Alors que l’horloge affichait désormais minuit, Herman Invictus se tenait debout devant la fenêtre de sa chambre, les yeux rivés vers un horizon lointain dépourvu de lumière. Vêtu d’un simple caleçon, l’homme était perdu dans ses pensées. En effet, il se demandait comment sa fille se portait et si elle avait pris ses médicaments. Depuis son soudain accident de voiture, elle occupait une grande partie de son esprit. Non seulement il voulait qu’elle se rétablisse le plus vite possible afin qu’elle retrouve la vie normale qu’elle avait avant la collision, mais réfléchissait également sur comment améliorer sa sécurité.
Certes, il n’était pas le responsable direct de l’accident, cela revenant à Daniel Prine, mais cela ne l’empêchait pas de se sentir quelque peu coupable. Il était celui qui avait engagé son chauffeur personnel et celui qui avait acheté la voiture dans laquelle Marion s’était trouvée durant le crash. De ce fait, Herman n’avait pas l’esprit en paix. Il réfléchissait donc à augmenter la sécurité autour de sa fille, ainsi que de la faire désormais rouler dans une voiture blindée. Il ne voulait absolument pas que ce genre de choses se reproduise, il ne voulait plus recevoir d’appel lui disant qu’un des enfants venait d’être hospitalisé. Et pour ce faire, Herman Invictus était prêt à prendre toutes les dispositions nécessaires, et ce peu importe les conséquences.
Hormis sa fille qui occupait la majeure partie de ses pensées, Herman se remémora la brève conversation qu’il avait eue avec Simon Morgan et se demandait comment il allait faire pour gérer le banquier et ses ingérences. Pour l’homme d’affaires, il était clair que quelque chose d’imprévu s’était déroulé entre sa secrétaire et lui. Peut-être avait-il désormais posé son dévolu sur elle et il souhaitait s’en emparer ? Peut-être mademoiselle Barnes lui avait dévoilé quelque chose qui l’avait poussé à montrer une certaine hostilité à son égard ? Ou peut-être qu’il était tout simplement tombé sous le charme de la jeune femme et désirait se l’approprier ?
Néanmoins, peu importe la véritable raison derrière son brusque changement de comportement, Herman savait que l’individu n’était pas quelqu’un qu’il pouvait prendre à la légère. Tout comme lui, il était puissant et influent. D’ailleurs, le vieil homme était beaucoup plus influent que lui, contrôlant une des plus grandes, si ce n’était la plus grande institution bancaire du pays. De ce fait, on pouvait dire qu’il détenait littéralement une partie de ses finances dans la paume de sa main, ce qui laissait comme un arrière-goût dans la bouche d’Invictus. Il fallait donc qu’il trouve et prépare des contre-mesures, ce qui était plus facile à dire qu’à faire. S’attaquer à une personne comme Simon Morgan ou se défendre contre elle allait nécessiter énormément de ressources. Il devait donc s’assurer de ne rien laisser au hasard et pour ce faire, il avait besoin d’aide ; et il n’y avait que deux personnes vers qui il pouvait se tourner.
Tandis que l’homme d’affaires réfléchissait sur la démarche à suivre, la voix d’une jeune femme retentit soudainement derrière lui, le faisant ainsi sortir de sa petite bulle.
– Herman. Chéri, tu ne viens plus me rejoindre ? Je commence à avoir froid.
Lorsque Herman se retourna, il tomba nez à nez avec une créature de rêve aux cheveux roux et qui était complètement dénudée sur son lit. Cette dernière souleva ensuite le drap, invitant ainsi l’homme à venir prendre place auprès d’elle.
– Mon corps ne va pas se réchauffer tout seul, poursuivit-elle.
Avec des mots aussi charmeurs, l’homme d’affaires ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire avant de lui dire qu’elle n’avait pas à s’inquiéter et qu’il était là pour l’aider à se réchauffer. Ce fut donc avec ces quelques mots que Herman Invictus alla rejoindre sa compagne d’un soir avant de prendre soin d’elle.
03h12
Natacha reprit soudainement connaissance au milieu de la nuit. Elle se demanda immédiatement où elle était et ce qui s’était passé, uniquement pour s’apercevoir que Simon Morgan dormait profondément sur elle. À peine essaya-t-elle de bouger que son corps tout entier fut parcouru par une atroce douleur. Cependant, elle fut dans l’incapacité d’exprimer son ressenti à cause de la boule de geisha que le banquier avait mis à l’intérieur de sa bouche quelques heures auparavant.
Tandis qu’elle essayait de retirer délicatement l’objet de sa bouche sans faire le moindre geste brusque, les souvenirs de ce qui s’était produit avant qu’elle perde connaissance lui revinrent brusquement en tête. Natacha se rappela que le banquier, après l’avoir forcée à mettre la boule de geisha, avait réitéré son horrible acte en insérant de nouveau le godemichet dans son cul. La douleur avait été si atroce que la jeune femme n’avait pas pu la supporter et avait fini par perdre connaissance. Barnes ne savait donc pas ce qu’il lui avait fait pendant ce temps, mais connaissant l’individu, il avait forcément dû abuser d’elle.
Natacha cessa un instant de défaire ses restrictions, s’imaginant ce que le vieil homme avait pu lui faire pendant qu’elle était absente. Et ce qu’on pouvait dire était que cela ne la laissa absolument pas indifférente. Bien au contraire, le simple fait de penser à ça et de le voir dormir paisiblement sur elle comme si de rien n’était instaura chez elle une avalanche de sentiments puissants, mais également contradictoires. Elle se sentait tout d’abord très sale, ce qui était tout à fait compréhensible après tout ce qu’elle avait subi de la part du banquier. Cependant, cela ne s’arrêtait pas seulement à lui. Mademoiselle Barnes éprouvait du dégoût vis-à-vis d’elle à cause de tout ce qu’elle avait fait au cours de la semaine. Non seulement elle avait couché avec d’autres personnes que son fiancé, Michael Orzak, mais ces dernières s’étaient littéralement servies d’elle comme une « vide couille ». Il n’y avait rien de plus humiliant pour une jeune femme comme elle.
Bien évidemment, ce n’était pas la seule chose qui préoccupait Natacha à cet instant précis. Non, hormis le profond dégoût qu’elle éprouvait envers elle-même, la jeune femme avait également envie de mettre fin à ses jours. Cependant, contrairement aux fois précédentes durant lesquelles elle voulait soit s’en aller toute seule, soit partir avec Michael, mademoiselle Barnes avait en tête d’emporter le banquier avec elle. Pour elle, cet individu qui dormait paisiblement sur elle ne méritait absolument pas de rester en vie. Il en était de même pour son patron, Herman Invictus, ainsi que toutes les personnes qui participaient à cette séance de dégustation.
La jeune femme chercha alors du regard quelque chose, un objet qui pourrait lui servir d’arme afin de se débarrasser de cet homme et de tout ce qu’il représentait. Toutefois, plus son regard parcourait les lieux et plus son niveau de frustration augmentait, et cela jusqu’au point où cette dernière ne put s’empêcher de verser quelques larmes. Pourquoi n’y avait-il rien ? Pourquoi ne trouvait-elle rien d’utile alors qu’elle s’était enfin décidée de faire quelque chose de signifiant après tous ces jours ?! Pourquoi la vie s’acharnait-elle autant sur elle ?!! Pourquoi ?!!! Ce n’était vraiment pas juste.
Natacha était au bord de la crise de nerfs, et de ce fait, n’avait plus la volonté de retirer la boule de geisha qu’elle avait dans la bouche. Pourquoi perdrait-elle le peu d’énergie qu’il lui restait à le faire ? La vie s’était montrée injuste envers elle et le serait certainement dès l’instant où elle se débarrasserait de cette chose. Simon sortirait sûrement de son sommeil et s’en prendrait sans doute à elle à cause de cela. La jeune femme prit donc la décision d’attendre que le banquier se lève, et ce malgré l’inquiétude qu’elle avait vis-à-vis de l’état dans lequel se trouvait son trou du cul.
03h45
Cela ne faisait qu’une trentaine de minutes que mademoiselle Barnes avait pris sa décision qu’elle commençait déjà à le regretter. Il fallait dire qu’avoir un vieil homme qui dort sur soi et un objet étranger dans la bouche n’était absolument pas plaisant pour Natacha. Non seulement l’homme était assez lourd, mais il la mettait également très mal à l’aise. Cependant, elle avait fait son choix et savait donc qu’elle devait s’y tenir de peur de faire à nouveau face à des représailles. Tout ce qui lui restait à faire était d’attendre le lever du soleil. Mais quand se lèverait-il ?
Mademoiselle Barnes scanna toute la pièce du regard dans le but de trouver une montre pour lui indiquer l’heure qu’il faisait. Malheureusement, il semblait n’avoir rien de tel dans la chambre. Natacha ne savait donc pas le temps qu’il faisait ni pendant combien de temps elle devait encore attendre avant de voir les premiers rayons du soleil.
Après plusieurs minutes à essayer de deviner l’heure qu’il faisait, l’esprit de Natacha finit par se poser sur son fiancé. Elle se demanda notamment comment il se portait et ce qu’il avait fait durant son absence, mais elle se posait des questions sur le déroulement de sa nuit. Elle espérait du plus profond de son coeur qu’il passait une bonne nuit et espérait également qu’il ne soit plus trop fâché contre elle. Néanmoins, une partie d’elle savait qu’il faudrait un miracle pour que le jeune homme la pardonne aussi facilement. Après tout ce qu’elle avait fait, les mensonges, les disputes, la lettre, et sa soudaine disparition, c’était impossible.
Malgré le fait qu’elle espérait se faire plus ou moins pardonner par son fiancé, une importante question restait toutefois en suspend. Natacha Barnes allait-elle se pardonner elle-même ? Il était clair qu’après tout ce qu’elle avait traversé au cours de la semaine, la jeune femme éprouvait une certaine culpabilité envers elle-même. Elle savait notamment que tout ce qu’elle avait fait jusqu’à présent était moralement mauvais et elle savait également qu’elle n’avait pas vraiment eu le choix. Cependant, cela ne l’empêcha pas de trouver toutes ses récentes actions impardonnables, des actions qui avaient entaché sa relation avec Michael Orzak.
Mademoiselle Barnes avait donc progressivement perdu sa confiance en soi ainsi que celle que l’homme qu’elle aimait avait envers elle. Même son idée selon laquelle tout allait revenir à la normale une fois la séance de dégustation terminée était rentrée dans le cadre de l’incertitude ; parce que lorsqu’elle prenait le temps d’y réfléchir, il y avait très peu de chance que son patron et ses associés la laissent reprendre une vie normale. C’était devenu tout simplement impossible, et ce dès l’instant où elle était rentrée dans son bureau d’Herman Invictus pour faire sa demande de promotion. Du côté de Michael, c’était extrêmement compliqué. D’ailleurs, ça l’était tellement que la jeune femme préféra ne pas y penser de peur de s’effondrer à nouveau en larmes.
– La vie est trop injuste, pensa-t-elle à cet instant.
De nombreuses minutes s’écoulèrent et les paupières de Natacha devinrent de plus en plus lourdes. Bien qu’elle venait à peine de se réveiller, la fatigue qu’elle avait accumulée tout au long de son trajet et de ses diverses mésaventures dans le manoir Lancaster était toujours présente. À mesure que les secondes s’écoulaient, elle sentait Morphée se rapprocher et user de son pouvoir divin sur elle. Cependant, elle ne pouvait pas se laisser emporter. Non, c’était beaucoup trop dangereux. Barnes avait peur que le vieil homme se réveille durant son sommeil et profite à nouveau d’elle. Elle avait déjà subi une fois et ne voulait donc pas que cela se reproduise à nouveau. Ce fut donc la raison pour laquelle elle résistait de toutes ses forces, qu’elle s’empêchait de fermer les yeux plus de quelques secondes.
Néanmoins, l’exercice était extrêmement difficile, mais elle ne comptait pas se laisser faire, pas cette fois. Et pour venir à bout de cet ennemi, Natacha Barnes décida de se réfugier dans ses bons souvenirs. Elle se disait que comme elle était dans l’incapacité de bouger, elle allait alors s’évader dans son esprit. La jeune femme ferma alors ses yeux et projeta une image mentale de sa vie avant ce moment fatidique du lundi soir. Elle se voyait aux côtés de Michael, profitant d’un délicieux repas qu’il avait soigneusement cuisiné pour elle. Face à ce magnifique souvenir, Natacha ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Cette réminiscence ; bien que cela n’ait été qu’un simple repas à deux ; était un magnifique moment empli d’un amour sincère qu’elle chérissait énormément.
04h15
Cela faisait désormais plus d’une heure que mademoiselle Barnes s’était réfugiée dans ses bons souvenirs. Cependant, la réalité la rattrapa bien assez vite, les réminiscences des évènements passés refaisant surface dans sa mémoire. Elle fit son possible pour ne pas y penser, mais la tâche était ardue. Ce n’était pas évident pour elle d’ignorer ce qu’elle avait subi et elle finit malheureusement par se focaliser uniquement sur ça notamment sur les pires moments à savoir la première fellation qui lui avait été imposée par son patron, le viol qu’elle avait subi à l’hôtel juste après le rendez-vous avec Cheng et Hong, et tous les horribles instants passés avec le banquier qui dormait sur elle.
Alors qu’elle continuait d’être traumatisée par ses souvenirs, la jeune femme sentit Morgan bouger. Ce fut si soudain qu’elle fut prise de panique avant de fermer ses yeux et prétendre être endormie. Pendant ce temps, le banquier continuait de se mouvoir. Finalement, ce dernier finit par se réveiller et se demander où il se trouvait. Ce ne fut que quelques instants après qu’il se rendit non seulement compte qu’il était dans le manoir Lancaster, mais qu’il se trouvait également en compagnie de mademoiselle Barnes. Malgré la fatigue qu’il ressentait, Simon ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté. Comment ne pouvait-il pas l’éprouver ? Il venait de se réveiller aux côtés d’une créature de rêve, quoique cettedite créature refusait toujours de lui obéir et de venir travailler pour lui.
Tandis qu’il observait la jeune femme dormir profondément, ses yeux venant de s’acclimater aux conditions lumineuses de la pièce, le regard du vieil homme se posa sur la poitrine de Natacha. Elle était si ferme qu’il ne put s’empêcher de poser sa main dessus. C’était tellement doux au touché qu’il se décida par la suite d’y goûter. Bien évidemment, mademoiselle Barnes qui était consciente durant tout ce dégoûtant procédé s’efforça à ne rien dévoiler de sa condition actuelle. Heureusement pour elle, Simon fut pris d’une soudaine envie d’uriner et partit alors vider sa vessie quelques instants plus tard.
Pendant que le vieil homme se trouvait dans la salle de bain, la jeune femme resta immobile sur le lit. Cela était le résultat de sa peur de se faire soit frapper soit abuser s’il venait à se rendre compte qu’elle était consciente, mais également la conséquence de la situation dans laquelle elle se trouvait. La porte était gardée par une des employées du manoir Lancaster tandis que la fenêtre n’était pas une option viable. Natacha n’avait donc aucun moyen d’échapper au banquier et devait donc se contenter d’attendre.
De nombreuses minutes s’écoulèrent et le banquier n’était toujours pas revenu. Cela intrigua quelque peu mademoiselle Barnes qui finit par se demander ce qu’il faisait dans cette pièce. Peut-être s’était-il endormi sur les toilettes ou un truc du genre ? Elle était très curieuse de savoir, l’homme pouvant lui préparer une très mauvaise surprise. Incapable d’aller vérifier par elle-même, Natacha fit appel à sa mémoire. Il n’y avait rien dans la salle de bain que Simon était susceptible d’utiliser afin de lui faire du mal ; rien hormis du savon et d’autres produits de soin corporel. Il ne comptait tout de même pas les utiliser sur elle, n’est-ce pas ? Depuis le début de la semaine, Natacha Barnes avait subi tant de choses qu’elle se méfiait désormais de toutes les actions que Herman Invictus, Simon Morgan, et tous leurs collègues pouvaient mener.
04h30
La porte de la salle de bain s’ouvrit et laissa apparaître un Simon Morgan au bord de l’effondrement. Le vieil homme était si épuisé que, malgré le fait que Natacha était dénudée et complètement vulnérable, sa libido peinait à monter. L’homme de 65 ans en avait pourtant envie, mais son corps refusait tout simplement de lui obéir. Il finit donc par s’allonger à côté d’elle, posant une de ses mains sur la poitrine de la jeune femme avant de s’endormir à nouveau quelques minutes plus tard.
Tandis que le banquier s’enfonçait de plus en plus dans le monde des rêves, Natacha sentait son inquiétude s’envoler progressivement. En effet, la jeune femme était non seulement apaisée par le fait que Simon s’endorme sans lui faire la moindre chose, mais elle était également soulagée que ce dernier ne le fasse pas sur elle. Mademoiselle Barnes était désormais capable de descendre du lit sans l’alerter. Elle n’avait qu’à attendre et se rassurer qu’il était bel et bien inconscient.
À peu près une heure plus tard, après avoir suffisamment attendu et résisté de son mieux au sommeil, Natacha passa finalement à l’acte. Elle retira délicatement le bras qui était sur elle et le posa doucement sur le lit. Simon bougea alors brusquement, marmonnant au passage quelque chose d’inaudible, ce qui effraya énormément mademoiselle Barnes. Son coeur venant de se calmer, la jeune femme descendit finalement du lit et prit la direction de la salle de bain avant de s’y enfermer.
Quelques instants après s’être placée devant le miroir, Natacha s’effondra en larmes, envahie par un torrent d’émotions. Elle n’en pouvait plus de la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle voulait quitter ce lieu infernal et ne plus rien à voir avec toutes ces personnes, elle voulait rentrer chez elle et être auprès de l’homme qu’elle aimait, mais ce qu’elle voulait par-dessus tout était de retrouver une vie normale. Mademoiselle Barnes était fatiguée de cette double vie qu’elle menait depuis quelques jours. Les mensonges et les cachotteries, elle voulait que tout cela cesse.
La jeune femme ne se sentait pas bien. Même lorsqu’elle regardait son reflet dans le miroir, elle peinait à se reconnaître. Et pour cause, la Natacha Barnes qu’elle avait auparavant était désormais introuvable. Elle n’était plus la jeune femme ambitieuse et pleine de vie de la semaine précédente, mais plutôt une personne au bord de la dépression.
A suivre !!!