Herman, Henrietta, et leur fille retournaient à leur domicile. Bien que chacun s’était rendu à l’hôpital avec son propre véhicule, ils avaient décidé de rentrer chez eux en famille. C’était donc Gordon qui avait été chargé de conduire ces illustres individus à leur propriété. Se trouvant à l’arrière de la Rolls-Royce, Marion-Ségolène était assise entre ses deux parents et avait la tête posée sur les cuisses de son père. À cause de tout ce qui s’était déroulé au cours de la journée, la fille du couple Invictus avait fini par s’endormir.
L’homme d’affaires desserra doucement sa cravate tout en passant délicatement sa main dans les cheveux de sa princesse. En la voyant dormir aussi paisiblement, l’homme d’affaires avait du mal à croire qu’il aurait pu la perdre dans un stupide accident de voiture. Il aurait bien voulu que cela ait été une sorte de mauvaise blague, mais les marques présentes sur le magnifique visage de sa fille lui prouvaient le contraire.
De son côté, Henrietta éprouvait la même chose que son mari. Alors qu’elle fermait temporairement ses yeux, la femme de monsieur Invictus se remémora le moment où elle avait reçu le coup de fil lui annonçant que son enfant avait été admise à l’hôpital. À cet instant, Henrietta s’était tellement inquiétée pour sa fille que son cœur s’était mis à battre très vite. Elle avait alors eu l’impression que ce dernier serait sorti de sa poitrine. Il n’y avait rien de pire qu’apprendre son précieux enfant avait été impliquée dans un accident de la circulation et avait immédiatement conduite à l’hôpital. Heureusement pour le couple Invictus, il y avait eu plus de peur que de mal.
Alors que le silence régnait en maitre absolu dans l’habitacle de la Rolls-Royce, mademoiselle Invictus demanda soudainement à son époux s’il avait découvert le responsable de cet incident. Elle avait remarqué son étrange comportement avant qu’ils ne partent du centre hospitalier et avait donc déduit que Herman avait usé de ses relations afin de mettre la main sur le coupable.
- Daniel Prine. Il est le conducteur de la voiture qui a heurté celle de notre fille, murmura-t-il.
La voix de l’homme d’affaires resonnait avec une certaine froideur alors qu’il répondait à la question de sa femme. Elle comprit alors immédiatement que ce dernier n’avait pas l’intention de laisser cet homme s’en tirer.
- Peu importe ce que tu as en tête, cet homme doit payer pour ce qu’il a fait, rétorqua Henrietta.
Herman se contenta d’échanger un regard avec son épouse en guise de réponse. Il était évident qu’il comptait lui faire payer pour ce qu’il avait fait. Il lui fallait cependant se renseigner sur la personne. L’homme d’affaires sortit donc son téléphone de la poche intérieure de sa veste et envoya un message à Délaïla, celui-ci contenant le nom et le prénom de l’individu responsable de l’accident.
Au bout d’une trentaine de minutes, la famille Invictus arriva dans leur somptueuse demeure. Herman réveilla délicatement sa fille, lui disant qu’ils étaient arrivés à la maison. Après un léger gémissement et quelques étirements, Marion Ségolène finit par se réveiller. Son père l’aida ensuite à descendre du véhicule.
Tandis que Henrietta accompagnait leur enfant à l’intérieur, Herman resta quelque temps aux côtés de son chauffeur personnel. Il le remercia notamment pour tout ce qu’il avait fait aujourd’hui et lui dit également de venir un peu plus tard demain matin, qu’il se rendrait au travail aux alentours de 11 heures.
- Passe une excellente soirée, Gordon.
- Vous aussi, monsieur, répondit-il en lui remettant la clé de la Rolls-Royce.
Monsieur Invictus observa son chauffeur personnel durant quelques secondes avant de prendre à son tour la direction de sa demeure. Comme avec sa fille et son épouse, l’homme d’affaires fut accueilli par leur gouvernante, madame Bourgeon.
- Bienvenue chez vous, monsieur, dit-elle.
- Bonsoir, Clémentine.
- Mademoiselle Marion semble…
- Ne m’en parle pas s’il te plait. Cette soirée a déjà été assez difficile comme ça. Tout ce que je veux, c’est me reposer et que tu t’occupes de Ségolène. Elle a besoin de repos. Préviens tout le monde, tant qu’elle ne s’est pas rétablie, elle ne sort pas de cette demeure, compris ? rétorqua Herman en interrompant brusquement sa gouvernante.
- Il sera fait comme vous le souhaitez, monsieur.
- Merci beaucoup.
L’homme d’affaires se dirigea vers le séjour où il prit place dans un des luxueux fauteuils. Il mit ensuite ses mains sur son visage, s’adossant par la même occasion. Herman était visiblement épuisé. Comme il l’avait si bien dit, la soirée avait été très stressante. Quelques minutes plus tard, Henrietta vint s’assoir aux côtés de son mari. Celui-ci lui demanda alors comment leur enfant se portait.
- Elle est directement partie dormir. Elle a dit qu’elle se sentait fatiguée, répondit madame Invictus.
- Je vois. C’est mieux ainsi, elle a besoin de repos.
Herman prit une profonde inspiration avant de s’adosser à nouveau dans son fauteuil. Il dit ensuite à sa femme qu’il contacterait Higgins le lendemain matin à la première heure. Il ajouta également qu’il partirait au travail vers midi.
- Je ne veux plus que ce qui s’est passé aujourd’hui se reproduise. Je ne supporterais pas qu’un de mes bébés soit à nouveau blessé, rétorqua Henrietta après avoir posé sa tête sur l’épaule de son époux.
- Je ferai tout mon possible pour que cela n’arrive plus.
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De retour chez le couple Barnes-Orzak, le jeune homme avait été si frustré par le comportement de sa fiancée qu’il avait décidé d’aller passer le reste de la soirée dans un bar. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais il commençait à en avoir assez.
Michael était donc assis devant le comptoir du bar, observant le contenu de la bouteille de bière qu’on venait de lui servir. L’endroit était rempli de personnes plus ou moins joyeuses qui profitaient du moment. De ce fait, l’ambiance était également au rendez-vous. Voyant que le fiancé de mademoiselle Barnes avait fait plusieurs minutes sans toucher à sa boisson, l’individu assis à côté d’Orzak ; qui était également beaucoup plus âgé que lui en apparence ; lui adressa la parole.
- Un homme qui passe autant de temps devant sa bouteille de bière sans la toucher ne signifie que deux choses. Soit il a des problèmes avec une femme, soit il a des problèmes dans sa vie professionnelle. Alors, lequel des deux vous sied le mieux ?
- C’est si évident que ça ? répondit Orzak.
- C’est comme je vous l’ai dit. Alors, quel problème avez-vous en ce moment ? Si bien évidemment vous voulez en parler.
Michael attrapa finalement sa bouteille de bière et vida entièrement son contenu. Il dit ensuite à son interlocuteur qu’il avait des problèmes avec une femme, avec sa fiancée pour être plus précis. Le jeune homme ajouta qu’il avait beaucoup de mal à comprendre son comportement, qu’il avait essayé de l’aider, mais que les conséquences de ses actes n’avaient pas été ce à quoi il s’était attendu.
- Les femmes sont vraiment des créatures particulières. Celui qui prétend les comprendre est soit un menteur soit quelqu’un qui vit dans l’illusion de pouvoir les comprendre.
- Vous avez sans doute raison. Le pire dans cette histoire est qu’elle me tient responsable pour quelque chose que j’ai fait parce que je l’aime. Comment étais-je censé réagir ? Je l’ai vue pleurer à chaudes larmes, je l’ai prise dans mes bras pour la réconforter, et je suis même allé sur son lieu de travail afin de confronter l’homme qui l’avait mise dans cet état ! Tout ça pour quoi ?! Pour qu’on me mente et qu’on me crie dessus ?! Désolé, mais je ne peux pas accepter ça ! J’ai également ma fierté.
Le jeune homme commanda une seconde bière tandis que son interlocuteur lui disait qu’il faudrait peut-être que sa fiancée et lui essaient de parler de leur problème afin de trouver une solution.
- Nous l’avons fait. Nous avons discuté, mais aujourd’hui elle m’avait prouvé que notre conversation n’a strictement servi à rien. Je sais pas, j’essaie d’être le plus compréhensif possible, mais j’ai l’impression que ça ne sert à rien. Si seulement je ne l’avais pas encouragée à faire cette demande de promotion, on n’en serait surement pas là.
Michael était très frustré. En effet, le jeune homme se rendit compte qu’il était en partie responsable de la situation dans laquelle son couple se trouvait. Néanmoins, cela n’excusait en aucun cas le comportement que Natacha avait vis-à-vis de lui.
Le fiancé de mademoiselle Barnes reprit une gorgée d’alcool avant de dire à son interlocuteur à quel point il regrettait sa précédente situation.
- Vous savez, tout était vraiment plus simple il y a une semaine. Natacha et moi n’avions pas tous ces problèmes de merde.
- Ce sont malheureusement les aléas de la vie. Votre fiancée et vous êtes jeunes, vous avez toute la vie devant de vous et si vous n’arrivez pas à résoudre les problèmes que vous avez en ce moment, votre vie en tant que jeunes mariés risque d’être extrêmement difficile.
- Je…je suppose que vous avez raison, répondit Michael avec hésitation.
Ce que son interlocuteur venait de lui dire était tout à fait vrai. Natacha et lui avaient décidé de se mettre ensemble et allaient dans quelques mois sceller leur relation par les liens sacrés du mariage. Les difficultés qu’ils traversaient donc en ce moment n’allaient certainement pas être les dernières. De ce fait, les deux devraient apprendre à mieux gérer leurs conflits.
Michael avait beau penser de la sorte, cela ne changeait rien au fait que le récent comportement de Natacha l’exaspérait énormément. De plus, les paroles de monsieur Invictus, qui ressurgissaient de temps en temps dans sa mémoire, ajoutaient de l’huile sur le feu. En une seule soirée, l’homme d’affaires était passé de quelqu’un d’admirable à quelqu’un d’extrêmement détestable et durant son trajet pour se rendre au bar, le jeune homme n’avait cessé de se demander comment sa bien-aimée pouvait travailler pour une personne telle que lui.
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De son côté, Natacha, qui avait conduit sans véritable destination jusqu’à présent, finit par arriver à l’endroit où elle avait failli sauter dans le vie. La jeune femme ne savait pas vraiment pourquoi elle s’était retrouvée en ce lieu. Peut-être était-ce parce qu’il s’agissait d’un des endroits où elle avait failli mettre un terme à ses jours ou peut-être était-ce parce qu’elle appréciait la vue. Quoi qu’il en soit, mademoiselle Barnes était de retour à cette place.
Assise sur le capot de sa voiture, mademoiselle Barnes observait la ville qui se dressait devant ses yeux. Avec le calme que lui conférait cet endroit, la jeune femme pouvait réfléchir sur le problème qui se présentait désormais elle. Elle se demandait notamment comment elle allait faire afin de mettre les choses au clair avec monsieur Invictus. Son fiancé était parti le voir directement et avait même provoqué une altercation avec lui. Il n’y avait donc aucune chance pour que cela se solde par un simple, « il s’agissait d’un malentendu ». Néanmoins, elle n’avait nul autre choix que de dire qu’il s’agissait effectivement d’un malentendu, espérant que son patron accepte cela comme excuse.
Mademoiselle Barnes était désespérée. Elle savait très pertinemment qu’elle serait une fois de plus contrainte de faire des choses déplaisant pour excuser l’acte commis par son fiancé. Si seulement il était resté à la maison et avait attendu qu’elle se réveille. Natacha se mit soudainement à pleurer. Elle sentait tellement seule. Elle n’avait personne à qui parler de ses problèmes et personne sur qui s’appuyer, ce qui jouait énormément sur son mental. La jeune femme aurait bien voulu contacter sa mère ou son père, mais savait pertinemment que si elle le faisait, ceux-ci allaient à leur tour prendre contact avec Michael pour lui exiger des explications, ce qui allait encore envenimer toute l’histoire. Dans une telle situation, il était donc tout à fait normal que mademoiselle Barnes commence à être sujette à la dépression, dépression qu’elle essayait de gérer tant bien que mal.
Près d’une heure plus tard, alors que les maux de tête faisaient désormais leur apparition, Natacha décida de rentrer à la maison. La jeune femme essuya donc ses larmes, remonta dans son véhicule, puis mit le cap vers son domicile.
Lorsque mademoiselle Barnes arriva chez elle une trentaine de minutes plus tard, elle fut surprise de trouver sa demeure complètement vide. Aucune trace de son fiancé. Elle voulut alors l’appeler pour lui demander où il était, mais se retint. Après la dispute qu’il avait eue quelques heures auparavant, elle préféra le laisser tranquille pour le moment. La jeune femme se dirigea ensuite dans la salle de bain où elle prit de l’aspirine pour l’aider avec ses maux de tête. Elle alla ensuite se coucher tout en espérant ne pas faire de cauchemars durant la nuit.
A suivre !!!