Chapitre 20

Aïcha se trouvait dans sa chambre lorsqu’elle entendit des bruits en provenant du couloir. Il s’agissait des rires et autres sons étranges émis par ses parents qui semblaient beaucoup s’amuser. La jeune femme savait ce que cela signifiait et préférait donc ne pas penser. Elle se coucha donc sur son lit et ressassa tous les évènements qui s’étaient déroulés durant la journée. Elle repensait notamment à sa convocation dans le bureau du censeur chargé de la vie scolaire et trouvait cette dame effrayante, mais elle se disait surtout qu’elle devait impérativement se tenir à carreau pour ne plus remettre les pieds dans cet endroit. De plus, il y avait la promesse qu’elle venait de faire à son père. Dieu seul savait ce qu’il lui arriverait si elle venait à ne pas la respecter.

Aïcha se leva de son lit et décida de réviser le peu de choses qu’ils avaient vu en classe. À peu près une heure plus tard, après avoir lu et relu ses cours trois fois de suite, la jeune femme attrapa un nouveau set de vêtements et partit en direction de la salle de bain. Une autre heure après, la demoiselle sortit de la douche toute fraiche et vêtue différemment. Elle revint se coucher sur son lit et attendit patiemment le sommeil.

Alors qu’une vingtaine de minutes venait de s’écouler, que le sommeil n’était toujours pas au rendez-vous, la jeune femme se mit à penser à son petit-ami Ridley et aux bons moments qu’ils avaient passé tous les deux avant qu’elle ne voyage. Elle souvint précisément d’un évènement s’étant déroulé il y a un an de cela. Les deux s’étaient rendus à une fête organisée par l’une de ses connaissances.

Arrivés sur les lieux, Aïcha et Ridley trouvèrent une ambiance plutôt extraordinaire, du moins du point de vue de la jeune femme. Certains dansaient comme des fous, d’autres buvaient et parlaient entre eux, et il y avait aussi un groupe de personnes qui fumaient. Sans la moindre hésitation, la fille de David et Meriem alla saluer tous ceux qu’elle connaissait et appréciait avant de faire au tour au bar et de servir à boire. Ce jour-là, la demoiselle avait englouti d’importantes quantités d’alcool, et ce malgré les nombreux avertissements de son petit-ami.

  • Aïcha, ne fais pas ça. Que vont dire tes parents si tu rentres bourrée à la maison ? lui avait-il dit après le premier verre.
  • T’inquiète pas. C’est le dernier verre ensuite j’arrête. Ils ne vont rien remarquer, avait-elle répondu par la suite.

Bien évidemment, ce fut une promesse en l’air et la jeune femme enchaina les verres d’alcool comme s’il s’agissait d’une simple boisson à base de fruits. Il ne fut donc pas surprenant de la voir complètement bourrée aux alentours de 17 heures alors que le couple était sur place depuis une heure seulement. Après un passage aux toilettes afin de faire sortir l’excès d’alcool, la demoiselle requit l’aide de son petit-ami rien que pour tenir debout et encore plus pour rentrer chez elle.

Maintenant qu’elle y réfléchissait, elle avait vraiment été chanceuse ce jour-là. Non seulement elle n’avait pas été toute seule à cette fête, mais ses parents avaient également décidé de passer la soirée dehors, ce qui fit qu’elle ne les croisa pas quand elle rentra chez elle. Aïcha continuait de se remémorer les bons vieux jours et une chose était certaine, ses amis, ainsi que son petit-ami lui manquaient énormément. Leurs sourires, leurs délires, et même le côté moralisateur de Ridley, la jeune femme voulait absolument tout revoir. Sans s’en rendre compte, la fille de Meriem finit par verser une larme qui coula le long de son visage pour finir sa course sur le drap. Un profond sentiment de solitude et de détresse s’empara alors d’elle alors que ses paupières devenaient de plus en plus lourdes. Mademoiselle Aouni finit par s’en dormir, plongeant alors dans un monde où elle pourrait sans doute tous les retrouver.

—–*—–

Lorsque le réveil sonna comme toujours à six heures du matin, la jeune femme eut toutes les peines du monde à me mettre debout et encore plus pour arrêter l’appareil sur sa commode. Dès qu’elle parvint à le faire, elle traina encore sur son lit pendant une bonne dizaine de minutes avant de finalement trouver la force de se lever. Juste après ça, elle obligea son corps à avancer vers son armoire à linge, attraper une tenue, puis foncer dans la salle de bain. Une autre trentaine de minutes plus tard, elle sortait de la pièce complètement revigorée et prête à affronter une nouvelle journée de cours.

Du côté des parents, c’était à peu près le même scénario, à la différence que Meriem elle aussi s’apprêtait pour son tout premier jour de travail. De ce fait, elle s’était levée près d’une heure avant son époux afin d’être la première à occuper la salle de bain. Lorsque le mari se réveilla, la première chose qu’il remarqua était que son épouse ne se trouvait pas à ses côtés. Ce ne fut que quelques instants après qu’il entendit le bruit de l’eau couler dans la douche. David se leva donc du lit et alla retrouver sa femme.

  • Bonjour madame Ellah. Comment allez-vous en cette belle matinée ? rétorqua l’homme après s’être habilement faufilé derrière sa femme.

La mère d’Aicha sursauta légèrement lorsqu’elle sentit des bras l’enlacer soudainement. Ce ne fut qu’après avoir entendu la voix de son mari que son cœur s’apaisa.

  • Tu m’as fait peur ! s’exclama-t-elle en se retournant vers lui.
  • Désolé, telle était mon intention, dit-il par la suite.
  • Tu n’es pas plutôt le contraire que tu es censé dire ? questionna l’épouse.
  • Peut-être ou peut-être pas.  J’adore sentir ton corps frissonner dans mes bras, déclara monsieur Ellah.

Ce dernier approcha ensuite ses lèvres de celles de sa femme, mais celle-ci posa son index dessus et l’arrêta dans son élan.

  • Je sais exactement où tu veux en venir. J’aimerais aussi bien profiter de cette matinée avec toi, mais je risque d’être en retard pour mon premier jour de travail, sans oublier que je dois encore faire le petit-déjeuner. Es-tu prêt à assumer les conséquences d’une telle action ? rétorqua-t-elle à son tour.

Quand sa femme le questionna, des images lui revinrent subitement en tête. La dernière fois qu’elle lui avait demandé s’il était prêt à assumer les conséquences, David avait passé tout un week-end au lit, trop épuisé pour pouvoir sortir de leur chambre située dans leur ancienne demeure en France.

  • Vous avez raison. Là n’est ni l’endroit ni le moment de nous adonner à ce genre de pratique, répondit-il.
  • C’est bien ce que je me disais, ajouta Meriem sur un ton légèrement moqueur, bon, ce n’est pas tout ça, mais il faut que j’aille m’habiller et faire à manger pour Aicha et ton ventre.

Monsieur Ellah relâcha son étreinte et sa femme lui donna un léger baiser par la suite. Meriem sortit alors de la douche et attrapa une serviette. Elle s’arrêta devant le miroir pendant plusieurs minutes durant lesquelles elle sécha ses cheveux, et fit tout ce qu’elle avait à faire. Elle retourna ensuite dans la chambre à coucher, laissant son mari prendre son bain en toute tranquillité.

Aux alentours de 6h25, Meriem sortit de la chambre et se dirigea vers la cuisine. Elle s’arrêta avant tout devant la chambre de sa fille et rentra à l’intérieur pour voir si cette dernière était déjà réveillée. La maitresse de maison constata par la suite que son enfant prenait sa douche et décida donc de sortir. Arrivée finalement dans la cuisine, Meriem remplit la cafetière et démarra le processus de préparation. Elle s’occupa alors d’autres taches comme griller les tranches de pain de mie, préparer la table, et ouvrir les volets du salon.

  • Bonjour ! s’exclama-t-elle lorsqu’elle aperçut Mamadou à l’extérieur.
  • Bonjour, patronne ! Bien dormi, répondit-il.
  • Oui, merci. Et vous ? La nuit s’est bien passée ? rétorqua la maitresse de maison par la suite.
  • Sans problème, patronne, dit l’employé.
  • Bien !

Meriem retourna ensuite dans la cuisine, sortit d’un réfrigérateur une bouteille de jus de fruits, attrapa la cafetière, et alla déposer le tout sur la table. Il ne lui restait plus qu’à attendre que les deux autres membres de sa famille descendent. Madame Ellah n’attendit pas bien longtemps, son mari étant le premier à arriver au salon. Dès qu’elle le vit, elle remplit immédiatement sa tasse de café.

  • Merci beaucoup, dit l’homme une fois qu’il s’installa à table.

Au moment où elle déposa la carafe, quelqu’un cogna à la porte de leur maison. Elle regarda à travers la fenêtre se trouvant à côté de l’entrée et constata qu’il s’agissait de Junior. Elle le laissa donc entrer.

  • Bonjour, madame, dit-il lorsqu’elle ouvrit la porte, bonjour monsieur, ajouta-t-il après avoir vu son patron.
  • Bonjour Junior. Comment vas-tu ? rétorqua la maitresse de maison.
  • Salut petit ! s’exclama David au même moment.
  • Je me porte très bien et vous, répondit-il.
  • Je vais bien et tout le monde aussi se porte bien, déclara Meriem.

Le jeune homme lâcha un sourire avant de se diriger vers l’endroit habituel pour prendre les cles de la voiture. Pendant ce temps, Meriem retourna s’assoir aux côtés de son mari. Aïcha, elle aussi fit finalement son apparition dans le salon et alla également prendre place aux côtés de ses parents.

  • Junior, aujourd’hui tu iras déposer et chercher Aicha et Meriem. Elle commence sa première journée de travail aujourd’hui, dit David.
  • Sans souci, monsieur, répondit le jeune homme.
  • Au fait, tu as déjà mangé ? Si ce n’est pas le cas, tu peux te servir, proposa la maitresse de maison.
  • Merci beaucoup, mais j’ai déjà pris quelque chose ce matin, répondit le jeune homme.
  • Je vois.

Junior sortit du salon et attendit le duo mère-fille à côté du véhicule. Pendant ce temps, le petit-déjeuner familial se poursuivit pendant quelques minutes. Lorsque tout le monde finit de manger, Meriem débarrassa vite fait la table avant de prendre ses affaires et de rejoindre son enfant dehors. Une nouvelle aventure s’annonçait alors pour elle.

A suivre !!!

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