Alors que le véhicule dans lequel se trouvait l’homme d’affaires se dirigeait vers l’hôpital, la frustration de ce dernier augmentait de plus en plus, ce que Gordon, son chauffeur personnel remarqua instantanément. C’était la première fois depuis qu’il travaillait pour monsieur Invictus qu’il le voyait dans un tel état.
- On ne peut pas aller plus vite ! s’exclama Herman.
- Pas sans commettre des infractions, monsieur, répondit Botle.
- Gordon, je n’en ai que faire du Code de la route en ce moment. Me suis-je bien fait comprendre ? dit l’homme d’affaires, énervé.
- Oui, monsieur.
Sans se faire prier davantage, le chauffeur personnel de monsieur Invictus appuya sur la pédale des gaz. Peu importe ce qui se passait, il savait que le fait que son patron soit prêt à enfreindre de nombreuses lois pour se rendre dans un hôpital signifiait que quelque chose de très grave s’y était produit.
Pendant que Gordon conduisait à vive allure et s’apprêtait à griller de nombreux feux de signalisation, l’homme d’affaires sortit son téléphone portable de sa poche et passa un coup de fil.
- Réginald ! Navré de te contacter aussi soudainement, mais j’ai actuellement besoin que tu me rendes un service, rétorqua Herman au moment où son correspondant décrochait.
Les deux hommes parlèrent durant deux minutes avant que leur conversation prenne fin. Herman se retourna ensuite vers Gordon et lui dit qu’ils n’auraient plus de souci à se faire concernant la police et toutes les lois qu’ils étaient en train d’enfreindre. Botle ne savait pas de quoi son patron avait bien pu parler avec son correspondant, mais si ce dernier lui disait qu’il avait le champ libre, alors il n’allait pas s’en priver.
Quelques minutes plus tard, alors que Gordon venait de commettre une nouvelle infraction au code la route et évitait la circulation comme s’il était dans un jeu vidéo, la Rolls-Royce de l’homme d’affaires se fit poursuivre par une voiture de police. En voyant cette dernière, le jeune homme appuya instinctivement sur la pédale de frein.
- Ne ralentis surtout pas ! ordonna monsieur Invictus.
Écoutant son patron, Gordon retira son pied de la pédale de frein et accéléra de nouveau. Quelques secondes plus tard, une seconde voiture de police fit son apparition. Le jeune homme pensa alors qu’il serait peut-être préférable de s’arrêter et d’expliquer la situation aux forces de l’ordre. Cependant, au moment où il s’apprêtait à ralentir une fois de plus, une troisième voiture, puis une quatrième… Tous les véhicules se placèrent de part et d’autre de la Rolls-Royce sans pour autant manifester la moindre intention de la stopper. Ce fut à ce moment que Botle comprit qu’il s’agissait d’un cortège.
- Avec eux à nos côtés, nous arriverons beaucoup plus vite à l’hôpital, rétorqua Herman.
Étant concentré sur sa conduite, Gordon n’avait pas prêté attention à la conversation que son patron avait eue quelques minutes auparavant. Cependant, il savait très pertinemment que le comportement de ces policiers était à 100% le résultat de cet appel téléphonique. Le jeune homme se dit une fois de plus que l’argent et le pouvoir étaient de très bonnes choses à posséder dans la vie.
Tandis que les sirènes des véhicules de police retentissaient, que les autres voitures dans le trafic s’écartaient afin de les laisser passer, la frustration et l’inquiétude de l’homme d’affaires grandissaient. Depuis qu’il avait reçu cet appel en provenance de l’hôpital, le cœur d’Herman n’était pas en paix. Il avait en outre reçu la nouvelle selon laquelle Marion, sa petite dernière, avait été impliquée dans un accident de la route et avait été transférée dans le centre hospitalier le plus proche.
S’il y avait une chose importante qu’il fallait savoir à propos d’Herman Invictus hormis son obsession pour le pouvoir et les belles jeunes femmes, c’était sans doute l’affection et l’amour indéfectible qu’il portait à ses enfants. Ethan, Hunt, et Marion étaient le fruit de la relation sincère et longue de plusieurs dizaines d’années qu’il avait eue avec son épouse, Henrietta. De ce fait, ils étaient tout pour lui.
Si l’homme d’affaires se montrait parfois sévère avec ses garçons qui avaient quitté le domicile familial depuis plusieurs années, ce n’était pas le cas avec sa petite dernière. La jeune femme était littéralement la princesse de la famille Invictus et ne manquait donc de rien. Si elle désirait quelque chose, elle n’avait qu’à faire part de cela à son père qui s’occupait par la suite de le lui procurer. Elle était son bébé, son joyau, sa petite princesse. Par conséquent, son cœur était tout sauf serin lorsqu’il imaginait l’état dans lequel elle se trouvait. Herman avait peur, très peur.
Une trentaine de minutes après avoir quitté son bureau, l’hôpital dans lequel l’homme d’affaires se rendait commençait à prendre forme devant lui. De leur côté, les voitures de police qui avaient accompagné Herman et son chauffeur personnel jusqu’à présent commencèrent à s’en aller les unes à la suite des autres. En les voyant progressivement partir, Botle ne pouvait s’empêcher d’être impressionné par tout ce qui pouvait être accompli avec les bonnes ressources.
Lorsque la Rolls-Royce de monsieur Invictus vint se positionner devant la porte de l’hôpital, ce dernier n’attendit pas qu’elle soit totalement immobile pour descendre et se précipiter à l’intérieur du bâtiment. Le cœur d’Herman battait anormalement vite tandis qu’il se dirigeait vers l’accueil.
- Invictus…est-ce que vous…
- S’il vous plait, monsieur ! Calmez-vous ! Dites-moi en quoi je peux vous être utile ? rétorqua l’une des personnes assises à l’accueil.
- Pouvez-vous…me dire où est Marion…Marion Ségolène Invictus ? poursuivit-il en même temps qu’elle, essoufflé.
Bien qu’elle effectuât uniquement son travail, Herman détestait déjà la personne qui se trouvait en face de lui. Comment osait-elle lui demander de se calmer alors que sa fille se trouvait dans il ne savait quel état ? Si elle avait été un de ses employés, il l’aurait sans aucun doute virée sur le champ.
- Vous pensez vraiment que j’ai le temps de me calmer ! Dites-moi immédiatement où se trouve ma fille ! hurla soudainement monsieur Invictus.
- Monsieur, je vous demanderais de vous calmer s’il vous plait. Dans le cas contraire, je me verrai obliger d’appeler la sécurité, rétorqua de nouveau la jeune femme.
L’homme d’affaires commençait vraiment à en avoir plus qu’assez de cette personne.
- Vous n’avez qu’à faire ça ! On verra comment vous allez finir le reste de votre semaine, dit-il en prenant son téléphone portable.
Devant une personne aussi hystérique que Herman Invictus, l’employé de l’hôpital n’eut d’autre choix que de faire appel aux agents de la sécurité. Cependant, ce n’était pas dans le but de l’expulser du bâtiment, mais plutôt de l’aider à se calmer. À son comportement, elle avait parfaitement compris qu’il cherchait quelqu’un qui lui était cher. C’était donc pour cela qu’elle demanda à sa collègue de vérifier la présence de cette fameuse Marion Ségolène Invictus dans leur registre.
De son côté, au moment où il s’apprêtait à passer son coup de fil, Herman entendit une personne prononcer son prénom derrière lui. Il reconnut immédiatement la voix de cette dernière ; il s’agissait d’Henrietta Invictus, son épouse. Celle-ci avait également été informée pour l’accident de sa fille et s’était aussi rendu le plus vite possible à l’hôpital.
- Herman, chéri ! Qu’est-ce qui se passe ? questionna madame Invictus.
- Ces incompétents refusent de me dire où se trouve notre fille ! Vous allez voir, d’ici demain matin, vous serez tous au chômage ! hurla de nouveau l’homme d’affaires.
- Non, monsieur ! Je vous ai demandé de vous calmer. Vous êtes dans un hôpital, vous ne pouvez pas faire autant de bruit. Vous dérangez les patients, rétorqua de nouveau l’employée.
Henrietta commençait à avoir une petite idée de ce qui s’était produit avant son arrivée. Connaissant le caractère de son mari, elle assuma que ce dernier était en réalité la cause du problème, qu’il avait refusé de se calmer comme on lui avait dit, et avait même envenimé la situation. Alors que les agents de la sécurité faisaient désormais leur apparition, madame Invictus décida d’intervenir. Dans ce genre de situation, contrairement à son mari, elle avait de meilleures aptitudes en termes de diplomatie.
- Chéri, je pense que tu devrais faire ce que la demoiselle dit et te calmer, dit-elle.
- Me calmer ! Tu veux que je me calme alors que je ne sais pas dans quel état se trouve ma fille ! Tu es sérieuse, Henrietta ? répondit-il en raccrochant inopinément son appel.
Au moment où il se rendit compte de son geste, l’homme d’affaires blâma son épouse. Il composa à nouveau le numéro de téléphone et lança l’appel. Il était vraiment déterminé à faire renvoyer la jeune femme de l’accueil.
- Herman ! s’exclama Henrietta à de nombreuses reprises avant de finalement hurler comme lui.
- Quoi ?!! répondit-il.
- Elle va bien !
- Quoi ?!
- Marion m’a appelée il y a une dizaine de minutes. Elle va bien.
Soulagé par ce que venait de lui annoncer sa femme, l’homme d’affaires raccrocha une fois encore. Il lui demanda ensuite si Marion lui avait expliqué ce qui s’était passé. Pendant ce temps, voyant que la situation s’était calmée et aussi parce que les gardes du corps du couple étaient présents dans la pièce, les agents de la sécurité de l’hôpital se retirèrent.
- Non. Elle a dit qu’elle nous le dira une fois qu’on la verra, répondit Henrietta.
- Je vois.
L’épouse de l’homme d’affaires s’avança vers la jeune femme de l’accueil et s’excusa pour le comportement déplorable de son mari, ce que ce dernier n’apprécia guère. Elle lui demanda ensuite dans quelle pièce se trouvait leur fille, question à laquelle l’employée de l’hôpital répondit, précisant au passage qu’elle comprenait parfaitement la réaction de son mari. Henrietta la remercia pour son geste et son travail, et invita son époux à la suivre. Le couple Invictus ainsi que leurs gardes du corps partirent ensuite vers l’endroit où était leur précieux enfant.
—–*—–
Dans une petite salle de l’hôpital, Marion Ségolène Invictus, une jeune adolescente aux yeux violet clair et aux cheveux bruns se trouvait en compagnie d’un infirmier et d’un autre homme vêtu d’un costume noir. Elle, qui ressemblait énormément à sa mère, recevait des soins quand la porte de sa chambre s’ouvrit brusquement. Ses parents entrèrent dans la pièce et virent l’état dans lequel leur fille se trouvait. En effet, cette dernière avait plusieurs lésions dont une assez profonde située à quelques millimètres au-dessus de son œil.
- Marion ! s’exclama Henrietta en se précipitant vers sa fille.
- Maman ! rétorqua la jeune fille.
- Docteur, comment va-t-elle ? questionna l’épouse de l’homme d’affaires, visiblement inquiète.
- Oh, je ne suis pas docteur. Je ne suis qu’un infirmier. Le docteur ne devrait plus tard avec les résultats de ses examens, répondit le jeune homme.
Madame Invictus avait les larmes aux yeux. C’était la toute première fois qu’elle voyait son enfant dans un tel état. Elle voulut alors la prendre dans ses bras, mais ne put le faire, l’infirmier lui faisant toujours des points de suture à ce moment.
De son côté, l’homme d’affaires resta immobile devant la porte. Lorsqu’il aperçût son enfant, sa fille, sa princesse avec toutes ces contusions, son cœur se resserra en même temps que son poing. En tant que parent, son devoir était de protéger sa progéniture, de tout faire afin que rien de mal ne leur arrive. C’était pour cela que Herman avait engagé autant de personnes pour veiller au bien-être de ses enfants quand il n’était pas présent. Cependant, face à toutes les blessures que présentait Marion, l’homme d’affaires se sentit coupable, coupable d’avoir échoué à son devoir de père.
À ce moment précis, l’homme d’affaires n’avait qu’une seule idée en tête et c’était de connaitre l’identité de la personne qui avait osé commettre un tel acte. Toutefois, il avait d’abord un petit détail à régler. Pour ce faire, il se dirigea vers l’homme en costume noir se trouvant à leurs côtés et lui posa une simple question.
- Où est Cole Stewart ? dit-il.
La personne dont l’homme d’affaires venait de faire mention était un jeune homme de 28 ans qu’il avait engagé afin qu’il soit le chauffeur personnel de son enfant.
- Il se trouve dans une autre pièce, monsieur, répondit l’homme qui travaillait visiblement pour Herman.
En entendant le nom de son chauffeur, Marion s’interposa en disant à son père que ce n’était absolument pas la faute de Cole si l’accident s’était produit. Connaissant son comportement, la jeune fille savait qu’il serait capable de le virer. Ce fut donc pour cela qu’elle le supplia de ne pas le faire.
- Tu n’as pas à t’inquiéter, ma chérie. Je ne vais pas le faire, rétorqua Herman en arborant un regard sincère.
Malgré l’apparence de son père, Marion ne put s’empêcher d’être inquiète pour Cole, d’autant plus que même si cela faisait des années qu’il travaillait pour lui et qu’il venait de lui promettre qu’il ne le virerait pas, il y avait toujours une possibilité qu’il le fasse tout de même.
Guidé par son employé, l’homme en costume noir, Herman Invictus sortit de la pièce et se dirigea vers une autre salle dans laquelle son autre employé était traité. Lorsque le mari d’Henrietta vit l’état dans lequel se trouvait Cole ; un état meilleur que celui de sa fille avec juste quelques blessures mineures ; il eut beaucoup de mal à cacher son mécontentement. Pourquoi fallait-il que son propre sang finisse aussi misérablement tandis que son chauffeur s’en sortait juste avec quelques bleus ?
- Monsieur Invictus ! s’exclama Cole en voyant son patron.
Tandis qu’il observait son employé avec dédain, l’homme d’affaires avait envie de le renvoyer. Cependant, parce qu’il avait fait une promesse à sa petite princesse, il se voyait dans l’incapacité de le faire.
- Dis-moi exactement ce qui s’est passé ? questionna Herman sur un ton très menaçant.
Devant le regard très intimidant de son patron, Cole finit par dévoiler ce qui s’était produit. Il dit alors à monsieur Invictus que sa fille et lui rentraient d’une séance de shopping que cette dernière avait improvisée quand leur voiture fut percutée à un feu rouge par un autre véhicule qui roulait à grande vitesse. Il précisa également que vu la rapidité à laquelle la police était arrivée sur les lieux de l’incident, il assuma que le conducteur de l’autre véhicule avait dû être poursuivi pour les forces de l’ordre.
- Cette personne, saurais-tu la reconnaitre si tu la revoyais ? demanda de nouveau l’homme d’affaires.
- Ou…oui, monsieur, répondit le jeune homme, intimidé.
Monsieur Invictus murmura à l’oreille de l’homme en costume noir et lui demanda d’aller se renseigner auprès de l’accueil s’il y avait eu des personnes admises à l’hôpital à cause d’un accident de circulation. Il lui précisa également de faire comme s’il s’agissait d’un membre de sa propre famille.
- Bien reçu, monsieur, rétorqua-t-il avant de sortir de la pièce.
Malgré la présence du docteur qui le traitait, Cole ne pouvait s’empêcher d’être mal à l’aise. Se retrouver seul avec son patron n’avait absolument rien de plaisir, surtout dans des conditions pareilles. Il pouvait clairement imaginer dans quel état un homme de son statut pouvait se trouver. De son côté, Herman continuait de fixer Cole avec beaucoup de mépris et de colère dans son regard. Cependant, il se retint d’exploser de colère. L’homme d’affaires finit donc par se retourner et se diriger vers la porte de sortie.
- Monsieur Invictus ! s’exclama soudainement le jeune homme.
Herman s’arrêta et se retourna de nouveau vers le chauffeur personnel de sa fille. En voyant le regard de l’homme, Stewart hésita un moment avant de finalement dire ce qu’il avait sur le cœur.
- Monsieur Invictus, je…je suis sincèrement navré pour ce qui est arrivé à votre fille. Si j’en avais la possibilité, j’aurais fait tout mon possible pour que cela ne se produise pas, déclara-t-il.
Bien que sincères, les excuses du jeune homme ne calmèrent pas la colère d’Herman Invictus. Bien au contraire, cela eut l’effet opposé.
- Tu sais, si ma fille n’était pas intervenue, je t’aurais viré sur le champ. Ce n’est pas à moi à qui tu dois présenter des excuses, mais à sa mère et à elle, rétorqua l’homme d’affaires avant de sortir.
Se retrouvant désormais seul, Cole se dit qu’il avait évité de croiser cet homme durant un bon bout de temps.
—–*—–
Lorsque monsieur Invictus revint dans la salle de sa fille, l’infirmier venait tout juste de finir avec les points de suture. Toujours aussi peiné de la voir ainsi, ce fut avec une certaine hésitation qu’il s’approcha d’elle. Celle-ci lui demanda alors s’il avait viré Cole, ce à quoi il répondit non. La jeune fille était soulagée, se disant que cela aurait été injuste que son père renvoie quelqu’un qui n’était en aucun cas responsable de cet accident.
- Alors comment tu te sens ? demanda Herman.
- J’ai mal à la tête, répondit Ségolène.
- Est-ce que le docteur qui t’a auscultée t’a prescrit quelque chose pour lutter contre ?
- Des antidouleurs. Rien d’autre.
- Je vois. En rentrant, nous t’offrirons tout ce dont tu as besoin pour aller mieux. Je vais aussi appeler le directeur de ton établissement demain matin et lui dire que tu ne pourras être présente durant quelques jours.
La voix d’Herman n’arborait à cet instant aucune trace de dédain ou de colère comme cela avait été le cas avec Cole. Il parlait comme un père qui se faisait sincèrement du souci pour son enfant. Il s’agissait là d’une facette de sa personnalité que très peu de personnes avaient eu l’occasion de voir. C’était dans ces rares moments de tendresse que Henrietta retrouvait l’homme dont elle était tombée amoureuse plusieurs dizaines d’années auparavant. De son côté, Marion était plutôt contente. Elle allait sécher les cours pendant quelques jours.
Tandis que madame Invictus observait le père prendre sa fille dans ses bras, le docteur arriva finalement avec les résultats des tests de Marion.
- Je vois que toute la famille est réunie, déclara-t-il en rentrant.
- Docteur, comment va notre enfant ? questionna Henrietta juste après, inquiète vis-à-vis des nouvelles qu’il apportait.
- L’accident qu’a subi votre fille n’a heureusement causé aucune lésion interne, ce qui était miraculeux vu l’état dans lequel se trouve l’autre conducteur.
- Et pour ses maux de tête ? demanda cette fois-ci Herman.
- Une simple commotion cérébrale. Les antidouleurs et antiinflammatoires que je lui ai prescrits devraient faire l’affaire, mais le plus important est le repos. Il faut absolument qu’elle se repose et évite le plus possible les activités demandant trop d’efforts. Et si les maux de tête persistent au bout d’une semaine ou que des symptômes tels que la perte de conscience, des troubles de l’élocution, la confusion… se manifestent, ramenez-la immédiatement.
Pendant que madame Invictus validait les conseils du docteur, son mari se disait qu’il était hors de question que sa fille remette les pieds dans cet hôpital. S’il fallait qu’elle consulte un autre médecin, alors ce serait celui qui s’était toujours occupé d’elle. Henrietta et le docteur finirent de discuter et ce dernier donna son accord pour que Marion quitte l’établissement. Le couple Invictus attrapa donc les affaires de leur enfant et quitta la chambre.
Sur le trajet les menant vers la sortie de l’hôpital, l’homme que Herman avait envoyé revint aux côtés de son patron et lui murmura quelques mots au creux de l’oreille.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Henrietta, curieuse.
- Une petite affaire dont je dois m’occuper en urgence. Je reviens tout de suite, répondit-il.
L’homme d’affaires partit en compagnie de son employé vers la chambre de la personne qui était responsable de toute cette situation. Devant cette dernière se trouvaient deux policiers qui montaient la garde. Herman s’adressa à eux durant quelques minutes avant que ceux-ci ne le laissent finalement entrer dans la pièce.
La personne qui se trouvait au volant de la voiture qui avait percuté celle de sa fille était couchée dans un lit. Il était complètement recouvert de bandages dont certains étaient sanguinolents. Herman s’approcha de l’individu qui était toujours conscient et s’adressa à lui.
- Daniel Prine ! Aujourd’hui, vos stupides actions vous ont poussé à prendre votre véhicule et à le conduire à toute vitesse dans les rues de la ville. C’est ainsi que durant cette fin d’après-midi, dans une course poursuite effrénée avec les forces de l’ordre, vous avez heurté un autre véhicule dans lequel se trouvait mon propre sang, ma fille, Marion Ségolène Invictus, lui causant ainsi de nombreuses contusions et une commotion cérébrale…
À ce moment, le rythme cardiaque de Daniel s’accéléra dangereusement. Il se rappela alors avoir effectivement percuté une voiture de luxe tandis qu’il tentait d’échapper à la police. De plus, en écoutant le ton calme, mais menaçant de sa voix, il savait que la personne à côté de lui n’était pas un enfant de chœur.
- Vous savez, en tant que père, je me suis fait la promesse de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour protéger mes enfants. Je pense donc que vous n’aurez aucune objection à ce qui va suivre, n’est-ce pas ?
Daniel se mit à avoir toute sorte de scénario dans sa tête. Il imagina notamment que Herman était une sorte de parrain de la mafia ou un truc du genre. En plus, le fait qu’ils étaient uniquement tous les deux dans un lieu aussi clos n’arrangeait rien. Tout à coup, monsieur Invictus se leva et marcha en direction de la porte de sortie. Cependant, avant de la franchir, il dit à Daniel Prine de bien profiter de ses derniers moments de tranquillité, car sa vie allait bientôt se transformer en véritable enfer. Son message étant passé, l’homme d’affaires quitta les lieux et alla retrouver sa femme et son enfant, et la famille Invictus rentra ensuite chez elle.
A suivre !!!