La promotion 71

Pendant que Natacha, les autres invités, et les membres de la séance de dégustation se faisaient servir leur dîner, Michael, Stanley, et les deux jeunes femmes qu’ils avaient abordées étaient toujours dans le bar de Patrick. Parce qu’il avait bu énormément d’alcool, le fiancé de mademoiselle Barnes était beaucoup plus enclin à s’amuser, à faire la fête, et même à se montrer un peu joueur avec les filles qui les accompagnaient. Cela était le résultat combiné de la conversation qu’il avait eue avec Jessica et de la frustration qu’il avait ressentie pendant et après cette dernière, un sentiment qui ne faisait que lui rappeler ce que sa fiancée lui faisait endurer présentement. Colère, inquiétude, et anxiété se mélangeaient chaque fois qu’il se demandait où elle était et ce qu’elle faisait. Dès lors, afin de se débarrasser temporairement de ces émotions, il avait décidé de boire en grande quantité.

Le jeune homme se montrait donc entreprenant, et ce au plus grand plaisir de Stanley qui appréciait le retour de son meilleur ami. D’ailleurs, il aimait tellement cette version de Michael qu’il fit tout son possible pour qu’elle reste le plus longtemps possible à leurs côtés. Ce fut donc pour cela qu’il n’eut sans cesse de commander plus de bières à Patrick. Il savait néanmoins qu’il y avait une limite à ne pas franchir et qu’il ferait également de son mieux pour que le futur mari se tienne à carreau ou pas.

L’alcool coulait donc à flots auprès de ces jeunes gens. Michael, qui se laissait emporter de plus en plus par l’euphorie des petits plaisirs simples de la vie, devenait de plus en plus entreprenant auprès de Sally qui semblait elle aussi être réceptive à ses avances. D’ailleurs, peu de temps après le retour de Stanley et lui dans le bar, la jeune femme avait échangé sa place avec Hopkins afin de se rapprocher de lui. À leur table, on aurait désormais dit de jeunes couples qui étaient venus passer du bon temps dans ce lieu. Même Cameron semblait apprécier la personne à côté de qui elle était assise.

Cette ambiance pseudoromantique se poursuivit jusqu’à ce que Michael reçoive un autre coup de téléphone. Celui-ci, pensant qu’il s’agissait à nouveau de Jessica, l’ignora dans un premier temps. Il n’avait pas envie de reparler avec elle, surtout si cela impliquait de finir de mauvaise humeur après la conversation. Néanmoins, après l’intervention de Sally qui lui demanda s’il ne comptait pas décrocher, ce à quoi il répondit que cela devait être un appel sans importance. Elle accepta sa brève explication et les deux reprirent leur discussion là où ils l’avaient laissée.

Quelques secondes après, le téléphone portable de Michael sonna une fois de plus. Le jeune homme commença à en avoir marre, se demandant ce que son amie voulait lui dire qui n’avait pas été discuté durant leur dernier appel. Le jeune homme sortit donc son appareil de sa poche uniquement pour se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de son amie, mais de sa nouvelle patronne, Elène Degrâce. Cela étonna grandement Orzak de recevoir un appel d’elle, d’autant plus qu’il ne se souvint pas lui avoir donné son numéro de téléphone.

– De qui s’agit-il ? questionna Stanley en voyant la tête de son meilleur ami.

– De ma nouvelle patronne, répondit Orzak.

– La fameuse mannequin qui t’a engagé comme photographe personnel. Que peut-elle bien te vouloir à cette heure et durant le week-end ?

– Je me pose la même question.

Michael s’excusa auprès de son groupe avant de se lever de son siège et de se rendre à l’extérieur du bar où il y avait beaucoup moins de bruit. Là, il décrocha à l’appel, exprimant sa surprise par la même occasion.

– Mademoiselle Degrâce !

– Bonsoir, Michael. J’espère que je ne te dérange pas.

– Non, mademoiselle Degrâce. Vous ne me dérangez absolument pas. Sinon, que me vaut l’honneur de cet appel ?

– Michael, tu n’as pas besoin d’être aussi formel quand tu t’adresses à moi. Nous sommes hors du cadre professionnel.

– Je n’oserais pas. Vous êtes tout de même ma patronne et, en tant que telle, je me dois de…

La jeune femme l’interrompit brusquement en lui disant qu’en tant que sa patronne, elle lui ordonna alors de s’adresser à elle de la même manière dont il le faisait avec Jessica. Sa requête était quelque peu gênante pour Michael qui ne la connaissait que depuis quelques jours contrairement à mademoiselle Plano. Quoi qu’il en soit, si elle voulait qu’il la tutoie, alors il allait la tutoyer, car comme elle venait de le dire, ils n’étaient pas dans un cadre professionnel. Mademoiselle Degrâce poursuivit ensuite en déclarant que si elle le contactait présentement, c’était pour lui proposer un autre travail, une occasion qui pourrait lui rapporter énormément.

– De quoi s’agit-il exactement ? demanda-t-il, intéressé.

– J’ai récemment été conviée à une œuvre de charité. L’évènement se déroulera dans un mois approximativement et j’aimerais que tu m’y accompagnes. Alors, qu’en dis-tu ?

Michael comprit immédiatement où se trouvait l’opportunité dans son invitation. Si mademoiselle Degrâce avait été invitée à cet évènement, il y avait alors de fortes chances qu’elle ne soit pas la seule. Il y aurait sans d’autres personnes de la même stature que la jeune femme. Cela lui permettrait alors de leur montrer ses talents en photographie, de capturer l’image de nombreuses personnalités publiques, et d’élargir sa liste de contacts. Mais surtout, ce gala de charité serait également un bon moyen de faire connaître le studio de Jessica et par la même occasion augmenter sa renommée. Il s’agissait vraiment là d’une occasion en or pour Orzak.

– Je vous mentirais…je te mentirais si je te disais que je n’étais pas intéressé, répondit-il.

– Génial ! Je te tiendrai informé concernant le lieu et l’heure, ainsi que sur l’obtention de ton laissez-passer.

– J’attends de vous…de tes nouvelles avec impatience.

La jeune femme derrière son téléphone ne pouvait s’empêcher de sourire devant les lapsus de Michael. Il avait vraiment du mal à sortir de son cadre professionnel, ce qui était à son honneur. N’ayant plus rien à lui dire, Elène lui souhaita de passer une excellente soirée et un bon week-end. C’était cependant sans compter l’intervention d’Orzak qui l’interrompit avant de lui demander comment elle avait obtenu son numéro de téléphone.

– Je l’ai pris avec un de tes collègues après notre dernière séance de travail. De cette façon, pas besoin de passer par ton bureau pour rentrer en contact avec toi, lui dit-elle.

– Je vois.

– Passe une bonne soirée, Michael.

– Passez également une bonne soirée, mademoiselle Degrâce.

Ce fut donc avec ces quelques mots que la conversation entre la jeune femme et Michael prit fin. Il avait alors encore beaucoup de mal à croire à ce qui venait de se passer. Une opportunité unique s’était présentée dans sa vie et il avait bien failli ne pas la saisir. Il se dit alors qu’il avait bien fait de décrocher son téléphone au lieu de l’ignorer et de le laisser sonner. Qui sait ce que mademoiselle Degrâce aurait pensé s’il ne l’avait pas fait.

Avec tout ceci, Michael avait une autre raison de boire avec les autres. En parlant d’eux, ces derniers devaient sans doute se demander pourquoi il mettait autant de temps, surtout Sally qui semblait beaucoup s’intéresser. Malheureusement pour elle, ce n’était pas vraiment le cas d’Orzak dont la seule raison pour laquelle il s’était montré aussi entreprenant avec elle était à cause d’une requête de Stanley. Pour lui, il n’y avait qu’une seule femme qui comptait et il s’agissait de Natacha Barnes.

Alors que son nom revenait dans son esprit, le jeune homme ne put s’empêcher de se demander comment elle allait et ce qu’elle faisait. Il se questionnait sur son bien-être, voulait savoir si elle avait mangé, mais se demandait surtout si elle pensait présentement à lui. Est-ce qu’elle s’était rendu compte à quel point sa décision l’avait impacté ? Si oui, avait-elle ou éprouvait-elle des remords vis-à-vis de cela ? Telles étaient les questions qui traversaient l’esprit d’Orzak à cet instant.

Tandis que Michael était perdu dans ses pensées, son regard croisa celui d’un homme plus âgé que lui et se trouvant de l’autre côté de la rue. Celui-ci, qui était vêtu comme un détective de vieux film policier, le fixait intensément comme s’il essayait de se remémorer d’où il avait bien pu croiser le fiancé de Natacha.

– T’as un problème ? rétorqua-t-il, trouvant son comportement très étrange.

L’homme ne répondit pas et s’éloigna de Michael. Ce dernier le traita alors de « weirdo » avant de ranger son téléphone portable dans sa poche et de rentrer dans le bar. À l’intérieur de l’établissement de Patrick, ce fut sans surprise que Stanley et les autres lui demandèrent comment son appel s’était déroulé, ce à quoi il répondit que cela s’était passé très bien.

– À vrai dire, on vient juste de me faire une proposition que je ne pouvais absolument pas refuser, poursuivit-il.

– Allez ! Ne te fais pas prier. Il s’agit de quoi exactement ? rétorqua Hopkins.

– Elène Degrâce vient de m’inviter à un gala de charité qui se déroulera dans un mois environ. Cela me donnera l’opportunité de rencontrer de nombreuses célébrités et de les prendre en photo.

Lorsque le groupe entendit le mot « célébrités », leur curiosité s’accentua énormément. Les filles voulaient savoir de qui il s’agissait exactement tandis que Stanley lui demandait s’il y avait possibilité qu’il puisse se rendre à cet évènement avec lui.

– Du calme. Je n’ai pas la réponse à vos questions. On vient à peine de m’en informer.

Le groupe finit donc par se calmer après l’intervention de Michael. Il poursuivit néanmoins en leur disant que cette nouvelle était la parfaite occasion de se bourrer la gueule.

– Tu l’as dit, mon pote ! s’exclama Hopkins devant de tels propos.

À la suite de cela, Michael ordonna auprès de Patrick une nouvelle tournée pour leur table et le groupe reprit sa perdition alcoolique là où il l’avait laissée.

A suivre !!!

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