Le jeune Gadriel revenait progressivement à lui. Au début, sa vue était floue. Toutefois, à mesure qu’il regagnait ses sens, cette dernière devenait de plus en plus claire à tel point que l’adolescent put sans hésiter se rendre compte qu’il se retrouvait face à un mur complètement blanc. Il n’y prêta cependant pas attention et se redressa.
- Hum, ma tête ! Eve, j’ai fait un cauchemar encore plus effrayant que les autres hier soir. J’ai rêvé que maman était de retour mais qu’elle se trouvait dans un piteux état. Heureusement que ce n’était qu’un simple cauchemar. Une telle chose n’est pas possible, n’est-ce pas ? rétorqua le jeune homme en touchant sa nuque.
Ce fut avec les yeux fermés et un visage exprimant la douleur que Gadriel la massa pendant de très nombreuses secondes.
- Eve ? Tu es là ? questionna Gadriel lorsqu’il s’aperçut que la jeune femme ne lui répondait toujours pas.
L’adolescent arrêta de masser sa nuque et réouvrit les yeux tout en posant sa main sur le sol. Ce fut à cet instant qu’il sentit alors un drôle d’objet dans la zone où elle se trouvait. Le jeune homme se retourna et rendit compte avec horreur qu’il corps sans vie se situait juste derrière lui.
- Ahhh ! Qu’est-ce que c’est que ça ?! hurla-t-il de peur en retirant brusquement sa main et en s’éloignant du cadavre.
Le corps se trouvant désormais en face de lui été complètement desséché comme s’il avait été vidé de tous ses fluides. Il portait également la même combinaison que les hommes qui étaient venus le chercher dans son domicile. En voyant cela, Gadriel comprit que le rêve qu’il pensait avoir fait avant de reprendre connaissance était en fait la réalité, que tous les évènements passés s’étaient vraiment déroulés. Dès qu’il réalisa cela, il sentit une forte pression au niveau de son cœur, une tristesse sans précédent l’envahit par la suite, et des larmes se mirent à couler le long de son visage. Sa mère était bel et bien décédée ou plutôt avait été assassinée.
Gadriel hurla de toutes ses forces le nom de sa défunte mère. Il plaça ses mains sur son visage avant de finalement se recroqueviller sur lui-même. Les minutes passèrent et le jeune homme finit par se retrouver dans une mare de larmes. Ce fut juste après qu’il entendit des bruits de pas. Ceux-ci devenaient de plus en plus audibles et semblaient se rapprocher progressivement. Il leva donc la tête et vit la seule et unique porte de cette salle blanche au-dessus de laquelle trônait un étrange dessin noir. Ce dernier était en partie circulaire et arborait divers symboles incompréhensibles. Juste à côté de la seule sortie et entrée, se trouvait une surface réfléchissante qui faisait toute la longueur et hauteur du mur.
Les portes s’ouvrirent et un homme vêtu de la même manière que le cadavre se trouvant à coté de Gadriel entra dans la pièce.
- Qui êtes-vous ? demanda l’adolescent en prenant le plus de distance possible.
Ce dernier ne lui répondit pas et se contenta de marcher vers lui d’un pas pressé. Lorsqu’il arriva devant le jeune homme apeuré, il le saisit violemment par le col et, sans crier garder, lui asséna un puissant coup de poing en plein visage. L’adolescent tourna légèrement de l’œil tandis que toute sa figure lui faisait atrocement mal. Cela ne s’arrêta cependant pas là. En effet, qui que cette personne ait été, elle continua de donner de puissances coups dans le visage de Gadriel jusqu’à ce que ce dernier ait été complètement déformé et recouvert de sang.
- Comme ça fait du bien ! s’exclama l’agresseur en relâchant l’adolescent.
Le jeune homme s’effondra par la suite à même le sol. Sa figure était désormais pleine d’ecchymoses et il ne parvenait plus à voir correctement. De plus, la douleur provoquée par les coups à répétition était si intense qu’il était sur le point de perdre à nouveau connaissance, en plus de souffrir d’une atrocement migraine.
- Bien ! Bien ! Bien ! Voilà comment nous allons désormais procéder. Je vais te poser une série de questions et tu vas y répondre. Si ce que tu me dis ne me plait pas, tu sais à quoi t’attendre…, rétorqua l’individu en lui montrant son poing recouvert de sang.
L’homme qui se tenait debout devant Gadriel s’accroupit un moment pour mieux observer son travail. Il arborait alors un sourire sadique.
- Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? demanda-t-il.
Il savait très bien que le jeune homme ne pouvait pas lui répondre à cause de l’état dans lequel se trouvait son visage. Il ne tint cependant pas compte et considéra le silence de l’adolescent comme un affront qu’il fallait à tout prix corriger. Il se redressa donc et donna un nouveau coup de pied dans l’estomac de Gadriel.
- Est-ce que…je me…suis bien…fait…comprendre ? questionna-t-il à nouveau tout en donnant plusieurs coups à la suite.
Gadriel se mit à cracher du sang. Il avait également de très grandes difficultés à respirer correctement. Ce ne fut qu’au bout de deux très longues minutes que l’homme cessa de lui donner des coups de pied. Le jeune homme était à deux doigts de s’évanouit à cause de la douleur. D’ailleurs, il ne cessait de pleurer et de se demander ce qu’il avait bien pu faire pour mériter un tel châtiment.
- Je pense qu’on est bon ! s’exclama l’agresseur avec la plus grande des joies.
Il se retourna un moment puis ordonna que l’on apporte un siège à son ‘précieux invité.’ Quelques instants plus tard, les portes de la salle s’ouvrirent à nouveau et deux autres hommes vêtus de la même façon que lui pénétrèrent à l’intérieur avec ce qu’il avait demandé. Il placèrent l’énorme chaise en face de la surface réfléchissante. Les deux subordonnés vinrent ensuite attraper Gadriel, le soulevèrent, et allèrent le mettre dans le siège où ils le sanglèrent fermement.
- Bon ! Bon ! Bon ! Et si nous commencions, s’exclama-t-il en se frottant les mains.
L’homme s’avança vers Gadriel, posa son pied entre son entrejambe, puis le regarda droit dans les yeux, du moins dans son seul œil valide à ce moment.
- Où est ton père ? Et où a-t-il caché le livre ? demanda soudainement l’agresseur.
Gadriel ne lui répondit pas. Il était sur le point de s’évanouir. L’homme le remarqua et décida de lui donner un petit remontant sous l’apparence d’une puissante gifle sur le visage.
- T’as pas intérêt à t’évanouir ! Bien ! Maintenant, réponds à ma question. Oh ! Une dernière chose, je n’aime pas me répéter, lui dit-il après.
Bien qu’il avait extrêmement mal et avait de la peine à respirer, le jeune homme fournit un effort considérable pour le donner sa réponse.
- Fe…ve…vais…fa…Fe…ve…vais…fa…si…y…es, rétorqua difficilement Gadriel.
- Hein ! Comment ça tu ne sais pas qui il est ! dit-il, furieux.
La réponse que le jeune homme lui donna ne lui plut pas. Par conséquent, il appliqua ce qu’il lui avait précédemment dit et lui donna un nouveau coup de poing dans l’estomac, puis un second parce qu’il était sur le point de répéter sa question. A chacune des ses frappes, l’adolescent serrait ses poings si fort qu’il finit par se blesser.
- J’espère que la leçon est bien rentrée cette fois-ci. Bon, je vais te le redemander une toute dernière fois. Où est ton paternel ?
Gadriel était si groggy qu’il avait du mal à maintenir ta tête droite alors que du sang sortait en continu de sa bouche. L’homme le secoua à nouveau pour qu’il lui donne l’information qu’il désirait.
- Fe…ve…vais…fa…vi…fes…fon…fève…va…vève…ve…va…fa…vais…vav…fer…ve…fui…fi…vous…fiait…avé…té…, répondit le jeune homme.
La douleur étant devenue trop insupportable pour lui, Gadriel perdit finalement connaissance au grand dam de son bourreau. Ce dernier essaya de nouveau de le réveiller mais sans succès, le jeune homme étant déjà parti. Il ordonna donc à ses deux subordonnes de le surveiller tandis qu’il partait chercher quelque chose. Il quitta ensuite la pièce, les poings serrés et le visage empli de colère et de frustration.
—–*—–
Gadriel se réveilla en sursaut et transpirant à grosses gouttes. Il hurla fortement et toucha son visage à la recherche d’ecchymoses. Il ne trouva cependant rien.
- Gadriel ? Est-ce que ça va ? Je détecte une augmentation de ton rythme cardiaque.
- Eve ! Eve, c’est bien toi ? rétorqua le jeune homme avec surprise.
Après avoir entendu sa voix, l’adolescent regarda alors autour de lui et se rendit compte qu’il se trouvait dans sa chambre.
- Oui en effet, c’est bel et bien moi. Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda la jeune femme, curieuse.
Gadriel lui relata alors dans les moindres détails le rêve qu’il avait fait. Cette dernière l’écouta avec grande attention pour essayer de trouver une signification à cela.
- Honnêtement, je ne sais quoi penser. Le fait de rêver que madame Arya se fasse mutiler de la sorte et ta séance de torture peuvent être des indices révélant des troubles psychologiques. Veux-tu que je prenne rendez-vous chez un spécialiste ? dit la jeune femme.
- Non ! Non merci, ca va aller. Ce n’est qu’un rêve après…
- Gadriel ! Eve ! Je suis rentrée, s’exclama soudainement la voix d’une femme.
Cette dernière provenait du rez-de-chaussée. Le jeune homme la reconnut immédiatement lorsqu’il l’entendit. Cette voix n’était nulle autre que celle de sa mère.
- Maman ! Maman, je suis en haut ! cria l’adolescent avec joie.
Gadriel bondit de son lit. Il voulut ensuite aller en direction de la porte de sa chambre mais il s’arrêta brusquement. Le jeune homme plaça ensuite sa main sur son estomac. Il ressentait une étrange douleur à ce niveau.
- Gadriel ! dit de nouveau sa mère.
- Oui ! J’arrive, répondit-il.
Le jeune homme fit fi de cette curieuse gêne, se redressa, et sortit de sa chambre. Au rez-de-chaussée, il rencontra celle qui l’avait tant manqué. Dès qu’il la vit, il fonça directement vers elle et la prit dans ses bras.
- Houlà ! On dirait que j’ai énormément manqué à quelqu’un pourtant je ne suis parti que durant quelques jours, rétorqua Arya en caressant les cheveux de son enfant.
- Je sais mais pour moi, c’était comme si tu étais partie depuis des centaines de cycles, dit Gadriel.
- Il n’a pas cessé d’être inquiet pour toi. Il était même prêt à lancer un avis de recherche sur toi auprès des forces de l’ordre, déclara Eve qui venait d’apparaitre.
- Eve ! s’exclama l’adolescent, embarrassé.
- Quoi ? Je ne fais que dire ce que s’est passé durant son absence, se justifia-t-elle.
- Tu aurais pu éluder cette partie, rétorqua de nouveau Gadriel.
- Cela suffit tous les deux, intervint brusquement Arya.
Elle comprit l’inquiétude de son enfant mais lui dit que c’était normal pour les adultes de disparaitre à certains moments, surtout lorsqu’ils effectuaient un travail comme le sien. Après qu’Arya eut rassuré son enfant, elle l’invita à aller prendre une douche, ce dernier étant complètement trempé. Le jeune homme s’excusa pour cela et remonta immédiatement après dans sa chambre. Pendant ce temps, la maitresse de maison, avec l’aide d’Eve, alla préparer le petit-déjeuner.
Après avoir fini de prendre sa douche et mis de nouveaux vêtements, le jeune homme redescendit au rez-de-chaussée.
- Maman ! Où es-tu ? demanda-t-il en hurlant.
- Dans la salle à manger, lui répondit-elle.
L’adolescent alla la retrouver et sentit alors une délicieuse odeur qui émanait de la pièce. Lorsque ce dernier pénétra à l’intérieur, il découvrit un festin digne d’un roi. Sa mère l’invita à passer à table pendant qu’elle s’occupait de nettoyer tout ce qu’elle avait sali.
- Alors, comment c’était durant mon absence ? demanda soudainement Arya.
Gadriel lui raconta alors son quotidien, les nombreuses heures qu’il passait à la bibliothèque à lire ses histoires favorites en compagnie des jumelles Estelle et Iraine.
- Je vois. C’est bien, au moins tu ne t’es pas trop ennuyé, dit-elle.
- Non, pas trop en effet. Sinon, ce repas est très bon. Je pense que je devrais apprendre à…
- Sinon, comment tu t’es senti le soir où tu m’as trouvée presque morte sur le sol, rétorqua soudainement Arya en même temps que son fils.
- Pardon ! Tu as dit ? s’exclama le jeune homme, pensant avoir mal entendu.
Tandis que l’adolescent machait ses aliments, il mordit brusquement dans quelque chose de très dure. Il ouvrit sa bouche, introduisit ses doigts à l’intérieur, et en sortit un horrible objet. Lorsque Gadriel s’aperçut avec horreur qu’il s’agissait d’une dent humaine, il recracha immédiatement tout ce qu’il avait dans la bouche dans son assiette dont le contenu avait mystérieusement changé pour laisser place à un viande avariée. Il se leva ensuite de son siège et s’en éloigna.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu n’aimes pas la nourriture que maman t’a préparée ? questionna Arya.
La mère de Gadriel se retourna doucement vers lui. Pendant qu’elle était en train de le faire, tout autour d’elle changea brusquement. Le beau temps qu’il faisait dehors s’assombrit progressivement pour laisser place à la nuit. Le corps d’Arya se transforma également et affichait désormais des profondes brulures sur une très grande surface et un énorme trou au niveau de son ventre duquel pendaient ses organes internes.
- La nourriture que maman t’a préparée n’est pas bonne ? demanda-t-elle de nouveau en s’approchant de lui.
- Ne…ne t’approche pas de moi ! hurla l’adolescent.
- Comment peux-tu dire ça à ta mère ?
Gadriel sortit de la salle à manger en courant. Il paniquait énormément et cherchait à quitter sa demeure. Il essaya la porte mais cette dernière se verrouilla toute seule.
- Eve ! La porte ! Ouvre la porte je t’en prie ! cria-t-il.
- Ta mère a besoin de toi, rétorqua la jeune femme.
Il n’y avait rien à faire, l’intelligence artificielle était également contre lui. L’adolescent tenta alors de passer par une des fenêtres mais celles-ci disparurent toutes dès l’instant où il fit un pas vers elle.
- Gadriel, pourquoi est-ce que tu me fuis ? Viens me faire un câlin comme tout à l’heure, s’exclama sa mère qui se trouvait encore dans la cuisine.
- Réfléchis ! Réfléchis !
Gadriel décida d’aller se réfugier dans sa chambre. Il courut donc en direction des escaliers et commença à les gravir. L’inattendu se produisit ensuite. Alors qu’il se trouvait à mi-chemin, toutes les marches se voltaïsèrent d’un seul coup comme les fenêtres. L’adolescent fit ensuite une chute libre et se finit à même le sol.
- Gadriel ! Mon garçon ! Viens faire un câlin à ta maman, rétorqua de nouveau Arya.
Cette dernière arriva finalement dans le séjour et trouva son fils vautré parterre. Elle s’approcha alors de lui dans l’optique d’obtenir le fameux câlin qu’elle désirait tant. Un des globes oculaires sortit de son orbite et tomba sur le sol. Elle donna ensuite un coup de pied involontaire dedans et celui-ci roula jusqu’au jeune homme. Il se mit à hurler de terreur alors que l’œil le fixait. Il mit par la suite ses mains sur son visage et implora sa mère de ne lui faire aucun mal.
A suivre !!!
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