Chapitre 19.5

Meriem finissait à peine de réchauffer le diner. Cette dernière transporta alors les différents plats et couverts sur la table de la salle à manger. Pendant ce temps, son mari était devant la télévision et parcourait les différentes chaines à la rechercher de quelque chose d’intéressant à regarder. Il finit par tomber sur un match de football qu’il commença à suivre juste après. Il s’agissait d’un affrontement entre l’Athletico Madrid et le Paris Saint-Germain pour une qualification en Ligue des Champions.

  • Chéri ! s’exclama soudainement la maitresse de maison.
  • Oui ! répondit David.
  • Le diner est prêt. Installe-toi pendant que je vais chercher Aicha, déclara Meriem par la suite.
  • OK ! rétorqua l’homme.

Monsieur Ellah se leva donc du fauteuil dans lequel il était assis et alla s’installer à table. Pendant ce temps, sa femme partit en direction de la chambre de leur fille. Arrivée devant celle-ci, Meriem frappa trois fois avant d’ouvrir.

  • Aïcha, descends ! Le diner est prêt, s’exclama-t-elle de nouveau.
  • J’arrive tout de suite, répondit la jeune femme avec un soupçon de morosité dans le ton de sa voix.

La demoiselle se leva de son lit et passa devant sa mère qui se trouvait à ce moment à l’entrée de sa chambre. Meriem l’observa sans prononcer le moindre mot bien qu’elle sut à ce moment qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec son enfant. Le duo mère et fille retournèrent au rez-de-chaussée où David les attendait pour débuter le repas. La jeune femme s’installa à table tandis que Meriem resta debout pour servir tout le monde en commençant par son mari. Tout le monde ayant été servi, madame Ellah s’assit et la dégustation put finalement débuter.

L’atmosphère était calme. Dans la pièce, seuls les voix des commentateurs du match et le son des ustensiles découpant la viande et frottant la porcelaine résonnaient. Monsieur et madame Ellah s’échangèrent des regards avant de poser leurs yeux sur leur fille qui mangeait silencieusement.

  • Aïcha ! dit soudainement le père de famille.
  • Oui, papa ! répondit la jeune femme en sursautant.

La manière dont la demoiselle réaction étonna énormément son père et sa mère.

  • Ça va ? demanda par la suite David.
  • Oui, papa ! dit de nouveau la demoiselle.
  • Tu es sûre que tu n’as rien à nous dire ? questionna de nouveau le père de famille.

Au moment où son père demanda cela, le rythme cardiaque de la jeune femme s’accéléra. Elle pensa que madame le censeur chargé de la vie scolaire avait appelé ses parents et leur avait tout dit à propos de l’incident qui s’était déroulé cet après-midi. Dès lors, elle savait très bien ce que son père attendait comme réponse. Malheureusement, elle n’avait pas encore trouvé de justifications plausibles pour cet événement, encore moins pour la note catastrophique qu’elle avait obtenue.

  • Aïcha ! appela de nouveau David en déposant cette fois-ci la fourchette et le couteau qu’il tenait dans les mains.
  • Oui, papa ! répondit timidement sa fille.
  • Tu peux nous dire ce qui se passe ? questionna sérieusement le père de famille.

La jeune femme lança un coup d’œil rapide au visage de ses parents et eut peur de celui de son père. Elle ne savait pas comment il allait réagir en apprenant la nouvelle. Néanmoins, elle n’avait nul autre choix que de la lui donner.

  • Je…je…
  • Tu quoi ? Aicha, tu quoi ? rétorqua monsieur Ellah.

Face à pression de son père, la jeune femme finit par lâcher une larme, ce qui surprit encore plus ses parents.

  • Aïcha, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu sais que tu peux tout nous dire, n’est-ce pas ? intervint Meriem, inquiète pour son enfant.
  • Écoute ta mère. Nous sommes tes parents. Si quelque chose ne va pas, tu peux nous le dire. C’est notre rôle de veiller sur toi, continua David Ellah.
  • Je n’ai pas eu la moyenne, murmura la jeune femme.

La phrase quasi inaudible de la demoiselle poussa le père de famille à lui demander de répéter ce qu’elle venait de prononcer.

  • Je n’ai pas eu la moyenne à l’évaluation de mathématiques, répondit Aicha.

À ce moment, le visage du maitre de maison devint beaucoup plus sérieux et froid.

  • Va me chercher ta copie ! ordonna-t-il sur un ton autoritaire.

La jeune femme se leva alors timidement de son siège et alla dans sa chambre. Là, elle se dirige avers son sac à dos qu’elle ouvrit par la suite et en sortit la fameuse feuille de devoir. Une fois en main, elle retourna auprès de ses parents et la tendit à son père. Aïcha n’alla cependant pas se rassoir à sa place, mais resta debout à côté de son père. Monsieur Ellah regarda la feuille pendant quelques minutes avant de se retourner vers sa fille.

  • Peux-tu m’expliquer comment c’est arrivé ? demanda le père de famille avec un soupçon de colère dans le timbre de sa voix.
  • Il…il…, essaya de dire aicha.
  • Il quoi ? Parle ! s’exclama de nouveau David en haussant légèrement le ton.

Pendant ce temps, Meriem observait calmement la scène. C’était la première fois qu’elle voyait son époux réagir de la sorte. Dès lors, pour ne pas envenimer la situation, elle préféra ne pas prononcer le moindre mot pour l’instant.

  • Il n’y avait pas assez de temps pour que je puisse répondre à toutes les questions, répondit timidement la jeune femme.
  • Pas assez de temps, dis-tu ? Combien de minutes comme ça ? rétorqua monsieur Ellah.
  • Moins d’une heure, répondit la demoiselle.
  • Une heure ?! dit-il en levant un de ses sourcils.

Monsieur Ellah regarda le nombre de questions présentes sur la copie de son enfant, puis se retourna de nouveau vers elle.

  • Tu veux me dire que ton professeur de mathématiques ne vous a laissé qu’une seule heure pour répondre à toutes ces questions ? demanda-t-il.
  • Oui, papa. Il a dit que c’était pour tester le niveau de la classe, déclara Aicha alors qu’elle s’efforçait à garder le contact visuel.

La jeune femme omit cependant de mentionner ce que leur professeur avait dit concernant l’obtention de la moyenne à cette évaluation.

  • Dis-moi Aïcha, combien de personnes ont eu une bonne note à ce devoir ? questionna soudainement Meriem.
  • Une seule personne maman, déclara la demoiselle.
  • Ah bon ?! Et combien a-t-elle eu ? demanda par la suite le père de famille.
  • 11,5 je crois, répondit-elle.

Monsieur Ellah resta silencieux un bon moment. Il savait très bien que ce n’était que la première évaluation et que cela ne devrait pas avoir trop d’impact sur la moyenne générale de son enfant. Toutefois, cela ne lui plaisait pas d’autant plus que c’était la toute première fois qu’elle lui rapportait ce genre de note. Il en vint même à se dire qu’elle l’avait peut-être fait exprès. Toutefois, le comportement que Aïcha arborait devant lui semblait indiquer le contraire.

  • Je vais laisser passer pour cette fois. Tu as cependant intérêt à me ramener une bonne note la prochaine fois. Me suis-je bien fait comprendre ? rétorqua le père de famille après avoir lâché un lourd soupir.
  • Oui, papa ! répondit de nouveau Aïcha.
  • Tu peux retourner t’assoir, lui ordonna-t-il par la suite.

La jeune femme obéit et retourna à sa place. Pendant ce temps, David plia la feuille en quatre et la mit sur un meuble situé à côté de lui. La famille Ellah recommença donc à consommer son diner dans une atmosphère majoritairement marquée par les sons produits par la télévision.

Une vingtaine de minutes plus tard, tout le monde se leva de table. Le maitre de maison alla de nouveau s’assoir devant l’écran de télévision tandis que sa femme et sa fille se chargeaient de débarrasser. Une fois cela fait, Aicha prit la direction de sa chambre.

  • N’oublie pas de prendre ta feuille de devoir, lui dit son père avant qu’elle ne franchisse la porte du couloir.

La jeune femme fit donc ce qu’on lui ordonna puis retourna finalement dans sa chambre. Pendant ce temps, Meriem vint s’assoir auprès de son mari.

  • Maintenant que j’y pense, demain c’est mercredi. Tu commences finalement le boulot. Comment tu te sens ? rétorqua de nouveau monsieur Ellah.
  • Je me sens plutôt bien. À vrai dire, je suis même impatiente de commencer, répondit la femme d’origine marocaine.
  • C’est bien, dit-il par la suite.
  • Dis-moi, tu ne penses pas qu’Aïcha ait fait exprès d’obtenir une mauvaise note à l’école pour venir jouer les innocentes ici ? demanda l’épouse de David.
  • J’ai pensé à cela pendant un certain temps, mais je suis vite passé à autre chose. Même si notre fille est en colère contre nous concernant notre départ soudain de France, je la vois très mal jouer avec son avenir, d’autant plus qu’elle ne gagnerait rien en faisant cela, hormis un rallongement de sa punition, déclara monsieur Ellah.

David avait totalement raison sur ce point. Leur enfant n’était pas le genre à faire ce genre de choses. Comme son mari, Meriem chassa donc cette idée de sa tête avant qu’une autre ne vienne soudainement prendre sa place.

Plusieurs dizaines de secondes s’écoulèrent et madame regardait attentivement son mari. Ce dernier lui lança alors plusieurs coups d’œil avant de finalement lui demander ce qui n’allait pas.

  • Monsieur Ellah, vous n’avez pas idée à quel point je vous aime, dit-elle brusquement.
  • Moi aussi je vous aime énormément, madame Ellah, rétorqua-t-il juste après.
  • Je n’ai pas oublié ce que vous m’avez dit tout à l’heure dans la voiture. Vos propos m’ont énormément touchée et j’ai donc décidé m’offrir à vous cette nuit. Si vous voulez bien me suivre, déclara Meriem.

En entendant les mots de sa femme, le cœur de David fit un ‘boom’ et sa libido grimpa d’un coup alors qu’il l’observait se lever du fauteuil et partir en direction de leur chambre à coucher. Ni une ni deux, l’homme éteignit la télévision, se redressa, et partit à la poursuite de sa créature de rêve.

A suivre !!!

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