Gadriel se trouvait debout devant le parc devant lequel il avait l’habitude de passer. Il aperçut un peu plus loin devant lui une silhouette familière. C’était celle d’une jeune femme à la chevelure brune. Aucun doute possible pour lui, il s’agissait de Jessabiel. L’adolescent se dirigea donc vers elle. Comme à son habitude, à mesure qu’il s’approchait de la demoiselle, son rythme cardiaque s’accélérait. Dès qu’il arriva à ses côtés, celui-ci avait atteint une cadence pas possible.
- Salut ! dit Gadriel à la jeune femme avant de s’assoir près d’elle.
Jessabiel ne lui répondit pas et se contenta de sourire avant de brusquement pointer son doigt vers l’horizon. Ce dernier était encore plus beau que celui de la veille. Les couleurs se mélangeaient pour donner des nuances fantasmagoriques qui décoraient le ciel d’Exoduus.
- Jessa…
- N’est-ce pas magnifique ? questionna soudainement la jeune femme tout en interrompant Gadriel.
- Oui, ca l’est. D’ailleurs, pour te le dire en toute sincérité, il n’y a qu’une seule et unique chose dans l’univers qui soit plus belle que ça, rétorqua l’adolescent.
- Et quelle est cette chose ? demanda Jessabiel, curieuse.
Sous l’effet de la nervosité, Gadriel avala sa salive. Son rythme cardiaque s’accéléra de nouveau tandis qu’il était sur le point d’avouer ses sentiments à la fille qu’il aimait.
- La seule chose dans tout l’univers qui soit plus belle que ce paysage n’est nulle autre que toi, dit-il.
Gadriel n’en revenait pas. Il l’avait enfin fait, il avait enfin dévoilé à Jessabiel ce qu’il éprouvait pour elle. Après cette révélation, le jeune homme se sentit à la fois soulagé et inquiet. Il avait peur que cela ne soit pas réciproque.
- Comme c’est mignon ! Moi aussi je te trouve très attachant, répondit la demoiselle en arborant un magnifique sourire sur les lèvres.
- Attachant dis-tu ? rétorqua-t-il avec une mine très triste.
- Oui, en effet. Y a-t-il un souci ? demanda de nouveau Jessabiel, curieuse.
- Non, non. Tout va bien, tu n’as pas à t’en faire pour moi, répondit-il en arborant à son tour un faux sourire.
Ce qu’il redouta finit par se produire. La personne qu’il aimait le plus après sa mère n’éprouvait pas les mêmes sentiments à son égard. Il sentit alors une sorte de poids qui faisait pression sur son cœur.
Les deux jeunes continuèrent à observer le magnifique paysage qui s’affichait devant eux. Jessabiel s’approcha un peu de Gadriel et posa sa tête sur son épaule. En la voyant faire ce geste, le jeune homme se dit qu’il y avait encore de l’espoir, qu’il pouvait encore conquérir le cœur de sa dulcinée. La pression qu’il ressentait alors au niveau de son cœur disparut immédiatement après et son esprit s’allégea, du moins jusqu’à ce qu’un étrange phénomène se produise devant leurs yeux.
Tandis que Gadriel et Jessabiel étaient assis sur la pelouse du parc à observer l’horizon, le ciel prit soudainement une teinte rougeâtre. Les gamals volant au loin se transformèrent par la suite en cendres avant d’être balayés par le vent. Tout devint ensuite beaucoup plus sombre.
- Qu’est-ce qui se passe ? questionna Gadriel en se levant tout d’un coup.
Le phénomène ayant transformé les animaux volant d’Exoduus en cendres s’étendit désormais à la pelouse du parc. En voyant cela, toutes les personnes présentes y compris le jeune couple paniquèrent. L’adolescent attrapa alors la main de Jessabiel et tous deux se mirent à courir pour échapper à une mort certaine. Les cris de panique résonnèrent partout tandis que tout le monde cherchait à sauver sa vie. Quand Gadriel jeta un coup d’œil rapide derrière lui, il se rendit compte avec horreur que ceux qui n’étaient pas assez rapides se transformaient en cendres sans la moindre exception. Mêmes les bâtiments n’étaient pas épargnés par le phénomène.
- Gadriel j’ai peur ! s’exclama la jeune femme, paniquée comme tous les autres.
- Ne t’inquiète pas Jessabiel. Tout ira bien, lui dit-il en essayant de la rassurer.
Les adolescents se faufilaient à travers la foule, essayant de rejoindre le plus vite possible le transporteur menant aux spatioports. Dans leur course, la jeune femme fit un faux pas et trébucha, lâchant au passage la main de Gadriel.
- Gadriel ! hurla-t-elle.
- Jessabiel ! Jessabiel ! cria à son tour le jeune homme, luttant contre la foule en panique pour rejoindre sa bien-aimée.
Lorsque ce dernier parvint à se frayer un chemin et à arriver auprès d’elle, il était déjà trop tard. Le phénomène meurtrier l’avait déjà atteinte au niveau des pieds et transformait progressivement son corps en cendres.
- Gadriel ! Aide-moi ! Je t’en supplie, rétorqua la jeune femme, les armes aux yeux.
- Je ne sais pas quoi ! A l’aide ! Que quelqu’un l’aide je vous en supplie ! s’exclama Gadriel dont les larmes commençaient à couler le long de son visage.
Aucune personne ne répondit à son appel au secours. Ils étaient bien trop occupés à sauver leur propre vie. Le jeune homme savait qu’il n’y avait aucune solution possible pour elle. La moitié de son corps avait déjà disparu et il savait que s’il restait plus longtemps auprès d’elle, il finirait dans le même état qu’elle. Gadriel prit alors la décision la plus dure de toute sa vie.
- Je suis désolé, rétorqua le jeune homme en se levant.
- Ne m’abandonne pas s’il-te-plait ! Je ne veux pas mourir, lui dit-elle en l’implorant.
- Je suis sincèrement désolé !
L’adolescent se retourna et se mit à courir. Il plaça également ses mains sur ses oreilles pour ne pas attendre les cris de détresse et les pleurs de Jessabiel.
- Je suis désolé ! dit-il en pleurs une dernière fois avant qu’il ne puisse plus l’entendre.
Gadriel courait comme les autres pour sauver sa vie de cette catastrophe. Son cœur était lourd et il était pris de remords. Il aurait tout donné pour échanger sa vie contre celle de sa bien-aimée mais il était déjà trop tard. Le jeune homme finit par arriver au transporteur. A cause de toutes les personnes qui se disputaient pour passer en première position, il était difficile de se frayer un chemin jusqu’à ce dernier. Les cris subites d’une personne se trouvant à quelques mètres derrière eux n’arrangèrent guère la situation. Le phénomène qui avait fini par les rattraper provoqua une plus grande panique auprès des habitants d’Exoduus. Il ne fut donc pas étonnant de voir la console servant à choisir la destination du transporteur être détruite dans le chahut.
Quelqu’un bouscula Gadriel, ce qui l’envoya à terre. Sous les pas des gens qui marchaient désormais sur lui, le jeune homme n’eut d’autre choix que de se recroqueviller sur lui-même. Ce fut à ce moment qu’une voix retentit parmi le bruit environnant.
- Gadriel ! s’exclama-t-elle.
- Aidez-moi ! hurla le jeune homme qui se faisait toujours marcher dessus.
Lorsque la voix prononça son nom une seconde fois, tout s’arrêta brusquement. Ne se faisant plus piétiner, l’adolescent se permit de lever les yeux. Il constata alors avec horreur que la personne se trouvant devant lui n’avait plus de visage, ce qui l’effraya grandement. Gadriel recula donc et bouscula un autre individu. Lorsqu’il regarda derrière lui, il vit que celle-ci non plus n’avait plus de visage.
- Gadriel ! rétorqua de nouveau l’étrange voix qui provenait de tous les côtés.
Tout autour de l’adolescent se transforma en cendres jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien hormis lui. Tandis que cela faisait quelques secondes qu’il flottait dans le vide, un énorme nuage noir très opaque sortit de nulle part et fonça à vive allure vers lui. Pris de panique, le jeune homme essaya de fuir mais il était déjà trop tard. Il se fit engloutir par l’énorme masse nuageuse. Ce qu’il vit à l’intérieur l’effraya tellement qu’il finit par revenir à lui-même.
—–*—–
Gadriel se réveilla en sursaut complètement recouvert de sueur. Son rythme cardiaque était très rapide et il respirait fortement. Il regarda vite fait autour de lui et se rendit compte que tout ce qu’il venait de vivre n’était pas réel.
- Gadriel, est-ce que tout va bien ? questionna Eve qui avait remarqué un changement brutal chez le jeune homme.
- Oui, oui. Je vais très bien. J’ai juste fait un affreux cauchemar, lui répondit-il.
- Veux-tu m’en parler ? demanda de nouveau l’intelligence artificielle.
L’adolescent lui dit alors tout ce qu’il avait vu dans les moindres détails. Une fois que cela fut fait, la jeune femme numérique essaya de lui donner une interprétation probable de son rêve.
- Tes cauchemars récurrents représentent sans l’inquiétude que tu ressens en ce moment vis-à-vis de ta situation actuelle. Selon mes données , tu as commencé à les faire le jour où madame Arya n’est pas rentrée, lui expliqua-t-elle.
- Si je te suis bien, cela veut dire que lorsque maman rentrera à la maison, mes cauchemars disparaitrons, rétorqua l’adolescent.
- C’est très probable.
- Je vois.
Cela donna une nouvelle raison au jeune homme de continuer à aller à Fjore et de parler aux agents du département de recherche des personnes portées disparues. Lorsque Gadriel regarda par la fenêtre, il se rendit compte que le jour était sur le point de se lever.
- Il faut vite que je me prépare. Je risque d’être en retard ! s’exclama-t-il en sautant du lit.
- En retard pour ? questionna Eve, curieuse.
- Jessabiel m’a invité à sortir avec elle aujourd’hui, rétorqua le jeune homme en fonçant dans la salle de bain.
En le voyant aussi énergique, Eve n’en était que très heureuse. Cela faisait tellement longtemps qu’elle ne l’avait pas vu dans cet état. Il espérait du plus profond de son cœur numérique qu’il resterait ainsi très longtemps. Il faisait jour lorsque Gadriel sortit de la douche une trentaine de minutes plus tard. Il s’habilla, prit tout ce qu’il avait à prendre, puis se dirigea vers le rez-de-chaussée.
- Veux-tu que je te serve quelque chose à manger ? questionna l’intelligence artificielle.
- Un verre de lait s’il-te-plait, répondit-il.
- Je te fais ça tout de suite.
L’adolescent prit la direction de la cuisine dans laquelle ce qu’il avait demandé l’attendait. Une fois son petit-déjeuner consommé, Gadriel quitta son domicile et se dirigea une nouvelle fois vers la ville de Fjore.
Comme la précédente fois, le jeune homme sortit du bâtiment des forces de l’ordre avec une triste mine. Toutefois, il n’était pas aussi attristé que la veille. La raison à celle ? C’était l’heure de son rendez-vous avec Jessabiel. Il se précipita donc vers le transporteur et retourna dans sa petite bourgade. Une cinquantaine de minutes plus tard, il se trouvait debout en face du parc. Il regarda à gauche puis à droite mais aucune trace de la jeune femme.
- Elle est peut-être en retard, pensa-t-il.
L’adolescent resta debout quelques temps puis décida d’aller s’assoir sous un arbre. Près de deux heures s’écoula et Jessabiel n’était toujours pas là.
- Là c’est sûr qu’elle ne viendra pas, dit le jeune homme en se relevant.
Gadriel arborait un visage triste et avait mal aux fesses. Alors qu’il s’apprêtait à aller à la bibliothèque pour se changer les idées, il entendit une voix familière l’appeler au loin.
- Gadriel ! s’exclama-t-elle.
Lorsqu’il regarda dans la direction d’où elle provenait, il aperçut la silhouette d’une jeune femme qui courait vers lui. C’était la fille qu’il aimait, la seule et unique Jessabiel. Lorsque cette dernière arriva à son niveau, elle était à bout de souffle.
- Est-ce que ça va ? lui demanda Gadriel.
- Oui, oui…Ca va…très bien, répondit la demoiselle en reprenant progressivement sa respiration.
- Tu reviens d’où comme ça pour être aussi essoufflée ? questionna de nouveau Gadriel.
- Je devais…m’occuper d’une…certaine… tache pour… mon père…, rien de bien… méchant. Cela… m’a pris plus… de temps que… prévu. Je suis… sincèrement désolée …pour le…retard, rétorqua-t-elle.
- Ne t’inquiète pas pour ça. Je n’ai pas trop attendu, lui mentit-il.
Ce fut au bout de deux minutes que Jessabiel put à nouveau parler correctement. Elle se redressa alors et sortit un mouchoir de sa poche.
- Dis, ça te dérange si on reste sous cet arbre pendant un moment ? questionna la demoiselle.
- Non, ça ne me dérange pas, répondit Gadriel.
La jeune femme lui demanda cela parce qu’elle voulait profiter de la fraicheur et de la douce brise qui circulait sous le végétal. Elle s’assit au pied de l’arbre et invita le jeune homme à faire de même. Les deux passèrent près d’une dizaine de minutes l’un à côté de l’autre à observer les passants et les gamals. Sans surprise, le cœur de Gadriel battait à cent à l’heure. Il espérait que sa bien-aimée ne l’entende pas. Il aurait du mal à lui expliquer la raison de ce phénomène.
- Où est-ce que tu veux qu’on aille ? demanda brusquement Jessabiel en brisant le silence entre eux.
- Je n’en ai aucune idée. Tu sais, à part la maison, la bibliothèque, et le boutique d’antiquités de ma mère, je ne vais quasiment nulle part, répondit-il.
- Ta mère tient une boutique d’antiquités ? Mais c’est génial ça ! Cela te dérange qu’on y fasse un tour ? rétorqua Jessabiel.
- J’aurais bien voulu t’y conduire mais maman est actuellement en déplacement donc la boutique est fermée. Je suis désolé, dit le jeune homme en arborant à nouveau un faux sourire.
Ce qu’il venait de dire n’était pas la vérité, mais ce n’était pas un mensonge non plus. Sa mère était bel et bien en déplacement. Toutefois, cela faisait plus d’une dizaine de jours qu’elle aurait dû rentrer à la maison. C’était cela qui avait pousser le jeune homme à signaler sa disparition.
- Tu n’as pas à être désolé pour ça. Je comprends tout à fait. Bon, vu que tu ne sors pas très souvent, ça veut que c’est moi qui suis aux commandes, n’est-ce pas ? dit-elle en se levant soudainement.
- Euh oui.
- Génial ! Alors, aujourd’hui nous allons faire le tour des attractions. J’espère que tu as le cœur bien attaché, rétorqua la jeune femme.
Jessabiel attrapa Gadriel par la main et le tira brusquement. Le jeune homme avait alors l’impression qu’elle voulait lui arracher son bras. L’adolescent se demanda dans quelle aventure il venait de s’embarquer alors la demoiselle le trainait dans un endroit dans lequel il n’avait jamais été.
A suivre !!!
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