La promotion 54

Maintenant que les deux femmes étaient toutes seules, Natacha profita de l’occasion pour essayer d’obtenir des réponses aux questions qu’elle se posait. Elle commença donc par la carte qu’elle tenait en main, notamment en la questionnant sur la signification de cette dernière.

  • Cette carte représente la valeur qui vous a été attribuée pour cette séance de dégustation, répondit-elle.
  • Ma valeur ? Qu’est-ce que vous entendez par-là ?
  • Oui, mademoiselle. Toutes les personnes qui ont été invitées à participer à cet évènement ont une valeur monétaire qui leur a été attribuée en fonction de leur provenance et de leurs capacités. Je tiens cependant à vous informer que cette dernière est susceptible de changer durant la phase de mise aux enchères.

Natacha n’en croyait pas ses oreilles. La jeune femme devant elle venait tout simplement de lui dire que les autres participants et elle n’étaient nulle autre que des objets pour monsieur Invictus et ses amis fortunés, des objets qu’ils achetaient par pur plaisir afin de satisfaire leurs désirs.

  • Et la couleur ? Pourquoi ma carte est-elle dorée là où celle des autres est argentée ? Quelle valeur m’a-t-on attribuée ? questionna-t-elle par la suite.
  • Selon la couleur de votre carte, vous êtes considérée comme étant une personne d’intérêt. De ce fait, votre valeur de départ est estimée à dix millions, lui dit-elle.
  • Personne d’intérêt ? Qu’entendez-vous par-là ?

Il était tout à fait normal pour mademoiselle Barnes d’être curieuse et étonnée par le terme que cette personne venait d’employer. Ce fut pour cela que cette dernière lui dit par la suite que les « personnes d’intérêt » étaient des individus ayant un statut un peu particulier durant les séances de dégustation. Pour faire simple, il s’agissait de gens ayant été spécialement formés dans le but d’assouvir tous les désirs du membre qui allait les acheter si elle puit dire.

Natacha était abasourdie devant ce qu’elle venait d’apprendre. Elle n’avait clairement pas reçu de formation de ce genre, n’est-ce pas ? Alors, pourquoi monsieur Invictus l’avait-il placée dans cette catégorie ? Qu’est-ce qu’il tramait ? Ce n’était malheureusement pas la pire chose qu’elle venait de découvrir. Non, selon ce que cette femme venait de lui dire, il y avait de grandes chances qu’elle finisse avec une personne autre que Herman Invictus. Mademoiselle Barnes n’avait clairement pas envie qu’un tel scénario se produise.

  • Dites, est-il possible que je rencontre monsieur In…le membre qui m’a convié à cet évènement avant que celui-ci débute ? demanda-t-elle.
  • Je crains que cela ne puisse s’avérer possible. Les présents n’ont point le droit de rencontrer les membres avant la phase de mises aux enchères.

C’était une autre mauvaise nouvelle pour Natacha, d’autant plus qu’elle avait laissé son téléphone à l’hôtel et se retrouvait donc dans l’incapacité de joindre monsieur Invictus.

  • Si vous n’avez plus de questions à soumettre, je vous suggérerai de mettre votre tenue et de vous préparer pour la phase de mise aux enchères. Aussi, pour des raisons de sécurité, je me vois dans l’obligation de collecter vos affaires personnelles, rétorqua-t-elle.

Mademoiselle Barnes ne posa pas de question et lui remit son sac. Cependant, lorsque cette dernière voulut se rendre dans la salle de bain afin de se changer, l’employée la suivit de près, ce qui la surprit énormément.

  • J’ai été chargée de garder un œil sur vous jusqu’à ce que vous soyez entièrement prête, se justifia-t-elle.

Les deux femmes se rendirent donc dans la salle de bain où Natacha commença à retirer ses vêtements qu’elle remit à l’employée qui l’accompagnait. C’était une expérience assez étrange de savoir qu’une personne autre que Michael la regardait se dévêtir. Néanmoins, elle n’avait pas le choix, d’autant plus que cette personne la fixait avec grande attention.

Alors qu’elle se retrouvait désormais en petite tenue et qu’elle s’apprêtait à enfiler la nuisette que l’homme d’affaires lui avait offerte, la femme chargée de la surveiller intervint soudainement en lui demandant de retirer son soutien-gorge.

  • Excusez-moi ! s’exclama Natacha, surprise par sa demande.
  • Hormis votre petite culotte et cette nuisette, vous n’avez pas le droit de porter quoi que ce soit d’autre, lui dit-elle.
  • Je suis désolée, mais je ne ferai pas cela.

La fiancée de Michael ne savait pas ce qui lui passait par la tête, mais il était hors de question qu’elle apparaisse sans ce vêtement devant autant d’inconnus, d’autant plus que la nuisette dévoilait tout ce qu’elle portait en dessous.

  • Vous n’avez pas le choix, mademoiselle Barnes. Soit vous respectez les règles de cet évènement, soit vous vous préparez à subir les conséquences de vos actes. En tant que personne d’intérêt, vous n’ignorez sans doute pas ce qui vous attend.

Comment pouvait-elle savoir ça ? Tout ce qu’on lui avait dit était de se rendre sur le parking de son lieu de travail avant une certaine heure. Elle ne savait absolument pas qu’il y avait des règles à respecter, encore moins qu’il en existait une qui stipulait qu’elle devrait se mettre à moitié nue devant de parfaits inconnus. De plus, elle n’avait rien d’une personne d’intérêt. La jeune femme n’était qu’une des deux secrétaires d’un homme détestable, une simple secrétaire qui avait commis la pire erreur de sa vie en demandant une augmentation à son patron.

N’ayant pas vraiment le choix, la jeune femme finit par retirer son soutien-gorge avant de le déposer à côté du lavabo. Cette situation était aussi gênante que les fois où elle avait dû se déshabiller devant son patron. De plus, ce qui la rendait un peu plus mal à l’aise était le fait que la personne devant elle avait gardé la même expression faciale depuis leur rencontre. Il n’y avait aucune once de compassion dans son regard. On dirait dit une sorte de machine conçue uniquement pour exécuter les autres qui lui avaient été donnés. Natacha se demanda bien évidemment depuis combien de temps elle faisait ça. Combien de femmes avait-elle vu défiler afin de développer un tel regard ?

Alors qu’elle venait d’enfiler sa nuisette, mademoiselle Barnes se regarda dans le miroir. Même si le vêtement bleu était très doux au toucher, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se sentir extrêmement gênée, d’autant plus que l’on voyait clairement ce qu’elle portait en dessous.

  • Vous êtes contente maintenant, dit-elle avec un soupçon de frustration dans le ton de sa voix.
  • Mademoiselle, ce n’est pas mon rôle d’être contente ou pas que vous ayez mis le vêtement qui a été choisi pour vous. Mon but est juste de veiller à ce que le règlement soit respecté.

Natacha comprenait sa position en tant qu’employée de ces personnes, mais cela ne l’empêcha pas d’éprouver un certain ressentiment envers elle, les gens ayant établi ces règles et cet évènement absurdes, mais surtout envers monsieur Invictus qui avait délibérément omis certaines informations quand il l’avait invité à participer à cette fameuse séance de dégustation.

L’employée et mademoiselle Barnes retournèrent dans la chambre où la première se plaça devant la porte telle un garde du corps. Natacha lui demanda ce qu’elle devait désormais faire.

  • Vous attendez, rétorqua son interlocutrice, indifférente.

La fiancée de Michael prit donc place sur le lit, mais se redressa au bout de cinq minutes seulement. Ce n’était pas faute de volonté, mais la jeune femme commençait à en avoir marre d’entendre. Il fallait dire qu’elle voulait en finir au plus vite avec cette séance de dégustation afin de reprendre une vie normale auprès de la personne qu’elle aimait le plus.

Ne pouvant clairement pas sortir de la chambre, Natacha alla se mettre devant la fenêtre afin d’observer ce qui se passait à l’extérieur. À travers cette dernière, la jeune femme se rendit une fois de plus compte à quel point le domaine dans lequel elle se trouvait était immense. L’environnement du manoir Lancaster dénotait énormément de tout ce qu’elle avait pu voir jusqu’à présent. En effet, non seulement l’énorme bâtiment était entouré par une forêt lugubre tout aussi immense, mais elle pouvait voir des parties beaucoup plus accueillantes et entretenues comme un jardin parsemé de toute sorte de fleurs et une étable. Cela lui donna un aperçu de la taille du domaine, d’autant plus que son champ de vision était limité par sa position.

Tandis qu’elle continuait d’observer les environs, Natacha vit plusieurs hélicoptères se rapprocher de leur position. La jeune femme comprit immédiatement qu’il devait s’agir d’autres personnes participant à la séance de dégustation. Au même moment, quelqu’un frappa à la porte de sa chambre. Mademoiselle Barnes se retourna uniquement pour voir deux autres femmes vêtues comme la précédente entrer dans la pièce.

  • Qu’est-ce que vous faites ? demanda Natacha lorsque l’une des deux s’empara de ses affaires détenues jusqu’à présent par l’employée.
  • Vous n’avez pas à vous inquiéter, mademoiselle Barnes. Toutes vos affaires vous seront restituées une fois la séance de dégustation terminée. En attendant, je vous serai prié de bien vouloir signer ceci.

À ce moment, la troisième employée apporta un stylo et des documents à Natacha, documents qui horrifièrent énormément la jeune femme.

  • Clause de confidentialité ? Attestation de consentement ? Qu’est-ce que cela signifie ?
  • Il s’agit juste de quelques précautions nécessaires au bon déroulement de cet évènement.
  • Vous voulez que je signe…ça ? rétorqua Natacha après avoir brièvement parcouru l’ensemble des documents.
  • En effet. Cela fait partie des règles établies.
  • Et si je refuse d’apposer ma signature ?

Son interlocutrice lui dit qu’elle était en droit de refuser, mais elle lui rappela qu’en faisant cela, elle devrait faire face à certaines conséquences. À cet instant, les paroles de son patron ressurgirent immédiatement dans sa tête. Elle savait quel genre de personne Herman Invictus était et, de ce fait, appréhendait un peu la façon d’agir de ceux qui gravitaient autour de lui. Consciente de tout cela, Natacha se rendit compte qu’elle n’avait nul autre choix que de signer ces deux documents.

Après plusieurs minutes de lecture et deux signatures quasi identiques, mademoiselle Barnes remit les documents à celle qui les lui avait donnés.

  • Bien ! Maintenant que cette étape est accomplie, nous pouvons passer à la suivante, rétorqua l’employée.

Avec cela, elles demandèrent à Natacha de les suivre et les quatre femmes sortirent finalement de la chambre.

A suivre !!!

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