La promotion 19

Il était aux alentours de 6h du matin quand le réveil de Natacha résonna dans la chambre. Contrairement aux jours précédents, la jeune femme eut beaucoup de peine à faire taire ce maudit appareil. Elle était épuisée, très épuisée. Au bout de quelques instants, mademoiselle Barnes parvint à arrêter ce qu’elle considérait comme étant un vacarme. Ce ne fut qu’après que le fait accompli que la demoiselle se rendit compte qu’elle était complètement dénudée et que son fiancé dormait profondément à ses côtés. En se rappelant sa petite fin de soirée mouvementée, Natacha ne put s’empêcher de lâcher un léger sourire. Il fallait dire que Michael avait été efficace, et c’était très peu dire.

Après avoir passé une dizaine de minutes sur son lit à regarder dans le vide, Natacha trouva finalement la force de se lever et de se trainer vers la salle de bain. Elle était tellement fatiguée qu’elle avait l’impression que de gros boulets de prisonnier étaient attachés à ses chevilles. Arrivée dans la pièce, la jeune femme jeta un coup d’œil à son reflet dans le miroir uniquement pour constater qu’elle avait une tête encore plus négligée que durant la matinée précédente. Ne portant aucun vêtement sur elle, la jeune femme se rendit immédiatement sous la douche où les réminiscences des jours précédents, plus précisément ceux de la veille, vinrent une fois de plus la harceler.

Tandis que de l’eau chaude coulait le long de son corps, créant par la même occasion énormément de vapeur dans la pièce, Natacha se remémora les dernières paroles de son patron. « Demain soir ! » lui avait-il dit à ce moment précis lorsque les deux s’étaient croisés dans le couloir. Alors qu’elle traversait un brouillard de douloureux souvenirs, la jeune femme se mit à imaginer ce qu’elle allait encore devoir traverser durant cette fin de journée. Cela perturba tellement la demoiselle qu’elle en oublia presque de bien faire sa toilette. Ce ne fut que lorsqu’elle revint momentanément sur terre qu’elle se rendit compte qu’elle risquerait d’être en retard à son boulot si elle continuait de trainer comme elle le faisait présentement. Natacha se dépêcha donc de terminer sa toilette et de sortir de la douche.

De retour devant le miroir de la salle de bain, la jeune femme essuya avec sa main la buée qui s’y était déposée. Elle nettoya ses dents, sortit par la suite son sèche-cheveux, puis s’occupa de sa tignasse mouillée durant de nombreuses minutes. Une fois cette dernière dépourvue de toute trace d’eau, elle retourna dans sa chambre chercher les vêtements qu’elle porterait tout au long de la journée. Arrivée dans la pièce, Natacha constata que son fiancé dormait toujours, ce qui ne l’étonna guère au vu de ses performances de la nuit précédente. La demoiselle voulut bien le laisser se reposer, mais se faisant, ce dernier allait à coup sûr être en retard au travail.

  • Bébé, debout ! Tu vas être en retard au boulot, lui dit-elle en sélectionnant ses vêtements dans son armoire à linge.

Face à l’inactivité de monsieur, la demoiselle décida de prendre les choses en main. Elle s’approcha donc de Michael et le secoua assez violemment pour qu’il daigne ouvrir ses yeux.

  • Hum ! Qu’est-ce qu’il y a ? rétorqua-t-il avec énormément de fatigue dans le ton de sa voix.
  • Debout ! Tu risques d’être en retard au boulot, déclara de nouveau la jeune femme.
  • Encore cinq minutes, demanda Michael en se tournant sur le côté.

Natacha ne pouvait pas lui accorder le temps qu’il voulait. Elle attrapa donc le drap avec lequel il était couvert et le tira violemment. Cela ne suffit cependant pas à faire sortir monsieur du lit, se recroquevillant juste sur lui-même.

  • Tu veux la jouer ainsi ! OK ! s’exclama la jeune femme dont l’esprit venait d’être traversé par une très mauvaise idée.

Le regard de mademoiselle Barnes descendit progressivement avant de s’arrêter au niveau de l’entrejambe de son fiancé. Là, bien mis en évidence, se trouvait la partie la plus sensible de son corps.

  • Comme tu ne veux pas te lever, alors tu ne me laisses pas d’autre choix, lui dit-elle une dernière fois avant de passer à l’acte.

Natacha positionna sa main droite juste à côté des bijoux de famille de Michael et, sans la moindre hésitation, lui donna une pichenette. Bien que le coup en soi n’était pas violent, il contenait suffisamment de force pour que le jeune homme ouvre soudainement ses yeux et place ses mains sur la zone concernée.

  • Ça va pas ?! Qu’est-ce qui te prendre ?! Pourquoi t’as fait ça ?! questionna Michael avec un soupçon de douleur dans le timbre de sa voix.
  • Comme monsieur ne voulait pas se lever, j’ai dû prendre les choses en main, répondit la demoiselle.
  • Tu aurais pu trouver un autre moyen ! s’exclama-t-il de nouveau.
  • Tu aurais préféré un verre d’eau glacée sur le corps ? rétorqua Natacha.
  • De très loin par rapport à ce que tu viens de faire, dit le jeune homme.
  • En tout cas, maintenant que tu es réveillé, tu peux aller prendre une douche. Si tu ne le fais pas, tu seras à coup sûr en retard au boulot, déclara mademoiselle Barnes.

Natacha retourna devant l’armoire à linge où elle prit un ensemble constitué d’une jupe et d’une veste grise, d’une chemise blanche, et des sous-vêtements rouges. Pendant ce temps, Michael dont la douleur venait de s’envoler se leva finalement de son lit. En passant derrière sa fiancée, ce dernier lui donna une petite claque au niveau des fesses.

  • Hé ! s’exclama-t-elle.
  • Ça, c’est pour tout à l’heure, lui dit-il avant de prendre à son tour la direction de la salle de bain.

—–*—–

Il était presque 7h30 et Natacha Barnes se trouvait désormais dans la cuisine où elle préparait comme à son habitude son café. Tandis que la concoction se faisait tranquillement dans la cafetière, la jeune femme en profita pour nettoyer son thermos. Elle avait oublié de le faire la veille. Quelques minutes plus tard, Michael débarqua à son tour dans la pièce. Il était torse nu et tenait dans sa main une serviette avec laquelle il essuyait ses cheveux mouillés.

  • Tu sais, tu aurais pu le faire dans la salle de bain, lui fit-elle remarquer en lui montrant les gouttes d’eau qu’il laissait derrière lui.

Le jeune homme se retourna pour voir ce qu’il avait fait et lui dit qu’il nettoierait ça après, ce que la demoiselle eut du mal à croire sur l’instant.

  • Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda Michael.
  • Rien du tout, lui répondit-elle.

Natacha rinça son thermos, retira par la suite les gouttes d’eau qui s’y trouvaient encore, puis se servit son café.

  • Tu en veux ? proposa-t-elle à son fiancé.
  • Oui, merci ! lui dit en prenant une des tasses à sa disposition.

La jeune femme lui servit donc une dose de café avant de remettre la cafetière à sa place. Une fois cela fait, elle referma son thermos, ce que Michael trouva anormal. Il lui demanda donc si elle ne comptait pas mettre de sucre à l’intérieur, ce à quoi Natacha lui répondit qu’elle le préférait comme tel. C’était bien évidemment un autre mensonge de la part de la demoiselle. En vérité, ajouter du sucre à l’intérieur risquerait de rendre le gout particulièrement désagréable après le mélange qu’elle comptait faire dans son véhicule.

  • Alors, c’est aujourd’hui que tu deviens officiellement le photographe attitré de cette Degrâce. Comment tu te sens par rapport à ça ? questionna la jeune femme.
  • Tu sais, avant ton monologue d’hier, j’avais déjà prévu de ne pas accepter sa proposition. C’est vrai que c’est une très grande opportunité pour moi, mais je me dis que si ça ne veut pas la peine si ça te met aussi mal à l’aise que ça. Il est vrai que Jessica risque de ne pas apprécier ma décision, mais que veux-tu ? Ce sont des choses qui arrivent, lui dit-il.
  • Non ! Je ne veux pas, s’exclama soudainement Natacha.
  • Quoi ?! s’étonna le jeune homme.
  • Michael, je ne peux pas accepter ça. Je ne peux pas accepter que tu renonces à une telle chance à cause de moi. Hier, j’étais juste en colère et je t’ai dit n’importe quoi. Et pour ça, je m’excuse sincèrement. Néanmoins, je ne suis pas idiote au point de ne pas me rendre compte que t’obliger à dire non n’est qu’un caprice de ma part. Ce n’est pas comme ça qu’une vie de couple est censée fonctionner, ce n’est pas comme ça que je suis censée agir…
  • Natacha…, essaya-t-il d’intervenir.
  • Écoute-moi, s’il te plait. Il est très clair que tu es un photographe très talentueux et travailler avec cette Degrâce est une chance pour toi d’augmenter ta visibilité et gagner une grande renommée. C’est pour ça que je pense que tu ne devrais pas dire non à cette opportunité, déclara la jeune femme.

Alors que les deux échangeaient un regard, Orzak ne sut quoi dire devant les propos de mademoiselle Barnes. Il se dit cependant que les femmes étaient des êtres versatiles capables de changer d’avis aussi rapidement que le vent. Toutefois, comme elle s’était donné autant de mal pour le convaincre, mais surtout qu’elle s’était excusée, il décida de faire ce qu’elle venait de lui conseiller.

  • OK, c’est bon ! J’ai compris. Quand son garde de corps sera là, je signerai avec plaisir le contrat, lui dit-il.
  • Merci beaucoup, ajouta Natacha par la suite en prenant son fiancé dans ses bras.

Le jeune homme voulut rester dans cette position un peu plus longtemps, mais la chaleur de l’objet qu’elle tenait en main commença à avoir des répercussions sur son dos. D’ailleurs, il le lui fit comprendre, ce qui poussa la demoiselle à s’excuser une fois de plus. La petite séance de tendresse étant terminée, Natacha Barnes attrapa toutes ses affaires et partit en direction de la porte de sortie. Toutefois, avant de la franchir, elle lui dit qu’elle serait peut-être en retard le soir.

  • Sans souci. Passe une bonne journée, chérie ! lui souhaita-t-il.
  • Merci. À toi aussi ! rétorqua la jeune femme.

Natacha Barnes sortit finalement de son domicile avec un visage exprimant toute la détresse de sa journée de travail.

A suivre !!!

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