S01 EP08

Gadriel était recroquevillé sur lui-même et flottait au milieu du vide. Lorsqu’il ouvrit les yeux, l’adolescent se rendit compte que tout était ténébreux et froid autour de lui. Il se releva et hurla pour voir s’il y avait quelqu’un ou quelque chose à proximité mais n’obtint ni réponse ni même un écho. Chose curieuse, malgré la profonde obscurité, il était à mesure de voir ses membres comme s’ils étaient exposés à une source de lumière. Quelques instants après son réveil, le jeune homme se remémora les derniers évènements qui se déroulèrent avant son arrivée dans ce mystérieux endroit.

  • Alors, c’est ce à quoi ressemble l’au-delà ? rétorqua l’adolescent avant de se mettre à pleurer.

Il se dit ensuite qu’il n’avait rien accompli de bien dans sa vie, que tout ce qu’il avait fait était de lire des contes fantastiques et éprouver des sentiments pour la mauvaise personne. D’ailleurs, lorsqu’il repensait à elle, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une intense rage et un profond sentiment de culpabilité. Les larmes qui coulaient à ce moment le long de son visage finirent par se rencontrer au niveau de son menton et former une goutte. Celle-ci chuta ensuite de toute la hauteur du jeune homme et finit par s’aplatir contre quelque chose aux pieds de l’adolescent. Il s’en suivit alors le bruit d’un objet de très petite taille tombant dans une plus grande étendue d’eau.

(water drop)

Un rayon de lueur apparut à l’endroit précis où la larme de Gadriel tomba. Ce dernier s’élargit par la suite, aveuglant par la même occasion l’adolescent, et se répandit dans tout cet espace vide. Quand le jeune homme réouvrit ses yeux quelques instants plus tard, il constata tout d’abord qu’il retrouvait désormais dans un champ parsemé de magnifiques fleurs. Ce dernier s’étendait à l’horizon et ne semblait n’avoir aucune fin. Ensuite, au-dessus de celui-ci s’affichait un incroyable ciel bleu lui aussi recouvert de nuages à perte de vue.

Le jeune homme s’accroupit pour sentir le parfum d’une des fleurs. Ce dernier était tellement plaisant que sa tristesse disparut au même moment. Il avait également l’impression d’être transporté dans un nouveau monde. Il décida alors de se coucher dans ce champ, ce qui provoqua l’envol de milliers de petits insectes multicolores semblables à des papillons.

  • Comme c’est beau ! s’exclama l’adolescent, émerveillé.

Gadriel resta dans cette position pendant de très nombreuses minutes avant qu’un drôle de bruit ne parvienne à ses oreilles. Il s’agissait du son émis par une personne fredonnant une chanson. Le jeune homme se redressa et regarda autour de lui. Il aperçut alors la silhouette d’une jeune femme rousse non loin de sa position. Lui rappelant quelqu’un, l’adolescent se leva et s’avança vers cette dernière. Plus il s’approchait d’elle et plus un sentiment de familiarité s’installait en lui. Finalement, la demoiselle se retourna vers lui et Gadriel se rendit compte qu’il s’agissait de sa mère.

  • Mon chéri ! s’exclama-t-elle tout en souriant.

Arya ouvrit grand ses bras et attendit que son enfant vienne à elle. Ce dernier, qui pleurait à chaudes larmes, hésita à s’approcher plus près d’elle. Il se souvenait de cet horrible cauchemar qu’il avait fait et dans lequel celle-ci se trouvait dans un état de décomposition avancé.

  • Qu’est-ce qui ne va pas mon chéri ? lui demanda-t-elle.

Gadriel était toujours hésitant et ne savait toujours pas s’il se trouvait dans un autre mauvais rêve ou dans l’au-delà. Voyant que son fils restait immobile devant elle, Arya décida de s’avancer vers lui. Néanmoins, lorsqu’il fit un pas en avant, son enfant en fit un en arrière.

  • Gadriel, C’est moi ! C’est maman ! Je ne te ferai aucun mal, dit de nouveau la jeune femme.

Arya s’avança de nouveau vers son enfant qui ne le recula plus cette fois-ci. Il se contenta désormais de baisser la tête. Lorsqu’elle se retrouva finalement à ses côtés, elle put enfin le prendre dans ses bras.

  • Je suis sincèrement désolé, dit l’adolescent en versant toutes les larmes de son corps.
  • Ne pleure plus mon chéri, je suis là. Tu n’as plus à t’inquiéter. Maman est désormais là, dit Arya en réconfortant son enfant.

Gadriel n’avait jamais autant larmoyé de toute sa vie. Il était à la fois content et triste de la retrouver. Sentir la chaleur et la douceur de son corps comme avant lui faisait énormément de bien. Alors que quelques minutes venaient de s’écouler, le jeune homme ressentit quelques choses de gluant contre sa joie. Il se dit que c’était surement la morve de son nez qui ne cessait de couler depuis tout à l’heure et n’y prêta donc pas attention.

  • Gadriel ! appela soudainement la mère.
  • Oui maman ! répondit le fils en deux reniflements.
  • Tu ne trouves pas ma nourriture à ton gout ? questionna Arya.
  • Je ne comprends pas ta ques…

Lorsque Gadriel leva les yeux vers elle, ceux-ci s’arrêtèrent d’abord à l’endroit où sa tête était récemment posée. Il se retrouva alors devant de la chair brulée et suintante. Juste en-dessous s’affichait un énorme trou duquel dégoulinait divers liquides visqueux. Ce fut donc avec effroi que le jeune homme s’éloigna de sa mère. Comme dans son précédent cauchemar, il la vit progressivement se transformer. A mesure que son corps regagnait ses blessures, l’environnement autour d’elle subissait des changements. Les fleurs flétrissaient et devenaient poussière, les insectes ressemblant à des papillons mourraient et tombaient par terre, et le cil devenait de plus en plus.

  • Tu ne trouves pas nourriture à ton gout ? demanda de nouveau Arya qui tenait désormais un ustensile de cuisine à la main.

Beaucoup trop effrayé pour répondre, Gadriel se contenta de reculer tandis que celle qui se tenait debout en face de lui ne faisait que s’avancer.

  • Qu’est-ce qu’il y a mon chéri ? Tu ne veux plus faire de câlin à maman ? continua-t-elle de demander.

Trouvant la force de parler, l’adolescent lui dit de ne pas s’approcher, qu’elle n’était pas sa mère. Il se retourna alors et commença à courir sans regarder là où il allait. Il ne se rendit donc pas compte que, dans la direction dans laquelle il se dirigeait, un étrange bouillard noir arrivait progressivement sur lui. Ce ne fut qu’à une certaine distance qu’il s’aperçut finalement de ce qui se trouvait en face de lui. Gadriel voulut par la suite changer de direction mais, chose curieuse, la sombre masse d’air s’aligna de telle sorte à toujours être en face de lui.

Le jeune homme se sentait encerclé. Il ne pouvait ni avancer ni reculer. De plus, lorsqu’il regarda derrière lui, il remarqua que la créature qui le poursuivait était beaucoup plus proche qu’elle n’était censée l’être.

  • Mon chéri, qu’est-ce qui ne vas pas ? Pourquoi tu as dit ces horribles choses à maman ? questionna-t-elle encore.
  • Ne…ne t’approche pas de moi ! hurla le jeune homme.

Le temps que Gadriel jette un coup d’œil rapide pour voir quelle distance le séparait encore de l’étrange brouillard, sa mère eut le temps de combler l’écart entre elle et lui. Celle-ci se tenait désormais devant lui du haut de son mètre soixante-quinze. Elle attrapa son enfant au niveau du visage et le força à ouvrir la bouche. Par la suite, Arya approcha son ustensile de cuisine qui se trouvait être une sorte de louche remplie de bestioles gluantes et déversa son contenu dans la cavité buccale de son fils.

  • La nourriture de maman n’est-elle pas bonne ? lui demanda-t-elle pendant ce temps.

Au même moment, la brume noire les recouvrit tous les deux. Gadriel se retrouvait dans l’obscurité la plus totale avec des créatures gluantes dans la bouche, une mère morte qui voulait à tout prix qu’il les mange, et une mystérieuse voix qui s’était soudainement manifestée et ne faisait que prononcer son nom. Face à autant d’évènements simultanés, le mental de l’adolescent n’en put plus et ce dernier perdit à nouveau connaissance.

—–*—–

Plusieurs bips retentirent aux oreilles de Gadriel tandis que celui-ci revenait progressivement à lui. Le jeune homme se mit à faire de brusques mouvements avant de finalement ouvrit les yeux. Il regarda autour de lui pour voir où se situait sa mère mais il ne la vit nulle part. Ce fut seulement après qu’il se rendit alors compte qu’il se trouvait dans un énorme tube en verre et baignait entièrement dans une étrange substance verdâtre extrêmement gluante. Instinctivement, l’adolescent commença à se débattre à la recherche d’oxygène.

Après plusieurs secondes de lutte, Gadriel prit conscience que, malgré le fait qu’il soit totalement immergé, il n’éprouvait aucune difficulté à respirer. L’adolescent regarda à nouveau autour de lui et remarqua alors qu’il ne se trouvait plus dans la salle de torture mais dans une sorte de laboratoire rempli de divers ordinateurs. D’ailleurs, toutes les blessures qu’il avait subies semblaient avoir totalement disparu et il se retrouvait également dénudé.

Le bip sonore que l’adolescent entendit au tout début s’arrêta brusquement pour laisser place à une voix cybernétique.

  • Attention ! Attention ! Conditions physiques du sujet rétablies à leurs niveaux optimums. Démarrage de la procédure d’ouverture de la cuve de restauration cellulaire ! s’exclama-t-elle.

Le liquide dans lequel Gadriel baignait commença à être évacué juste en-dessous de lui. Lorsqu’il disparut totalement, un nouveau bip se fit entendre avant d’être remplacé par le bruit d’un sas qui s’ouvre.

La partie en verre de l’appareil monta progressivement, puis disparut totalement dans le plafond. Gadriel posa le pied sur le sol et descendit. Il se dirigea ensuite vers la surface réfléchissante la plus proche. Comme il le soupçonna, toutes les blessures que Jessabiel lui avait infligées avaient été complètement guéries. D’ailleurs, lorsqu’il pensa à cela, il se dit que c’était encore une autre de ses fameuses séances de torture.

Des bruits de pas se firent entendre à l’extérieur de la pièce dans laquelle il se trouvait. Gadriel attrapa alors une chaise dans l’optique de se défendre. Lorsque la porte s’ouvrit, l’adolescent lança aveuglement son arme.

  • Je ne me laisserai pas faire cette fois-ci ! hurla-t-il durant le processus.

Un bruit métallique retentit par la suite et l’objet tomba sur le sol. Le jeune homme regarda en direction de la porte pour découvrir une jeune femme blonde aux yeux bleus. Cette dernière était très grande de taille, beaucoup plus que sa mère, et était vêtue d’une sorte de débardeur blanc, d’un pantalon noir, et de bottes de la même couleur.

  • C’était pour quoi ça ? lui demanda-t-elle.

Lorsque son regard croisa celui du jeune homme, celui-ci eut des frissons qui traversèrent tout son être. Néanmoins, malgré la peur, il éprouvait un sentiment de déjà-vu. Il avait en effet l’impression d’avoir déjà croisé cette personne quelque part. il ne lui fallut pas très longtemps pour s’en rappeler.

  • Je vous ai déjà vu quelque part, rétorqua l’adolescent en reculant de quelques pas.

Un physique impressionnant et un regard sévère qui faisait froid dans le dos, il n’y avait aucun doute possible. La femme se tenant debout de Gadriel était celle qu’il avait percuté en sortant du bâtiment des forces de l’ordre.

  • Vous…vous êtes la femme…cette femme que j’ai bousculée la dernière fois. Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous travaillez aussi pour eux, c’est ça ? questionna l’adolescent.

La jeune femme passa devant Gadriel et se dirigea vers le seul placard que comportait la pièce. Elle l’ouvrit, attrapa des vêtements s’y trouvant, puis se retourna vers le gamin.

  • Je vous ai posé une…

L’adolescent n’eut même pas le temps de finir sa phrase que la peur envahit tout son corps lorsqu’il croisa de nouveau le regard de la demoiselle. Tout son être lui dictait à cet instant de fuir, que cette femme était anormalement dangereuse.

  • Enfile ça ! lui dit-elle en lui lançant les habits.

Au moment où Gadriel réceptionna les vêtements, il se rendit compte qu’il avait été tout nu depuis l’instant où il est sorti de l’étrange machine. Non seulement cela, mais il l’était devant une femme. Dès lors, la gêne s’installa assez rapidement et l’adolescent cacha ses parties intimes.

  • Dépêche-toi. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous, rajouta la jeune femme.
  • Qui…qui êtes-vous ? demanda Gadriel.
  • Harvester, répondit-elle.

L’adolescent ayant obtenu un nom, il commença à mettre ses vêtements. Toutefois, se méfiant d’elle, il décida de trainer le plus possible, ce qu’elle remarqua assez aisément.

  • Gadriel, ne me force pas à venir te les mettre. Tu n’apprécierais pas l’expérience, rétorqua la demoiselle.
  • Comment vous connaissez mon nom ? Je ne vous l’ai jamais dit. J’en étais sûr, vous travaillez avec eux, déclara Gadriel en prenant plus de distance avec elle.
  • Et même si je bossais avec ceux qui t’ont enlevé et torturé, que serais-tu en mesure de me faire ? Me lancer une chaise comme tout à l’heure, dit-elle.

Harvester avait raison sur ce point et le jeune homme le savait. Toutefois, il décida tout de même de ne pas se laisser faire et attrapa donc une autre chaise qu’il lança de nouveau sur la demoiselle. Cette dernière ne bougea pas d’un pouce et se prit l’objet en plein visage. Pensant profiter de ce court moment, l’adolescent courut en direction de la porte. Malheureusement, lorsqu’il l’ouvrit, il tomba nez à nez avec Harvester qui le saisit au niveau du cou avec une seule main. Comme s’il ne pesait rien, la jeune femme le souleva et le regarda droit dans les yeux.

  • Vous…vous…êtes deux ! s’exclama-t-il en se débattant de toutes ses forces.

Gadriel lui donna des coups de poing sur son avant-bras et des coups de pied sur le ventre mais cela ne fit pas réagir la jeune femme. Au contraire, chacun de ses frappes lui faisait extrêmement mal. C’était comme s’il s’acharnait contre le plus solide des murs.

  • Libre à toi de me croire ou pas mais je suis une connaissance de ta mère Arya. Lorsqu’elle a soudainement coupé le contact avec moi, je me suis immédiatement rendu ici. Tu n’étais pas le seul à être à sa recherche ce jour-là. Maintenant, la question est de savoir si tu auras assez confiance pour venir avec moi ou si tu préfères rester ici et attendre que ceux qui t’ont enlevé ne reviennent à la charge.
  • Vous…vous mentez ! s’exclama de nouveau Gadriel.
  • Je te l’ai dit. Le choix t’appartient de me croire ou pas. Sache seulement que je suis la seule personne sur cette planète capable de te tirer du pétrin dans lequel tu te trouves, rétorqua Harvester.

La jeune femme le lâcha et l’adolescent tomba violemment sur le sol. Son premier reflexe fut alors de reculer légèrement. Il regarda par la suite derrière lui et ne vit personne d’autre hormis elle. Pendant ce temps, la demoiselle se retourna et partie en direction de l’autre porte se situant un peu plus loin. Derrière elle se trouvait un élévateur sur lequel elle monta. Harvester fixa ensuite Gadriel qui était toujours par terre. Celui réfléchit vite fait à sa situation et prit finalement sa décision.

  • Excellent choix ! s’exclama la demoiselle lorsque l’adolescent la rejoignit.

La jeune femme appuya alors sur un bouton et les portes se refermèrent.

A suivre !!!

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