Gadriel reprit brusquement connaissance en hurlant. Ce n’était cependant pas à cause de son horrible cauchemar mais plutôt parce que son bourreau exerçait une certaine pression sur son abdomen.
- Bien ! Je vois que tu t’es réveillé, s’exclama-t-il tout content.
L’homme retira son pied du ventre de l’adolescent puis ordonna à ses deux subordonnés de redresser son siège.
- Pendant que tu faisais ta petite sieste, j’ai préparé un petit quelque chose de mon côté. Je suis certain que cela te plaira, rajouta-t-il.
L’adolescent se retrouva de nouveau face à la surface réfléchissante de la pièce dans laquelle il était prisonnier. Son bourreau claqua ensuite des doigts et cette dernière cessa brusquement de l’être. Lorsque Gadriel vit ce qui se trouvait derrière, il n’en crut tout d’abord pas ses yeux. Toutefois, après ce bref instant de déni, il entra dans une phase de panique. Devant lui se trouvait la fille qu’il aimait par-dessus tout et avec qui il avait passé d’excellents moments. Il ne s’agissait ni plus ni moins que de Jessabiel. Tout comme lui, cette dernière était fermement attachée sur un siège. Cependant, dans son cas, la jeune femme était juste inconsciente et ne semblait pas avoir été maltraitée.
- J’ai cru comprendre que tu éprouvais certains sentiments pour cette femme. J’avoue qu’elle n’est pas mal ! Vois-tu, ce serait vraiment dommage qu’elle subisse le même traitement que toi. Je doute qu’une personne comme elle puisse le supporter, dit l’homme avec un sourire morbide.
- Fi…vous…fiait…ve…vui…vaive…fas…ve…val…, supplia l’adolescent.
Le bourreau ne prêta pas attention à ce qu’il dit et ordonna à ses hommes situés dans la pièce d’en face de réveiller la belle endormie. Dès que cette dernière reprit connaissance, elle fut très étonnée de l’endroit dans lequel elle se trouvait.
- Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Pourquoi je peux pas bouger ? Pourquoi je peux pas bouger ?! questionna Jessabiel immédiatement après son réveil.
La jeune femme paniquait. Elle se débattit et essaya également de défaire les liens qui la retenaient prisonnière.
- Ma parole ! C’est qu’elle est très énergique. Je comprends mieux pourquoi tu en pinces pour elle, rétorqua de nouveau le bourreau.
Jessabiel l’entendit mais ne le vit pas. De son côté, la surface devant elle était elle aussi réfléchissante.
- Qui a dit ça ? Qui êtes-vous ? demanda de nouveau la demoiselle.
- Oh c’est vrai ! Mais où sont donc passées mes bonnes manières ? J’ai totalement oublié de me présenter, répondit-il.
Il claqua de nouveau les doigts et le mur devant Jessabiel devint transparent. Elle put alors voir la personne qui s’adressait à elle, mais put également constater le déplorable état dans lequel se trouvait Gadriel.
- Oh mon Dieu ! Gadriel ! Qu’est-ce que vous lui avez fait ? interrogea la jeune femme, très inquiète.
- Ma parole ! Mais c’est qu’elle s’inquiète vraiment pour toi. En tout cas, pour revenir à ta toute première question, je suis celui qui va soit mettre un terme à ses jours, soit mettre un terme aux tiens. Maintenant, concernant le temps que cela va prendre, tout dépendra de mon cher ami ici présent, déclara-t-il en arborant toujours son sourire morbide et en posant sa main sur l’épaule de Gadriel.
- Ve…vui…faive…auvun…val…fi…vous…fiait…ve…vous…vivai…fou…ve…fe…vous…vouvez, supplia de nouveau l’adolescent.
- Comment c’est mignon ! Ne trouves-tu pas cela mignon ? Ce jeune garçon est prêt à endurer les pires supplices pour te protéger. Si ce n’est pas de l’amour, alors je me demande ce que c’est…
L’expression faciale du bourreau changea soudainement. Lui qui, jusqu’à présent, arborait un sourire effrayant, cessa de l’afficher et adopta un ton beaucoup plus sévère. Ce fut aussi à ce moment qu’un autre homme en noir entra dans la même salle que Jessabiel avec un charriot sur lequel se trouvait un instrument de torture.
- C’est quoi ça ? Vous allez faire quoi avec ? questionna la jeune femme, paniquée.
- Malheureusement pour vous deux, j’en ai décidé autrement. Je vous explique comment les choses vont désormais se dérouler. A chaque fois que ce jeune homme ici présent me dira une chose qui me déplait, certaines actions seront entreprises, rétorqua-t-il.
L’homme frappa dans ses mains puis dit qu’il était temps de reprendre là où il s’était arrêté. Il se replaça devant Gadriel et lui demanda de nouveau où se trouvait son père et le livre. Cette fois-ci, il donna un peu plus de détails sur le soi-disant ouvrage. Selon ses propres mots, ce dernier se faisait appeler ‘Livre de la Damnation’ et avait été caché quelque part sur Exoduus par le père de Gadriel.
Sachant très bien ce qu’il l’attendait comme réponse et ne voulant pas faire souffrir sa bien-aimée, l’adolescent dit à son bourreau que le fameux livre qu’il cherchait se trouvait la bibliothèque. L’individu resta silencieux quelques secondes, puis attrapa brusquement la bouche de Gadriel.
- Ve…vou…ve…fit…
- Tu mens ! Tu vois, j’ai horreur des mensonges et des personnes qui en racontent. Penses-tu vraiment qu’à l’heure actuelle nous n’avons pas déjà fouillé tous les lieux que tu as fréquentés ? rétorqua l’homme en interrompant l’adolescent.
- Lâchez-le ! Vous lui faites mal ! hurla la demoiselle dans sa pièce.
Le bourreau retira sa main du visage de Gadriel puis se retourna Jessabiel. Il lui fit alors un très beau sourire qui donna des frissons à la jeune femme. Sans prévenir, il fit de nouveau face à l’adolescent et lui donna un puissant coup en plein visage. Son sang gicla alors de sa bouche et se répandit sur le sol blanc. Il ne s’arrêta cependant pas là et continua de frapper le jeune homme.
- Arrêtez ! Vous allez le tuer ! hurla Jessabiel, en larmes.
Des coups incessants s’abattirent sur le visage déjà très amoché de Gadriel. Lorsque le poing de l’homme toucha l’adolescent pour la onzième fois, ce dernier s’arrêta. Il tourna par la suite vers la jeune femme qui avait osé lui donner des ordres, puis fit un geste de la main au troisième subordonnés. Ce dernier attrapa alors l’outil se trouvant sur le plateau devant lui et l’approcha de Jessabiel.
- Qu’est-ce que vous faites ? Ne vous approchez pas de moi ! s’exclama la jeune femme.
Le subordonné toucha la demoiselle au niveau de sa poitrine avec cette objet ressemblant fortement à une matraque. Là, une puissante décharge électrique traversa tout le corps de la jeune femme. Elle se mit par la suite à hurler sous le choc. Ce fut également le cas pour Gadriel qui supplia son bourreau d’arrêter cela. Néanmoins, à cause du nouvel état dans lequel se trouvait son visage, ce dernier n’arrivait plus à articuler correctement. Ce qui sortit donc de sa bouche n’était nulle autre que des sons incompréhensibles.
- Voilà ce qui arrive quand tu me dis quelque chose que je n’apprécie guère. Mais ne t’inquiète pas pour elle, cette petite décharge électrique ne la tuera pas. Cependant, si j’étais toi, je m’inquiéterais énormément pour la prochaine. Le corps de certaines créatures n’aime pas trop que l’on joue son système électrique, dit le bourreau en appréciant la vue.
Un autre geste de la main de sa part et le subordonné arrêta d’électrocuter la jeune femme. A ce moment, Gadriel culpabilisa énormément pour ce qui venait de se produire. Au fond de lui, il présentait infiniment ses excuses à la demoiselle.
- Bon ! Et si nous reprenions notre charmante…Houlà ! Mais tu es dans un état déplorable. Pas sûr que le microbe puisse s’exprimer avec un visage aussi amoché, s’exclama-t-il après s’être retournée vers Gadriel.
Quand le jeune homme entendit le mot ‘microbe,’ cela lui rappela une personne détestable qu’il connaissait. Elle était la seule à le nommer ainsi. Toutefois, l’individu se trouvant devant lui n’avait rien à voir avec Reigns. Leur physique et leur voix étaient complètement différents.
- Faites venir un soigneur ! ordonna-t-il à un de ses subordonnés présents dans la pièce.
Ce dernier quitta la salle de torture et revint quelques minutes plus tard accompagné d’un autre individu vêtu cette fois-ci d’une tenue blanche. Celle-ci approcha les paumes de ses mains à quelques centimètres du visage de l’adolescent et, après qu’une douce lueur verdâtre ait fait son apparition, les tissus endommagés se réparèrent.
- Ne bougez pas s’il-vous-plait. La lueur accélère la cicatrisation. Cela ne devrait plus durer, rétorqua cette personne qui se trouvait être une femme.
Le traitement dura en tout et pour tout trois minutes. Une fois qu’elle l’eut terminé, tout le visage de Gadriel fut totalement guéri. C’était comme s’il n’avait jamais reçu le moindre coup. Son travail étant accompli, la subordonnée se retira mais ne quitta cependant pas la pièce.
- Le revoilà tout beau ! N’est-ce pas formidable microbe ? Grace à elle, nous allons pouvoir continuer à nous amuser encore et encore, s’extasia de nouveau le bourreau.
C’était la deuxième fois que cette personne l’appelait ainsi. L’adolescent voulait en être certain, une fois et cela pouvait être considéré comme une coïncidence ; mais deux, cela suffisait amplement pour insérer le doute dans son esprit.
- Reigns ! Reigns, est-ce que c’est toi ? questionna Gadriel.
- Sapristi ! C’est qui m’a reconnu malgré mon nouveau pyjama de chair, répondit-il sans même essayer de se cacher.
Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles. Pourtant, l’individu qui se tenait debout devant lui venait d’affirmer qu’il était Reigns, le frère jumeau de la fille qu’il aimait.
- C…comment est-ce possi…
Avant que Gadriel ne finisse de formuler sa question, un coup de poing, puis un second vinrent de nouveau s’abattre sur son visage.
- C’est moi qui pose les questions ici ! Est-ce bien claire, microbe ? s’exclama Reigns.
L’adolescent cracha un peu de sang puis recommença avec ses questions. Il voulait savoir comment cela se pouvait que Reigns se retrouve dans un corps différent mais surtout comment il pouvait infliger de tels sévices à sa propre sœur. Pour cela, Gadriel se prit plusieurs nouveaux coups de poing dans le visage et dans l’estomac.
- Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans ‘c’est moi qui pose les questions ici !’ ? rétorqua de nouveau le bourreau.
- Je n’arrêterai que lorsque tu m’auras répondu, répondit Gadriel en le défiant du regard.
- Mais c’est qu’il a soudainement pris de la confiance le microbe ! Tu n’aurai cependant pas oublié quelque chose ? lui demanda Reigns en s’écartant légèrement.
L’adolescent vit alors la fille qu’il aimait respirer difficilement dans la pièce d’en face.
- Que t’ai-je dit tout à l’heure ? Si tu me disais un truc que je n’appréciais guère, des actions devraient être prises, n’est-ce pas ? dit Reigns en arborant de nouveau un sourire machiavélique.
- Reigns ! Non ! Je t’en supplie, ne fais pas ça ! implora l’adolescent.
- Trop tard !
D’un simple geste de la main, le frère jumeau ordonna à son subordonné de punir sa sœur pour montrer à Gadriel les conséquences de son insolence. Le soldat approcha donc l’objet en forme de matraque et le posa à nouveau sur une Jessabiel à moitié évanouie. Une décharge électrique encore plus puissante que la précédente traversa alors le corps de la jeune femme. Face à ses cris de douleur, l’adolescent implora Reigns pour qu’il lui ordonne d’arrêter.
- Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tu es le seul responsable de tout ceci microbe, déclara le bourreau.
- Arrête ! Je t’en supplie arrête, implora de nouveau Gadriel.
- Où ton père a-t-il caché le livre de la damnation ? questionna-t-il subitement.
- J’en sais rien ! J’en sais strictement rien ! hurla le jeune homme.
- Mauvaise réponse. Très mauvaise réponse, rétorqua Reigns.
Ce dernier fit un autre geste de la main et on arrêta de torturer Jessabiel. A ce moment, l’adolescent pensa qu’il l’avait enfin écouté et que tout ceci allait finalement prendre fin. Il était cependant très loin de se douter que ce n’était encore que le début.
- Microbe ! Microbe ! Microbe ! Tu aurais mieux fait de le savoir car ce qui va suivre sera fort déplaisant pour toi. Vois-tu, j’aime me considérer comme quelqu’un de très aimable. Je donne quelques coups de poing par-ci, d’autres coups de pied par-là, rien de bien méchant comparé à ce dont cet individu est capable, dit Reigns en pointant son doigt vers le front de Gadriel.
Des bruits de pas se firent alors entendre dans le couloir menant à la salle de torture dans laquelle était enfermé l’adolescent. A mesure que ceux-ci se rapprochaient, on pouvait sentir une certaine frayeur chez le jeune homme ainsi que chez son bourreau. Finalement, lorsque les portes s’ouvrirent et que la personne venant d’entrée se présenta devant Gadriel, sa surprise fut si grande qu’il n’en crut pas ses yeux.
A suivre !!!
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