Day 05 (Partie 06)

Sur le trajet la ramenant chez elle, mademoiselle Long ne pouvait s’empêcher de réfléchir sur ce qu’elle avait trouvé chez Chrees. L’état dans lequel son appartement se trouvait lui avait clairement indiqué que son ex n’avait pas mis les pieds dedans depuis plusieurs jours, ce qui voulait aussi dire que ce que Alicia lui avait dit devant la banque était vrai. La jeune femme se dit donc qu’il s’agissait d’une très bonne nouvelle pour elle, qu’elle n’allait plus jamais recevoir les appels incessants de Moure et pourrait désormais aller de l’avant.

Cependant, il y avait cette toute petite partie de son cœur qui s’inquiétait pour lui. Malgré tout ce qu’il lui avait fait subir avec les disputes incessantes qui se terminaient généralement mal pour elle, c’était plus fort qu’elle, Amélia s’en faisait toujours pour lui. Toutefois, alors qu’elle était assise dans son bus, la jeune femme se fit une promesse, celle de ne plus ressasser le passé et de se focaliser uniquement sur l’avenir, d’autant plus que ce dernier semblait très radieux depuis plusieurs mois avec l’arrivée d’un certain jeune homme dans sa vie.

Amélia arriva finalement à son arrêt de bus. La jeune femme descendit donc du véhicule et marcha quelques minutes avant de se trouver devant son logement, une maison de deux étages appartenant à son petit-ami. Cela changeait énormément de l’endroit dans lequel elle habitait avant, à savoir le petit appartement duquel elle revenait. Jason était beaucoup plus stable que Chrees, que ce soit sur le plan financier ou sur le plan émotionnel. Néanmoins, ce n’était pas vraiment la fortune qui avait fait en sorte que mademoiselle Long tombe amoureuse du jeune homme, mais plutôt parce qu’il avait été présent pour elle lorsqu’elle était au plus bas et l’avait aidée à se relever, et donc à être la jeune femme émancipée qu’elle était à ce moment.

Tandis qu’elle observait la porte d’entrée, son visage s’illumina soudainement. Elle se souvint de la promesse que Jason lui avait faite la matinée et savait donc qu’un délicieux repas l’attendait. Amélia se précipita donc chez elle et fut immédiatement attirée par la délicieuse odeur qu’elle sentait. Elle se dirigea donc vers la source de cette magnifique senteur et tomba sur son petit-ami qui venait tout juste de sortir un plat du four.

  • Ça sent très bon ici ! s’exclama-t-elle, surprenant Jason par la même occasion.

À cause de la soudaine intervention de mademoiselle Long, le jeune homme avait failli laisser tomber ce qu’il tenait dans les mains. Heureusement pour le couple, cela ne se produisit pas.

  • Amélia ! Tu m’as fait peur, putain ! Je ne t’avais pas entendue entrer, rétorqua Hasley.
  • Désolée, je ne l’ai pas fait exprès.
  • Ce n’est pas grave. Quoi qu’il en soit, comme promis, un de tes plats préférés.

Le repas que Jason avait prévu pour elle et lui n’était nulle autre que des lasagnes. En voyant le plat, la jeune femme ne put s’empêcher d’avoir l’eau à la bouche. Au même moment, son estomac se mit à gargouiller. Amélia se sentit quelque peu gênée que son corps produise un tel son qui fut vraisemblablement entendu par son petit-ami. Jason se mit ensuite à rire avant de lui dire de poser ses affaires et de venir manger. Elle s’exécuta et vint se mettre à table.

Durant le diner, tandis que mademoiselle Long dévorait le contenu de son assiette comme s’il s’agissait de son dernier repas sur terre, Jason lui demanda comment sa journée s’était déroulée. Elle lui raconta alors ce qui lui était arrivé, de sa soudaine rencontre avec Alicia Garnier à son départ de l’appartement de Chrees Moure. Une partie de ce qu’elle lui avait dit ne lui plut cependant pas.

  • Qu’est-ce qui ne va pas ? questionna-t-elle en voyant la tête qu’il faisait.
  • Je n’arrive pas à croire que tu sois partie chez ton ex.
  • Je sais, mais…
  • Que se serait-il passé si ce que cette Alicia t’avait dit s’était avéré inexact ? Dois-je te rappeler tout ce qu’il t’a fait subir ? Les coups, les fractures, les incessantes visites à l’hôpital ? Maintenant, s’il t’avait séquestrée ou un truc dans le genre ? Je n’aurais jamais été au courant de quoi que ce soit vu que tu ne m’aurais pas averti, reprit Jason en interrompant brusquement sa petite-amie.

Il était vrai que mademoiselle Long n’avait pas vraiment pensé aux conséquences que l’acte qu’elle avait commis aurait pu avoir. Lorsqu’elle était assise dans le bus la conduisant chez Moure, la seule chose à laquelle elle pensait était de savoir si ce qu’on lui avait dit était vrai. Elle n’avait pas réfléchi sur ce qui se serait produit si elle était tombée nez à nez avec Chrees Moure. Jason n’aurait pas été présent pour la défendre.

  • Amélia, je sais que tu es une bonne personne et que tu as fait cela parce que tu t’inquiétais pour lui. Même si je ne comprends pas vraiment comment tu fais pour encore t’inquiéter pour ce connard, mais je l’accepte, parce que je sais que cela fait partie de toi.
  • Je… Cela ne se reproduira plus.
  • C’est bien, mais ce n’est pas ce que je veux te faire comprendre. Amélia, cela ne fait aucun doute que je t’aime énormément, et c’est parce que je t’aime à ce point que je te dis que ton bon cœur risque de te mener dans de dangereuses situations si tu ne fais pas attention.

Voyant qu’il avait un peu sapé l’ambiance, le jeune homme changea immédiatement de sujet de conversation. Cependant, il dit une fois de plus à Amélia combien il l’aimait et qu’il ne voulait que son bonheur avant de finalement aborder d’autres détails de leur journée.

—–*—–

De retour au Dionysos, l’ambiance était à son paroxysme. La musique resonnait fortement et le public applaudissait avec engouement devant la nouvelle prestation de mademoiselle Giggs. Elle portait cette fois-ci une tenue similaire à celle de Jasmine dans le film Aladdin et exécutait une magnifique danse du ventre. Ces mouvements étaient si fluides que même Alicia ne put s’empêcher d’être admirative devant une telle performance, ce qui lui fit d’autant plus mal qu’elle devait lui annoncer une désagréable nouvelle juste après cela.

  • Peut-être que je me répète, mais c’est époustouflant que Filona soit en mesure de réaliser toutes ces danses différentes chaque soir, rétorqua John.
  • C’est ce qui se passe quand on est passionné par quelque chose. En plus, si je me souviens bien, elle m’avait dit qu’elle étudiait des chorégraphies plusieurs semaines à l’avance avant de venir nous montrer le résultat chaque soir, poursuivit sa collègue de travail.
  • Incroyable. Je n’imagine même pas les heures de travail que cela doit lui demander.

Le jeune homme continua donc d’observer sa collègue de travail tout en servant soigneusement les clients qui commandaient des boissons. Ce n’était pas parce qu’il y avait un magnifique spectacle qui se déroulait sous ses yeux qu’il devait négliger son travail.

De son côté, mademoiselle Garnier avait un peu la tête ailleurs. Il fallait dire que son esprit était occupé par deux pensées majeures. D’un côté, il y avait l’après spectacle, le moment où elle devrait s’isoler dans son bureau avec Filona afin de discuter des mesures qu’elle allait prendre vis-à-vis de son établissement, mais de l’autre, il y avait le moment qu’elle attendait le plus depuis qu’on lui avait livré les affaires qu’elle avait commandées. Alicia était tellement impatiente de tester ses nouveaux jouets sur Moure que cela avait parfois joué avec son comportement et son corps.

Quelques minutes après avoir reçu son colis, alors qu’elle était retournée dans son appartement pour le déposer, la jeune femme n’avait pas pu s’empêcher de jeter un coup d’œil à la marchandise, ce qui avait eu pour conséquences de l’exciter énormément tandis qu’elle s’était fait des idées sur tout ce qu’elle allait pouvoir faire avec. Afin de baisser la tension, la jeune femme avait opté pour une douche bien froide de quelques minutes, la première et la troisième nécessitant beaucoup trop de temps. Elle était donc retournée à son poste toute fraiche, ce qui n’avait pas manqué d’attirer l’attention de John qui avait remarqué ses cheveux légèrement humides. Il lui avait alors demandé si elle s’était douchée, ce à quoi elle avait répondu que c’était pour décompresser, ce qui n’était pas tout à faux en soi. Quoi qu’il en soit, elle avait réussi à calmer ses envies jusqu’à présent, et ce même si cela devenait de plus en plus dur à mesure que les heures passaient.

De nombreuses minutes s’écoulèrent et le petit show de mademoiselle Giggs prit fin dans un tonnerre d’applaudissements. Une grande partie des clients, dont tous les habitués du bar, hurlaient le nom de la jeune femme et lui demandaient de recommencer.

  • Merci ! Merci beaucoup, tout le monde, mais le prochain show se déroulera demain. Là, je dois me mettre au travail, dit-elle.

Bien évidemment, de la déception se lisait sur le visage de certaines personnes présentes dans l’auditoire. Elles espéraient vraiment que la demoiselle poursuive son spectacle. Cependant, ils ne pouvaient rien faire pour aller à l’encontre de la décision de la jeune femme, d’autant plus que cette dernière travaillait pour une autre jeune femme tout aussi singulière : Alicia Garnier.

Avant que Filona commence son service, sa patronne lui demanda de la suivre de son bureau. Les deux s’isolèrent donc et discutèrent sérieusement.

  • Je suppose que Fuji et John t’ont déjà fait un topo de la situation, n’est-ce pas ? demanda Alicia qui venait s’affaler dans son siège.
  • Pas vraiment. Ils m’ont seulement dit que ça s’était mal passé à la banque.
  • C’est peu dire. Pour faire simple, le taux d’intérêt du prêt que j’avais pris pour bâtir cet endroit a soudainement augmenté, ce qui fait que le montant que je dois reverser à la banque chaque mois a également augmenté…

À ce moment, Filona s’attendait à ce que sa patronne lui annonce qu’elle allait réduire leur salaire. Ce ne fut heureusement pas le cas.

  • Je me vois donc contrainte d’annuler vos augmentations de salaire jusqu’à ce que je règle ce problème avec la banque.
  • Tu es sure de toi ? Je veux dire, ça ne va pas te compliquer la tâche de maintenir nos salaires tels qu’ils sont ? demanda la jeune femme, surprise par la nouvelle.
  • Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. Je saurais gérer.

Mademoiselle Garnier avait réfléchi durant tout l’après-midi sur comment régler ce problème. Elle ne voulait pas réduire le montant qu’elle donnait à ses trois employés qui travaillaient pour elle depuis longtemps et ne pouvait pas non plus allonger sa période de remboursement.

  • Je vois. En tout cas, j’espère que tout finira par s’arranger.
  • Je l’espère aussi, Filona. Je l’espère.

Avec cette brève conversation, mademoiselle Giggs retourna auprès des autres tandis qu’Alicia resta quelques minutes de plus. Elle espérait alors que cette journée de travail se termine au plus vite.

A suivre !!!

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