La promotion 70

Natacha prenait sa douche tandis qu’un profond sentiment de gêne qui l’habitait. En effet, depuis qu’elle était rentrée dans la pièce, la jeune femme n’avait cessé d’être observée par cette employée du manoir Lancaster. Il était certes vrai que sa tâche consistait à garder un œil sur mademoiselle Barnes, et ce chaque fois que cette dernière ne se trouvait pas en présence son acquisiteur, mais elle trouvait qu’elle prenait son travail beaucoup trop au sérieux. Elle la regardait avec une telle insistance que la fiancée d’Orzak finit par croire qu’elle voulait également lui faire subir la même chose que Simon, d’autant plus qu’elle était complètement dénudée.

Une dizaine de minutes plus tard, mademoiselle Barnes finit de prendre sa douche. Tel un soldat, la jeune femme à ses côtés lui apporta ensuite la boîte après que cette dernière ait fini de s’essuyer. Lorsque Natacha l’ouvrit, elle découvrit une robe qui était de la même couleur que la nuisette qu’on lui avait précédemment offerte. Si elle n’était pas les mêmes caractéristiques que cette dernière, elle l’aurait sans doute trouvée magnifique. En effet, comme sa précédente tenue, celle-ci avait été fabriquée de sorte que l’on puisse voir tout ce qu’elle portait en dessous.

– Dégoûtant, pensa-t-elle en regardant cette robe.

Au moment où elle retira la robe de la boîte, quelque chose attira l’attention de mademoiselle Barnes. En effet, en dessous de sa robe se trouvait un second vêtement, une petite culotte fabriquée de la même manière. Cela dérangea énormément la jeune femme pour deux principales raisons. La première était que ces gens de la haute société espéraient qu’elle porte une chose pareille. S’il s’agissait de se vêtir avec la nuisette ou ce qu’elle tenait dans les mains, Natacha en était capable, ces deux habits ne dévoilant que sa poitrine. Elle n’avait qu’à s’imaginer qu’elle était à la plage ou un autre endroit dans le genre et ça passait ; quoique le sentiment de gêne était toujours présent ; mais de là à porter une chose pareille. C’était hors de question. Autant ne rien mettre du tout pendant qu’ils y étaient. Cela ne ferait aucune différence.

Ensuite, la seconde raison qui perturba la fiancée de Michael était les dimensions de la petite culotte. Elle ne pouvait pas se tromper, et ce malgré le fait qu’elle ne l’avait pas encore essayé. Le vêtement qu’elle avait sous les yeux était parfaitement à sa taille. Tout naturellement, elle se demanda comment ils avaient fait pour obtenir ses mensurations. Ce n’était pas comme si elle les avait inscrites dans son CV le jour où elle avait passé son entretien d’embauche ni qu’elle avait dit cela à monsieur Invictus durant l’une de leurs petites affaires. Si tel était le cas, alors comment ces gens s’étaient-ils procuré ce genre d’information ?

Plus Natacha réfléchissait à cela et plus elle était frustrée. Elle ne voyait vraiment aucune façon dont ils auraient pu obtenir des détails sur ses mensurations. Même en repensant à toutes les fois où elle avait été abusée par son patron, elle ne se rappela pas qu’il prit le temps de regarder ce qu’elle portait.

Voyant que la jeune femme en face d’elle prenait du temps à agir, l’employée du manoir Lancaster lui dit qu’elle risquerait d’être en retard pour le dîner si elle ne se dépêchait pas.

– N’y a-t-il pas moyen que je porte autre chose que ça ? demanda alors Natacha.

– Navrée, mademoiselle Barnes. Toutes les acquisitions ont pour consigne de porter l’ensemble qui leur a été fourni, répondit-elle.

Ce n’était clairement pas la réponse qu’elle espérait entendre. Par curiosité, elle lui demanda ensuite ce qui se passerait si elle venait à refuser de mettre la tenue.

– Je me verrai alors dans l’obligation d’intervenir.

Mademoiselle Barnes se doutait bien du type d’intervention dont cette femme faisait allusion. Après l’avoir personnellement vue à l’oeuvre, elle ne voulait plus que cette dernière la touche. Par conséquent, ce fut une fois de plus avec beaucoup d’amertume que Natacha obéit aux ordres et fit ce qu’on attendait d’elle.

Quelques minutes plus tard, la jeune femme se présenta devant le miroir de la salle de bain afin de voir à quoi elle ressemblait dans cette horrible tenue. Sans surprise, mademoiselle Barnes détestait ce qu’elle avait sous les yeux. Aucun mot n’était assez fort pour décrire à quel point elle se sentait gênée dans ces vêtements, et ce malgré leur douceur. Natacha était littéralement et allait donc se retrouver dans une pièce remplie de monde, des gens qui auront certainement les yeux rivés sur elle. En appréhendant cela, elle ne put s’empêcher de penser à Michael. La jeune femme s’excusait non seulement auprès de lui pour avoir trahi sa confiance, mais l’implorait également de lui donner assez de force pour tenir jusqu’à la fin de cet atroce évènement.

– Mademoiselle Barnes, il est temps d’y aller, rétorqua soudainement l’autre femme présente dans la pièce.

Natacha hocha la tête en guise de réponse avant de la suivre à l’extérieur de la salle de bain de la chambre.

—–*—–

Comme ce fut le cas peu de temps après son arrivée, Natacha fut conduite dans une pièce réservée uniquement à toutes les personnes qui avaient été invitées par monsieur Invictus et tous ses collègues. Elle revit donc de nombreuses têtes familières, mais cela dans un tout autres contexte et atmosphère. Si précédemment la plupart d’entre eux étaient quelque peu confortables dans leur accoutrement, ce n’était cependant plus le cas. En effet, parce que leur nouvelle tenue dévoilait littéralement leur physique, la majorité des personnes présentes dans la pièce avait exactement la même tête que mademoiselle Barnes. Ils étaient tous gênés de devoir se balader ainsi en compagnie d’autres personnes. Seul un petit groupe d’individus dans lequel se trouvait bien évidemment Olivia Price semblait ne pas être dérangé par cela.

Natacha alla donc prendre place sur une des chaises, évitant de croiser le regard avec d’autres personnes, mais faisant également de son mieux afin de ne pas se laisser attirer par certaines choses. Une fois assise, la jeune femme se comporta telle une écolière qui était extrêmement épuisée, à savoir qu’elle posa ses bras sur la table et fit semblant de dormir. C’était la seule manière pour elle de résister à la tentation, cette tentation de jeter un coup d’oeil autour d’elle. Cependant, l’envie était forte. D’ailleurs, si elle avait été dans une situation normale, il ne ferait aucun doute que mademoiselle Barnes ne se serait pas privée de regarder les hommes autour d’elle. Certes, elle aurait éprouvé quelques remords vis-à-vis de son fiancé, mais cela n’aurait pas été de la même ampleur que ceux qu’elle ressentait à ce moment.

La jeune femme resta dans sa position d’écolière durant de nombreuses minutes jusqu’à ce qu’elle sente une personne s’asseoir à côté d’elle. Elle leva alors sa tête uniquement pour se rendre compte qu’il s’agissait d’un jeune homme. Natacha n’avait clairement pas besoin de ce genre de choses en ce moment, d’autant plus que son regard trahissait clairement ses intentions.

– Dis, je t’observe depuis ton arrivée au manoir et je dois admettre que tu es la…plus belle femme que j’ai jamais rencontrée, dit-il.

Alors qu’il s’adressait à Natacha, cette dernière baissa de nouveau sa tête et reprit sa position d’écolière. Son geste perturba quelque peu le jeune homme qui, à ce moment, ne sut pas comment réagir. Sa première pensée fut alors de savoir si elle ne le trouvait pas attirant ou si elle faisait partie de ses femmes qui se prenaient pour le centre du monde. Quoi qu’il en soit, il poursuivit en lui demanda comment elle s’appelait, mais il fut immédiatement interrompu par elle.

– Laisse-moi tranquille s’il te plaît. Je suis épuisée et je n’ai pas le temps pour ça, rétorqua-t-elle.

La voix de la jeune femme, lorsqu’elle prononça ses mots, n’était absolument pas condescendante. Bien au contraire, il s’agissait là de la façon dont une personne réellement épuisée s’exprimerait. Cependant, l’interlocuteur de Natacha ne le comprit pas de cette manière. Pour lui, il était inacceptable que cette personne s’adresse à lui de cette façon devant tout le monde, et ce sans même prendre le temps de le regarder. Aucune femme ne l’avait autant humilié. S’ils avaient tous les deux été dans un autre endroit, il aurait certainement agi afin de corriger ce qu’il considérait comme étant un mauvais. Cependant, ce n’était pas le cas. Ils se trouvaient tous les deux dans le manoir Lancaster, un lieu contrôlé par les membres de la haute société. Il était donc pieds et poings liés. Il se leva donc de son siège et s’éloigna de Natacha après lui avoir dit qu’elle n’avait rien d’intéressant.

Ce bref échange entre Natacha et ce jeune homme attira bien évidemment l’attention de certaines personnes dans l’assemblée, dont une personne familière du nom d’Olivia Price. Celle-ci, qui l’observait depuis un coin de la pièce, détestait vraiment la manière dont elle attirait l’attention. Elle haïssait notamment sa manière de jouer la sainte qui n’avait pas envie d’être présente parmi eux, d’autant plus que chaque fois qu’elle le faisait, les autres personnes de la salle perdaient tout intérêt pour elle. Elle trouva cependant qu’elle avait trouvé la parfaite stratégie d’approche pour cet évènement, ce qui la frustrait davantage. Lequel parmi ces personnalités de la haute société resterait indifférent face à une femme comme elle, une femme belle, mais timide ?

18h58

Alors que la dernière personne venait de rentrer dans la pièce accompagnée de plusieurs employés du manoir, tout le monde fut invité à prendre place sur leur siège, la phase de dîner étant sur le point de débuter. Mademoiselle Price vint donc s’asseoir à côté de mademoiselle Barnes qui était toujours dans sa position d’écolière endormie.

– Hey ! s’exclama-t-elle en tapotant délicatement l’épaule de Natacha.

La fiancée de Michael leva sa tête, elle se rendit compte qu’elle avait affaire à un visage familier, celui d’une femme qu’elle avait rencontrée quelques heures auparavant.

– Salut, dit-elle de façon morose.

– Est-ce que tout va bien ? J’ai vu ce qui s’est passé tout à l’heure avec ce mec.

Vu l’expression que cette dernière arborait, Natacha se dit qu’elle devait sans doute se faire du souci pour elle. Néanmoins, elle ne pouvait pas se confier à elle, car après tout ce qu’elle avait vécu jusqu’à présent, elle avait appris que les gens n’étaient pas toujours ce qu’ils semblaient être. Donc, parce qu’elle ne connaissait pas ses véritables intentions ni même si elle était sincère ou pas, mademoiselle Barnes préféra garder ses distances avec cette femme. Elle lui répondit donc qu’elle était juste un peu épuisée, mais qu’elle allait bien.

– C’est tant mieux. J’ai vraiment cru que tu étais mal en point.

– Non, c’est juste de la fatigue. Rien de plus.

– OK ! Sinon, comment c’était pour toi ?

– C’est à dire ? répondit mademoiselle Barnes, visiblement confuse.

Olivia ne savait pas si la femme présente à ses côtés faisait exprès de ne pas savoir où elle voulait en venir juste pour l’énerver davantage ou qu’elle n’avait vraisemblablement aucune idée de ce dont elle faisait allusion. Quoi qu’il en soit, elle garda son calme, maintenant sa façade de fille aimable, et poursuivit le dialogue.

– Je veux dire comment c’était avec ton partenaire. Tu sais, tout le monde parle de leur expérience.

S’il y avait bien une chose dont Natacha n’avait pas envie de parler, c’était bel et bien tout ce qui s’était passé avec ce vieil homme. Il lui dit alors qu’elle n’avait pas envie d’en parler, ce qui était bien évidemment une réponse que mademoiselle Price n’avait guère envie d’entendre. Elle se montra donc quelque peu insistante, restant cependant à la limite du raisonnable. Toutefois, au moment où la jeune femme aux cheveux gris-argenté était sur le point de réitérer ses propos, les portes de la salle s’ouvrirent brusquement et une armée d’employés débarqua avec beaucoup de chariots sur lesquels étaient posés les plats de chacun des invités. Il était alors 19h.

A suivre !!!

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