La promotion 82

Michael arriva à son lieu de rendez-vous peu de temps avant 13 heures. À l’intérieur, il aperçut son meilleur ami qui était assis au comptoir et qui avait déjà entamé quelques bouteilles sans lui. Le jeune homme s’approcha donc de Stanley, tapota légèrement son épaule, et lui demanda depuis combien de temps il se trouvait dans le bar.

– Ça doit faire une trentaine de minutes, je pense.

– Et tu m’as pas attendu avant de commencer, rétorqua Michael en prenant place sur son siège.

– Que veux-tu que je te dise, Mike ? J’avais soif.

– Je vois ça. Sinon, quoi de neuf ici, les mecs ?

Patrick, qui à ce moment se tenait debout en face des deux hommes, lui répondit en lui disant que Stanley lui racontait comment sa soirée en compagnie des deux filles de la veille s’était déroulée.

– Mike, j’arrive pas à croire que tu aies refusé de partir avec eux, poursuivit-il.

– Les mecs, je vous rappelle que j’ai déjà quelqu’un dans ma vie. Il y a donc des choses que je ne peux pas me permettre de faire, dit le jeune homme avant de commander une bière.

– T’as entendu ça, Patrick ?

– J’ai très bien entendu.

– Monsieur ne peut donc plus s’amuser avec les copains parce qu’il a maintenant quelqu’un dans sa vie. De nous excuser, monsieur je suis en couple. Sinon, comment se porte ce fameux couple en ce moment ?

En plus de lui dire qu’il trouvait sa petite remarque très amusante, le jeune homme lui répondit qu’il n’avait toujours reçu aucune nouvelle de la part de Natacha, ce qui intrigua bien évidemment Patrick qui n’avait pas été informé.

– Un moment tous les deux, il se passe quoi avec Natacha ?

– C’est vrai que t’es pas au courant de ce qui se passe entre Mike et Natacha. Pour résumer ça le plus simplement possible…

– Je me suis disputé avec Natacha et elle est partie de la maison. Je n’ai aucune nouvelle d’elle depuis vendredi soir, rétorqua Michael après avoir interrompu son meilleur ami.

– Merde !

– Tu l’as bien dit, Patrick. C’est vraiment une situation merdique, dit Stanley avant de prendre une nouvelle gorgée de son breuvage.

– Écouter, les mecs, j’suis pas venu ici pour parler de ça. Tout ce que je veux en ce moment est de profiter d’un bon moment avec mes potes, et c’est tout.

– De quoi allons-nous parler alors ? questionna Stanley sur un ton quelque peu taquin.

– Pourquoi pas de toi ?

Confus, Hopkins lui dit qu’il n’y avait rien de spécial à dire vis-à-vis de lui, ce à quoi Orzak rétorqua qu’il avait au contraire beaucoup de choses à raconter.

– Comme quoi par exemple ?

– Ton petit frère, par exemple. Oui, comment va Jason ?

– Je vois ce que tu tentes de faire, Michael, et ça ne marchera pas.

– Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, déclara le fiancé de Natacha en arborant un léger sourire. Je veux juste savoir comment ton petit frère se porte.

Stanley semblait ne pas être très ravi que Michael lui pose cette question. Néanmoins, il lui donna une réponse en lui disant que son petit frère se portait parfaitement bien, ajoutant également, et ce avec un soupçon de dédain dans le ton de sa voix, que ce dernier travaillait désormais dans le bar d’une certaine Alicia Garnier.

– Ah ! Au moins il se reprend en main.

– Si tu le dis. T’es vraiment un bel enfoiré, tu sais ça ?

– Mais nonnnn ! J’suis ton pote, Michael Orzak. Tu sais, le fameux monsieur je suis en couple.

Après lui avoir dit cela, le jeune homme ne put alors pas s’empêcher d’esquisser un léger sourire, ce qui renforça l’idée de Stanley selon laquelle il était véritablement un bel enfoiré.

– C’est bon ! C’est bon ! j’arrête. J’arrête de t’embêter. Regarde, pour me faire pardonner, je paie les deux prochaines tournées. Ça te va comme ça ?

Le jeune homme se contenta de lâcher un « hum » en guise de réponse, ce qui donna l’occasion à Michael de commander une nouvelle bière à Patrick, une bière qu’il déposa devant son meilleur ami quelques instants plus tard.

– T’es vraiment un bel enfoiré, rétorqua Stan en saisissant la bouteille.

– Oh, come on. C’est pas toi qui hier m’as demandé de redevenir celui que j’étais avant de rencontrer Natacha ? Tout ça pour que tu puisses finir la soirée avec Cameron et Sally.

– Ça, c’était hier quand nous étions avec les filles. Elles ne sont plus là. Tu peux donc arrêter.

Tandis que Patrick écoutait avec une certaine confusion leur conversation, se questionnant également sur la raison pour laquelle Stanley n’avait jamais fait mention de son petit frère, Michael dit à son meilleur ami qu’il allait arrêter de le taquiner, mais ajouta aussi que ce dernier devrait prendre des nouvelles de son petit frère beaucoup plus souvent.

– C’est tout de même ton petit frère, continua-t-il.

– Écoute, Michael, je n’ai vraiment pas envie de parler de Jason. D’ailleurs, tu sais quoi ?!… Fais chier, rétorqua brusquement le jeune homme avant de se lever de son siège et de prendre la direction de la sortie.

Face à ce qu’il considérait comme un comportement inhabituel de la part d’un de ses clients, Patrick demanda à Michael ce qui n’allait pas avec Stanley, ce à quoi il répondit que celui-ci ne s’entendait pas vraiment avec son petit frère.

– Pour tout te dire, Jason est un peu la brebis galeuse de la famille, toujours à se foutre dans la merde.

– Je vois.

– En tout cas, je reviens. Je vais aller lui parler.

Michael se leva à son tour de son siège et partit retrouver Stanley à l’extérieur du bar. Lorsqu’il arriva aux côtés de son meilleur ami, il lui posa une question quelque peu saugrenue. Il lui demanda notamment s’il était possible de survivre après avoir ingéré un poison qui était déjà expiré.

– Mais qu’est-ce que tu racontes ? répondit le jeune homme, confus par ce qu’il venait d’entendre.

– Je sais pas. Je viens tout juste de penser à ça.

– T’as vraiment des pensées bizarres.

– Je sais. Sinon, j’suis désolé pour tout à l’heure. Je ne voulais pas qu’on en arrive là.

– Oh que si ! Tu le voulais. Ça se voyait sur ton visage. Mais pourquoi, Mike ? Pourquoi me poser cette question sachant très bien que je n’aime pas parler de Jason ?

– À cause de Natacha. Elle a disparu du jour au lendemain et tu as vu l’état dans lequel ça m’a mis. Je ne voudrais pas que la même chose t’arrive.

Hopkins lui dit alors qu’il n’y avait aucune chance que cela lui arrive, ajoutant que Natacha était sa fiancée tandis que Jason était juste Jason.

– Il n’a et n’aura plus jamais aucune incidence sur ma vie, poursuivit-il.

– C’est là où tu te trompes, Stanley. C’est ton petit frère. Il a donc par défaut une incidence sur ta vie. La preuve, regarde comment tu réagis quand on parle de lui.

– Michael…, essaya-t-il de dire avant d’être interrompu.

– Tout ce que j’essaie de dire est que tu devrais essayer d’arranger les choses avec lui.

– Tu te fous de ma gueule ?! Arranger quelles choses ?! Cet imbécile de bon à rien a gâché toutes les opportunités qu’on lui a offertes et tu veux que j’arrange les choses avec lui ?! Qu’il aille se faire foutre ! Toi aussi, va te faire foutre, s’exclama le jeune homme avant de s’éloigner de son meilleur ami et du bar par la même occasion.

Cette fin de conversation entre les deux amis attira l’attention d’une partie des personnes présentes à l’intérieur du bar en plus de celles qui circulaient à cet instant devant l’établissement. Pour ceux qui connaissaient Michael et Stanley, ils se demandèrent ce qui pouvait bien se passer entre les deux, d’autant plus qu’ils ne les avaient jamais vus se disputer auparavant. De son côté, le fiancé de mademoiselle Barnes laissa son meilleur ami s’éloigner, se disant qu’il avait besoin de temps pour appréhender ce qu’il venait de lui dire. Il retourna donc à l’intérieur du bar où il fut accueilli par Patrick.

– On dirait que votre conversation s’est mal terminée, dit-il.

– Il semblerait en effet.

Orzak attrapa sa bouteille de bière qu’il finit quelques minutes plus tard. Il en commanda ensuite une nouvelle qu’il se mit ensuite à boire.

—–*—–

De retour au manoir Lancaster, Herman se trouvait en compagnie de Wrightway Sr dans l’un des couloirs du bâtiment. Tous deux retournaient dans la salle de bal où une minorité des convives étaient encore présents. L’homme d’affaires profita alors de l’occasion pour demander à son mentor si cette nouvelle séance de dégustation avait été à son goût.

– C’était très agréable, et ce même si ce corps ne me permet plus de profiter pleinement des douceurs de la vie, répondit le vieil homme.

– Pour quelqu’un de votre âge, vous me paraissez être très en forme.

– Ahahah ! Ma vigueur d’antan n’est malheureusement plus. Ce n’est qu’une question de temps avant que ce corps n’atteigne sa limite. Une fois de l’autre côté, ce sera à Junior de prendre le relais et gérer tout ce que j’ai bâti.

– N’est-ce pas dans cette optique que nous élevons nos enfants ? Pour qu’ils succèdent et fassent prospérer tout ce pour quoi nous avons travaillé.

– Nous vivrions dans un monde idyllique si cela était toujours le cas.

Herman comprit immédiatement où Wrightway Sr voulait en venir avec ses propos. Pour l’homme d’affaires, il était clair que ce dernier faisait référence à son second fils, cet enfant pour qui il n’éprouvait que de la déception et un certain mépris.

– Parfois, c’est notre plus belle création qui s’avère être notre plus grande déception, rétorqua brusquement l’homme d’affaires.

– De bien grands mots que tu emploies là, Herman. Tu as néanmoins raison. Nous donnons à nos enfants tout ce dont ils ont envie et les envoyons dans les plus grandes écoles, tout ça pour qu’ils se retournent contre tous les principes qui font de nous qui nous sommes et ternissent notre image, dit-il en appuyant fermement sur la tête de serpent de sa canne.

Au même moment, et ce alors qu’ils s’apprêtaient tous les deux à emprunter un énième couloir du manoir ; celui-ci les conduisant directement à la salle de bal ; les deux hommes aperçurent Simon Morgan entrer dans cette pièce. Wrightway Sr profita alors de cette occasion pour demander à Herman ce qui n’allait pas entre le banquier et lui.

– Je ne suis pas né de la dernière pluie. J’ai clairement remarqué l’animosité grandissante entre vous deux, rétorqua-t-il à nouveau lorsqu’Invictus lui lança un regard quelque peu étonné.

– Je ne qualifierai pas cela d’animosité. Je dirais plutôt qu’il s’agirait d’une sorte de sentiment de jalousie qu’il éprouve à mon égard.

– Je suppose que cela a un rapport avec ta jeune secrétaire, ai-je tort ?

– Vous êtes très perspicace.

Herman, qui avait confiance en cet homme, lui raconta comment il avait utilisé Simon Morgan afin de détruire sa secrétaire moralement et physiquement, et ce pour mieux la contrôler. Il admit cependant qu’il n’avait pas prévu que le banquier développe une certaine attirance pour elle.

– Les belles femmes ont ce pouvoir très mystérieux de faire tourner la tête des hommes. Tu aurais dû anticiper la naissance d’un tel scénario. Que comptes-tu faire dès à présent ?

Invictus s’arrêta brusquement à quelques mètres de la porte de la sale de bal avant de lui dire qu’il avait pour premier objectif d’observer la situation.

– Il n’est pas quelqu’un que je peux prendre à la légère. Je vais donc attendre qu’il fasse le premier et j’agirai en conséquence. J’ai cependant un service à vous demander.

– De quoi s’agit ? De quoi as-tu besoin ? demanda Wrigthway après s’être lui aussi arrêté.

– De votre soutien. Au cas où la situation viendrait à tourner à mon désavantage, j’aimerais pouvoir compter sur vous.

– Je ne peux rien te promettre. Me lancer dans un conflit ouvert contre le clan Morgan ne servirait aucun de mes intérêts. Néanmoins, si la situation venait à prendre des proportions désagréables, j’agirais en conséquence, rétorqua le vieil homme avant de reprendre sa route vers les portes de la salle de bal.

En le voyant s’éloigner de plus en plus, Herman ne put s’empêcher de se dire que cet homme était un véritable serpent ne prenant aucun parti et ne pensant qu’à ses propres intérêts. Ce n’était donc pas étonnant qu’il soit à la tête du plus grand empire médiatique du monde et la personne en plus d’être la personne qu’il admirait le plus. Ce fut sur cette pensée qu’Invictus se remit lui aussi en route vers la salle de bal.

A suivre !!!

Catégories : Étiquettes : ,

Laisser un commentaire