La promotion 67

Alors que le soleil amorçait sa lente descente, l’ambiance battait son plein dans le bar de Patrick. Chacun vaquait à ses occupations et essayait d’évacuer la pression de la semaine à sa façon en ce premier jour de repos. C’était également le cas pour Michael, quoique ce n’était pas les mêmes raisons pour le jeune homme. En compagnie de son meilleur ami et des deux jeunes femmes qu’il avait prises pour cible, Orzak avait complètement oublié les problèmes de couple qu’il rencontrait présentement et profitait tout simplement d’un bon moment avec les autres. Des femmes, de l’alcool, des rires, et Jason, que demander de plus pour savourer la soirée.

De leur côté, Cameron et Sally passaient également du bon temps auprès de ces hommes qu’elles venaient à peine de rencontrer, notamment aux côtés de Jason qui ne cessait de les divertir avec ses diverses histoires qui dataient de l’époque où Michael et lui étaient encore sur les bancs de l’université. Il leur racontait notamment une expérience que les deux avaient vécue au cours d’une soirée très alcoolisée et durant laquelle le fiancé de mademoiselle Barnes avait fini à moitié nu dans les locaux d’une des sororités affiliées à leur établissement.

– Mec, tu as dit que tu n’allais plus remettre cette histoire sur la table, rétorqua Michael.

Bien qu’il riait également avec les autres, le jeune homme ne pouvait s’empêcher d’être gêné devant ce que venait de dire son ami qui lui dit juste après qu’il n’y pouvait rien et que cette histoire l’avait marqué.

– Les filles, dites-vous que jusqu’à présent, on ne sait toujours pas comment il s’est retrouvé là-bas. Depuis ce jour, monsieur a décidé de ne plus abuser des bonnes choses de la vie, poursuivit-il.

Michael attrapa sa bouteille de bière, termina le peu qui restait à l’intérieur, puis demanda à ce qu’on change de sujet de conversation. Il n’était pas très fan de cette période mouvementée de sa vie.

– Cameron, Sally, quels sont vos projets pour plus tard ? Je suppose que de jeunes et jolies femmes telles que vous ont déjà une idée claire de ce qu’elles veulent faire plus tard dans la vie.

Cameron fut la première à lui répondre et lui dit qu’elle comptait travailler dans les relations publiques, ce qui expliquait pourquoi elle étudiait la sociologie à l’université. De son côté, Sally était quelque peu hésitante. Cependant, elle finit par leur avouer qu’elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire plus tard.

– Il est tout à fait normal de ne pas le savoir. Tu es jeune, tu as encore le temps de te découvrir et de trouver la voie qui te plaît, rétorqua le fiancé de mademoiselle Barnes.

À ce moment précis, Stanley intervint en disant qu’il n’était pas là pour parler de boulot ou d’école, mais plutôt pour prendre du bon temps et pour se divertir. Il appela ensuite Patrick et lui demanda de leur servir de nouvelles bouteilles de bière. Au même instant, le téléphone portable de Michael se mit à sonner. En regardant le numéro de la personne qui tentait de le contacter, le jeune homme se rendit compte qu’il s’agissait de sa patronne et amie, Jessica Plano.

– Je reviens tout de suite, dit-il aux autres alors qu’il se levait de son siège.

Parce qu’il y avait beaucoup trop de bruit, Orzak sortit du bar avant de finalement décrocher l’appel.

– Jessica, est-ce que tout va bien ? rétorqua-t-il une fois à l’extérieur.

– Tout va très bien de mon côté. Pourquoi tu demandes ? répondit-elle.

– Juste comme ça. En fait, je ne m’attendais pas vraiment à ce que tu m’appelles ce soir. C’est tout.

– J’ai tout de même le droit de t’appeler. Si je ne me trompe pas, je ne suis pas seulement ta patronne, mais ton amie également. Et aux dernières nouvelles, les amis s’appellent régulièrement pour prendre des nouvelles de chacun.

– C’est bien vrai.

Le jeune homme se mit à rire légèrement avant que Jessica finisse par lui donner les raisons de son appel. Elle lui demanda notamment si leur rendez-vous du lendemain soir tenait toujours.

– J’en ai discuté avec Kelly et elle n’a rien de prévu pour demain soir, poursuivit-elle.

À cet instant, Michael se rappela qu’il avait donné à Jessica et sa petite-amie, ainsi qu’à Stanley un rendez-vous chez lui afin qu’ils passent tous un agréable moment aux côtés de ses amis, mais également avec ceux de sa fiancée. Cependant, avec tout ce qui s’était passé au cours de ces deux derniers, cet évènement lui était complètement sorti de la tête.

– Je suis désolé, Jessica. J’avais complètement oublié à propos de ce rendez-vous. J’ai bien peur que cela ne soit plus possible, s’excusa-t-il auprès d’elle.

– Qu’est-ce qui se passe ? Ce n’est pas dans ton genre d’oublier des choses encore moins une réunion entre amis.

Alors qu’il inspirait profondément, la jeune femme comprit que les choses n’allaient pas vraiment. Il lui dit alors que Natacha avait disparu.

– Quoi ?! Tu entends quoi par « disparu » ?! hurla-t-elle à l’oreille de Michael.

Michael lui demanda tout d’abord de se calmer, lui disant que les choses n’étaient pas comme elle le pensait. Il lui expliqua ensuite tout ce qui s’était passé entre Natacha et lui au courant des deux derniers jours, lui racontant le déroulement des évènements de la confrontation qu’il avait eue avec son patron jusqu’à leur dispute en passant par la lettre qu’elle lui avait laissée avant de s’en aller brusquement chez sa mère.

– Voilà en gros tout ce qui s’est passé. Jessica, je suis vraiment à la bourre. Je suis tellement frustré et dépassé par cette situation. Tu n’auras pas une idée de ce que je devrais faire ?

– Un instant s’il te plaît. Comment ça tu es allé confronter son patron ? Qu’est-ce que tu as fait exactement ?

– Rien. Je suis juste allé parler avec lui après avoir découvert l’état dans lequel se trouvait Natacha ce soir-là. Je dois cependant t’avouer que j’ai eu envie de foutre mon poing dans la gueule de cet enculé. S’il n’avait pas eu tous ces gardes du corps autour de lui, je l’aurais sûrement fait, répondit-il en serrant son téléphone dans sa main.

Jessica pouvait sentir la colère dans la voix de Michael, ce qui lui fit comprendre qu’il était sérieux dans ce qu’il disait qu’il s’en serait pris au patron de sa fiancée s’il en avait eu l’occasion.

– Est-ce que tu as essayé de la joindre depuis son départ ?

– Oui, Jessica. C’est même la première chose que j’ai essayé de faire après avoir lu le contenu de la lettre qu’elle m’a laissée, mais son numéro est hors service. J’ai même essayé de passer par sa meilleure amie, Enola, mais elle-même n’a pas pu rentrer en contact avec elle. Je ne sais vraiment plus quoi faire.

Le silence se fit soudainement entendre à l’autre bout du fil tandis que mademoiselle Plano réfléchissait sur quoi lui dire. Pendant ce temps, Michael s’en voulait de ne jamais lui avoir demandé le numéro de sa mère. Si seulement il l’avait fait, il ne se serait jamais retrouvé dans cette situation.

– Michael, ce que je m’apprête à te dire ne va sûrement pas te plaire, mais je pense que tu n’aurais jamais dû confronter le patron de Natacha…

– Tu te fous de moi, Jessica ?! Comment peux-tu me dire une chose pareille ?! De toutes les personnes…

– Laisse-moi d’abord finir de parler… !

– Pour dire quoi, Jessica?! Hein ?! Pour dire quoi ?

Parce qu’il se montrait beaucoup trop émotionnel, mademoiselle Plano se retrouva dans l’obligation de hausser le ton contre lui et de lui dire d’écouter.

– Je sais que tu penses avoir bien agi et je pense que j’aurais fait de même si j’avais été à ta place, mais je maintiens que tu n’aurais jamais dû t’emporter de la sorte et tu n’aurais certainement pas dû aller à la rencontre du patron de Natacha. Ce que tu aurais dû faire était d’attendre qu’elle se réveille et d’en discuter avec elle…

– Pour qu’elle me mente une fois de plus et prétende que tout va bien alors que rien ne va ! s’exclama Michael en interrompant à nouveau son amie.

– Si elle l’a fait, c’est sûrement qu’elle avait une bonne raison de le faire. Regarde la façon dont tu as agi. Penses-tu que tu aurais trouvé ça approprié si les rôles avaient été inversés ? Comment aurais-tu réagi si elle était partie voir mademoiselle Degrâce et lui avait parlé de la même manière que tu l’as fait avec son patron ? Comment aurais-tu réagi ?

– Au moins je n’aurais pas disparu comme elle l’a fait et coupé tout contact avec mes proches.

La jeune femme l’interpella de nouveau en lui disant qu’il oubliait de prendre en compte quelque chose de très important dans son raisonnement.

– Michael, aux dernières nouvelles, tu n’es pas une femme. Nous ne faisons pas face à l’adversité de la même façon que vous. Nous réagissons plus en fonction de nos émotions. Tu ne sais pas à quoi elle pensait à ce moment. Peut-être qu’elle s’était dit que ton geste allait lui coûter sa promotion ou au pire son boulot. Je n’essaie pas de prendre son parti ou quoi que ce soit, je dis juste que vous avez tous deux une part de responsabilité dans cette histoire.

Face aux propos de Jessica, Orzak resta silencieux et se mit à réfléchir sur les actes qu’il avait posés jusqu’à présent. Cependant, il avait toujours autant de mal à digérer le comportement de Natacha, ainsi que son soudain départ. De son côté, mademoiselle Plano attendait que son interlocuteur dise quelque chose. Au même moment, Stanley, qui se demandait pourquoi son meilleur ami prenait autant de temps, vint le retrouver à l’extérieur.

– Mec, pourquoi tu… ?

Michael ne laissa pas le temps à Stanley de finir sa phrase qu’il indiqua silencieusement qu’il était toujours en plein appel avec Jessica.

– Michael !

– Ouais ! J’suis toujours là, t’inquiète. J’ai écouté tout ce que tu as dit, mais ça ne change en rien le fait que je ne sache toujours pas où se trouve Natacha en ce moment et que je n’aie aucun moyen de la joindre. Même avec l’aide de la police, je n’ai rien obtenu de concret.

– La police ?! Michael, qu’est-ce que tu as fait ?

Le jeune homme lui raconta alors ce qu’il avait fait, de sa visite au poste de police afin de lancer un avis de recherche jusqu’à l’annulation de ce dernier.

– Tu sais quoi, Michael ? Je préfère ne pas m’aventurer sur ce terrain et t’expliquer à quel point c’était un geste extrêmement stupide. Bref, fais tout pour avoir une conversation calme avec Natacha lorsque tu pourras la joindre et ne fais rien d’autre de stupide entretemps.

Ce fut avec ces derniers mots que Jessica mit fin à leur conversation. Stan demanda ensuite à Michael ce qu’elle avait dit, ce qui le poussa à lui faire un résumé de tout ce qu’ils s’étaient dit.

– Pour l’histoire de la police, je suis tout à fait d’accord avec elle. Tu n’aurais jamais du faire ça, mais pour le reste, désolé de le dire, mais elle raconte de la merde. Les femmes sont émotionnelles ! Les femmes sont émotionnelles ! Ça ne justifie en rien le comportement qu’elles peuvent avoir dans certaines situations.

– Je sais pas, mec. C’est une première pour moi.

– Et ce ne sera malheureusement pas la dernière fois que ce genre de choses arrive. C’est à cause de tout ça que je n’ai pas envie de me caser. Y a trop de belles créatures dans ce monde qui n’attendent que moi pour les satisfaire, un peu comme les deux qui sont à l’intérieur et qui se demandent pourquoi tu mets autant de temps. Alors, tu viens ?

Malgré l’état dans lequel il se trouvait, Michael se força à mettre ses problèmes de côté. Il avait fait une promesse à Stanley et il se devait de la tenir. Il accepta donc de suivre son meilleur ami et les deux hommes retournèrent à l’intérieur du bar.

A suivre !!!

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