7 heures
Alors que Michael reprenait progressivement connaissance, son corps lui fit regretter le laisser-aller de la veille. Le jeune homme se retrouva avec des maux de tête dignes de la pire des gueules de bois. Il avait l’impression que quelque chose cognait très fort contre les parois de son crâne. Ce qui n’arrangeait point les choses était la sonnerie du réveil de son téléphone, un bruit qui le gênait énormément et amplifiait la douleur qu’il ressentait présentement. Il fut donc tout à fait normal de le voir s’empresser de l’arrêter.
Tandis que Michael essayait de s’adapter à sa condition actuelle, il rendit compte qu’il était seul dans son lit. Le jeune homme se remémora la lettre que Natacha lui avait laissée la veille et dans laquelle elle disait qu’elle passerait le week-end chez sa mère. Orzak attrapa de nouveau son téléphone portable et composa son numéro. Cependant, comme la fois précédente, il tomba à nouveau sur sa boîte vocale. Se rendant compte de l’heure à laquelle il l’appelait, Michael se dit que sa fiancée dormait peut-être encore. Toutefois, même si elle était belle et bien endormie, ce n’était pas son genre d’être injoignable. Si seulement il avait le numéro de sa mère ? Cela aurait été beaucoup plus simple pour lui.
Il n’y pouvait cependant rien faire, du moins pour le moment. La seule personne chez qui il avait une chance d’obtenir des informations sur la location de Natacha était Enola. Seul problème, il était trop tôt. S’il venait à l’appeler à cette heure aussi avancée de la matinée, il prendrait le risque de la réveiller pour discuter d’un sujet qu’ils avaient traité la veille dans des conditions plutôt tendues. Il préféra donc attendre, ce qui lui donnait également l’opportunité de réduire l’intensité des maux de tête dont il souffrait présentement. Ce serait vraiment très désavantageux pour lui de s’énerver dans ces conditions.
Michael déposa donc son téléphone portable sur le lit puis décida d’aller se faire une bonne tasse de café avant d’aller prendre une douche. Il avait vraiment besoin de se débarrasser de sa gueule de bois.
7h30
Alors que la sonnerie du réveil retentissait dans la chambre du couple Invictus, Herman qui attendait avec impatience le début de cette journée sortit de sa phase de sommeil avec un certain sourire accroché à ses lèvres. L’homme était si content que cela se retranscrit dans son comportement. Il embrassa sa femme endormie à côté de lui sur le front avant de descendre du lit et de prendre la direction de la salle de bain. Son petit geste d’affection réveilla bien évidemment Henrietta qui se questionna sur ce qui arrivait à son époux.
- Est-ce que tout va bien ? demanda-t-elle.
- Aujourd’hui est un fabuleux jour, Henrietta. Un jour de joie et de fête, répondit-il gaiement.
- Et pourquoi cela ? Tu as encore fait une autre acquisition ?
Henrietta avait toutes les raisons d’être curieuse. Ce n’était pas très souvent qu’elle voyait son époux être de si bonne humeur au réveil. Elle était alors très loin de se douter que l’une des raisons derrière son comportement était qu’il ne restait plus que quelques heures avant que la « séance de dégustation » qu’il attendait tant se déroule.
- Disons qu’un évènement très spécial doit se dérouler aujourd’hui.
- De quoi s’agit-il exactement ?
- Oh, chérie ! Si tu venais à l’apprendre, je me verrais dans l’obligation de faire de ta vie un véritable enfer.
Pendant un court laps de temps, un silence régna dans la pièce après que Herman ait répondu à la question de sa femme. Cependant, l’homme d’affaires le brisa en éclatant légèrement de rire lorsqu’il vit la tête que Henrietta faisait. Il lui dit qu’il plaisantait, qu’il ne ferait jamais une chose pareille, et que l’évènement spécial dont il faisait allusion n’était nulle autre qu’une importante réunion à laquelle il devait assister.
- Donc, si je comprends bien, c’est à cause d’une simple réunion que tu es d’aussi bonne humeur, dit-elle de façon suspicieuse.
- Ma chère et tendre Henrietta, n’ai-je plus le droit d’exprimer ma joie vis-à-vis de ce que je détiens et ce que je compte acquérir ? Mes avoirs présents et futurs ne sont-ils pas une raison pour moi d’être content ?
- C’est bon, Herman. J’ai compris. Tu peux arrêter maintenant.
Il était clair que madame Invictus ne voulait pas provoquer une autre dispute avec son mari, d’autant plus qu’il n’était que 7 heures du matin et qu’elle n’avait donc pas la force de s’adonner à ce genre d’activités. De son côté, Herman, qui était d’humeur un peu taquine, revint auprès de sa femme.
- Madame Invictus ? dit-il doucement.
- Qu’est-ce que tu veux encore, Herman ? répondit-elle, ennuyée.
- Que pensez-vous de l’idée de donner à Marion et aux garçons l’opportunité d’accueillir un nouveau membre dans notre famille ?
- Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes encore ?
- Je me disais que ce serait une bonne idée de donner à Marion et aux garçons un petit frère ou une petite sœur.
- Écoute, Herman, je ne sais pas ce qui t’arrive, mais il est 7 heures et quelques du matin, et on est samedi. La semaine a été très dure, donc j’aimerais me reposer. En plus, tu n’as pas une réunion à laquelle tu dois assister ?
Son épouse n’étant clairement pas d’humeur à lui donner ce qu’il désirait, l’homme d’affaires descendit à nouveau du lit. Il esquissa cependant un petit sourire narquois, se disant que quelque chose de bien meilleur l’attendait devant.
8h24
Vêtu d’un magnifique costume blanc, l’homme d’affaires sortit de sa chambre et prit la direction de la salle à manger. Il s’arrêta cependant devant la chambre de sa fille et vérifia si cette dernière se portait mieux. Marion, qui dormait profondément à ce moment, ne sentit pas son père s’asseoir sur son lit et poser sa main sur son front. Se rendant compte que tout était normal, Herman sortit silencieusement de la pièce et se rendit au rez-de-chaussée où il fut accueilli par Clémentine et les employés qui étaient à sa charge.
- Bonjour, monsieur. J’ose espérer que la nuit vous a été agréable, dit la gouvernante.
- Bonjour, Clémentine. Oui, la nuit a été très agréable. On peut même dire qu’elle a été pleine de délicatesses, répondit l’homme d’affaires.
La réponse d’Herman donna des idées à la gouvernante qui se mit à imaginer les diverses activités que son employeur et son épouse avaient bien pu faire la veille. Cependant, ce dont l’homme faisait vraiment allusion était tout autre. En effet, la seconde raison qui expliquait sa bonne humeur depuis le début de la matinée était le fait qu’il allait enfin pour assouvir tous ses fantasmes sur la personne de Natacha Barnes.
Herman Invictus s’installa à table et, avant de commencer à manger, sortit son téléphone de sa poche. Il lança ensuite un appel qui ne dura pas plus de cinq minutes et dans lequel il demanda à son interlocuteur d’être présent chez lui dans les plus brefs délais. Après cela, l’homme d’affaires put prendre son petit-déjeuner.
—–*—–
Au même moment à l’autre bout de la ville, alors qu’il sortait tout juste de la salle de bain et que sa tête lui faisait toujours aussi mal, Michael eut l’idée d’essayer de rentrer une fois de plus en contact avec sa fiancée. Il attrapa donc son téléphone portable et composa le numéro de Natacha. Comme précédemment, il tomba sur sa boîte vocale, ce qui eut pour résultat de non seulement l’énerver, mais également de l’inquiéter.
Pour Michael, il était clair que Natacha faisait cela exprès, sinon comment expliquer cela ? Il la connaissait bien et savait donc qu’elle était généralement debout avant 8 heures en week-end, sauf si les deux s’amusaient à faire les fous jusqu’à tard dans la nuit. Bien évidemment, cela n’avait point eu lieu, ce qui conforta le jeune homme dans l’idée qu’elle faisait bel et bien exprès de maintenir son téléphone fermé.
C’était la première fois qu’elle lui faisait ce coup. Et parce qu’il s’agissait effectivement de la toute première fois, Orzak ne savait pas vraiment comment réagir face à cela et se laissait donc facilement emporter. Il fallait absolument qu’il trouve un moyen de la joindre. Pour ce faire, il appela de nouveau Enola qui, selon lui, devait déjà être debout à l’heure actuelle. Après une vingtaine de secondes, la jeune femme décrocha.
- Michael, qu’est-ce que tu veux encore ? dit-elle.
Il était clair qu’Enola éprouvait encore du ressentiment envers lui à cause de leur conversation de la veille, et ce malgré le fait qu’il s’était par la suite excusé.
- Bonjour Enola, désolé de te déranger de si bon matin, mais j’aimerais savoir si depuis hier tu as eu des nouvelles de Natacha.
- Non, je n’ai rien. J’ai essayé de l’appeler après notre conversation d’hier, mais il semblerait que son téléphone soit éteint.
Ce n’était pas vraiment la réponse à laquelle Michael s’attendait. Il avait espéré que, même si Natacha ne voulait pas lui parler pour le moment, elle serait au moins entrée en contact avec Enola qui était en plus supposée être sa meilleure amie.
- Je vois. Merci encore pour ton aide et désolé encore de t’avoir dérangée.
Au moment où il s’apprêtait à raccrocher, la jeune femme l’interpella et lui demanda ce qui se passait entre son amie et lui. Elle ajouta également que ce n’était pas habituel pour Natacha d’être injoignable aussi longtemps, d’autant plus que c’était le week-end.
- Michael, qu’est-ce que tu lui as fait ?
- C’est une affaire qui ne regarde que Natacha et moi, et personne d’autre, dit-il avant de mettre fin à l’appel.
Comme Enola, Michael pensait également que c’était très étrange de la part de Natacha de passer autant de temps sans donner le moindre signe de vie. Malgré la colère qu’il ressentait, il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet pour elle, d’autant plus qu’elle était la femme avec qui il allait se marier dans quelques mois.
8h51
Alors que monsieur Invictus était sur le point de finir de manger, sa fille le rejoignit dans la salle à manger. Cette dernière avait les cheveux ébouriffés et était encore à moitié endormie. En voyant la manière dont son père était vêtu, la jeune adolescente lui demanda s’il était sur le point de sortir.
- Oui, je sors. Je dois assister à une importante réunion aujourd’hui et je risque de rentrer très tard à cause de cela.
En voyant la réaction de son enfant face à cette nouvelle, l’homme d’affaires lui promit de passer toute la journée du lendemain à ses côtés. L’expression de Marion devint immédiatement beaucoup plus lumineuse, un peu comme si on venait de lui annoncer qu’on lui offrirait le dernier téléphone à la mode.
- Et maman ? Elle est où ? demanda-t-elle après s’être installée à table.
- Elle dort toujours. Elle est très fatiguée après tout ce qui s’est passé durant ces deux derniers jours.
En entendant cela, l’adolescente ne put s’empêcher de se sentir coupable. Il fallait dire qu’elle était la raison à cause de laquelle ses parents s’étaient inquiétés et continuaient de s’inquiéter depuis ces deux derniers jours.
Au même moment, le bruit d’un hélicoptère s’approchant de leur domicile se fit entendre. Herman se leva alors de son siège, s’arrêta un moment à côté de sa fille, et lui dit qu’elle n’était nullement responsable de ce qui s’était passé.
- Ta mère est une femme forte, ainsi que toi d’ailleurs. Maintenant, ce que tu dois faire est d’écouter les conseils du médecin afin de te rétablir le plus vite possible. Est-ce que tu peux faire ça pour moi ?
- Oui, papa.
L’homme d’affaires esquissa un chaleureux sourire avant de quitter la pièce et se diriger à l’extérieur, plus précisément à l’arrière de la maison où se trouvait la piste d’atterrissage. Arrivant au moment où l’hélicoptère se posa, Herman attendit quelques secondes avant de finalement monter à l’intérieur en compagnie de deux de ses gardes du corps personnels.
- Où allons-nous, monsieur ? demanda le pilote.
- Au manoir Lancaster, répondit-il.
La destination ayant été définie, l’énorme appareil décolla du sol.
A suivre !!!