Aicha se trouvait dans sa chambre quand sa mère l’appela venir manger. Après ce qui venait de se produire, le simple fait d’entendre sa voix l’énervait grandement. Néanmoins, la jeune femme n’avait guère le choix. Son estomac criait famine, ce qui la poussa à quitter son lit et descendre au rez-de-chaussée. Arrivée dans la salle à manger, la demoiselle ne pouvait s’empêcher d’afficher un regard meurtrier à l’encontre de sa mère qui transportait successivement les plats et les déposait sur la table.
La fille de David tira une des chaises et s’assit dessus. Son père passa juste derrière elle et alla s’asseoir de sorte à se retrouver en face d’elle mais également en face de l’écran de télévision. L’homme observa le regard de son enfant lorsque sa femme vint prendre place à ses côtés. Il pouvait clairement sentir une certaine animosité en elle. Le chef de famille se dit alors que sa fille avait vraiment hérité du caractère de sa mère, ce qui ne lui rendait pas vraiment la vie facile.
Meriem attrapa le couteau et commença à découper la viande qu’elle servit tout d’abord à son mari avant de passer à sa fille. Pendant ce temps, Aicha se faisait toute sorte de films dans sa tête. Dans l’un d’entre eux, elle se voyait saisir cette arme blanche, régler son compte à mère, et retourner chez elle. Malheureusement pour elle, ce genre d’actes était gravement condamné par la loi. Tout le monde ayant été servi, David souhaita un excellent appétit à son épouse et à son enfant avant de débuter la dégustation. La première lui retourna son souhait tandis que la seconde resta silencieuse.
- Alors Aicha, comment était cette première journée de cours ? demanda le père pendant qu’il découpait son morceau de viande.
La jeune femme n’avait pas envie de lui répondre mais ne sachant pas ce que cela pourrait entrainer comme représailles, elle décida de le faire.
- C’était plus ou moins bien, donna-t-elle froidement comme réponse.
Monsieur Ellah sentait très bien que son enfant n’eût pas envie de lui parler. Cependant, il dut insister car il ne voulait pas diner dans une atmosphère silencieuse et tendue.
- Ah bon ? Que s’est-il passé ? questionna de nouveau David.
- Nous avons eu une interrogation en maths durant le premier cours, le second prof est une dame qui ne supporte pas que les gens arrivent à son cours en retard, et il y a aussi certaines personnes désagréables en classe, rétorqua Aicha.
- Ce n’est pas trop tôt pour faire des interrogations ? Je veux dire que vous venez tout juste de remettre les pieds en classe, déclara brusquement madame Ellah.
Aicha lança un regard très sévère à sa mère avant de finalement répondre à sa question.
- Monsieur Strouss dit qu’il a fait ça pour évaluer le niveau de tout le monde, dit la jeune femme.
- Je vois. Tu penses donc avoir quelle note à cette évaluation ? demanda de nouveau le père.
La question que son père venait de lui poser était très compliquée à répondre. La demoiselle n’avait pas eu le temps de finir l’interrogation, ce qui signifiait qu’elle ne pouvait pas espérer avoir la note maximale.
- Je ne sais vraiment pas. On verra demain vu qu’on aura un autre cours avec lui en matinée, répondit Aicha.
Le diner de la famille Ellah se poursuivit sans encombre malgré la tension entre la mère et la fille. Il était désormais temps de débarrasser la table. Meriem demanda donc l’aide d’Aicha qui se leva de son siège et commença à rassembler les diverses assiettes et ustensiles. Elle alla déposer le tout dans l’évier avant de remonter dans sa chambre. Pendant ce temps, David se posa dans un des canapés, attrapa la télécommande de la télévision et parcourut les différentes chaines de sport à la recherche d’un bon match de football à suivre. Sa femme vint le rejoindre quelques minutes plus tard et s’assit juste à ses côtés.
- Monsieur Ellah ! s’exclama-t-elle joyeusement.
- Oui madame, répondit l’époux qui remarqua le sourire arboré par sa femme.
- J’ai une excellente nouvelle à vous annoncer, déclara Meriem.
- Laissez-moi devenir. Nous allons bientôt être quatre dans cette famille, c’est ça ? rétorqua le chef de famille en la taquinant légèrement.
- Non ! Non ! Pas du tout, lui répondit-elle.
Madame Ellah ne s’attendait pas du tout à une telle réponse de la part de son mari. Toutefois, même s’il avait dit en plaisantant, le fait qu’il le mentionne traduisait un certain désir chez ce dernier d’avoir un second enfant.
- Alors madame Ellah, quelle excellente nouvelle avez-vous à m’annoncer ? demanda de nouveau David.
- Après plusieurs jours de recherches, j’ai finalement été engagée dans un cabinet de nutrition et de diététique. Ils ont apprécié mon CV et m’ont demandé si j’étais apte à commencer mercredi, lui dit Meriem toute contente.
- Mais c’est excellent ça. Comment s’appelle ce cabinet et où se situe-t-il ? questionna encore monsieur Ellah.
Meriem lui dit alors que le cabinet se trouvait à la Cité Damas et qu’il se nommait Owas.
- Demain, après que Junior ait déposé Aicha à l’école, nous irons à la direction de la circulation routière pour enregistrer mon permis de conduire. J’ai déjà réuni tous les documents nécessaires à cela. Ensuite, nous allons faire tous les papiers de la voiture. Enfin, j’irai acheter quelques pâtisseries. Ça fait longtemps que je n’ai pas mangé quelque chose de doux, dit-elle.
- Je vois. C’est une bonne idée. Comme ça tu ne dépendras plus de Junior pour tes déplacements. En parlant de pâtisseries, tu viens de me donner une idée. Samedi, je vous amène Aicha et toi au petit village, déclara subitement le chef de famille.
- Le petit village ? Qu’est-ce que c’est ? lui demanda sa femme.
- C’est l’endroit où l’on fait les meilleurs poissons à la braise de toute la capitale. Il faut absolument que vous goutiez ça, s’extasia monsieur Ellah.
La proposition de son mari ne lui semblait pas être une mauvaise idée. En plus, cela faisait très longtemps qu’ils n’étaient pas tous sortis en famille.
- Vu le comportement que ta fille a en ce moment, je doute qu’elle vienne de son propre chef, dit Meriem.
- Elle tient ce caractère de sa mère. Mais bon, elle n’aura pas le choix. Je ne vois pas ce qu’elle fera toute seule à la maison un samedi, rétorqua David.
- Ca c’est vrai. Mais dis-moi, tu insinues quoi en disant qu’elle tient son caractère de moi ? s’exprima soudainement madame Ellah.
L’homme venait de se rendre compte qu’il avait dit tout haut ce qu’il pensait. Maintenant, il devait s’expliquer avec sa femme dont le regard actuel ne signifiait rien de bon pour lui. Il fallait donc qu’il règle ce léger problème. Pendant ce temps, Aicha qui se trouvait désormais dans sa salle de bain, retirait progressivement ses vêtements et s’apprêtait à prendre un bon bain.
La jeune femme tourna le robinet et attendit que l’eau soit assez chaude avant de foncer sous la douche. Aicha appréciait ce moment de détente durant lequel tous ses problèmes semblaient se volatiliser. Alors que l’eau coulait le long de son corps, la demoiselle se mit à penser à son petit-ami Ridley. Comme le Gabon et la France avaient pratiquement la même heure, elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire à cet instant. L’adolescent lui manquait énormément, ainsi que ses amis. Elle se remémora tous les bons moments qu’ils avaient passé tous ensembles. Cela fut amplement suffisant pour qu’elle lâche une petite larme.
Après plusieurs dizaines de minutes, la demoiselle sortit de la douche et s’essuya. Une fois la buée sur le miroir nettoyée avec sa main, elle resta alors plantée devant celui-ci durant de nombreuses secondes avant de finalement s’emparer de sa brosse à dents. Lorsqu’Aicha termina sa toilette, elle retourna dans sa chambre où elle enfila de nouveaux vêtements avant de s’allonger sur le lit. Elle voulut fermer ses yeux immédiatement après mais se rappela qu’elle n’avait pas encore rangé son sac pour la journée suivante. La fille de David se leva donc et se dirigea vers son bureau.
Aicha consulta son emploi du temps et rangea son sac en concordance avec celui-ci. Lorsqu’elle eut terminé, elle le referma et retourna se coucher. Les yeux rivés sur le plafond, la jeune femme pensait à toutes les personnes indésirables qu’elle allait revoir le lendemain mais surtout aux comptes qu’elle avait à régler avec un certain individu. Moins d’une dizaine de minutes plus tard, les paupières de mademoiselle devinrent de plus en plus lourdes. Il ne fallut pas plus pour la pousser délicatement dans les bras de Morphée.
A suivre !!!
A cause de la reprise des cours, j’ai du mal à tenir mon rythme de publication. J’en suis vraiment désolé.