Michael arriva finalement devant son domicile. Avant de franchir la porte de celui-ci, le jeune homme réfléchit sur un moyen d’aborder calmement le sujet de son patron avec sa fiancée. La connaissant, il savait pertinemment que la conversation qu’il était sur le point d’avoir avec elle n’allait pas être facile à tenir. Il finit par en avoir assez de réfléchir et prit une profonde inspiration avant de franchir le pas de la porte.
- Natacha, je suis rentré ! s’exclama-t-il en fermant derrière lui.
- Je suis dans la cuisine, dit la jeune femme.
Orzak se dirigea dans la pièce dans laquelle se trouvait sa fiancée et la vit préparer la table pour leur diner.
- Tu arrives juste à temps. Je viens à peine de terminer, rétorqua mademoiselle Barnes.
Tandis qu’elle passait devant lui en tenant les lasagnes dans ses mains, le jeune homme ne put s’empêcher de constater son expression faciale à ce moment. Comme à son habitude, elle avait l’air si sereine qu’il avait du mal à croire qu’elle avait été piteuse état quelques heures auparavant. Cela lui montra à quel point sa fiancée était douée pour cacher la vérité sur son état psychologique.
Lorsque mademoiselle Barnes revint dans la cuisine afin de prendre d’autres ustensiles, elle lui demanda comment sa journée avait été.
- Ennuyeuse, frustrante, et pleine de surprises. J’ai passé la majeure partie de la journée dans un coin à observer les autres, répondit-il.
- Comment ça ? Tu n’as pris personne en photo aujourd’hui ? questionna Natacha, étonnée.
- Le contrat dont je t’ai parlé hier contenait une clause à laquelle je ne m’attendais pas. Je n’ai donc plus le droit de photographier quiconque d’autre au studio hormis mademoiselle Degrâce.
La jeune femme arrêta soudainement ce qu’elle faisait, se tourna vers Michael avec un air quelque peu suspicieux, et lui dit que cette mademoiselle Degrâce avait un sacré culot. Natacha lui demanda ensuite ce que Jessica pensait de cela.
- Jessica était plutôt OK, du moment que je l’étais également.
- Je vois. Du moment que ça te convient, ça me convient également, dit Natacha avant de reprendre ce qu’elle faisait.
La manière dont sa fiancée venait de s’exprimer fit immédiatement comprendre à Michael que cette dernière n’appréciait pas la situation dans laquelle il se trouvait. Néanmoins, parce qu’ils avaient déjà eu une conversation à ce sujet la nuit dernière, elle préféra ne plus en parler.
Tandis qu’elle finissait de préparer la table pour leur repas, Orzak lui demanda également comment sa journée de travail avait été. La jeune femme lui répondit alors que tout s’était bien déroulé, que son patron et elle étaient partis rencontrer de jeunes gens dans le but d’investir ou pas dans leur projet d’entreprise.
- Tu es sûre que c’est tout ? questionna Michael dont l’expression faciale avait changé entre temps.
- Oui, pourquoi ?
- Non, je demandais juste.
Michael voulut la confronter concernant son état en fin d’après-midi. Cependant, le jeune homme se retint, se demandant pourquoi elle lui cachait la vérité.
- Bon, je vais me doucher. Je reviens tout de suite, dit-il.
- Tu ferais mieux de te dépêcher. La nourriture risque de refroidir, rétorqua une mademoiselle Barnes qui venait de terminer ses préparatifs.
Le jeune homme lui sourit avant de prendre la direction de leur chambre à coucher. Lorsqu’il arriva dans la pièce, la première chose que Michael remarqua fut le nouvel ensemble de draps qui avait été placé sur leur lit.
Michael était frustré. Il se demandait toujours pourquoi Natacha refusait de lui dire la vérité sur ce qu’elle traversait en ce moment. Ne s’étaient-ils pas promis de se soutenir et de toujours se dire la vérité ? Pourquoi agissait-elle désormais différemment ?
Alors qu’il venait juste de déposer ses affaires et se dirigeait sous la douche, le jeune homme aperçut dans leur panier de linge sale une partie de l’ensemble que Natacha avait porté durant la journée. À ce moment, l’image de sa bien-aimée en train de pleurer lui revint en mémoire. La frustration du jeune homme se transforma alors en colère, une colère dirigée vers l’homme qui était responsable de l’état dans lequel elle se trouvait. Aux yeux de Michael Orzak, Herman Invictus était devenu un être ignoble qui ne méritait pas d’exister. Après plusieurs dizaines de secondes, le jeune homme partit finalement prendre une douche.
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Mademoiselle Harlock arriva devant chez elle, un complexe immobilier regroupant plusieurs bâtiments d’une quinzaine d’étages situés dans un des quartiers résidentiels les plus huppés de la ville. Il s’agissait d’un lieu où seules les personnes des classes moyennes et supérieures habitaient, ce qui n’était bien évidemment pas un problème pour elle. En effet, en tant qu’une des secrétaires personnelles de monsieur Invictus, la jeune femme avait un salaire annuel assez conséquent, ce qui lui permettait de régler facilement les plus de 3000 dollars de loyer qu’elle devait régler chaque mois.
La jeune femme gara son véhicule dans le parking réservé aux résidents du complexe, puis se dirigea à l’intérieur. Sur le trajet la conduisant à son appartement, Tess passa devant l’un des concierges qui lui dit bonsoir. Mademoiselle Harlock ne lui répondit pas et se contenta de sourire tout en poursuivant son chemin.
Tess Harlock arriva finalement chez elle. Son appartement, qui se trouvait au sixième étage du bâtiment, était très spacieux et bien équipé. Faisant plus de 200 mètres carrés de superficie, ce dernier affichait également d’immenses fenêtres vitrées lui donnant une vue assez impressionnante sur l’extérieur.
Alors que la jeune femme venait à peine de fermer la porte de son domicile, elle fut accueillie par son animal de compagnie ; un chat siamois blanc ayant des pattes et une queue de couleur grise. Celui-ci se frottait aux chevilles de sa propriétaire.
- Bonsoir, monsieur Scratch ! Vous avez passé une bonne journée ? dit-elle en prenant le chat dans ses bras.
Tess était visiblement contente. Il fallait dire qu’après ce qu’elle venait de vivre, la jeune femme avait toutes les raisons d’être aux anges. L’homme qu’elle désirait n’avait fait qu’un avec elle, ce qui la conforta un peu plus dans ses propres convictions. Elle se disait que ce n’était qu’une question de temps avant que monsieur Invictus ne lui appartienne entièrement. Mademoiselle Harlock déposa son animal de compagnie sur le sol et se dirigea dans la cuisine où elle lui servit ses croquettes et un peu d’eau dans ses différents bols. Tandis que l’animal se précipitait pour prendre son repas, Tess se rendit dans sa chambre à coucher où elle déposa ses affaires sur une des commodes.
La pièce dans laquelle la jeune femme dormait était à l’image du reste de son appartement à savoir spacieux, teinté de blanc, et disposant d’une énorme armoire dans laquelle elle rangeait toute sa garde-robe. Sans perdre la moindre seconde, Tess commença à retirer ses vêtements tandis qu’elle se dirigeait vers la salle de bain.
Se trouvant désormais à l’intérieur, mademoiselle Harlock se fit couler un bain. Alors que la baignoire se remplissait progressivement, la jeune femme se plaça devant son miroir où les souvenirs de la soirée ressurgirent dans sa mémoire. Tess sentit la température de son corps augmenter et une sorte d’agréable frisson traverser tout son corps. Elle se revoyait aux côtés de monsieur Invictus, penchée en avant et attendant impatiemment que celui-ci rentre en elle. La jeune femme avait envie de se toucher, elle le désirait vraiment. Cependant, elle ne le pouvait pas, sa baignoire étant désormais pleine.
Mademoiselle Harlock prenait son bain avec les souvenirs de la soirée qui tournaient en boucle dans sa tête. Sans surprise, la main de la jeune femme glissa le long de son corps et alla finir sa course au niveau de son entrejambe. Tess se mit à délicatement caresser son clitoris tout en se remémorant tout ce qui s’était produit dans le bureau de son patron et en jouant également avec ses seins. Elle se faisait donc plaisir toute seule, exécutant de délicats mouvements avec son doigt.
Au bout de dix minutes, la jeune femme finit par atteindre l’extase, ce qui la laissa sans force pendant les minutes qui suivirent. Lorsque Tess récupéra assez de force, elle sortit de sa baignoire, attrapa une serviette qu’elle enroula autour de sa taille, puis alla s’occuper du reste de son corps.
Même chez elle, mademoiselle Harlock aimait être présentable. Elle se disait que son patron ou des gens importants pouvaient débarquer à l’improviste chez elle, ce qui expliquait donc pourquoi après être sortie de la salle de bain, Tess se maquilla légèrement et appliqua du parfum. Une fois cela fait, la jeune femme alla se faire à manger.
Une vingtaine de minutes plus tard, tandis qu’elle venait de s’installer à table et se préparait à consommer son velouté de pomme et de courgettes, mademoiselle Harlock ouvrit un ouvrage qu’elle avait pris entretemps. À l’intérieur se trouvaient de nombreuses photos photoshopées sur lesquelles elle se tenait aux côtés d’Herman Invictus. Il était alors clair que ce que Tess éprouvait envers son patron était plus que de l’amour ou de l’attirance. La jeune femme parcourut donc son album photo tout en mangeant tandis que son animal de compagnie vaquait à ses différentes occupations.
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De retour chez le couple Barnes-Orzak, le jeune homme venait de prendre place à table aux côtés de sa fiancée. Un certain silence s’était installé entre les deux tandis qu’ils étaient assis l’un en face de l’autre. Natacha ne comprenait pas pourquoi la personne qu’elle aimait était aussi calme. Cela ne lui ressemblait pas. Généralement, lorsqu’il rentrait du travail, les deux parlaient de ce qu’ils avaient accompli pendant la journée. Il était vrai que mademoiselle Barnes ne pouvait pas relater tous les faits, cela étant beaucoup trop risqué pour eux, mais Mike avait l’habitude de tout lui dire.
Au bout de cinq minutes, Natacha décida donc de briser le silence qui régnait entre eux en lui demandant si quelque chose n’allait pas. Le jeune homme déposa alors la fourchette qu’il tenait et la regarda d’un air sérieux.
- Natacha, j’ai quelque chose à te dire. Mais, promets-moi de ne pas te mettre en colère, dit-il brusquement.
- Euh, OK !
Mademoiselle Barnes ne pouvait s’empêcher d’être quelque peu inquiète vis-à-vis de ce qu’il voulait lui dire. Elle se questionnait alors sur ce qu’il voulait lui dire.
- Tout à l’heure, quand nous étions au téléphone, je t’ai dit que j’étais au studio et que j’aidais Jessica…
- Oui, je m’en souviens. Où veux-tu en venir ? rétorqua-t-elle en interrompant son fiancé.
- À vrai dire, j’étais à ton lieu de travail pour rencontrer ton patron.
- Tu as quoi ?! s’exclama-t-elle.
La jeune femme se leva brusquement de son siège, ayant alors beaucoup de mal à croire ce qu’elle venait d’entendre.
- P…pourquoi tu as fait ça ? demanda-t-elle de façon hystérique.
- Parce qu’il fallait que je m’entretienne avec lui.
- P…pourquoi t’es pas venu me voir ? Pourquoi ? rétorqua-t-elle avec un soupçon de colère dans le ton de sa voix.
Natacha Barnes était visiblement inquiète. Elle se demandait visiblement comment son patron avait réagi et pensé lorsque son fiancé s’était soudainement présenté devant lui. La jeune femme espérait alors qu’il n’avait pas pensé qu’elle avait dévoilé leur secret à Mike.
- Pour que tu me dises encore que tout va bien alors que ce n’est clairement pas le cas. Natacha, je t’ai vue.
À ce moment précis, la cadence cardiaque de mademoiselle Barnes s’accéléra considérablement. Son esprit était alors envahi d’une seule et unique question : qu’avait-il vu exactement ?
- Tu…tu m’as vue où ? De quoi tu parles ? demanda nerveusement la jeune femme.
- Natacha, cesses un peu de jouer les ignorantes, veux-tu ? Tout à l’heure, quand je suis rentré, je t’ai vue, allongée sur le lit, et complètement trempée. Aussi, tu penses aussi que je n’aurais pas remarqué ta tenue mouillée dans le panier à linge sale ni que tu as changé les draps.
La jeune femme était quelque peu soulagée, son fiancé n’ayant pas la moindre idée de ce qui se passait vraiment. Néanmoins, la peur que monsieur Invictus interprète mal les choses était toujours présente. Elle devrait donc régler ce quiproquo le lendemain matin lorsqu’elle le verrait.
- Pourquoi tu n’es pas venu m’en parler directement ?! Pourquoi il a fallu que tu ailles voir mon patron ?!
- Pour que tu me dises à nouveau que tout va bien ! Natacha, je ne suis pas idiot. Tu as changé les draps de notre lit. Tu as fait ça parce que tu voulais une fois de plus me cacher la vérité sur ton état. Tu essaies toujours soit de minimiser la gravité de la situation, soit de la cacher. Comment veux-tu que je vienne t’en parler si tu agis de la sorte avec moi, ton fiancé, celui que tu vas épouser dans quelques mois ?! Vu ton comportement actuel, je préfère aller directement à la source du problème…, dit Michael en frappant ses mains sur la table et en se levant de son siège.
- Mais…
- Il n’y a pas de mais que tienne ! Tu veux savoir quoi ? J’ai essayé de discuter calmement avec ton patron. Avec tous les éloges que tu faisais sur lui et malgré ce qu’il te fait subir en ce moment, j’avais toujours un peu d’estime pour lui. Cependant, l’homme que tu admires tant n’a pas dénié m’accorder un peu de son temps. Pire, il m’a carrément menacé en face de tous ses employés.
Natacha se rendait compte à quel point la situation dans laquelle elle se trouvait était problématique. Si monsieur Invictus en était arrivé à menacer Michael, cela signifiait qu’il l’avait suffisamment irrité pour que cela se passe ainsi. La jeune femme craignait désormais que de simples excuses ne soient pas suffisantes le lendemain. Il se verrait sans doute dans l’obligation de faire une chose très déplaisante.
- Pourquoi a-t-il fallu que tu ailles le voir ? pensa-t-elle à ce moment.
Mademoiselle Barnes en voulait beaucoup à Orzak, mais s’en voulait encore plus. À cause de toutes les émotions qu’elle ressentait à ce moment, la jeune femme finit par craquer. Elle se mit donc à hurler et à lui dire que tout était sa faute.
- Ma faute ?! Natacha, tu te fous de moi, n’est-ce pas ? répondit Michael, furieux.
- Si seulement tu n’étais pas parti le voir, je ne serais pas dans cette situation !
Sans dire un mot de plus, mademoiselle Barnes quitta la salle à manger. Michael l’appela à de nombreuses reprises, estimant qu’ils n’avaient pas fini de parler, mais elle fit la sourde d’oreille. Natacha attrapa ensuite ses clés de voiture et quitta leur domicile, laissant ainsi son fiancé en plan.
A suivre !!!