria la jeune fille en sursautant sur son lit, se retrouvant en position assise, le pyjama tout trempé, avec une respiration accélérée à 100 à l’heure, comme si elle venait de courir une course de marathon.
  • Debout! Ça fait plusieurs minutes que je t’ai appelée, dit la dame posément avec un ton moqueur.
  • Ce n’est vraiment pas drôle maman, ne te moques pas de moi. Je suis sur le point de commettre un crime, dit-elle toujours avec une rapide respiration tout en descendant assez prudemment de son lit. 

Il faut noter que le sol autour de ce dernier était recouvert d’eau et donc, elle devait prendre certaines précautions pour ne pas risquer de tomber et se faire sérieusement mal en trébuchant..  

  • Si tu n’accélère pas le pas, tu vas encore être en retard au lycée. Et n’oublie pas que tu dois déposer ton petit frère à l’école. Tu n’as pas intérêt à nous faire le même coup que la dernière fois en l’abandonnant sur le pont, au dessus de la rivière. Je ne laisserai pas passer cette fois ci, tu as ma parole.

Sur les derniers mots de sa phrase, la jeune fille se trouvait à présent dos à elle et pouvait sentir le regard pesant qui la fusillait littéralement. Sa mère avait toujours un petit sourire mais, il était devenu assez étrange et oppressant. Une petite goutte de sueur s’écoula dans son cou, se mélangeant avec l’eau qui dégoulinait déjà. 

  • Allez dépêche toi !
  • C’est bon ,c’est bon, c’est bon… j’y vai, je me dépêche, chanta-t-elle tout en sortant de sa chambre et en se dirigeant, avec le seau dans les mains, l’arme de son malheur, vers la salle de bain. Elle s’y enferma, mais pu, récupérer sa tenue scolaire que sa mère apporta quelques minutes plus tards… 

30 minutes après, elle était enfin prête pour sa journée. Son uniforme était assez simple, composée d’une jupe taille haute plissée, à carreaux, de couleurs rouge,noire et blanche, lui arrivant  juste au dessus des genoux, une chemise blanche, une veste noire ayant l’insigne de l’école au niveau du coeur et d’un noeud carrelé, rappelant les couleurs de la jupe. Elle avait aux pieds, des mocassins, noires, en cuir et des chaussettes noires, lui arrivant à mi mollet. Par contre, tout comme son frère, elle n’avait pas hérité du teint de leur mère. Ils étaient beaucoup plus clairs de peau et avaient des yeux en amande bleus turquois parsemés de paillettes émeraudes. Ils avaient par contre la même texture de cheveux, notamment des bouclés, qu’elle avait décidé de laisser détaché, lui arrivant au niveau de sa poitrine. Ils avaient tous les deux, des traits de visages très fins, un petit nez et une petite bouche. Ils possédaient aussi un physique et une beauté assez atypique pour les habitants de leur ville, comme s’ils étaient une erreur qui ne devait pas y être, ce qui attiraient donc assez la curiosité, depuis qu’ils s’étaient installés. 

  Elle rejoignit son petit frère qui l’attendait en bas dans la cuisine et qui finissait de prendre son petit déjeuner. Sur la table à manger qui trônait au centre de la pièce était disposé plusieurs mets, du lait, des jus de fruits, des céréales, des croissants, des oeufs frits et des fruits, laissant à chacun le choix de ce qu’il voulait manger. Ne voulant pas trop exagérer avec le temps et vu qu’elle devait aller laisser son petit frère, elle ne se fit pas un petit déjeuner complet, et ne pris juste que  deux pommes puis sortit de la maison avec son frère, qui n’avait toujours pas dit un mot.

Le petit garçon, à la différence de sa soeur ne portait pas d’uniforme. Il était vêtu d’un pantalon noir, de baskets montantes de la même couleure et d’une chemise à carreau noir et blanc. Avec ses cheveux frisé, ses lunettes qui reposaient sur son petit nez, et son sac à dos, il ressemblait à un petit intello. 

Malgré le silence qui suivit leur départ, sur le chemin une petite discussion, ou plutôt un petit monologue, débuta entre eux. Ils marchaient pratiquement au même niveau. Pendant que l’un était entré dans un discours sans fin, l’autre semblait l’écouter d’une oreille légère.

  • …on sera encore en retard à cause de toi! C’est toujours de ta faute!  Si  j’étais plus grand ça ne devait pas être pareil. Mais comme je suis encore petit c’est toi qui me sert de garde du corps. De plus avec ton comportement de coincé et ta flemme légendaire, je me demande bien si tu vas te marier un jour parce que je me soucis aussi de ton bien être. On fait quand même parti de la même famille , même si j’en  doute un peu parfois vu le niveau d’intelligence qui nous sépare, tu es si idiote que j’ai peur que ça en devient contagieux. Mais ne t’en fait pas quand je serai plus grand j’inventerai une machine rien que pour toi qui t’aidera à y voir un peu plus claire dans ta tête. Faut bien s’entraider dans une même fratrie…
  • “Qu’est ce qu’il m’énerve ce sale gosse,  on devrait l’enfermer dans un asile. C’est pas parceque l’on est tout le temps premier de sa classe que l’on va se prendre pour plus intelligent, faut pas exagérer! Et puis n’oublions pas qu’il n’est qu’au cours élémentaire, donc un peu de respect pour ma personne. Il y’a des jours où j’aimerai l’attacher à une pierre et le balancer par dessus le pont de la rivière pour ne plus entendre ses commentaires…” se dit-elle en son fort intérieur. 

Malgré leurs monologues, ils avançaient assez rapidement et venaient d’atteindre l’entrée Ouest de la ville en seulement 15 minutes. Leur quartier se situait en dehors de la ville mais très à proximité. C’était une petite cité paisible, où toutes les maisons se ressemblaient. Elle était entourée d’un petit bois et d’une rivière surmontée d’un pont. Il fallait donc les traverser pour atteindre la ville voisin.

Cette dernière était le parfait portrait d’une petite ville de campagne. Composée de ses  6000 habitants, elle mettait fièrement en avant la beauté de sa nature luxuriante et assez diversifiée. La ville était entourée, protégée par une belle forêt dans laquelle on pouvait apercevoire de belles cascades et chutes d’eau qui prenaient naissances dans les montagnes alentours et se déversaient dans les lacs et rivières. On pouvait aussi y trouver, toujours dans ses alentours des grottes au panorama exotique qui s’enfonçaient dans les tréfonds de la terre. Malgré le fait que l’on ne pouvait y accéder que par voie routière, la ville était pourtant très prisée par les randonneurs et autres touristes en quêtes de sensations fortes, voulant se divertir, ou recherchant un endroit calme, serein et reposant loin du stresse des grandes villes modernisées. 

La structure de la ville n’avait par contre pas bien avancé dans son temps. Les rues étaient recouvertes de pavé en pierre et les maisons étaient toutes en pierre surplombées par des toits rouges.Malgré quelques changements notoires dûs au progrès et l’avancée scientifique, il n’en demeurait pas moins que les bâtiments importants tels que le tribunal, l’hôtel de ville ou encore la magnifique cathédrale qui s’élevait telle une reine sur la place centrale avait toujours gardé leur beauté, leur architecture d’antan. Mais d’autre bâtiments avaient dut être rénovés et remis au goût du jour. Parmis la longue liste figurait, le centre hospitalier, les écoles (jardin d’enfants, primaire et secondaire), le poste de police.

 Entourée par l’église, quelques restaurants et, un petit marché, la place centrale était le plus grand point de rassemblement de la ville. Il y avait une grande fontaine, dans laquelle venait souvent jouer les enfants, qui était surplombée par quatre grandes statues de femmes qui regardaient toutes vers des points cardinaux différents, coïncidant avec les différents sorties de la ville.

Les écoles se trouvaient du côté Sud de la ville à 10 minutes de l’entrée Ouest. Chacune d’elles séparer de 10 minutes entre elle. La première qui devait être atteinte était celle du garçon ce qui conduisait  tout naturellement la jeune fille à le déposer d’abord devant son établissement. Ils devaient pour cela traverser d’abords plusieurs petites ruelles et la route principale. 

Malheureusement, perdue dans ses pensées, elle ne réalisa que bien trop tards, qu’une voiture lui fonçait dessus à toute allure. Elle put juste entendre son petit frère lui crier <fais attention!!>,  avant que l’on entende le bruit des pneues grinçant sur  les pavées de pierre et celui d’un impact assez violent, semblable au retentissement du tonnerre. 

  • Qu’est ce qui s’est passé?? s’écria-t-elle toute affolée, en sortant petit à petit de sa léthargie. L’action s’était déroulée tellement rapidement, qu’elle n’eut point le temps de réagir.  Immobile telle une statut, elle était juste restée spectatrice d’une scène macabre. Le trop plein d’informations que son cerveau avait reçu l’avait fait perdre le fil des évènements.

Les passants eux aussi étaient très étonnés par ce qui venait de se passer, évènement assez rare dans cette ville. Certains se rapprochaient des deux enfants pour s’enquérir de leurs santés tandis que d’autre allaient aider le conducteur de la voiture à en sortir pour le conduire à l’hôpital.

  • ELSY! est-ce que ça va? s’époumonna son frère tout en s’approchant d’elle avec crainte et peur. Il lui prit le bras et l’emmena de l’autre côté du trottoir,  mais celà juste après que la populace ait pu faire le constat qu’ils allaient tous les deux bien. 
  •  Pas vraiment, j’ai cru voir ma vie défiler devant mes yeux. Mais sinon à part ça je n’ai aucun dommage physique, mais que s’est il passé? le questionna-t-elle.
  • Cette voiture a failli te ramasser mais tu as eu beaucoup de chances elle est passée juste à côté de toi. J’ai eu tellement peur pour toi!! dit-il tout en versant quelques larmes, ses joues devenant rouges. 
  • Tu avais peur pour moi? dit-elle tout en le prenant dans ses bras. Merci beaucoup petit frère, moi qui te prenait pour une machine dépourvu de sentiments!! 

Il se retira aussitôt de son étreinte à l’écoute de ces mots. Il lui tourna le dos, l’empêchant ainsi de voir son visage. Elle ne put donc pas apercevoir la mine qu’il fit lorsqu’il se mit à rire de manière grotesque et à déblatérer des paroles…

  • Tu as vraiment cru que je pourrais m’inquiéter pour toi!? Non mais franchement pour qui tu me prends? …
  • Espèce de petit démon!! dit-elle tout en le regardant avec un sourire. “Malgré le fait qu’il m’ait dit ça, je sais qu’il ment. Il se préoccupe beaucoup des autres même si il n’aime pas le montrer.  Lui, contrairement à moi agit dans l’ombre alors que moi j’agis sur le coup sans réfléchir. Et puis il n’a pas été très rapide lorsque qu’il s’est tourné, vu que j’ai eu le temps de voir les rougeurs sur ses joues”

C’est sur ces pensées, qu’elle vint enlacer son frère par derrière pour lui chuchoter quelques mots.

  • Bon, maintenant nous devrions nous dépêcher, car si nous tardons encore nous arriverons très en retard.
  • D’accord, acquiesça-t-il en lui rendant un sourire timide.

Ils continuèrent leur chemin jusqu’à leurs écoles respectives. Elsy  laissa son petit frère devant son école et fonça à toute allure vers son lycée. Malheureusement malgré sa précipitation, elle arriva malgré tout avec 10 minutes de retards, ce qui ne changeait pas grand chose à son carnet de liaison déjà assez rempli d’heures d’absences.

  • Je suis encore en retard, espérons juste que le prof de maths ne soit pas encore là. Pourvu  que son fils soit malade parce que je n’ai pas envie de faire son cours. Il me donne toujours une de ces migraines! pria-t-elle. 

Elle montait les escaliers en courant car sa classe se trouvait au troisième étage. Elle était en première année de lycée et le bâtiment qui regroupait les classes du lycée avait 3 étages. Le premier était attribué aux terminales, le second aux premières et le dernier aux secondes. Le rez de chaussé quant à lui, était réservé aux casiers des élèves. Lorsqu’elle arriva devant la porte de sa classe, elle ne prit pas la peine de cogner et fit irruption sans crier garde.

-JE SUIS ARRIVÉE! ! s’écria-t-elle.

-Et vous avez reçu Mlle Elsyara Nanori KABEL un rendez vous chez Monsieur le directeur pour vos deux heures de colles après les cours, termina le professeur dans un geste théâtral, ce qui provoqua le fou rire général devant l’air dépité et désespéré de notre jeune demoiselle. Elle ne voulait qu’une chose, se terrer à jamais dans un trou de souri, tellement elle avait honte.

Le temps semblait s’écouler au ralenti, lentement, doucement, agrandissant, son envie de retrouver la liberté. Le cours de mathématique n’étant pas son grand fort, la jeune demoiselle attendait, la peine dans l’âme, la fin de son supplice. Après 1h30 de longue agonie, elle put entendre une sonnerie marquant la fin de la première heure de cours.

C’était peut-être une mini libération mais elle savait que l’affrontement qui l’attendait ensuite allait être encore plus ardu. Elle avait un rendez-vous, des plus charmant, avec le directeur et elle savait que ça n’allait pas être une partie de plaisir de le convaincre qu’elle n’était pas en faute… C’est donc en traînant les pieds, une boule au ventre, qu’elle se dirigea vers le repère du lion, “le bureau du doyen”.  

Elle ne mit pas longtemps à l’atteindre. Étant  juste en face, le bâtiment administratif était un magnifique édifice de 3 étages, de forme rectangulaire qui comportait la salle de prof, les bureaux des différents chefs de département, la salle de réception et bien d’autres services. La tanière de son tortionnaire se situait au dernier étage. 

Arrivée devant la porte de ce dernier, elle donna trois coups puis entendit une voix lui demander d’entrer. Le carnage pouvait commencer. Elle pénétra dans la pièce, tout en appréhendant la suite des évènements. Sentant déjà un regard assez lourd se poser sur elle, elle se dirigea comme un automate vers la chaise en face du bureau et s’y assit, sans émettre le moindre son, comme si c’était tout à fait naturel pour elle d’être dans cette situation. 

  • Mlle KABEL, je ne m’attendais pas à vous revoir de sitôt. Si je ne me trompe pas, on s’est vu il y a deux jours… Attendez, laissez moi deviner. Si je prends en compte l’heure de votre petite visite, vous êtes sans doute arrivée encore en retards. Avez-vous donc signé un pacte avec Hypnos ou bien vous vous couchez tous les soirs avec Aergie? lui demanda-t-il en la fusillant d’un regard las tout en appuyant sa tête contre le dossier de son fauteuil et en mettant sa main droite sur son front, l’autre tapotant du bout du doigt sur le plateau du bureau.

Il était devenu très familier avec ses retards, et plus rien ne pouvait l’étonner venant d’elle, ce qui expliquait son attitude assez nonchalante et négligée. 

Le directeur était un homme brun dans la trentaine qui avait la réputation d’être toujours droit et de ne jamais se laisser submerger par ses émotions. Mais la situations actuelle, montrait combien notre petite retardataire était un fardeau bien lourd qui ne manquait de  l’épuisait et le dépassait totalement. Il était le fils du précédent président et cherchait comme son père à garder toujours sur le devant de la scène la réputation de son école. Pour celà, il faisait tout pour remettre sur le droit chemin certaines têtes brûlées et autres comportements déviants. Ce qui devenait une tâche assez ardue quand il s’agissait d’Elsy. Il l’avait déjà punie de mille façons, mais la leçon ne semblait pas encore avoir été complètement intégré par son cerveau.

  • Mais, Monsieur,  Hypnos et Aergie sont peut être liés dans la mythologie grecque, mais pour ma part, je ne vois pas en quoi ils sont liés à moi. Comment une simple mortel telle que moi peut être associée à des divinités aussi singulières. Si l’un est le Dieu du sommeil, l’autre n’est que son gardien mais avec des attributs pas très flatteurs pour une déesse, personnification même de la paresse, de l’oisiveté et de l’indolence. Énonça-t-elle comme si elle avait devant elle un public d’élèves et qu’elle donnait un cours.
  •  A ce que je vois, vous maitrisez très bien vos cours de littérature grecque.
  • Si vous vous souvenez bien, Monsieur, j’ai été nominée l’an dernier pour le concours inter-école de littérature grecque. Je dois dire que je suis assez bonne dans cette matière, dit-elle d’un air très fière. 
  • Je dois bien admettre que vous êtes assez irremplaçable dans ce domaine, pour le compte de notre école.
  • Tout à fait! affirma-t-elle.
  • Malheureusement , c’est triste à dire mais, c’est la seule matière, hormis l’EPS et les autres enseignements littéraires, pour laquelle vous excellez. Ce qui vous fait descendre assez loin dans le classement de l’école, une chute mortelle toute aussi exponentielle. Vous ne fournissez quasiment aucun effort pour essayer de sortir de ce gouffre, dit-il en se massant les tempes. Dites moi mademoiselle KABEL, vous aviez quel cours ce matin?
  • heuu, en première heure j’eus un cours de maths.
  • Voilà, c’est ce que je disais, dit-il en se repositionnant normalement dans sa chaise et en croisant ses bras sur le bureau. Je n’ai jamais reçu de plainte venant de vos professeurs  littéraires. Même si ces cours se déroulent en première heure ou tards le soir, vous mettez le coeur à l’ouvrage pour y assister, quitte à sacrifier d’autre cours tout aussi importants comme les cours des matières scientifiques. Sur une échelle de 1 à 10 concernant mon niveau de tolérance vous avez considérablement dépasser le sommet et êtes bien au delà des 20. Votre mère a déjà été convoquée, je vous ai puni de multiples façons mais j’ai l’impression que vous n’avez pas encore assimilé le bien fondé de ces remises en ordre. Qu’est ce que vous avez à dire pour votre défense aujourd’hui ?

Durant son discours, un malaise prenait place dans la salle, ce qui accentuait les gouttes de sueurs qui perlaient dans le cou d’Elsy. Elle savait que ça allait être compliqué mais ne s’attendait pas à ce que le directeur soit aussi remonté. Elle priait juste en silence pour que ça se finisse et enfin retrouver sa liberté.  

  • Ce n’est pas complètement de ma faute Monsieur. C’est bien vrai que je me suis réveillée en retards, parce que je n’ai pas pu m’arrêter dans ma lecture avant de m’endormir, mais ce matin on a failli avoir un accident en venant, mon petit frère et moi. Une voiture a bien faillit me renverser mais Dieu merci,plus de peur que de mal… Tout ça pour vous dire que sans cet incident, je aurai été à l’heure et ne pas arriver avec quelques minutes de retards. 

Quand elle eut finit de parler, sans interruption, elle prit une grande inspiration tout en soutenant le regards de la personne en face d’elle. Ils menaient à présent un combat silencieux pour faire plier l’autre et le faire céder.

  • Si je comprends bien, c’est encore de votre faute, continua-t-il.
  • Mais Monsieur je viens de vous expliquer que …

Elle ne put continuer sa phrase qu’il leva sa main droite vers elle, lui intimant le silence. Il massa l’arrête de son nez avec le pouce et l’index de sa main gauche, dans un geste fatigué. 

  • Mademoiselle KABEL, laissez moi finir, je vous pries. Donc comme je le disais, c’est de votre faute. Si vous aviez eu l’intelligence de dormir tôt, pour vous réveillez à temps pour votre cours du matin, vous n’auriez pas rencontré cette voiture qui est la cause de votre retards. Même si l’on dit que temps et évènements imprévus arrivent à tous, dans votre cas c’est plutôt votre négligence. Je suis certains que si ce cours était l’un de vos cours de littérature, vous ne seriez pas là en face de moi en train de faire cette tête de résignée et de martyre. 

Il s’était levé et se dirigeait à présent vers l’armoire à sa droite. Il chercha un dossier dans l’une des étagères et quand il le trouva, il en sortit un document. Il retourna à sa chaise, le papier en main puis s’assit. C’était vraisemblablement son emploie du temps. Elsy l’avait suivie durant son petit déplacement, avec toujours sa tête des mauvais jours. 

  • Je vois qu’ensuite, vous auriez un cours de littérature anglaise. Vue que je sais que vous feriez tout pour y assister , je ne vais pas vous retenir longtemps. Je vous libère donc de ce pas, dit-il en souriant sournoisement.

Elle voulait d’abords sauter de joie mais quand elle remarqua le sourire étrange, elle se ravisa bien assez vite, sentant l’entourloupe.

  • Heuuuu Monsieur, quand vous dites que vous me libérez, c’est bien pour sortir de votre bureau et aller assister à mon cours, n’est ce pas?
  • Non Mademoiselle KABEL. Comme je viens de le dire, je vous libère et cela pour toute la journée. Je vous interdis de remettre les pieds dans l’enceinte de l’école pour le reste de la journée.
  • Mais Monsieur… se plaignit-elle.
  • Pas de Monsieur qui tienne. Tant que vous ne mettrez pas autant d’effort dans les autres matières, je vous interdirai aussi d’assister à vos cours préférés. Je crois que c’est la seule solution pour vous remettre sur le droit chemin.Vous pouvez à présent disposer et libérer mon bureau de votre présence.

Malgré les yeux de chiens battus qu’elle fit, le directeur ne revint pas sur sa décision. C’est le coeur sur les mains, qu’elle en sortit vaincu. Elle avait magnifiquement perdu la guerre. Elle était bien obligée d’accepter la situation comme elle se présentait, n’ayant pas le courage ni la force de plus lutter.

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