Chapitre 16.6

Junior arriva devant le domicile des Ellah une vingtaine de minutes après avoir déposé Aicha à l’école. Il klaxonna plusieurs fois et Mamadou, comme à son habitude, vérifia de qui il s’agissait avant d’ouvrir le portail. Après vérification, le jeune homme se gara en face de la porte d’entrée et laissa le moteur tourner. Il descendit alors du véhicule et alla à l’intérieur de la maison où Meriem l’attendait. Lorsque la maitresse de maison l’aperçut, elle se leva de son fauteuil, vérifia une dernière fois qu’elle avait tous les documents nécessaires pour ce qu’elle avait à faire en cette journée, puis partit avec le jeune homme.

Les deux montèrent dans la voiture et le gardien de la concession ouvrit de nouveau le portail. Junior abaissa le frein à main et le duo sortit de la demeure de Ellah.

  • Où allons-nous ? demanda le conducteur quelques secondes après avoir démarré.
  • Au ministère des transports. Je dois effectuer une conversion de mon permis de conduire, répondit Meriem.
  • Bien reçu ! s’exclama-t-il.

Junior appuya sur le champignon et prit la direction du lieu qu’on venait de lui indiquer. Durant leur trajet, le duo passa en face de l’établissement d’Aicha. Le jeune homme en profita alors pour parler de la demoiselle à sa mère.

  • Madame ! s’exclama-t-il.
  • Je t’écoute, répondit-elle.
  • Je sais que votre fille a besoin d’une période d’adaptation mais j’ai de plus en plus de mal à supporter son comportement, déclara le conducteur.

En écoutant le commentaire de Junior, la femme de David lâcha un profond soupir.

  • Qu’est-ce qu’elle a encore fait ? demanda Meriem, épuisée par les bêtises de son enfant.
  • Elle s’est fâchée contre moi parce que je vous ai dit à monsieur et à vous tout ce qu’elle m’avait dit hier. Elle m’a donc crié dessus et m’a fait comprendre que ce n’était pas mon rôle de faire ça, ce à quoi j’ai répondu que je n’obéissais qu’aux directives de monsieur votre mari et non aux siennes. La conversation s’est terminée avec elle fermant violemment la portière de la voiture, rétorqua le jeune homme.
  • Je ne sais plus quoi faire de cette enfant, s’exclama l’épouse de David en mettant la main sur son front.

Meriem ne comprenait vraiment pas le comportement qu’affichait sa fille ces derniers. A chaque fois qu’elle essayait de la remettre sur le droit chemin, cette dernière s’empressait de faire une action pour la contrarier son mari et elle. Elle voulait adopter la méthode pratiquée dans son pays pour corriger sa fille, mais ne sachant pas si cela était légal au Gabon, elle préférait d’abord en discuter avec son époux.

  • Je peux comprendre qu’elle ait quelques difficultés à s’adapter à son nouvel environnement mais ce n’est pas une raison sur autrui. Je lui accorde que le Gabon n’est pas aussi attractif que la France mais chaque pays est différent. Si seulement elle pouvait en avoir conscience et l’apprécier à sa juste valeur, alors je pense que son comportement s’arrangerait, dit le jeune homme.
  • C’est ce que nous essayons de lui inculquer depuis notre arrivée ici mais elle ne veut absolument rien comprendre. En tout cas, David et moi allons nous occuper d’elle ce soir après les cours. Continue juste de la conduire à l’école et de la ramener à la maison. Et n’oublie pas aussi de nous de faire signer à chaque fois qu’elle a une mauvaise attitude envers toi, s’exclama Meriem.
  • Ok ! Je le ferai, déclara Junior.

Le duo continua son chemin et, après une dizaine de minutes, finit par arriver devant le ministère des transports qui ne se trouvait pas très loin de l’établissement Aicha. Le bâtiment de trois voire quatre étages arborait une façade vitrée et un toit de couleur Bordeau. Le jeune homme gara la voiture non loin de l’entrée de l’édifice, ce qui permit à la femme de son patron ne pas trop marcher. Lorsque cette dernière se retrouva à l’intérieur de l’immeuble, elle interpella une des personnes présentes pour qu’elle lui indique le chemin à suivre.

  • Excusez-moi ! Bonjour ! Désolée de…
  • Je n’ai pas le temps, répondit brusquement cette personne sans même prendre le temps de regarder celle qui s’adressait à lui.

Meriem fut légèrement étonnée par le comportement de la femme à qui elle venait de parler. Néanmoins, elle lui en tint pas rigueur et demanda des renseignements à une autre personne.

  • Bonjour ! Excusez-moi ! rétorqua de nouveau la mère d’Aicha.
  • Bonjour ! En quoi puis-je vous aider ? dit l’homme qu’elle venait d’interpeller.
  • Désolée de vous déranger mais pouvez-vous m’indiquer où se trouver la direction de la circulation routière ? demanda Meriem.
  • C’est votre jour de chance. Je me dirige là-bas. Je peux vous servir de guide, répondit-il en arborant un grand sourire.
  • C’est très gentil à vous. Merci, déclara-t-elle.
  • Tout le plaisir est pour moi.

L’homme prit donc les devants et invita par la suite la femme de David de le suivre. Les deux empruntèrent alors une des portes et marchèrent le long d’un couloir jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une autre partie du bâtiment. Pendant ce temps, l’individu en profite pour entamer la conversation.

  • C’est votre première fois ici ? Je veux dire au ministère, dit-il.
  • Oui, en effet. Je suis venue pour effectuer la conversion de mon permis de conduire, répondit-elle.
  • Une conversion dites-vous ? Alors cela signifie que vous n’êtes pas du coin, rétorqua de nouveau le monsieur.
  • C’est bien ça. Ma fille et moi avons emménagé récemment chez mon mari, déclara Meriem.
  • Votre mari et votre fille…je vois, s’exclama-t-il.

Meriem trouva le ton sur lequel l’homme répondit bizarre. C’était comme s’il avait été déçu d’apprendre qu’elle était mariée et avait un enfant. Dès lors, elle se méfia un peu de lui mais continua tout de même de converser avec lui.

  • Et vous ? Avez-vous une femme et des enfants ? questionna-t-elle.
  • Pas d’épouse mais deux filles qui me font vivre un véritable enfer, répondit l’homme.
  • Vous ne savez pas à quel point je vous comprends, rétorqua Meriem, pensant à Aicha.

Les deux arrivèrent finalement dans la seconde partie du bâtiment. Là, l’homme lui indiqua le chemin qu’elle devait emprunter. Il se présenta alors comme étant monsieur Manfoumbi, un des chefs de services travaillant dans les locaux. Meriem fit de même mais lui donna le nom de son mari au lieu du sien.

  • Eh bien madame Ellah, ce fut un réel plaisir de discuter avec vous. Si vous avez besoin d’un quelconque service en rapport avec notre ministère, vous n’aurez qu’à me demander à l’entrée. Je me ferai un plaisir de vous aider, retorqua-t-il.
  • Merci beaucoup. C’est très gentil à vous, même si je pense que cela ne sera pas nécessaire, répondit-elle.

L’homme rigola légèrement et lui dit que l’avenir réservait beaucoup de surprise et qu’on ne savait jamais à quel moment l’aide d’une personne serait nécessaire. Après lui avoir dit ces quelques mots, il prit une direction tandis que la mère d’Aicha en prit une autre. Meriem arriva devant une femme assise derrière une sorte de comptoir. Elle la salua et lui dit qu’elle était venue effectuer une conversion de son permis de conduire français.

  • Les documents à fournir sont une photocopie légalisée de votre permis de conduire, deux photos d’identité noir et blanc, une photocopie de votre carte de séjour, et la somme de cinquante mille francs pour les frais de dossier, dit la jeune femme.
  • Voila les documents mais c’est bizarre. Sur votre site internet, il est fait mention de trente mille et non cinquante mille francs, rétorqua madame Ellah.
  • Vous savez, notre site internet n’est pas mis à jour fréquemment. Le changement n’a donc pas encore été effectué, dit-elle de nouveau.

L’épouse de David remit les papiers ainsi que la somme demande à la demoiselle se tenant devant elle. Cette dernière mit alors le tout dans une chemin cartonnée sur laquelle elle inscrivit le nom de la mère d’Aicha. Par la suite, elle se leva avec le dossier dans sa main et rentra dans la pièce se situant à côté d’être. Meriem resta plusieurs minutes toute seule devant la comptoir à attendre. Après une certaine période de temps. La demoiselle revint en tenant un morceau de papier dans la main. Sur celui-ci était marqué son nom complet, la date, et d’autres informations importantes. La jeune femme lui tendit alors le morceau de papier avec un stylo et lui demanda de signer, ce qu’elle fit par la suite.

  • Quand pourrai-je repasser pour récupérer mon permis de conduire ? questionna Meriem.
  • Dans deux semaines, un mois tout au plus. Pendant ce temps, vous pouvez présenter ce récépissé aux policiers durant les contrôles. Il atteste de la conversion de votre document, rétorqua la demoiselle.
  • Je vois. Merci beaucoup alors. Passez une excellente journée, dit-elle en rebroussant chemin.

La jeune femme ne lui répondit pas et se contenta de la regarder partir. La mère d’Aicha se dit alors que certaines personnes dans ce bâtiment devraient apprendre certaines règles de politesse. Meriem sortit du ministère des transports et retourna auprès de Junior dans la voiture.

  • Tout s’est bien passé ? demanda le jeune homme.
  • Oui, même si le prix était plus élevé que prévu. Cinquante mille alors que leur site internet affiche trente, répondit-elle.
  • Si ca affiche trente, alors c’est qu’il s’agit du véritable prix. Nos administrations sont…comment dire, remplies de personnes avides d’argent, rétorqua le conducteur.
  • En tout cas, ce qui est fait est fait. L’important pour moi en ce moment est que j’obtienne mon permis de conduire. Bon, il est temps pour nous de faire un tour dans un pâtisserie. Je te laisse donc décider de l’endroit où nous devons nous rendre, dit la femme de David.
  • Vous pouvez compter sur moi ! s’exclama Junior.

Le garçon mit le contact et démarra le moteur. Après avoir vérifié que la voie était libre, le duo mit le cap vers leur prochaine destination.

A suivre !!!

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