L’heure du premier cours d’Aicha venait tout juste de se terminer. Comme ceux de la veille, leur professeur d’anglais monsieur Eya était simplement venu se présenter et demander par la même occasion à tout le monde de faire une sorte de fiche de présentation. Après cela, les élèves avaient eu assez de temps libre pour vaquer à leurs occupations du moment que ces dernières se déroulaient dans leur salle de classe sans déranger celles d’à côté.
L’heure tant redoutée du cours de mathématiques était enfin arrivée. La majorité des adolescents présents en classe ne pensait pas trop à l’interrogation qu’ils avaient tous subie hier. Ils se disaient que, comme ce n’était qu’une évaluation pour juger le niveau de la classe, cela n’aurait pas d’impact sur leur trimestre. Toutefois, Aicha et quelques-uns de ses camarades n’étaient pas du même avis. Avant qu’elle ne mette les pieds au Gabon, la vie de la demoiselle était plutôt paradisiaque. Cela venait du fait que ses parents lui laissaient un assez grande liberté d’action du moment qu’elle rapportait de bonnes notes. Jusqu’à présent, elle n’avait eu aucun problème à le faire. Toutefois, avec cette interrogation de mathématiques, elle savait que ses chances d’obtenir une bonne note étaient très minces.
Dès que la sonnerie retentit, monsieur Strauss rentra dans la salle de classe. Il se dirigea alors vers son bureau tout en saluant ses élèves.
- Bonjour à tous et à toutes. J’espère que vous allez bien, dit-il en posant son attaché-case sur la table.
L’homme se retrouva ensuite vers tous les écoliers et regarda chacun d’entre eux très attentivement.
- Je suis extrêmement déçu. Certains d’entre vous ont passé ces derniers mois sans ouvrir le moindre cahier ou livre à ce que j’ai vu, déclara monsieur Strauss.
En entendant cela, tous les adolescents de la salle de classe surent que les notes étaient mauvaises. L’homme soupira un bon coup avant de finalement sortir les feuilles de son sac. Il les parcourut un moment puis secoua sa tête plusieurs fois de droite à gauche.
- Les notes sont données par ordre croissant, ajouta-t-il.
Le professeur de mathématiques appela un premier nom et dit la note que cet élève avait obtenu à haute voix, histoire que chacun puisse assumer son travail. Les minutes passèrent et ce fut finalement au tour de la fille de David et Meriem.
- Aouni Ellah Aicha ! 6,5 sur 20, s’exclama monsieur Strauss.
Elle était sous le choc. C’était la toute première fois qu’elle recevait une mauvaise note. La jeune femme se leva de son siège et, sous le regard de tous les élèves de la classe, se dirigea vers son professeur. Elle récupéra alors sa feuille et retourna s’assoir à sa place.
- On dirait que la petite emmerdeuse n’est pas aussi intelligente que ça, rétorqua Franck au moment où elle s’assit.
La demoiselle se retourna dans sa direction et lui jeta un regard noir. A ce moment, elle n’avait qu’une seule et unique idée en tête et c’était de lui en coller une. Cependant, parce qu’ils étaient en plein cours, elle se retint de le faire. Elle avait déjà trop de problèmes comme cela pour en rajouter. Aicha devait maintenant trouver un moyen de l’annoncer à ses parents, ce qui n’allait pas s’avérer facile. Monsieur Strauss finit de remettre les copies à tous les élèves et seuls cinq sur une classe de vingt-six eurent une note supérieure ou égale à dix. Parmi eux, se trouvait Sophie qui culminait à 11,5. La fille de David se rendit alors compte qu’elle n’était pas seulement une fille à forte poitrine, ce qui accentua légèrement le sentiment de rejet qu’elle éprouvait envers elle.
- Bien, maintenant que tout le monde a reçu sa copie, nous allons procéder à une petite séance de rappel, dit de nouveau monsieur Strauss.
Le professeur de mathématiques se retourna vers le tableau blanc, attrapa un des marqueurs, et commença à écrire sur ce dernier. Comme il l’avait si bien dit, l’homme se mit à écrire certaines des leçons que ses élèves étaient censés avoir vu l’année précédente. Après plusieurs dizaines de minutes, la surface blanche se retrouva complètement inscrite de diverses formules.
- Maintenant, expliquez-moi en quoi cette petite évaluation était difficile ? questionna-t-il en se retournant vers les écoliers.
Une main apparut alors au-dessus de la tête de tout le monde. Monsieur Strauss donna alors la parole à l’adolescent à qui elle appartenait.
- Monsieur, il n’y avait pas assez de temps pour finir l’interrogation, rétorqua-t-il.
- Comment vous appelez-vous jeune homme ? questionna le professeur de mathématiques.
- Jules monsieur. Jules Makena, répondit-il.
- Ok. Qui a eu la plus grande note parmi vous ? demanda de nouveau monsieur Strauss.
A ce moment, Sophie leva la main. L’homme interrogea alors la jeune femme pour connaitre son nom, la note qu’on lui avait attribué, et également pour savoir si elle avait eu le temps de finir l’évaluation.
- Je m’appelle Massounga Sophie, j’ai eu 11,5, et je n’ai pas eu le temps de finir l’interrogation, rétorqua-t-elle.
- Avez-vous répondu à plus de la moitié de mon questionnaire ? demanda l’homme.
- Non monsieur, dit la demoiselle.
- Pourtant vous avez eu 11,5 ? interrogea de nouveau monsieur Strauss.
- Oui monsieur, dit-elle.
- Ok merci. Vous pouvez vous rassoir. Vous voyez monsieur Makena, cette évaluation n’était pas là pour voir le nombre de questions auxquelles vous pouviez répondre mais plutôt le nombre de bonnes réponses que vous aviez sur une quantité prédéfinie. A l’occurrence, cette moyenne était de quarante questions. Comme je l’ai dit, cette évaluation consistait à jauger le niveau de cette classe, rétorqua le vieil homme.
Jules se rassit, comprenant où son professeur voulait en venir. D’ailleurs, après leur avoir expliqué comment il avait corrigé leur copie, monsieur Strauss demanda à son auditoire s’il n’avait pas d’autres questions à lui poser. Aucun élève ne leva la main cette fois-ci. L’homme continua donc sa séance de rappel jusqu’à ce que la sonnerie ne retentisse à nouveau.
- Bon, vendredi nous commencerons officiellement notre premier cours. N’oubliez pas d’apporter vos instruments de géométrie. Sur ce, ce sera tout. Passez tous une excellente journée et à vendredi, dit monsieur Strauss en rangeant ses affaires et en prenant la porte.
Les élèves se retrouvèrent désormais avec une quinzaine de minutes de pause avant le début de leur prochain cours. Tandis que les autres se regroupaient pour parler de leur note ou d’autre chose, Aicha était toujours assise sur son siège et réfléchissait énormément sur comment annoncer cela à son père et à sa mère. C’était certain qu’elle allait se faire massacrer, surtout connaissant le tempérament de sa maman. La jeune femme posa ses deux mains sur sa tête et se fit tout plein de scenarios. Aucun d’entre eux ne semblait bien se terminer pour elle. Voyant que son amie n’avait pas l’air d’être dans son assiette, Sophie se proposa d’aller lui parler.
- Aicha ! Est-ce que ça va ? lui demanda-t-elle lorsqu’elle se retrouva à ses côtés.
- J’suis vraiment pas d’humeur à parler, répondit-elle assez agressivement.
- Il faut la laisser. Mademoiselle vient de se rendre compte que ca ne servait à rien de se la péter si le cerveau ne suivait pas, rétorqua brusquement Franck.
Ne supportant plus ses moqueries, Aicha se leva soudainement et se retourna vers lui.
- C’est quoi ton problème hein ? Tu veux te battre, c’est ça ? s’exclama violement Aicha.
- Mon problème, c’est quand une pute se croit supérieure à tout le monde, répondit le jeune homme.
- Wow ! Wow ! Wow ! On se calme, dit Sophie en s’interposant entre les deux.
La friction entre la fille de David et son camarade de classe attira immédiatement l’attention des autres élèves y compris celle d’un certain jeune homme qui voulut à la demoiselle la veille.
- Franck, ça suffit comme ça. Tu sais très bien que les bagarres sont interdites dans l’enceinte de l’établissement, déclara Massounga.
- Toi tu la fermes ! Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi. Quant à toi…
- Moi quoi ? Qu’est-ce que tu peux me faire ? interrompit brusquement la fille de David.
Ne supportant plus son insolence, Franck finit par passer à l’acte. Sans qu’elle ne s’y attende, Aicha reçut une gifle de la part du jeune homme.
- Hé ! Hé ! Hé ! Non ! Non ! Ne faites pas ça, s’exclama Sophie en attrapant la main de Franck.
La fille de David qui n’en revenait toujours pas, décida de ne pas se laisser faire. Elle se jeta donc sur le jeune homme et commença à le gifler, le griffer, et même lui donner des coups de pied.
- Qui…es…tu…pour lever…la main…sur…moi ? dit-elle entre chaque coup donné.
Certains élèves de la classe durent intervenir pour les séparer afin que cela n’aille pas plus loin. Il y avait cependant un groupe parmi eux qui voulait que cela continue. D’ailleurs, ils ne se gênaient pas de le faire savoir. Un surveillant qui passait dans les parages fut attiré par le bruit et se dirigea donc vers sa source.
- C’est quoi tout ce bruit ? Il se passe quoi ici ? demanda-t-il en rentrant dans la salle de classe.
- Rien monsieur, répondirent plusieurs écoliers.
Ce ne fut cependant pas le cas d’Aicha qui ne pouvait pas laisser un tel affront envers sa personne rester impuni.
- C’est lui qui a commencé à m’emmerder et m’a giflée alors que je ne lui ai rien fait de mal, rétorqua la fille de David en pointant son doigt vers Franck.
- Tu n’as rien fait ?! Tu te prends pour une miss et tu oses dire que tu n’as rien fait ? répondit le jeune homme.
- Est-ce que c’est vrai ce qu’elle vient de dire ? questionna le surveillant.
Le concerné ne voulut pas répondre à la question que l’on venait de lui poser. Voyant qu’il agissait ainsi, l’homme décida de les envoyer tous les deux chez le censeur chargé de la vie scolaire afin qu’ils expliquent chez elle.
- Mais monsieur ! rétorqua la demoiselle.
- Il n’y a pas de mais qui tienne. Dans le bureau de censeur et tout de suite ! ordonna le surveillant.
Pendant ce temps, il demanda aux autres de retourner à leur place et d’attendre en SILENCE l’arrivée de leur prochain professeur. Déjà qu’elle avait une mauvaise note à expliquer à ses parents, Aicha se demandait désormais comment elle allait aborder cela, plus cet accident avec eux.
A suivre !!!