Il était aux alentours de 16h30 et la journée de travail de David Ellah était sur le point de s’achever. Ce dernier remplissait une dernière série de papier dans son bureau. À ses côtés se trouvait son épouse Meriem qui l’observait avec beaucoup d’attention, ce qui ne manqua pas de le gêner légèrement. Il lui lançait donc de temps en temps de petits regards du coin de l’œil pour voir si elle le regardait toujours, ce qui était bel et bien le cas.
- Chérie ! s’exclama le chef d’entreprise en s’arrêtant brusquement d’écrire.
- Oui mon amour, répondit sa femme avec douceur.
- Quelque chose de va pas ? demanda-t-il par la suite.
- Non, tout va très bien. Pourquoi tu me demandes ça ? répondit la femme marocaine.
- Cela fait un moment déjà que tu ne fais que me regarder. Je me disais donc que tu avais peut-être quelque chose à me dire, rétorqua monsieur Ellah par la suite.
- Non, je ne fais que te regarder. Y a-t-il un mal à regarder son cher et tendre mari travailler ? rétorqua Meriem en souriant.
Le mari savait très bien que son épouse ne faisait rien de mal, mais il ne pouvait s’empêcher de trouver le sourire de sa femme très bizarre.
- Non ! Bien sûr qu’il n’y a rien de mal à ça, dit David.
L’homme soupira légèrement puis reprit là où il s’était arrêté. Les minutes passèrent et ce dernier n’avait plus que quelques lignes à taper pour finir son rapport de la journée. Ce fut alors à ce moment que Julie, sa secrétaire, frappa à la porte de son bureau.
- Entrez ! s’exclama l’homme d’affaires.
Lorsque la jeune femme pénétra dans la pièce, Meriem lui lança un regard que son mari remarqua immédiatement.
- Que se passe-t-il ? demanda David à sa secrétaire.
- Toutes les tâches d’aujourd’hui ont bien été accomplies et les derniers camions de transport viennent de rentrer, rétorqua la demoiselle qui avait également remarqué le regard de Meriem.
Meriem se méfiait énormément de Julie. Non seulement cette dernière était beaucoup plus jeune qu’elle, mais elle était également très belle. Elle avait donc peur que celle-ci ne se serve de ses charmes pour séduire son époux.
- Excellent ! s’exclama l’époux de Meriem.
- Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais rentrer chez moi, dit la jeune femme.
- Oui, c’est ça ! Rentre chez toi et ne remets plus jamais les pieds ici, pensa l’épouse de l’homme d’affaires.
- Non, c’est bon pour aujourd’hui. Passe une bonne soirée, déclara David.
- Merci beaucoup. À vous de même, répondit la demoiselle.
Julie lança un dernier regard plus ou moins innocent à Meriem puis se dirigea vers la sortie. À ce moment, l’homme se dit que les histoires de femmes étaient un endroit très dangereux. Alors que sa secrétaire s’apprêtait à saisir la poignée de porte, David l’interrompit brusquement.
- Julie ! s’exclama-t-il.
- Oui monsieur, répondit-elle en se retournant.
- Peux-tu dire à Junior de passer dans mon bureau quand tu le verras ? demanda-t-il.
- Oui monsieur, dit de nouveau Julie.
- Merci beaucoup, rétorqua une dernière fois l’homme d’affaires.
La conversation se termina et la jeune femme put finalement sortir du bureau de son patron. Pendant ce temps, Meriem lança un regard plutôt accusateur à son mari.
- Qu’est-ce qu’il y a ? questionna de nouveau David.
- Il n’y a rien, répondit-elle avec une certaine agressivité dans le ton de sa voix.
L’homme était complètement perdu et ne savait pas ce qu’il avait fait de mal. Heureusement, il put temporairement passer à autre chose lorsqu’une autre personne frappa à la porte de son bureau.
- Entrez ! s’exclama-t-il une fois de plus.
Quelques secondes plus tard, son employé entre à son bureau.
- Vous m’avez appelé ? demanda le jeune homme.
- Oui, en effet. Meriem et moi allons rentrer ensemble. Tu peux donc aller chercher Aïcha à l’école, lui ordonna-t-il.
- Oui, monsieur, répondit Junior.
Le jeune homme fit donc demi-tour, sortit du bureau de son patron, et referma la porte derrière lui. Quelques minutes plus tard, il se retrouvait dans la voiture, mettait le contact, et partait chercher mademoiselle Ellah au lycée. Pendant ce temps, Meriem jeta de nouveau un regard à son mari. Cependant, celui n’était pas comme les précédents du fait qu’il contenait un soupçon de colère.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? questionna de nouveau l’homme d’affaires.
- Rien du tout, répondit froidement sa femme.
- Qu’est-ce qu’elle peut encore bien me reprocher ? se demanda intérieurement David.
L’homme reporta ses yeux sur l’écran de son ordinateur, voulant d’abord finir ce qu’il faisait avant de s’occuper d’un autre problème. Une dizaine de minutes plus tard, David Ellah finissait de rédiger ses rapports. Il sauvegarda donc le tout, puis éteignit son ordinateur. Il se mit à ranger ses affaires tout en jetant de temps en temps un coup d’œil à sa femme qui semblait toujours être de mauvaise humeur.
Ses affaires étant désormais rangées, l’homme d’affaires se leva de son siège et attrapa son attaché-case.
- C’est bon, j’ai terminé. Nous pouvons maintenant y aller, dit-il à sa femme.
Meriem ne lui répondit pas et se contenta juste de se lever à son tour de son siège et de prendre la porte sous le regard déconcerté de son mari. Celui-ci lâcha un dernier soupire avant partir lui aussi en direction de la sortie.
La mère d’Aïcha attendait à côté de la voiture tandis que David réglait quelques derniers petits détails avant de sortir des locaux. Il souhaita une excellente soirée aux deux hommes chargés de surveiller son lieu de travail durant la nuit, puis alla finalement rejoindre sa femme. Il déverrouilla à distance le véhicule, ce qui permit à madame de monter à l’intérieur. Il vint à son tour s’installer derrière le volant et regarda sa femme.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il de nouveau.
- Rien, rétorqua encore la femme d’origine marocaine.
- Tu ne vas pas me faire croire que tout va bien, pas avec ce comportement. Allez, dis-moi ce qui ne va pas, reprit David juste après.
- Ça fait combien de temps que cette Julie et toi travaillez ensemble ? rétorqua brusquement Meriem.
- Qu’est-ce que cette femme est encore allée s’imaginer ? pensa-t-il avant de lui répondre, pourquoi tu me demandes ça ?
- Tu penses que je n’ai pas remarqué les yeux doux qu’elle te faisait ou bien la manière dont elle s’adresse à toi, reprit Meriem.
- Mais mon amour, de quoi tu parles exactement ? Julie s’adresse à moi de manière formelle. Je ne vois pas de quels yeux doux tu parles, déclara l’homme d’affaires.
- Je parle des regards de prédatrice qu’elle te lance, comme si tu ne les avais pas remarqués, reprit madame Ellah en croisant les bras.
En voyant cela et en écoutant ses propos, David se dit que les femmes étaient des créatures bien mystérieuses pour avoir remarqué d’un coup une chose à laquelle il n’avait jamais fait attention au cours des cinq ans durant lesquels il travaillait avec Julie.
- Écoute Meriem, même si ce que tu dis est vrai et que Julie a vraiment des arrière-pensées me concernant, il n’en demeure pas moins que c’est toi que j’ai épousée et pas elle, c’est toi qui portes mon nom et qui élèves mon enfant. Alors, tu n’as pas à t’inquiéter pour de telles futilités. Ton mari ici présent te sera toujours fidèle, déclara-t-il.
- Beau parleur ! s’exclama soudainement Meriem.
- Oh ! Mais j’suis très sérieux. Tu es ma femme et tu le seras toujours jusqu’à ce que la mort nous sépare, dit-il.
Voyant qu’il ne parvenait toujours pas à convaincre son épouse, David décida de la taquiner légèrement. Il approcha alors son index d’elle et la toucha au niveau des côtes.
- Meriem, est-ce que tu m’aimes ? questionna-t-il à chaque fois qu’il la touchait à cet endroit sensible.
- Hum ! s’exclama-t-elle au début.
Face au comportement enfantin de son mari, la femme d’origine marocaine finit par craquer.
- Oui, je t’aime ! dit-elle en haussant légèrement le ton.
Cela ne suffit cependant pas à calmer monsieur Ellah qui continua de l’embêter avec son doigt.
- Si tu m’aimes vraiment alors, embrasse-moi, rétorqua David par la suite.
Souhaitant qu’il s’arrête, la mère d’Aïcha finit par céder à sa demande et l’embrassa devant les gardes de la sécurité qui avaient observé toute la scène depuis le début. Après leur baiser, David garda sa main sur le visage de sa femme et la regarda droit dans les yeux.
- Je serai toujours à toi et à personne d’autre. Je t’en fais la promesse, déclara l’homme d’affaires.
- Je l’espère pour toi, répondit-elle en cassant littéralement l’ambiance.
David ne put s’empêcher de rire alors qu’il retirait sa main du visage de sa femme. Il sortit ensuite sa cle de voiture de sa poche et mit le contact.
- Rentrons chez nous, dit-il une dernière fois avant de démarrer le véhicule et de prendre la route.
A suivre !!!