Chapitre 17.6

Meriem venait tout juste de finir la dernière tache qu’elle devait accomplir cette journée. Ce fut donc avec des pâtisseries dans les mains que la femme de David monta dans le véhicule. Cette dernière les déposa délicatement sur la banquette arrière et s’assura que celles-ci ne seraient pas abimées durant le trajet. Par la suite, elle s’installa sur le siège passager. Junior mit alors le contact et le duo prit la direction de la maison.

Sur le trajet, madame Ellah jeta un coup d’œil à son téléphone portable uniquement pour se rendre compte qu’il venait à peine d’être 11 heures. Elle pensa alors que ce serait plutôt ennuyeux d’attendre que son mari rentre du travail à 16 heures. Ce fut à cette instant précis qu’une idée lui traversa l’esprit.

  • Dis Junior, est-ce que tu sais où travaille mon mari ? lui demanda-t-elle.
  • Oui madame, je sais où ses bureaux se trouvent, répondit le jeune homme.

L’idée que Meriem avait en tête était d’aller rendre une visite surprise à son mari, lui apporter quelques pâtisseries, et terminer la journée avec lui. Elle demanda donc au chauffeur du véhicule de la conduire sur les lieux de travail de son époux. Junior, qui se dirigeait en ce moment dans la direction opposée, fit alors demi-tour et mit le cap vers la ville d’Owendo.

—–*—–

Pendant ce temps, Aicha et les autres élèves venaient de finir leur cours et profitaient de leur trente minutes de pause avant le début du prochain. Certains sortirent donc de la salle de classe et partirent s’acheter quelque chose à grignoter. Comme à son habitude, la fille de David restait dans son coin sans parler aux gens. Elle préférait se coucher sur son table-banc et attendre tranquillement l’arrivée de leur prochain professeur. Malheureusement, le calme qu’elle cherchait tant ne fut pas au rendez-vous. En effet, parce qu’elle était curieuse de savoir ce qui s’était passé dans le bureau du censeur de la vie scolaire, Sophie vint discuter avec la fille de David.

  • Aicha ! Aicha ! dit le jeune femme en tapotant légèrement son épaule.
  • Hum ! répondit l’enfant de Meriem en redressant sa tête.
  • Est-ce que ça va ? demanda Sophie par la suite.

A ce moment, Aicha trouva la question de sa camarade de classe plutôt stupide. Comment ça pouvait aller pour elle en ce moment ? Non seulement avait-elle failli être exclue à cause d’un garçon stupide qui ne supportait pas qu’on lui dise non, mais elle avait également obtenu une très mauvaise note à son contrôle de mathématiques et devait donc expliquer cela à ses parents plus tard dans la journée. De plus, sa mère avait récupéré une très grosse partie de son argent la veille, ce qui faisait qu’elle ne pourrait pas se prendre quelque chose de décent à manger durant la pause de l’après-midi. Mais le pire dans tout ça demeurait le fait qu’elle était toujours sans téléphone portable et ne pouvait donc plus contacter ni ses amis ni Ridley. Donc, rien n’allait en ce moment dans la vie d’Aicha.

  • Pourquoi tu me demandes ça ? répondit assez froidement la jeune femme.
  • J’suis juste curieuse de savoir comment ça s’est passé avec madame le censeur. Mais bon, si tu n’as pas envie d’en parler, ce n’est pas grave, rétorqua amicalement Sophie.
  • Si ce n’est que ça. Lui et moi avons juste reçu un avertissement pour cette fois, dit-elle.
  • Je vois. C’est vraiment une chance pour vous deux, déclara la demoiselle à forte poitrine.
  • Si tu le dis. Bon, si tu n’as plus d’autres questions à me poser, j’aimerais récupérer quelques minutes de sommeil, s’exclama de nouveau la fille de David.
  • Ok !

En voyant la jeune femme poser sa tête sur ses avant-bras et fermer les yeux, Sophie était dans l’incompréhension la plus totale. Elle ne savait pas pourquoi Aicha s’obstinait à rejeter son amitié et à rester seule dans son coin. Elle retourna donc auprès d’Eunice et des autres. Carlie, qui l’avait observée tout au long, lui demanda alors pourquoi elle continuait à vouloir être amie avec une telle fille.

  • L’isolation n’est bonne pour personne. En plus, elle doit encore s’habituer à notre pays d’après ce qu’elle nous a dit la dernière fois, répondit Sophie.
  • Habituer ?! Je ne pense pas qu’on ait entendu la même chose. Elle a carrément dénigré le Gabon en le traitant de ‘Pays de merde.’ J’pense que tu devrais la laisser seule dans son coin. Elle ne vaut pas la peine que tu fasses autant d’efforts. Une personne comme elle n’est bonne qu’à attirer des ennuis aux autres, rétorqua Carlie.
  • J’trouve que tu exagères une peu, déclara le jeune femme.
  • Même pas ! Elle est orgueilleuse, elle se croit supérieure à tout le monde juste parce qu’elle a grandi en France, et elle n’a absolument aucune considération par rapport à ce que les autres ressentent, rajouta l’amie de Sophie.
  • Je pense que Carlie a raison. Il serait peut-être mieux pour toi que tu la laisses tranquille. Elle n’a visiblement pas envie de trainer avec nous, dit soudainement Eunice.
  • Toi aussi ! Pourtant tu t’entendais bien avec elle hier, s’exclama la jeune femme à forte poitrine.

Sophie réfléchit à ce que ses amies venaient de lui dire et pensa qu’il valait peut-être mieux pour être de les écouter. Cependant, quelque chose au fond d’elle lui demandait aussi de ne pas laisser la fille de David seule dans son coin. Ayant grandi dans ce pays, elle ne pouvait pas imaginer ce qu’Aicha traversait, ni même comprendre comment elle se sentait mais elle voulait l’aider. Elle décida donc de ne pas abandonner et d’aller lui parler à chaque fois que l’occasion se présenterait.

—–*—–

Alors que les filles discutaient du cas Aicha, le père de cette dernière se trouvait dans la ville d’Owendo et supervisait personnellement le transport des conteneurs d’un de ses clients. Pour cela, il vérifia une dernière fois la feuille de route avec un de ses employés.

  • C’est bon, tout est clair ? demanda l’homme d’affaires après avoir expliqué la marche à suivre.
  • Oui patron ! répondit le jeune homme à ses côtés.
  • Excellent ! Je compte alors sur toi, dit-il par la suite.

L’énorme boite de métal fut montée sur un camion et l’employé de David rentra à l’intérieur quelques instants plus tard. Celui-ci mit alors le contact et s’en alla, suivi de près par un autre camion transportant une grue. Alors que le mari de Meriem regardait ses véhicules s’éloigner progressivement, sa secrétaire vint s’adresser à lui.

  • Monsieur Ellah ! dit-elle.
  • Julie ! Qu’est-ce qui se passe ? rétorqua l’homme, se retournant vers elle après avoir reconnu sa voix.
  • Monsieur Mihindou vous attend dans la salle d’attente, déclara-t-elle par la suite.
  • Ok, j’arrive !

Les deux retournèrent alors dans les locaux de son entreprise. La jeune femme s’arrêta à son bureau tandis que David alla saluer son client.

  • Monsieur Mihindou ! Quel plaisir de vous revoir, dit-il en lui tendant la main.
  • Monsieur Ellah ! Il en est de même pour moi, répondit l’homme en se levant de son siège et en lui serrant la main.
  • Alors monsieur Mihindou, que me vaut l’honneur de votre visite ? demanda par la suite le père d’Aicha.
  • C’est par rapport à la facture que votre secrétaire m’a donné la dernière fois. Je tenais à vous informer personnellement que le transfert bancaire avait été effectué tôt ce matin, rétorqua l’homme.
  • C’est excellent ça ! Dès que nous recevrons les fonds, nous pourrons débuter le déplacement de vos affaires de la Chine jusqu’au Gabon, déclara David.
  • Merci beaucoup, dit de nouveau monsieur Mihindou.
  • Non, merci à vous d’avoir choisi mon entreprise, rectifia la père d’Aicha.

Après cette courte entrée en matière, l’homme demanda à parler en privé avec monsieur Ellah. Ce dernier l’invita alors à le suivre et les deux se dirigèrent cette fois-ci dans son bureau. Il demanda par la suite à son client de prendre place sur un des sièges tandis qu’il s’asseyait sur le sien.

  • Alors monsieur Mihindou, de quoi voulez-vous me parler ? questionna David, curieux.
  • J’aimerais solliciter vos services concernant une certaine affaire que je suis en train de monter, répondit-il.
  • Dites m’en plus, rétorqua monsieur Ellah par la suite.

L’homme lui expliqua alors qu’il voudrait démarrer une société de vente de voitures qu’il aurait au préalable acheter à l’étranger et que les prix proposés par le mari de Meriem l’avait énormément intéressé. Il cherchait donc à s’associer avec lui.

  • Bien évidemment, vous serez rémunéré comme il se doit, ajouta-t-il à la fin.
  • Votre projet me semble très intéressant. Cependant, ce n’est pas quelque chose que je peux accepter sur le champ. Veuillez m’accordez quelques temps pour y réfléchir, rétorqua David.
  • Il n’y a pas de problème. Prenez tout votre temps et contactez moi dès que vous aurez pris votre décision. Vous avez mon numéro de téléphone, déclara monsieur Mihindou.

Alors que les deux hommes étaient sur le point de mettre un terme à leur conversation, une personne cogna à la porte du bureau de David.

  • Entrez ! s’exclama-t-il.

Julie, la secrétaire de ce dernier, pénétra ensuite dans la pièce.

  • Monsieur, une personne désire vous voir, dit-elle.
  • De qui s’agit-il ? demanda l’homme d’affaires.
  • Elle s’est identifiée comme étant votre femme, répondit la demoiselle.

Les yeux de David s’écarquillèrent légèrement lorsqu’il entendit cela.

  • Fais la patienter dans la salle de conférence s’il-te-plait et dis-lui que j’arrive dans quelques instants, rétorqua l’homme.
  • Ok !

La jeune femme referma ensuite la porte derrière elle. David s’excusa alors auprès de monsieur Mihindou pour le léger désagrément.

  • Ne vous en faites pas pour ça. En plus, que serait un grand homme s’il n’avait pas une femme tout aussi grande pour le soutenir, répondit-il.
  • Ça, c’est bien vrai.

Les deux hommes se saluèrent, puis David raccompagna son client à l’extérieur. Il remarqua la voiture que conduisait Junior garée à proximité. Il ne put alors s’empêcher d’être légèrement inquiet, se demandant ce qui avait bien pu se passer pour qu’elle décide de venir sur son lieu de travail.

A suivre !!!

Catégories : Étiquettes :

Laisser un commentaire