La promotion 23

Alors que je prenais place derrière mon bureau, ce qui venait de se passer récemment avec mes deux secrétaires refit surface dans ma tête. Je n’arrivais pas à croire que mademoiselle Harlock avait failli gâcher mes projets de la journée avec sa maudite proposition. Heureusement pour moi, mademoiselle Barnes n’était pas une idiote et avait compris ce que mes propos signifiaient vraiment. Néanmoins, cette femme pouvait parfois se montrer très ennuyeuse avec ses idées. J’étais parfaitement au courant de ce qu’elle voulait. Cependant, ce qu’une femme désirait de moi ne m’intéressait en aucun cas. C’était plutôt le contraire.

Alors que je lançais un coup d’œil rapide à la montre se situant au-dessus de la porte d’entrée de mon bureau et que je me rendais compte à quel point j’allais devoir attendre avant de pouvoir enfin profiter du magnifique corps de mademoiselle Barnes, mon téléphone de bureau se mit à sonner. Il s’agissait d’un appel d’une de mes secrétaires.

  • Mademoiselle Harlock ?! m’exclamai-je après avoir décroché.

La jeune femme me rappela un rendez-vous très important que j’avais en cette journée, ceux que j’avais dû annuler la veille à cause de ma réunion avec les membres du conseil d’administration.

  • À quelle heure est la première réunion ? lui demandai-je juste après.

Mademoiselle Harlock me dit qu’il aurait lieu à 11 heures dans un restaurant de la place, ce qui me laissait à peine quelques dizaines de minutes pour m’y rendre.

  • Une réservation a déjà été faite en votre nom, ajouta-t-elle.
  • Je vois. Merci beaucoup. Au fait, dites à mademoiselle Barnes de se préparer. Elle vient avec moi, dis-je par la suite.
  • Excusez-moi ?! s’exclama la jeune femme, surprise.
  • N’ai-je pas été assez clair ? questionnai-je.
  • Si, monsieur ! répondit mademoiselle Harlock.

Alors qu’elle venait tout juste de raccrocher, je me disais qu’il était parfois difficile d’être riche et puissant en plus d’être un homme d’affaires très influent. Affalé dans mon fauteuil durant plusieurs minutes, je me décidai finalement de me mettre au travail et allumai donc mon ordinateur de bureau.

—–*—–

Tess Harlock, qui venait tout juste de terminer sa conversation avec son patron, déposa délicatement son téléphone. Elle lança ensuite un regard noir à sa collègue tout en se demandant pourquoi, pourquoi il fallait que ce soit elle qui accompagne monsieur Invictus au lieu d’elle-même. Cela l’énervait au plus haut plus point et renforçait par la même occasion sa volonté de se débarrasser de la fiancée de Michael Orzak. Elle devait absolument trouver un moyen pour faire en sorte que cette femme se fasse renvoyer.

De son côté, Natacha Barnes n’avait aucune idée de ce que sa collègue de travail lui réservait et encore moins ce qu’elle pensait vraiment d’elle. La jeune femme était beaucoup trop préoccupée par son travail et les fameux « extras » qu’elle devait faire pour se rendre compte que cette dernière ne lui voulait aucun bien. Les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, mademoiselle Barnes avait une fois de plus l’esprit ailleurs. De ce fait, elle n’entendit pas Tess l’appeler. Ce ne fut qu’après plusieurs tentatives qu’elle s’aperçût finalement que sa collègue de travail ne faisait que prononcer son prénom.

  • Oui, désolée ! J’avais l’esprit ailleurs, s’exclama mademoiselle Barnes.

La collègue de Natacha était vraiment ennuyée par le comportement qu’elle adoptait, ce qui lui donnait parfois envie de lui coller son poing en plein visage ou quelque chose du genre. Néanmoins, elle garda son calme et prit une profonde inspiration avant de lui transmettre le message de leur patron.

  • Monsieur Invictus m’a demandé de te dire de te préparer, rétorqua Tess.
  • Me préparer ? Me préparer, c’est-à-dire ? questionna la jeune femme très étonnée par les propos de sa collègue.
  • Pour l’accompagner à sa réunion, voyons. Il m’a demandé de te tenir informée, dit-elle à nouveau.

Natacha Barnes tomba des nues lorsqu’elle entendit ce que venait de lui dire Tess Harlock. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre le motif derrière cette soudaine demande. Avant et après cette soi-disant réunion, elle allait se retrouver seule avec son patron. Ce dernier aurait alors la possibilité de lui faire tout ce qui lui traverserait l’esprit. Quoi qu’il en soit, mademoiselle Barnes n’avait malheureusement pas le choix et devait donc se rendre à cette réunion avec son patron, ce qui ne l’enchantait évidemment pas.

Plusieurs dizaines de minutes s’écoulèrent et la fiancée de Michael avait toujours son esprit focalisé sur la soudaine demande d’Herman Invictus. Elle se disait notamment qu’il y avait des chances qu’il ne fasse rien durant ce meeting, car après tout, il y aurait énormément de monde et donc pas beaucoup de possibilités pour qu’il lui dévoile à nouveau son côté déviant. De plus, malgré cette partie immorale de sa personnalité, l’homme d’affaires savait se montrer très professionnel, d’autant plus que de nombreux regards seraient braqués sur lui. Il n’y avait donc selon elle aucune raison de s’en faire, du moins avant et durant la réunion.

Le véritable problème se portait véritablement sur l’après-réunion. En effet, après cette dernière, rien n’empêchait Herman Invictus de la conduire dans un lieu à l’abri de tous les regards et de s’adonner à son horrible activité. La jeune femme se sentait prisonnière et à la merci des désirs les plus absurdes de cet homme qu’elle admirait jadis. Mademoiselle Barnes essaya de mettre de côté ces mauvaises pensées pour se concentrer sur son travail. Bien que sa vie était un véritable en ce moment, tant qu’elle se concentrait uniquement sur l’instant présent, cela deviendrait beaucoup plus supportable.

—–*—–

Michael Orzak était assis dans un coin et manipulait son appareil photo tout en observant ses collègues prendre des clichés de nouveaux et anciens clients. Cela faisait moins de deux heures qu’il avait signé le contrat et il commençait déjà à s’ennuyer, ce qui était plutôt normal. En effet, à cause de certaines closes présentes dans le document, le jeune homme se retrouvait désormais dans l’incapacité de prendre qui que ce soit d’autre en photo hormis mademoiselle Degrâce. Ce n’était vraiment pas ce à quoi il s’attendait quand il avait été invité à travailler pour cette personnalité.

Alors que le fiancé de Natacha Barnes alternait son regard entre son appareil photo et ses collègues se tenant en face de lui, Jessica Plano, son amie et patronne, vint s’assoir à côté de lui.

  • Alors, comment va la star du moment ? questionna-t-elle juste après.
  • La star du moment ?! rétorqua Michael.
  • Ne prétends pas ne pas être au courant. Tu sais très bien que les rumeurs circulent très vite ici, dit la jeune femme en le bousculant légèrement avec son coude.
  • Les autres sont au courant, c’est ça ? demanda le jeune homme à son tour.
  • Il semblerait quelques personnes aient écouté notre conversation avec l’avocat de mademoiselle Degrâce. Désormais, tout le monde ne parle plus que de toi et ton nouveau statut de photographe attitré d’une célébrité, déclara mademoiselle Plano.
  • Je vois ! s’exclama Orzak.

Le jeune homme et la jeune femme restèrent silencieux pendant de nombreuses secondes, regardant juste ce qui se déroulait devant leurs yeux.

  • Je suppose que ce n’est pas ce à quoi tu t’attendais, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle soudainement.
  • Pas vraiment. Je veux dire, c’est vraiment génial et tout que cela puisse apporter une certaine renommée au studio, mais je me dis aussi que ça limite une partie de mes activités, rétorqua le fiancé de mademoiselle Barnes.

À cet instant, la jeune femme ne put s’empêcher de penser qu’elle verrait souvent son ami dans cet état. Elle l’allait pourtant prévenu la veille en lui disant que cette femme ne lui disait rien qui vaille.

  • Tu n’as pas à faire cette tête de déterré. Je suis sûre que tout ira mieux demain, lui dit-elle en essayant de lui remonter le moral.
  • Je suppose que tu as raison. Ce n’est qu’une simple journée sans rien faire. Le vrai travail commencera demain avec l’arrivée de mademoiselle Degrâce, rétorqua le jeune homme.
  • Voilà ! En plus, si tu réfléchis bien, tu as toute une journée de libre. Tu peux en profiter comme tu veux. Si j’étais toi, je ferais une petite surprise à la personne qui fait battre mon cœur en lui rendant une visite soudaine sur son lieu de travail, proposa la demoiselle, sourire aux lèvres.
  • Merci pour la proposition, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Natacha est très occupée en ce moment. Je ne vais donc pas la déranger alors qu’elle doit se focaliser sur son travail et obtenir la promotion qu’elle désire tant, déclara-t-il.

Mademoiselle Plano le comprit, mais lui dit également qu’il ratait sans doute une occasion d’être spontanément attentionné. Michael voyait exactement où elle voulait en venir, mais préférait toujours ne pas la déranger en ce moment.

  • Je pense plutôt que je vais me balader en ville. Au moins je pourrais prendre quelque chose en photo là-bas, dit-il de façon enthousiaste.

Alors qu’il s’apprêtait à ranger son appareil photo, Michael se souvint qu’il organisait une petite réunion entre amis dimanche prochain et demanda donc à la jeune femme si elle voulait elle aussi venir.

  • Pourquoi pas ? On a le droit d’emmener quelqu’un ou pas ? répondit Jessica.

Face au regard curieux de son ami, la jeune femme n’eut d’autre choix que de lui dire qu’elle voyait quelqu’un en ce moment et pensait que son petit regroupement serait une occasion parfaite pour lui présenter cette fameuse personne.

  • Jessica Plano qui sort avec un mec ! C’est un scoop ça ! s’exclama-t-il de joie.
  • Je n’ai jamais dit que c’était un mec, rectifia la demoiselle.
  • Oh ! rétorqua Michael Orzak par la suite.

Un léger silence s’installa entre les deux tandis qu’il venait de réaliser tout ce que cela impliquait. D’ailleurs, maintenant qu’il y pensait, durant leurs nombreuses années d’amitié, il ne l’avait jamais vue sortir avec un homme. Il était vrai qu’elle trainait avec certains, mais c’étaient pour la plupart des amis ou des connaissances. C’était donc cela la raison derrière sa non-attractivité envers la gent masculine.

  • Je ne savais que tu étais…, essaya-t-il de dire.
  • Tu ne m’as jamais posé la question non plus, l’interrompit-elle.
  • C’est vrai ! Quoi qu’il en soit, cela ne changera rien entre nous et je serais également ravi de la rencontrer, poursuivit le jeune homme.

Le fiancé de Natacha resta une fois de plus silencieux, observant sa patronne avec une certaine insistance. Ennuyée, cette dernière finit par lui demander ce qu’il n’allait pas.

  • Je me demandais, quand vous êtes toutes les deux, ensemble dans votre intimité, qui a le dessus ? Tu vois…, demanda-t-il en faisant des mouvements avec ses mains.
  • Dégagé de la ! s’exclama brusquement Jessica, le visage légèrement rouge.
  • Oui, madame ! répondit Michael en attrapant son sac et en détalant le plus vite possible.

A suivre !!!

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