La promotion 40

Mademoiselle Barnes venait tout juste d’arriver sur son lieu de travail. Alors qu’elle se garait dans le parking, la jeune femme observa sa collègue de travail, Tess Harlock, qui faisait de même. Celle-ci avait l’air beaucoup plus joyeuse que d’habitude. D’ailleurs, au moment où elle l’aperçut, non seulement cette dernière lui sourit, mais elle lui fit également signe de la main. Natacha trouva son comportement quelque peu étrange, d’autant plus que ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, les deux n’échangeant généralement que de brèves salutations dans la cage d’ascenseur.

Mademoiselle Barnes préféra ne pas trop porter attention au comportement de sa collègue de travail, la jeune femme ayant de plus gros problèmes à régler à cet instant. Les deux femmes descendirent presque simultanément de leur véhicule. Natacha, qui tenait son thermos dans une de ses mains, prit quelques gorgées de son fameux breuvage avant de se diriger vers les portes de l’ascenseur.

À l’intérieur de l’élévateur, mademoiselle Harlock demanda soudainement à Natacha comment elle se portait et si elle avait passé une excellente nuit. Cela étonna encore plus la fiancée de Michael du fait que Tess ne s’intéressait jamais à sa vie. Les deux femmes travaillaient pour la même personne, partageaient le même espace de travail, mais ne discutaient pas entre elles. Si elles venaient à le faire, il s’agissait exclusivement de conversations liées à leur travail. De ce fait, Natacha trouva le soudain intérêt de Tess pour sa vie personnelle très étrange. Elle en vint même à se demander si sa collègue de travail n’était pas au courant de ce qui se passait entre leur patron et elle.

Malgré toutes ses suspicions et interrogations, Natacha Barnes répondit aux questions que Tess venait de lui poser. Elle lui dit notamment qu’elle se portait à merveille et qu’elle avait également passé une excellente nuit.

  • Et toi ? Tout se déroule à merveille chez toi ? questionna-t-elle à son tour.
  • Tu n’as pas idée. Je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie, répondit joyeusement Tess.

Natacha était vraiment curieuse. Elle se demandait notamment ce que Tess avait bien pu vivre pour se retrouver dans cet état. La jeune femme était alors très loin de se douter que, durant son absence, monsieur Invictus et elle avaient passé un moment très particulier dans le bureau de ce dernier et que mademoiselle Harlock pensait désormais que l’homme d’affaires était tombé sous son charme.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent finalement, permettant ainsi aux deux femmes de prendre la direction de leur bureau. Tess, qui tenait comme à son habitude le café de monsieur Invictus dans sa main, cogna à la porte de ce dernier. Elle n’obtint cependant pas de réponse de la part de l’homme d’affaires, ce qui l’étonna quelque peu. Elle décida alors d’ouvrir la porte de son bureau et constata que celui-ci ne s’y trouvait pas.

  • Il n’est pas dans son bureau, rétorqua-t-elle soudainement.
  • Monsieur Invictus doit surement être en chemin, dit mademoiselle Barnes tandis qu’elle prenait place.

Natacha était quelque peu soulagée que son patron ne fût pas encore là. Elle savait que si cela avait été le cas, elle aurait dû beaucoup de mal à se retrouver en sa présence, d’autant plus qu’elle était quelque peu craintive concernant la manière dont leur conversation allait se dérouler. Dans le meilleur des cas, elle aurait à commettre les mêmes actes que les fois précédentes, et dans le pire… Mademoiselle Barnes ne voulait pas penser à ce qui pourrait lui arriver dans le pire des cas. La jeune femme ne pouvait alors pas s’empêcher d’en vouloir à son fiancé pour la situation dans laquelle il l’avait mise.

De son côté, mademoiselle Harlock se demandait pourquoi l’amour de sa vie n’était pas encore au bureau. Ce n’était pas dans ses habitudes d’arriver après elle, d’autant plus qu’il n’avait donné aucune consigne sur ce fait la veille. Était-ce dû au soudain coup de téléphone qu’il avait reçu durant leur rapport sexuel ? Tess ne pouvait pas s’empêcher de penser que cet appel avait un lien avec le retard d’Herman, d’autant plus qu’il avait vraiment l’air très inquiet après avoir raccroché.

Tess avait envie d’appeler Herman et de lui demander si tout allait bien. Cependant, elle se retint de le faire, trouvant cela quelque peu inapproprié. Elle était en effet que sa secrétaire, de ce fait, il s’agissait d’une action qu’elle ne pouvait pas entreprendre de façon aussi directe. La seule chose qui lui restait donc à faire était d’attendre qu’il arrive.

—–*—–

Une trentaine de minutes après son départ, Michael arriva au studio. À cause de la grosse quantité d’alcool qu’il avait consommée la veille, le jeune homme était non seulement très sensible à son environnement, mais avait également une forte migraine. Malheureusement, le café qu’il avait pris n’avait été en aucun cas utile. Il se fit alors la promesse de ne plus boire autant, d’autant plus qu’il détestait vraiment l’état dans lequel il se trouvait présentement.

Alors qu’il sortait de l’ascenseur qui l’avait conduit au quatrième étage du bâtiment, Michael tomba nez à nez avec Jessica.

  • Tu es en retard, lui dit-elle brusquement.
  • Désolé. J’ai eu quelques petits problèmes à la maison, répondit Orzak.
  • Peu importe. Dépêche-toi d’aller sur le plateau. Y a mademoiselle Degrâce qui t’attend depuis plusieurs minutes déjà.

Jessica avait visiblement été frustrée par le retard de Michael. Elle attrapa alors son bras, le sortit de l’ascenseur, et le traina jusqu’à son plateau. Arrivé sur place, Orzak aperçut mademoiselle Degrâce aux côtés de son garde du corps personnel, monsieur Crougz, qui était une fois de plus vêtu de noir.

La jeune femme était toujours aussi belle et bien habillée. Elle était vêtue d’une chemise en soie blanche à laquelle elle associa un pantalon Jean bleu et une paire de talons noirs. Le style simpliste de mademoiselle Degrâce ne laissa pas le fiancé de Natacha indifférent. À vrai dire, dès l’instant où il posa ses yeux sur elle, le jeune homme voulut immortaliser son image. Il n’y avait aucun mot capable de définir ce que Michael éprouvait à ce moment si ce n’était « émerveillement ».

  • Voici la personne que nous attendions tous, rétorqua Jessica lorsque les deux arrivèrent devant mademoiselle Degrâce.
  • Pour votre toute première journée de travail, vous commencez plutôt bien, dit Elène en affichant un certain sourire.

Michael ne savait pas si le sourire de la jeune femme était une bonne ou une mauvaise chose pour lui. Il s’excusa alors pour son retard, lui disant qu’il avait eu quelques soucis chez lui et que cela ne se reproduirait plus jamais.

  • Du moment que cela n’arrive plus, vous n’aurez pas à vous inquiéter.

Le sourire que la jeune femme affichait perturbait quelque peu le fiancé de mademoiselle Barnes. Il y avait quelque chose d’effrayant à l’intérieur. Michael croisa ensuite le regard de monsieur Crougz. Il était alors clair que l’homme n’avait vraiment pas apprécié le fait qu’il ait été en retard pour sa toute première journée de travail. Cependant, son rôle étant la protection et non l’émission de critique, l’homme garda le silence.

Maintenant que des excuses avaient été présentées, Orzak invita mademoiselle Degrâce à prendre place sur le podium.

  • Vous ne voulez pas que je change d’abord de tenue ? demanda-t-elle.
  • Pas pour l’instant. Celle que vous portez actuellement ira parfaitement pour le moment.

La jeune femme prit position tandis que Michael sortait son matériel de son sac à dos. Quelques dizaines de secondes plus tard, la séance photo put enfin débuter. Les clichés s’enchainèrent les uns à la suite des autres en même temps que les différentes poses d’Elène. Il était alors facile de deviner qu’elle avait plusieurs années d’expérience au compteur.

Un ventilateur fut allumé, ce qui permit d’obtenir de nouveaux clichés de mademoiselle Degrâce avec l’illusion que ses cheveux étaient au vent. Michael lui demanda ensuite de déboutonner légèrement sa chemise afin de dévoiler une de ses épaules. Elène s’excusa sans broncher, ce qui permit au jeune homme de capturer plus d’images d’elle.

Après plusieurs minutes de prises de photos, le fiancé de Natacha Barnes invita finalement mademoiselle Degrâce à changer de tenue. La jeune femme suivie par son garde du corps se retira dans une pièce qui avait été spécialement aménagée pour elle.

Pendant ce temps, Jessica, qui jusqu’à présent était restée silencieuse, s’approcha de son ancien employé et lui demanda de plus amples explications vis-à-vis de son retard.

  • Alors, qu’est-ce qui s’est passé chez toi pour que tu sois en retard dès ton premier jour de travail ?
  • C’est beaucoup trop long à expliquer. En plus, je n’ai pas vraiment envie d’en parler, répondit-il.
  • Si tu ne veux pas en parler, il n’y a pas de souci, je respecte ça. Cependant, quel que soit le problème qu’il y a entre Natacha et toi, j’espère que cela n’aurait pas un trop grand impact sur ton travail.
  • Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. Comme je vous l’ai tous dit tout à l’heure, ce genre d’incidents ne se produira plus.

Après cette brève conversation, la jeune femme décida d’aller vaquer à d’autres occupations. Hormis Orzak, elle avait d’autres personnes à superviser. Toutefois, alors qu’elle s’éloignait de plus en plus en lui, ce dernier l’interpela à nouveau.

  • Jessica ! À vrai dire, j’ai vraiment besoin de quelqu’un à qui parler en ce moment.
  • Je t’écoute, dit la jeune femme après être revenue à ses côtés.

Michael lui expliqua ensuite toute l’affaire avec Natacha en commençant par le moment où il l’avait découverte sur leur lit jusqu’à son comportement de la matinée.

  • Comment je suis censé réagir face à ça ? J’ai fait tout ça pour elle, parce que je tiens beaucoup à elle, et c’est comme ça qu’elle me remercie. Depuis qu’elle a fait sa demande de promotion, son comportement a beaucoup changé. J’ai de plus en plus de mal à la reconnaitre. Si j’avais su que les choses se dérouleraient de la sorte, je ne l’aurais jamais encouragée.

Jessica resta silencieuse devant ce que venait de lui annoncer son ami. Ce n’était pas qu’elle ne savait pas quoi dire, mais plutôt qu’aucune de ses réponses ne plairait à Michael.

  • D’après toi, qu’est-ce que je devrais faire ? demanda le jeune homme.
  • Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Je t’aurais bien conseillé de parler avec elle, mais il semblerait que cette option n’ait pas abouti. La seule chose qu’il te reste à faire est d’attendre que sa période de test passe. Si elle obtient sa promotion, les choses devraient revenir à la normale et tu retrouveras ta jolie petite fiancée.
  • Je suppose que tu as raison.

Jessica pouvait clairement voir que son ami n’avait pas l’air convaincu de ce qu’elle venait de lui dire. Cependant, il n’y avait rien d’autre qu’elle puisse faire pour le consoler. De son côté, Michael espérait que tout revienne à la normale après la période de test de Natacha. Il commençait à en avoir plus qu’assez du comportement de la personne avec qui il vivait en ce moment.

Mademoiselle Degrâce et monsieur Crougz revinrent auprès de Michael. Cette dernière portait désormais une robe rouge épousant merveilleusement ses formes. Devant une telle beauté, le jeune homme n’eut d’autre choix que d’arrêter de penser à ses problèmes avec Natacha et de se concentrer sur ce qu’il avait devant les yeux. Il était alors très impatient de prendre de nouvelles photos de la jeune femme.

—–*—–

Aux alentours de 10h, Marion sortit finalement de sa phase de sommeil. La jeune adolescente était très fatiguée et souffrait de quelques maux de tête, ce qui la fit rester dans son lit pendant de nombreuses minutes. Elle se demanda alors si cette douleur était due à l’accident de la veille. Tandis qu’elle repensait à cet évènement, Ségolène ne put s’empêcher de verser quelques larmes. Elle avait eu tellement peur quand cette autre voiture avait subitement cogné la leur, pensant à ce moment précis qu’elle n’allait plus jamais revoir ses grands frères, sa mère, et son père. Heureusement, il y avait eu beaucoup plus de peur que de mal, ce qui avait cependant suffi à laisser une certaine empreinte en elle.

Ce fut donc avec beaucoup d’efforts que la fille d’Henrietta et Herman Invictus sortit de lit et se dirigea vers sa salle de bain. Quelques dizaines de minutes plus tard, celle-ci se retrouvait devant sa garde-robe à réfléchir sur ce qu’elle allait porter. L’enfant du couple prit énormément de temps, mais finit par choisir une tenue composée d’un simple t-shirt blanc, d’un short noir, et d’une paire de sandales. Elle prit ensuite la direction de la sortie afin d’aller rejoindre ses parents.

Tandis qu’elle descendait les escaliers, Marion entendit des rires en provenance de leur séjour. Elle reconnut immédiatement l’une des voix, celle de son père, mais eut du mal avec l’autre. Elle se demanda alors qui pouvait bien être la personne à qui ce second rire appartenait. Ségolène ne tarda pas à le découvrir quand elle arriva dans la pièce où se trouvaient ses deux parents et un homme qu’elle ne connaissait pas, mais dont l’apparence générale lui disait quelque chose.

  • Marion ! Je vois que tu t’es enfin réveillée. Je te présente le docteur Higgins, c’est lui qui s’est occupé de tes frères et toi quand vous étiez petits. Il est venu pour t’ausculter, dit Herman.

La jeune adolescente comprit immédiatement pourquoi la personne devant elle lui disait quelque chose. Donc il s’agissait de médecin attitré de leur famille. Comme cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas vu, il était tout à fait normal qu’elle ait eu quelques difficultés à se souvenir de lui.

  • Bonjour, Marion, tes parents m’ont raconté ce qui s’est passé. Nous allons donc procéder à quelques tests afin de nous assurer que tout aille bien. Compris ? rétorqua monsieur Higgins après avoir salué la fille de son ami.

Marion hocha simplement la tête devant les propos du vieil homme. La jeune adolescente ne savait pas trop pourquoi, mais elle se sentait mal à l’aise en présence de ce médecin. C’était sans doute dû à la manière dont il la regardait. L’homme n’affichait pas le regard d’un médecin intéressé par son patient, mais celui d’un individu intéressé tout simplement par la personne se trouvant en face de lui.

A suivre !!!

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