La promotion 06

Natacha quitta le bureau de son patron sans le moindre vêtement sur le dos et en pleurs. Sans se préoccuper de la caméra de surveille située dans le couloir, la jeune femme se dirigea ensuite dans les toilettes pour femmes qui se trouvaient juste à côté. Mademoiselle Barnes resta debout au milieu de la pièce durant de très nombreuses minutes. Ses larmes coulaient le long de son visage et tombaient sur ses vêtements qu’elle tenait toujours dans ses bras. Personne ne pouvait alors imaginer à quel point elle se sentait souillée et brisée. La scène repassait encore et encore dans sa tête.

La jeune femme, dont le regard était dirigé vers le sol, jeta un coup d’œil à son reflet dans le miroir. Elle vit alors le visqueux liquide blanchâtre sur son visage. Quelques secondes plus tard, comme s’il s’agissait d’un fantôme qui la hantait, Herman Invictus apparut tout souriant à l’intérieur de la surface réfléchissante. Bien que ce n’était qu’un effet de son imagination, cela suffit amplement à la demoiselle pour laisser tomber tes vêtements, attraper une de ses chaussures, et la lancer contre le miroir. Ce dernier se fissura par la suite. Un morceau se détacha et tomba sur le lavabo.

Natacha Barnes s’en approcha doucement et le saisit. À ce moment précis, la jeune femme ne désirait qu’une seule chose et c’était d’en finir. Elle se disait que sa mort mettrait sans doute un terme à la douleur qu’elle ressentait à ce moment et que ce serait également un bon moyen pour elle d’échapper à l’emprise de monsieur Invictus. La main de la demoiselle se mit à trembler tandis qu’elle rapprochait progressivement l’objet coupant au niveau de son cou.

Natacha positionna le bout pointu du morceau de miroir à quelques centimètres de sa carotide.

  • Je suis désolée, dit-elle en pensant à toutes les personnes qu’elle s’apprêtait à laisser derrière.

La jeune femme prit une profonde inspiration et ferma ensuite les yeux. Alors qu’elle était si déterminée à mettre un terme à ses jours, son instinct de survie fit surface et l’empêcha de poursuivre. Elle avait beau lutter de toutes ses forces contre ce dernier, il l’empêchait de bouger sa main. Soudainement, au milieu de ses sombres pensées, le visage souriant de Mark apparut. Natacha se remémora alors tous les bons moments qu’elle avait passés avec lui depuis leur rencontre. Elle s’imagina comment son fiancé allait se sentir si elle venait à disparaitre de sa vie. Avait-elle seulement le droit de lui faire une chose pareille ? Était-elle prête à lui imposer la douleur de perdre un être cher ? Pour Natacha, la réponse était claire comme de l’eau de roche.

Lorsque la jeune femme réouvrit ses yeux qui étaient devenus rouges à force de pleurer, elle constata avec horreur qu’il y avait une petite quantité de sang sur le sol. En cherchant son origine, Natacha se rendit compte que le morceau de miroir qu’elle tenait dans la main était lui aussi recouvert de sang. Durant sa tentative de suicide, elle avait serré sa main si fort qu’elle avait fini par se couper. Mademoiselle Barnes lâcha l’objet tranchant qui tomba par la suite dans le lavabo.

Natacha ouvrit le robinet et passa sa main ensanglantée juste en dessous. Tandis qu’elle regardait le sang être progressivement dans les canalisations, la demoiselle repensa au geste qu’elle avait failli commettre. Elle se dit que ça aurait été tellement plus facile si elle n’avait pas été une froussarde. La jeune femme savait que tôt ou tard, le poids qu’elle avait sur le cœur finirait par la détruire. Ce secret qu’elle gardait était beaucoup trop lourd à porter. Malheureusement, elle ne pouvait le dire à personne.

Mademoiselle Barnes détourna de nouveau son regard de sa main au miroir fissure. L’image d’elle que ce dernier renvoyait n’avait rien de reluisant. Elle détestait Chrees Invictus de l’avoir mise dans cet état déplorable, mais se haïssait encore plus de s’être laissée faire aussi facilement.

  • Peut-être serait-ce mieux que je disparaisse de la vie de tout le monde ? pensa la demoiselle.

Natacha alla chercher deux trois feuilles de papier jetable avec lesquelles elle fit pression sur l’entaille qu’elle avait dans la main. Elle en attrapa d’autres et repartit se placer devant le miroir. La jeune femme se mit ensuite à nettoyer le fluide qu’elle avait sur le visage et la poitrine. Ses mouvements étaient lents et emplis d’un mélange de tristesse et de dégout. Cela lui prit donc une dizaine de minutes pour s’en débarrasser et quelques-unes en plus pour faire partir cette sensation de colle.

Une fois qu’elle termina avec ces deux parties de son corps, la jeune femme passa à sa chevelure. Retirer les traces de sperme qui s’y trouvait n’allait point être facile. Elle n’avait cependant pas le choix. Si Natacha venait à rentrer chez elle avec cela sur sa tête, Mike le verrait à coup sûr et découvrait par la même occasion ce qui se passait dans son dos. Il était donc hors de question pour la demoiselle que cela se produise.

Après avoir déposé le morceau de papier qui faisait pression sur son entaille, mademoiselle Barnes prit une petite quantité d’eau tiède dans le creux de ses mains et la versa sur ses cheveux gris-argenté. Elle répéta l’opération de nombreuses fois jusqu’à ce qu’ils aient été suffisamment humides. Ensuite, la jeune femme mit du savon liquide dans sa paume et l’application soigneusement sur sa tête. Malgré la douleur provoquée par le désinfectant qui rentrait en contact avec son entaille, Natacha frotta alors de toutes ses forces, ce qui réouvrit la blessure qu’elle avait peiné à fermer.

Suite à de nombreux efforts, Natacha Barnes finit par nettoyer sa chevelure de toutes les impuretés qui s’y trouvaient. N’ayant pas de sèche-cheveux à sa disposition, la demoiselle dut se contenter de sèche main à côté d’elle. Elle passa donc sa tête sous l’appareil qui se mit à produire un courant d’air descendant de plus en plus chaud. Lorsque la température de ce dernier devint insupportable, elle se retira, patienta quelques instants avant d’y retourner.

Ses cheveux étant secs, mademoiselle Barnes pouvait désormais remettre ses vêtements qui se trouvaient sur le sol à ce moment. Elle les ramassa donc et les enfila. La jeune femme attrapa de nouveau des feuilles de papier jetable avec lesquelles elle essuya ses larmes et fit pression sur sa blessure. Par la suite, Natacha fit de son mieux pour nettoyer le sang qui se trouvait parterre et jeta tout ce qu’elle avait utilisé comme papier dans une des cuvettes avant de tirer la chasse. Elle quitta finalement les toilettes pour femmes et retourna récupérer ses affaires à son bureau.

Alors qu’elle sortait tout juste des toilettes, Natacha tomba nez à nez avec Chrees Invictus. Ce dernier rentrait chez lui. Lorsqu’il aperçût la jeune femme, il ne put s’empêcher de sourire en repensant à ce qui s’était passé quelques dizaines de minutes auparavant. De son côté, la demoiselle était tout sauf ravie de le revoir. Elle voulut même retourner prendre le morceau de miroir dans les toilettes pour venir le poignarder avec.

  • Passez une excellente soirée, mademoiselle Barnes, rétorqua l’homme d’affaires en passant à côté.

Aucun mot ne sortit de la bouche de Natacha. Seul son poing se plia tandis que haine, honte, et tristesse envahissaient son corps. Son patron ayant désormais quitté les lieux, la jeune femme attrapa ses affaires et partit en direction de sa voiture.

—–*—–

Tandis qu’elle marchait en direction de son véhicule, des flashs de ce qui s’était déroulé dans le bureau de monsieur Invictus revinrent soudainement la hanter. Par conséquent, quand elle sortit de la cage d’ascenseur, Natacha pleurait à chaudes larmes. Son désarroi et sa détresse se firent entendre dans le parking désertique. Lorsqu’elle atteignit finalement sa voiture, Barnes fit soudainement tomber son sac à main. Elle s’effondra par la suite et se recroquevilla sur elle-même.

Près d’une heure s’écoula avant que la demoiselle ne trouve la force de se remettre sur ses pieds et de monter dans sa voiture. Elle démarra le véhicule et quitta les lieux. Néanmoins, elle ne rentra pas directement chez elle. Natacha roula dans sa ville sans destination précise. Elle continua de rouler sans se préoccuper de la personne qui l’attendait chez elle. D’ailleurs, la jeune femme ne répondit à aucun de ses appels.

Natacha finit par s’arrêter sur une aire de route située dans les hauteurs de sa ville. La jeune femme observa le précipice devant. Elle resserra son étreinte sur le volant tandis qu’elle combattait de nouveau son instinct de survie.

  • Allez ! Il suffit d’appuyer sur l’accélérateur et ce cauchemar sera enfin terminé, pensa-t-elle à cet instant.

Barnes appuya doucement sur la pédale et le véhicule avança vers le précipice. Alors que ce dernier était sur le point de basculer dans le vide, la demoiselle tira brusquement sur le frein à main, ce qui arrêta sa course. Une fois de plus, elle n’avait pas eu le courage d’aller jusqu’au bout. Natacha arrêta le moteur et se remit à pleurer. Décidément, l’enfer dans lequel elle vivait allait encore durer un bon moment.

A suivre !!!

Catégories : Étiquettes : ,

Un commentaire

Laisser un commentaire