L’atmosphère était plutôt tendue dans l’élévateur. Le fait que Harvester restait constamment silencieuse ne rassurait en aucun cas l’adolescent dont le cœur battait extrêmement vite. Gadriel jeta un coup d’œil rapide à la jeune femme. Elle était si grande comparé à lui. Il voulut également la toucher pour savoir de quoi elle était faite mais préféra se retenir. Tandis que cela faisait plusieurs dizaines de secondes que l’ascenseur montait, l’expression faciale de la demoiselle changea brusquement, ce qui fit penser au jeune homme qu’il avait commis une faute.
- Hum ! Dès que ces portes s’ouvriront, file immédiatement dans ta chambre et rassemble tes affaires. Ne prends que le stricte nécessaire, lui ordonna-t-elle froidement.
Gadriel avait le pressentiment que Harvester était le genre de personne à qui il valait mieux de pas désobéir. Ce fut donc pour cela qu’il ne l’interrogea pas sur le pourquoi de cet ordre et se contenta uniquement de secouer la tête en guise de oui. Harvester inséra alors sa bras dans un trou noir qui venait d’apparaitre mystérieusement et en sortit un bracelet qu’elle donna au jeune homme.
- Tiens ! Tu auras besoin de ça. Ce bracelet a une capacité de 250 unités de stockage. Je pense que ce n’est pas la peine que je t’explique comment il fonctionne, n’est-ce pas ? dit-elle.
Le jeune homme lui fit non de la tête puis passa l’appareil autour de son poignet. Quelques instants plus tard, les portes de l’élévateur s’ouvrirent. L’adolescent constata alors que la maison dans laquelle il avait vécu depuis de nombreux cycles détenait en fait une entrée secrète se situant dans leur séjour.
- Vas-y ! lui dit à nouveau la jeune femme.
Gadriel ne se fit pas prier et monta les marches d’escaliers menant à sa chambre en courant. Pendant ce temps, ce fut avec les mains en poche que Harvester se rendit dans la salle à manger. Quand elle arriva dans la pièce, elle y trouva un groupe de sept hommes lourdement armés.
- Ils l’ont sacrement bien amochée ! dit l’un d’entre eux en rigolant devant le cadavre d’Arya.
- Ouais ! Elle aurait dû coopérer au lieu de vouloir protéger son batard de fils, rétorqua un autre.
- Alors messieurs, on se moque d’une personne décédée ?! dit subitement Harvester.
Les soldats qui ne l’avaient pas entendue arriver sursautèrent tous et se retournèrent brusquement avant de la mettre en joue.
- Qui va là ? Identifiez-vous ! ordonna un des soldats.
- Pas besoin d’être aussi formel. De toute façon, vous allez bientôt vous retrouver dans le même état que mon amie ici présente, répondit la jeune femme en arborant un terrifiant sourire.
- Qu’est-ce que tu viens de dire ? demanda un des hommes, énervé.
Ce dernier fut calmé par le plus grand de ses collègues qui expliqua par la suite aux autres qu’ils n’avaient rien à craindre d’elle, que ce n’était qu’une femme désarmée, et qu’ils étaient sept soldats lourdement équipés. La situation était donc clairement à leur avantage. D’ailleurs, ce même homme donna son arme à un des ses camarades, puis s’avança fièrement vers Harvester.
- Alors ma belle, regarde bien autour de toi. Comme tu le vois si bien, nous sommes en supériorité numérique. Alors, si tu t’excuses convenablement pour ce que tu viens de dire et que tu nous indiques où se trouve cette personne, il y a moyen que tu puisses repartir d’ici sans que l’on abime ce joli minois, rétorqua l’homme en lui montrant une image holographique de Gadriel.
Le soldat essaya par la suite de poser sa main sur le visage de Harvester mais celle-ci retira sa main droite de la poche de son pantalon et saisit brusquement ses doigts.
- La personne que vous recherchez range actuellement ses affaires à l’étage. Malheureusement pour vous, cette information ne vous sera d’aucune utilité. Comme je l’ai di bien dit, tous autant que vous êtes finirez dans le même état que mon amie que vous avez torturée et mutilée, déclara la jeune femme tout en serrant très fort les doigts de la personne se tenant en face d’elle.
Le son d’os brouillés sous une forte pression et celui d’un individu cherchant désespérément à libérer ses doigts retentirent dans la salle à manger.
- Lâche-moi ! Lâche-moi sale pute ! hurla l’homme qui ne parvenait toujours pas à retirer ses doigts.
Au départ, ses camarades se moquèrent de lui, pensant qu’il exagérait. Toutefois, lorsqu’il commença à se débattre violemment et à donner des coups de poing dans le visage de Harvester, ils comprirent que la situation était beaucoup plus sérieuse. Malheureusement pour l’assaillant, sa situation s’aggrava à chacune des frappes qu’il donnait. En effet, comme avec Gadriel, l’homme se retrouvait à donner des coups de poing dans quelque chose d’extrêmement dure, ce qui provoqua la fracture de toute l’ossature de sa main. Pendant ce temps, les six autres soldats encerclèrent Harvester et la mirent en joue. L’un d’entre eux posa même le canon de son arme sur sa tempe et lui ordonna de libérer son camarade.
- Il t’a demandé de le lâcher. T’as compris sale pute ! hurla-t-il.
- Ok ! Ok ! Pas besoin d’être autant sur les nerfs, rétorqua la jeune femme.
Harvester libera finalement les doigts de l’homme qui avait commencé à pleurer tel un enfant. Toutefois, cela ne fut pas sans contrepartie. En effet, dès l’instant où la jeune femme le relâcha, elle lui donna un coup de pied dans son genou gauche qui se brisa à l’impact. Avant même que ce dernier ne puisse émettre son cris de douleur, elle saisit l’arme braquée sur elle et celui à qui elle appartenait par le cou. Elle le lança alors violemment contre le mur et ce dernier perdit connaissance après la collision. L’action fut si vive et que les autres soldats n’eurent pas le temps de réagir. Lorsqu’ils le purent enfin, la demoiselle avait mystérieusement disparu de leur champ de vision.
- Où est-elle passée ? Quelqu’un a-t-il un visuel sur l’individue ? questionna un des soldats.
- Négatif ! La cible a totalement disparu, répondit un autre.
- Vous êtes tellement lents, rétorqua la personne qu’ils cherchaient tant à localiser.
Les soldats voulurent se séparer pour couvrir plus de terrain mais lorsque l’un d’entre eux tenta de quitter la salle à manger, il disparut mystérieusement à son tour. Moins d’une seconde plus tard, un bruit sourd retentit et on le retrouva encastré dans un des murs de la pièce.
- Qu’est…qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Mais bordel, qu’est-ce qui lui est arrivé ? demanda un homme complètement paniqué en hurlant.
Un de ses camarades voulut le calme, cependant, lorsque ce dernier cligna des yeux, il vit une énorme chaussure noire apparaitre devant son visage. N’ayant pas le temps de réagir, il encaissa celle-ci en pleine face, ce qui décrocha littéralement sa tête du reste de son corps. Son crane alla alors faire un tour contre le mur tandis que le reste tomba à même le sol.
- Quoi ?! Mais qu’est-ce qui se passe bordel ?! Montre-toi ! Montre-toi tout de suite sale lâche, cria à nouveau un soldat.
- Qui traites-tu de lâche ? rétorqua soudainement Harvester.
La jeune femme apparut devant l’individu qui avait osé dire d’elle qu’elle était une lâche. Ses yeux avaient désormais adopté une couleur jaunâtre et elle semblait être extrêmement en colère. Lorsque leurs regards se croisèrent, l’intrépide soldat eut la chair de poulet. Il comprit alors qu’il avait affaire à un être anormal et malheureusement pour lui, il l’avait provoqué. La demoiselle saisit son arme et la plia comme s’il s’agissait d’un vulgaire bout de papier. Après cela, elle attrapa l’homme par le cou et le souleva d’une seule main.
- Qui as-tu traité de lâche ? lui demanda-t-elle de nouveau.
Les autres soldats, l’ayant enfin dans leur ligne de mire, vidèrent toutes les batteries de leurs armes à plasma sur elle et ne se préoccupèrent pas du fait qu’ils pourraient toucher leur camarade. Chacune des décharges plasmiques toucha le duo mais seule Harvester s’en sortit indemne, les projectiles n’ayant eu aucun effet sur elle. La jeune femme lâcha le cadavre du soldat qui tomba sur le sol, puis regarda les hommes restants avec ses yeux jaunâtres. A cet instant, ils comprirent tous qu’ils se retrouvaient dans une situation extrêmement dangereuse et que leurs chances de survie étaient quasiment nulles. Dès lors, une seule option se présentait à eux : la fuite.
La maison dans laquelle ils se trouvaient disposait de deux entrées et sorties. La première se trouvait dans le séjour, donc derrière Harvester, tandis que la seconde se situait dans la salle à manger. Encore fallait-il qu’ils aient été assez rapides pour l’atteindre. En effet, non seulement leur adversaire était extrêmement résistante, mais elle était également très rapide. Au moment où un des soldats restants laisse tomber son arme et courut en direction de la porte, la jeune femme donna un simple coup de pied dans cette dernière. Celle-ci partit alors en direction de son propriétaire et le faucha de la manière la plus brutale qui fut, lui brisant littéralement les deux membres inferieurs avant d’aller s’encaster dans le mur.
- Où penses-tu aller comme ça ? questionna Harvester en s’avançant vers le soldat rampant.
- Pi…pitié ! supplia l’individu.
- Pitié dis-tu ? Je me demande si vous avez éprouvé de la compassion pour Arya lorsque vous lui avez fait subir tout ça, dit-elle en pointant du doigt le corps sans vie de la mère de Gadriel.
- C’est…c’était…on ne faisait qu’obéir aux ordres. Nous…nous n’avions pas le choix, répondit l’individu.
- Je vois. Moi non plus je n’ai pas le choix, rétorqua Harvester.
Comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire ballon de football, la demoiselle lui donna un coup de pied dans l’abdomen, ce qui lui fit cracher ses intestins. Cela l’envoya plusieurs dizaines de centimètres en l’air. Dès qu’il arriva à bonne hauteur, Harvester exécuta un parfait retourné et l’homme finit sa course dans le mur du séjour. Il ne lui restait plus qu’à s’occuper des derniers survivants et son ménage serait terminé
—–*—–
Lorsque Gadriel arriva dans sa chambre, celle-ci était dans l’état exact dans lequel il l’avait laissée. L’adolescent n’eut cependant pas le temps de trainer et se précipita vers son armoire. Il l’ouvrit puis attrapa une pile de linges qu’il déposa sur son lit.
- Voyons voir. Elle a dit que ce bracelet avait une capacité de 250 unités de stockage si je ne me trompe pas, dit-il.
C’était la première fois que le jeune homme se servait d’un tel appareil. D’habitude, c’était sa mère qui se chargeait de cela mais cette dernière n’était plus là. Une chance pour lui qu’il l’avait regardée faire de nombreuses fois. Gadriel posa donc sa main sur l’écran, celui-ci lui afficha alors une longue barre vide au-dessus de laquelle la mention ‘0/250’ apparaissait. Juste en-dessous de cette dernière se présentaient deux options : déposer et retirer. Gadriel appuya sur la première et une sorte de mini vortex fit son apparition juste à côtés de lui. Le jeune homme attrapa par la suite un de ses vêtements et le lança dedans. Il put alors voir l’affichage de l’écran changer et indiquer désormais ‘1/250.’
Voyant que ce dispositif fonctionnait correctement, il se dépêcha de faire ce qu’on lui avait ordonné. Il prit donc le strict nécessaire, c’est-à-dire vêtements, livres, objets pour entretenir le corps, et même une cadre photo sur lequel sa mère et lui étaient représentés. Pendant qu’il déposait ses affaires à l’intérieur de l’espace de stockage, le jeune homme entendit divers bruits en provenance du rez-de-chaussée. Il se demanda alors ce que Harvester pouvait bien y faire. Lorsqu’il se souvint de l’expression faciale qu’elle arbora dans l’ascenseur, il se dit qu’il valait mieux ne pas s’attarder là-dessus et de poursuivre ce qu’il faisait.
A la fin, l’appareil marqua ’87.6/250’ et l’adolescent appuya sur le bouton ‘terminer.’ Le vortex disparut juste après et l’écran se mit en veille. Son rangement étant terminé, Gadriel lança un dernier regard nostalgique à sa chambre avant de la quitter. Il partit alors retrouver Harvester au rez-de-chaussée. Alors qu’il venait tout juste de quitter la pièce, l’adolescent entendit de nouveau divers bruits provenant d’en bas. Ils étaient tout d’abord sourds puis devinrent soudainement plus aigus avant de reprendre leur sonorité précédente. Cela le poussa à être prudent et à descendre les escaliers lentement.
Quand il arriva à mi-chemin, il vit un individu de noir vêtu traverser tout le séjour pour aller s’encastrer dans l’un des murs. Gadriel mit sa main devant sa bouche pour s’empêcher de crier. Après avoir vu cet homme être projeté aussi violemment, l’adolescent entendit par la suite des cris de douleur en provenance de la salle à manger. Quelques instants plus tard, le silence régna. Ne sachant pas ce qui se passait à l’intérieur, le rythme cardiaque du jeune homme s’accéléra. Il n’avait qu’une chose en tête et c’était de fuir mais son corps refusait de bouger. Finalement, la voix de Harvester retentit et lui demanda de descendre. La demoiselle se présenta moins de trois secondes après dans le séjour.
- Tu as rangé tes affaires ? questionna-t-elle.
Gadriel lui répondit oui de la tête tandis qu’il descendait les dernières marches d’escalier. La jeune femme se dirigea ensuite vers le pilier central de la maison et abaissa une sorte de trap. Derrière celle-ci se trouvait un disque octogonal encerclé par quatre cristaux noirs. Le premier était le support qui contenait Eve tandis que les quatre autres étaient les sources d’aliments de la demeure.
- Ces cristaux ne sont pas censés être lumineux ? demanda Gadriel, intrigué.
- Généralement oui mais quelque chose a du les vider de leur énergie, répondit Harvester en retirant le disque octogonal.
- Alors comment l’ascenseur…
- Tiens ceci et conserve-le précieusement, rétorqua de nouveau la jeune femme en interrompant l’adolescent.
Ce dernier attrapa le support d’Eve et le mit dans son bracelet qui afficha juste après ’87.8/250.’ Une fois cela fait, le duo prit la direction de la porte. Ce fut à cet instant qu’un nouvel individu rentra dans la maison de Gadriel.
- Vous n’allez tout de même pas nous quitter maintenant. Juste au moment où je voulais faire plus amples connaissances, rétorqua-t-il.
A suivre !!!
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