La promotion 28

De nombreux serveurs arrivèrent à la table de monsieur Invictus et de ses invités avec des chariots contenant les meilleurs plats qu’ils pouvaient leur offrir. Le directeur de l’hôtel avait décidé de sortir le grand jeu lorsqu’il sut quelle illustre personne se trouvait dans son établissement. Les employés servirent donc l’homme d’affaires et ses invités.

Comme leur journée de travail était loin d’être terminée, mademoiselle Barnes et son patron décidèrent de prendre quelque chose de léger en guise de déjeuner. L’homme d’affaires eut donc droit à quelques sushis tandis que la jeune femme fit comme sa collègue, Tess Harlock, et se contenta donc d’une salade. Après avoir remercié les employés de l’hôtel pour leur travail, le quatuor entama leur dégustation.

Moins de deux minutes plus tard, alors que tout le monde mangeait dans le plus grand des silences, Steven Cheng, curieux à propos de l’homme d’affaires, lui posa une question. Il lui demanda notamment comment il avait fait pour bâtir sa fortune et un empire aussi puissant.

  • Eh bien, tout comme vous, je suis parti d’une simple idée que j’ai développée. À cela se sont ajoutés de nombreux sacrifices tels que des nuits blanches, l’établissement de nombreuses connexions avec diverses personnalités importantes, de nombreux moments en famille ratés, et surtout l’impossibilité de s’amuser et de profiter de la vie. D’ailleurs, c’est parfois toujours le cas…

À cet instant précis, mademoiselle Barnes serra fortement les couverts qu’elle tenait dans ses mains. Son expression faciale changea également, mais cela fut de manière presque imperceptible. Elle avait du mal à croire une partie de ce que son patron venait de dire. « L’impossibilité de s’amuser et de profiter de la vie. » Si cela était vrai, alors qu’est-ce que cela signifiait pour elle ? Ne s’amusait-il pas quand il lui demandait de faire ces horribles choses ? Ne prenait-il pas son pied chaque fois qu’il abusait d’elle ? S’il ne s’amusait pas avec elle à ces moments, alors que se passerait-il quand ce sera finalement le cas ?

  • Mais une chose que vous devez tous les deux retenir est que la détermination est et sera toujours votre plus grande arme. Sans elle, peu importe le ou les projets que vous entreprenez, vous finirez par abandonner au premier obstacle. Soyez donc déterminés, trouvez-vous des personnes sur qui vous pouvez compter à tout instant, n’hésitez jamais à leur demander conseil, mais surtout ne craignez pas de commettre des erreurs. Cela fait partie du processus, poursuivit-il.

Les conseils de l’homme d’affaires résonnèrent dans la tête des jeunes gens comme une sorte d’illumination. De part d’une personne aussi illustre que lui, il s’agissait d’une chose qu’il ne fallait absolument pas négliger. De ce fait, Cheng et Hong prirent soin de bien graver ces paroles dans leur mémoire, cela pouvant leur être très utile tout au long de leur projet et de leur vie.

Le déjeuner se poursuivit donc et le trio composé des messieurs Cheng, Hong, et Invictus abordèrent divers sujets de conversation. Seule mademoiselle Barnes ne participait pas à la conversation, se contentant d’écouter ce qu’ils avaient à dire. Au bout de quelques minutes, Herman reçut un appel téléphonique. En consultant son portable, il s’étonna de voir qu’il s’agissait de Délaïla, sa détective personnelle. Cette dernière le contactait sûrement parce qu’elle avait obtenu ce qu’il lui avait demandé quelques heures auparavant.

  • Pas maintenant, je suis en pleine réunion. On reparle plus tard, dit-il après avoir décroché.

Sans se soucier de ce qu’elle avait à dire, l’homme d’affaires raccrocha immédiatement après et rangea son téléphone portable dans la poche intérieure de sa veste. Il s’excusa ensuite auprès de ses futurs partenaires pour le dérangement occasionné.

  • Vous n’avez pas à vous excuser pour cela. Il est tout à fait normal de recevoir des appels de son épouse, répondit monsieur Hong.

Le jeune homme qui avait aperçu un prénom féminin sur l’écran de l’appareil pensa immédiatement qu’il s’agissait de la femme de l’homme d’affaires. Sa secrétaire étant présente à leurs côtés, il ne voyait que cette possibilité, d’autant plus que l’homme s’était exprimé de façon familière durant les quelques secondes qu’avait duré l’appel.

  • Oh, non ! Ce n’était pas madame Invictus. Disons plutôt que c’est quelqu’un qui m’aide à régler certains problèmes de temps en temps, rétorqua monsieur Invictus.

Toutes les personnes présentes à table ; notamment mademoiselle Barnes ; se demandèrent alors quel type de problèmes il pouvait s’agir. Il ne leur donna cependant pas plus d’explication et se contenta de reprendre leur sujet de conversation à l’endroit exact où ils s’étaient tous arrêtés.

Une autre dizaine de minutes s’écoula et le quatuor venait tout juste de terminer leur déjeuner. Après avoir été appelés, les employés de l’hôtel vinrent débarrasser leur table. L’homme d’affaires en profita pour leur dire de mettre la note à son compte, ce que les deux jeunes hommes trouvèrent aimable. De toutes les façons, ce n’était pas sûr qu’ils aient eu les moyens de régler la facture par eux-mêmes. Alors que tout le monde sortait de table, monsieur Cheng remercia une fois de plus Herman pour l’aide qu’il était sur le point de leur apporter.

  • Je vous ai déjà dit que vous n’avez pas à me remercier. Il est tout à fait normal pour quelqu’un comme moi d’aider le futur de notre nation à se développer, répondit-il avec le sourire.
  • Quoi qu’il en soit, monsieur Invictus, aucun mot n’est assez fort pour témoigner toute la gratitude que mon ami et moi éprouvons en ce moment. Merci, merci encore pour votre aide, rétorqua-t-il en lui serrant la main.
  • Cela suffit comme ça, dit poliment l’homme d’affaires.

Monsieur Cheng finit par lâcher la main d’Herman et s’excusa même pour cet échange plus ou moins embarrassant. Il fit de même avec mademoiselle Barnes qui lui répondit également qu’il n’avait pas à le faire, que tout allait bien de son côté. Le quatuor finit par se dire au revoir et tout le monde partit dans sa direction. Ce fut à ce moment que Gordon Botle, qui avait passé la majeure partie du temps à s’occuper de certaines choses, s’approcha de son patron.

  • Est-ce que tout est prêt ? questionna l’homme d’affaires.
  • Oui, monsieur, répondit-il.

Leur brève conversation attira une fois de plus l’attention de mademoiselle Barnes qui se demandait de quoi ces deux pouvaient parler. Alors que le trio quittait la salle de restauration de l’hôtel, la jeune femme se rendit compte qu’ils ne se dirigeaient pas vers la sortie de l’immeuble.

  • Monsieur, ne retournons-nous pas au bureau ? questionna-t-elle, curieuse et inquiète.
  • Il y a une dernière affaire que nous devons impérativement régler, répondit Herman.

Une dernière affaire ? Mademoiselle Barnes n’était en aucun cas rassurée par ce que son patron venait de dire. C’était tout le contraire. Son sentiment d’inquiétude s’accentua lorsqu’elle vit le chauffeur de son patron lui murmurer quelque chose d’autre aux creux de l’oreille et lui transmettre discrètement un objet. De plus, elle se rendit compte qu’ils se dirigeaient tout vers les cages d’ascenseur. Le cœur de la jeune femme se mit à battre à une cadence effrénée tandis qu’elle commençait plus ou moins à entrevoir ce qui allait se produire.

  • Monsieur, n’avez-vous pas d’autres taches qui vous attendent au bureau ? demanda une nouvelle fois mademoiselle Barnes.

La fiancée de Michael Orzak cherchait n’importe quel moyen afin de retourner immédiatement sur leur lieu de travail. Malheureusement pour elle, cela n’allait pas s’avérer possible.

  • Elles peuvent attendre. Une demi-journée d’absence ne devrait pas pénaliser mon entreprise, dit l’homme d’affaires, détruisant par la même occasion tous les espoirs de sa secrétaire.

L’homme d’affaires, son chauffeur personnel, et mademoiselle Barnes arrivèrent devant l’une des cages d’ascenseur. Lorsque cette dernière s’ouvrit suite à l’appel d’Herman, Natacha et lui entrèrent à l’intérieur. Seul Gordon Botle resta en arrière pour s’occuper d’une autre tâche qui lui avait été confiée.

Alors que les deux se retrouvaient tous les deux seuls dans l’ascenseur, qu’un lourd silence régnait entre eux, la jeune femme affichait une mine attachée. Natacha appréhendait désormais ce qui était sur le point de se passer. Au début, elle pensait qu’il aurait au moins la décence d’attendre après les heures de travail, mais il semblerait que ce ne serait pas le cas. La jeune femme finit par se demander si elle aurait la force de supporter cela jusqu’à samedi.

Une fois que les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au sixième étage, mademoiselle Barnes suivit son patron comme une enfant que l’on venait tout juste de punir. Elle avait la tête légèrement baissée, le regard triste, et ne regardait pas vraiment devant elle. Néanmoins, elle était suffisamment consciente de son environnement pour se rendre compte qu’il n’y avait aucun bruit, ce qui était quelque peu étrange. En plus, ils n’avaient croisé personne depuis qu’ils étaient sortis de l’élévateur. C’était comme si l’étage tout entier était désertique.

Généralement, elle aurait au moins dû entendre ne serait-ce que la voix d’une personne, d’autant plus que l’hôtel semblait être bondé durant leur déjeuner. En réfléchissant un peu sur cela, elle comprit que monsieur Invictus devait être derrière tout ceci. Il avait sûrement dû demander à Gordon de lui libérer tout un étage, sans doute dans le but d’avoir le champ libre pour ce qu’il prévoyait de faire.

Mademoiselle Barnes et son patron arrivèrent devant une porte sur laquelle était inscrit le numéro 630. L’homme d’affaires sortit alors une carte magnétique de sa poche, carte qui lui avait été remise plus tôt par son chauffeur. Herman la déverrouilla et invita Natacha à entrer quelques instants plus tard. Ce fut avec beaucoup de réticence que la jeune femme franchit le pas de la porte, aucune autre option ne s’offrant à elle.

La pièce dans laquelle la jeune femme entra était spacieuse et magnifiquement meublée. Elle n’avait rien de très extravagant, du moins comparé aux gouts de l’homme d’affaires. Mademoiselle Barnes se mit timidement dans un coin et observa son patron refermer soigneusement la porte d’entrée derrière lui. Il marcha ensuite vers le lit sur lequel il s’assit quelques instants plus tard.

  • Je suppose que je n’ai plus besoin de vous dire ce qu’il vous reste à faire, mademoiselle Barnes, rétorqua-t-il en affichant un sourire narquois.
  • Non, monsieur, répondit-elle timidement.

La jeune femme déposa ses affaires sur un des meubles et commença à retirer doucement ses vêtements, le tout sous le regard très observateur d’Herman Invictus.

A suivre !!!

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