La promotion 83

Dans la salle de bal, en plus de retrouver le banquier, le duo composé d’Herman Invictus et David Wrightway Sr tomba nez à nez avec Alice Nicolay qui était assise à ses côtés. Les deux semblaient discuter de quelque chose, mais leur conversation s’arrêta brusquement lorsque la jeune femme aperçût l’homme d’affaires. En effet, après s’être rendu compte qu’il était revenu, cette dernière s’excusa auprès de son interlocuteur avant de se lever de son siège et de se rendre auprès du duo.

– Te revoilà enfin, Herman. Je me demandais quand tu allais revenir, rétorqua-t-elle lorsqu’elle arriva devant lui.

– Que fais-tu encore ici, Alice ? Je pensais que tu serais en compagnie de ton acquisition comme les autres.

– Être de nouveau avec lui ?! Après ce qu’il a fait la veille ? Plus jamais ! Je l’ai mis dans le premier aller simple pour l’endroit où il mérite d’être et j’espère ne plus jamais avoir affaire à lui.

Mademoiselle Nicolay était visiblement toujours en colère contre le jeune homme qu’elle avait acheté. Et comment ne pas l’être ? Toute femme aurait sans doute réagi de la sorte si elle avait dépensé une somme monétaire assez conséquente en échange de performances laissant à désirer.

– Nous ne savons jamais à quoi nous attendre lorsque nous faisons ces acquisitions. Parfois, nous pouvons tomber sur des perles précieuses et dans d’autres cas…l’investissement peut tout simplement se montrer déplorable, dit Wrightway Sr.

– Ce sont malheureusement les aléas de la vie et nous ne pouvons rien y faire. Le mieux serait tout simplement d’oublier cette petite mésaventure et de passer à autre chose, poursuivit Herman.

– Une petite mésaventure de plusieurs millions de dollars. Bref, sinon Herman, où est passée ta secrétaire ?

L’homme d’affaires trouva cela quelque peu étrange que mademoiselle Nicolay lui pose cette question, d’autant plus que sa secrétaire et elle n’étaient absolument pas proches. En plus, cette dernière n’était absolument pas le genre à prendre des nouvelles des personnes dont le rang social était inférieur au sien. Il y avait certes quelques exceptions, mais mademoiselle Barnes n’en faisait pas partie. Dans sa tête, Herman se dit donc que c’était peut-être Simon qui l’avait envoyée, et ce dans le but de s’enquérir de sa situation vis-à-vis de la jeune femme.

– Je l’ai renvoyée chez elle. Elle a besoin de repos si elle veut être à même d’accomplir ses tâches demain.

– Parce que tu comptes la garder auprès de toi ? rétorqua la jeune femme, surprise par la réponse de Herman.

Cette nouvelle question de la part d’Alice renforça l’idée d’Herman selon laquelle c’était Simon qui l’avait envoyée. Si ce n’était point le cas, alors pourquoi celle-ci semblait-elle t’inquiéter de la façon dont il la traitait ? Cela n’avait aucun sens. Au moment où Invictus s’apprêtait à lui donner une réponse, Wrightway Sr s’excusa auprès d’eux, prétextant qu’il ne pouvait plus rester debout très longtemps à son âge.

– Je comprends tout à fait, David. Nous n’aurions pas dû vous retenir aussi longtemps, répondit Invictus en voyant son mentor se diriger vers un des sièges.

– Désolée, David.

– Tous les deux, vous n’avez pas à vous préoccuper de ça. Vous êtes encore jeunes. Les vieux comme moi ne possèdent plus cette vigueur dont vous faites tous les deux preuve. Incapable d’échapper aux effets du temps, ce corps qu’est le mien est lentement en train de perdre ses forces et de s’éteindre petit à petit.

– Ne soyez pas aussi pessimiste. Vous avez encore de belles années devant vous.

– Seul le temps nous le dira, mademoiselle Nicolay. Seul le temps nous le dira.

Ce fut avec ces quelques mots que David Wrightway Sr partit finalement s’asseoir à une des tables avant de faire appel à un employé et d’échanger avec lui. Se retrouvant désormais à deux, la jeune femme reprit leur conversation à l’endroit précis où elle s’était arrêtée en demandant à Herman pourquoi il comptait faire travailler sa secrétaire le lendemain.

– Je trouve ton intérêt envers mademoiselle Barnes plus qu’étrange, Alice. Y aurait-il quelque chose que je devrais savoir ? Quelque chose que tu aimerais me dire ? répondit-il.

– Non, ce n’est absolument pas ce que tu crois.

– Et qu’est-ce que je suis censé croire exactement ?

– Que Simon m’a envoyée pour te poser des questions sur ta secrétaire.

Face à la réaction que l’homme d’affaires eut en écoutant ses propos, mademoiselle Nicolay lui dit qu’elle n’était pas stupide au point de ne pas remarquer la tension qui s’était créée entre le banquier et lui.

– J’espère que tu te rends compte que tes dires ne prouvent en rien le fait que tu ne sois pas de son côté.

– Je m’attendais à ce que tu dises quelque chose de la sorte. Cependant, tu t’es trompé sur un point. Je ne suis en aucun cas du côté de Simon et encore moins du tien. Entrer en conflit avec les Morgan ne m’apporterait rien de bon, ce serait plutôt à mon désavantage. Je viens juste en tant qu’amie pour te donner un conseil. Libre à toi de prendre ta décision après.

– Et de quel conseil s’agit-il exactement ?

– Tu dois te débarrasser de ta secrétaire. Cette femme ne t’apportera que des ennuis, rétorqua Alice avec une certaine conviction dans son regard.

L’homme d’affaires ne put cacher sa surprise lorsqu’il entendit ces mots sortir de la bouche de mademoiselle Nicolay. Il lui répondit néanmoins qu’il n’avait rien à craindre de mademoiselle Barnes et que la situation était parfaitement sous son contrôle. En effet, aux yeux d’Herman, Natacha n’était en aucun cas une menace. Bien au contraire, s’il y avait une personne dont Invictus devait bel et bien se méfier, c’était Simon Morgan, cet homme qui avait désormais des vues sur sa propriété.

– Quoi qu’il en soit, Herman, je ne te le dis pas uniquement en tant qu’amie, mais également en tant que partenaire commerciale. J’espère que tu prendras la décision la plus judicieuse.

Alice Nicolay, ayant fini de délivrer son message, retourna auprès de Simon Morgan qui avait observé leur interaction. Pendant ce temps, Herman ne put s’empêcher de trouver ses propos quelque peu ridicules. Bien évidemment qu’il allait prendre la décision la plus judicieuse, celle de conserver son nouveau jouet à ses côtés. Il était absolument hors de question qu’il se débarrasse d’elle, du moins pour l’instant. Il y avait encore tellement de façons dont il pouvait profiter de son corps.

Après quelques instants à fantasmer sur ce qu’il allait faire à sa secrétaire dans les prochains jours, Herman revint sur terre et chercha son collaborateur, Enrick Lancaster, du regard. Voyant que ce dernier ne se trouvait pas dans la pièce, il fit appel à un des employés qui se trouvaient encore dans la salle de bal et lui demanda la localisation du maître de maison.

– Monsieur Lancaster se dirige présentement vers l’héliport en compagnie d’un des invités, répondit-il après avoir fait usage du talkie-walkie dont il disposait.

– Tu peux disposer.

Sachant désormais l’endroit où Lancaster se trouvait, Invictus quitta la salle de bal et partit à la rencontre de son collaborateur.

—–*—–

De retour dans le bar de Patrick, Michael était sur le point de finir une énième bouteille de bière, cumulant ainsi plus d’une dizaine à son actif, et ce sous le regard curieux du propriétaire de l’établissement qui mourait d’envie de lui poser une certaine question. D’ailleurs, ce dernier n’hésita point et finit par le questionner sur ce qui lui était arrivé au visage.

– C’est seulement maintenant que tu me demandes ça ?

– J’aurais bien aimé le faire avant, mais Stan et toi étiez occupés à parler de sa relation avec son frère.

– Pas faux. Pour revenir à ce qui s’est passé avec mon visage, disons que c’est la conséquence d’une très mauvaise rencontre.

– Sans déconner. Allez, raconte ce qui s’est passé, dit le barman sur un ton sarcastique.

Le jeune homme finit alors par lui raconter ce qui s’est passé durant la soirée précédente, de sa séparation avec le groupe de Stan à sa sortie de l’hôpital.

– Merde ! Cette soirée ne t’a vraiment fait aucun cadeau, rétorqua Patrick.

– Ça, tu l’as dit, dit-il en esquissant un léger sourire.

– Non, mais il n’y a rien de drôle là. Tu as failli y rester, Michael. Est-ce que tu réalises ça ? Est-ce que tu réalises que si la police n’était pas passée dans cette ruelle par hasard, tu ne serais sans doute plus des nôtres ? As-tu pensé à l’état dans lequel Natacha aurait été si quelque chose de grave t’était arrivé ?

Au moment où le jeune homme entendit le nom de Natacha, le léger sourire qu’il affichait disparut instantanément, et ce afin de laisser place à une attitude un peu plus sérieuse.

– Patrick, je n’ai vraiment pas envie de parler d’elle en ce moment.

– Pourtant il le faut, mec. Ce que tu as fait était complètement irresponsable.

– Et qu’en est-il de ce qu’elle a fait ?! rétorqua Michael en haussant brusquement le ton et en frappant brusquement le comptoir du bar.

La réaction d’Orzak attira bien évidemment l’attention de toutes les personnes se trouvant dans l’établissement y compris les habitués qui se demandèrent tous ce qui se passait avec lui. De son côté, Patrick ne put cacher sa surprise vis-à-vis du comportement que venait de montrer son ami. Il savait que la situation entre Natacha et lui était quelque peu houleuse depuis quelque temps, mais il ne s’attendait absolument pas à ce que le simple fait de mentionner son nom provoque une telle réaction chez lui.

En voyant que tous les regards étaient tournés vers lui, Michael s’excusa dans un premier temps auprès de son ami, puis lui demanda l’addition. Il n’avait nullement envie de s’expliquer sur ce qui venait de se passer et préférait tout simplement s’en aller. Patrick finit par la lui donner et il s’empressa de vite la régler. Rangeant son portefeuille tout en se dirigeant vers la sortie du bar, le jeune homme perdit l’équilibre à de nombreuses reprises, manquant de se vautrer sur le sol.

– Michael, t’es sûr que ça va ? Si tu veux, je peux appeler un taxi, rétorqua le barman en voyant son ami avoir des difficultés à marcher droit.

– Pas la peine. Je vais me démerder.

– Michael…

– J’ai dit que j’allais me démerder !

Patrick était tiraillé vis-à-vis de ce qu’il devait faire. Il savait non seulement que le comportement présent de son ami était dû à toutes les bières qu’il avait consommées, mais aussi qu’il ne devait absolument pas le laisser rentrer chez lui dans cet état. Après ce qui s’était produit la veille, il y avait de grandes chances qu’il se mette à nouveau dans une situation périlleuse. L’homme prit finalement la décision d’empêcher son ami de commettre une bêtise. Il quitta donc son poste habituel et se précipita vers Orzak.

– Dégage de mon chemin, rétorqua le jeune homme lorsque Patrick vint se placer devant la porte de son établissement.

– Écoute, Michael, tu n’es pas dans ton état normal. Laisse-moi appeler un taxi pour qu’il puisse te conduire chez toi en toute sécurité.

– J’ai pas besoin de ton aide !

– OK ! OK ! Si tu n’as pas besoin de mon aide, contacte alors toi-même la compagnie de taxi. Je peux pas te laisser sortir d’ici sans m’assurer que tu ne fasses aucune connerie.

– Tu t’es pris pour qui ? Mon père ? Dégage de mon chemin, Patrick.

Le fiancé de mademoiselle Barnes essaya de déloguer son ami de sa position, mais ce dernier s’interposa fermement, poussant ainsi Michael à lui assener un coup de poing au visage. Une partie des autres personnes présentes dans le bar intervinrent aussitôt qu’Orzak passa à l’acte et l’immobilisèrent. Et tandis qu’il leur ordonnait de le relâcher, d’autres aidaient Patrick à se relever.

– T’inquiete pas, Michael. On va t’appeler un taxi et te renvoyer chez toi en toute sécurité.

Le jeune homme n’était visiblement pas content et il n’hésita pas à le faire savoir, traitant son ami et tous ceux qui le retenaient d’enflures. Cependant, Patrick ne prit pas ses insultes à coeur, sachant que ce n’était pas vraiment Michael qui parlait.

– Tu pourras m’insulter autant que tu le voudras après, mais il est hors de question que je te laisse rentrer chez toi tout seul. Du moins pas dans cet état.

Patrick retourna derrière le comptoir où il se saisit de son téléphone avant de composer le numéro d’une compagnie de taxis et leur demander d’envoyer un de leurs véhicules chercher son ami qui hurlait en arrière-plan.

—–*—–

Lorsque Herman arriva au niveau de l’héliport, il aperçut la personne qu’il cherchait, Enrick Lancaster, discuter avec un autre de leurs convives qui s’apprêtaient bien évidemment à rejoindre son hélicoptère. L’homme d’affaires attendit donc que les deux finissent de discuter, profitant de cette occasion pour envoyer un message avec son téléphone portable. Quelque temps plus tard, et ce tandis que l’interlocuteur d’Enrick montait dans son véhicule, Invictus partit finalement le rejoindre.

– Herman ! Depuis combien de temps es-tu présent ?! s’exclama le propriétaire du manoir dont la voix était à peine audible.

– Suffisamment longtemps pour te voir raccompagner Hutchinson jusqu’à son hélicoptère. Comment se porte notre ami ?

– Comme une personne de son âge ayant passé une excellente nuit aux côtés d’une créature de rêve.

– Je vois. Il est donc complètement épuisé.

– C’est cela en effet.

Les deux hommes échangèrent un léger fou rire, pensant à ce que leur collègue avait pu subir durant la nuit précédente. Après ce petit moment entre eux, et ce tandis que les deux se dirigeaient à l’intérieur du manoir, Enrick demanda à l’homme d’affaires ce qu’il pouvait bien faire pour l’aider.

– Je dois malheureusement m’absenter. Je ne prendrai donc pas part à la cérémonie de passation.

À ce moment, l’homme d’affaires sortit une carte rouge sang de la poche de sa veste et la tendit à Enrick.

– Est-ce que tout va bien, Herman ? demanda-t-il en récupérant l’objet.

– Tout va parfaitement bien. J’ai juste un petit souci familial à régler.

Herman lui expliqua ensuite plus en détail de quoi il s’agissait et Lancaster comprit immédiatement pourquoi son ami allait être absent.

– Je comprends parfaitement. Je dirai aux autres la raison de ton absence.

– Merci beaucoup.

– Il n’y a pas de quoi. J’aurais fait de même si j’avais été à ta place. Et j’espère qu’elle s’en remettra très vite.

– Je l’espère également, Enrick. Je l’espère également.

Les deux hommes se séparèrent, Lancaster retournant à l’intérieur de son manoir et Invictus restant sur place. Il attendait une réponse de son correspondant à qui il avait envoyé un message quelques minutes auparavant. Toutefois, il ne patienta pas très longtemps, son téléphone sonnant peu de temps après. Herman se dirigea donc vers la devanture du manoir où son chauffeur, Gordon Botle, l’attendait, portière ouverte.

– Où allons-nous, monsieur ? demanda-t-il après s’être installé derrière le volant.

– À la maison, Gordon. Je rentre à la maison.

Alors que le véhicule s’éloignait de plus en plus du manoir, l’esprit d’Herman était focalisé sur l’avenir, plus précisément sur les actions qu’il devrait entreprendre vis-à-vis de sa possible nouvelle rivalité avec Simon Morgan.

– Ça s’annonce intéressant, dit-il à voix haute.

– Monsieur ?!

– Rien, Gordon.

*

Alors qu’il venait tout juste de franchir le pas de sa porte, Michael referma violemment cette dernière avant de s’adosser momentanément dessus. Le jeune homme était toujours en colère par rapport à ce qui s’était produit dans le bar, notamment par le comportement que Patrick et les autres avaient eu envers lui. Il n’arrivait pas à croire qu’ils l’avaient forcé à monter dans un taxi alors qu’il leur avait bien spécifié qu’il n’en avait pas besoin. Pires encore, non seulement il l’avait obligé à faire quelque chose qu’il ne désirait absolument pas faire, mais ils avaient également ordonné au chauffeur de ne pas le laisser descendre tant qu’ils n’étaient pas arrivés à destination.

– Bande d’enfoirés ! s’exclama-t-il soudainement.

Le jeune homme n’adressait pas uniquement ces mots à ses amis, mais également au chauffeur de taxi qui avait eu la brillante idée d’écouter ce qu’ils lui avaient dit. Au cours de leur trajet, il lui avait pourtant bien spécifié qu’il était à même de rentrer chez lui tout seul, mais ce dernier ne l’avait pas écouté, ce qui avait causé une dispute entre eux et rendu leur trajet extrêmement tendu.

Toujours sous l’emprise de la colère et de la frustration, Michael essaya tout d’abord de se redresser, mais il perdit instantanément l’équilibre et fut obligé de prendre à nouveau appui sur la porte. En plus de cette soudaine perte d’équilibre, le jeune homme fut également pris de vertiges et d’une brusque envie de vomir. Il essaya de se rendre dans la salle de bain, mais la tâche s’avéra être très ardue et il finit malheureusement par se vautrer sur le sol, déchargeant par la même occasion le contenu de son estomac.

Malgré ce qui venait de se produire, le jeune homme trouva l’endroit où il était tombé plutôt confortable et décida de s’y reposer pendant un temps. Il était fatigué et avait la paresse de se traîner jusque dans son lit. De toute façon, il n’y avait personne d’autre que lui dans la maison. Il pouvait donc faire tout ce qu’il voulait et dormir sur le sol était exactement ce qu’il voulait faire à cet instant. Il ferma donc les yeux et se laissa progressivement emporter dans le monde des rêves.

*

Mademoiselle Barnes se trouvait dans un endroit inconnu et complètement dépourvu de lui. Elle demanda bien évidemment si quelqu’un d’autre se trouvait dans les parages, mais elle n’obtint aucune réponse, juste du silence. La jeune femme essaya ensuite de se déplacer dans une direction quelconque. Cependant, elle se retrouva dans l’incapacité de le faire, quelque chose la retenant au niveau de la cheville, quelque chose qu’elle était incapable de voir ni de toucher.

Il n’y avait rien hormis sa cheville, ce qu’elle trouva extrêmement inquiétant, d’autant plus qu’elle avait également l’impression d’être complètement dénudée. Natacha tenta une fois de plus de se déplacer, mais comme la fois précédente, quelque chose d’invisible la retenait. La jeune femme s’inquiéta de plus en plus et se mit par conséquent à appeler à l’aide. Juste après cela, un projecteur fut allumé et mademoiselle Barnes se retrouva brusquement baignée dans un faisceau de lumière, ce qui l’aveugla momentanément.

Lorsque les yeux de Natacha s’habituèrent aux nouvelles conditions lumineuses dans lesquelles ils évoluaient, la jeune femme remarqua immédiatement son patron, Herman Invictus, assis devant elle dans ce qui ressemblait à un fauteuil d’opéra. Ce dernier affichait comme à son habitude un sourire narquois, sourire qu’elle était venue à détester. La présence de l’homme d’affaires n’était cependant pas la seule chose que mademoiselle Barnes remarqua. En effet, à quelques mètres d’elle se tenait Michel Ankou, le majordome, qui prononçait quelque chose qu’elle n’arrivait pas à entendre. L’homme avait beau bouger ses lèvres et faire de nombreux gestes, aucun son ne sortait de sa bouche.

Soudainement, Natacha entendit quelqu’un applaudir dans la salle. Lorsqu’elle se retourna vers la personne à l’origine du son, elle eut la désagréable surprise de voir Simon Morgan, l’une des personnes qu’elle détestait le plus, assise à côté de son patron. Celui-ci, qui affichait la même tenue et le même sourire que Herman, tenait dans une de ses mains un petit panneau qu’il levait fièrement au-dessus de sa tête. Mademoiselle Barnes reconnut immédiatement de quoi il s’agissait, ayant vécu un évènement similaire récemment. Elle venait d’être vendue aux enchères.

Le bruit des applaudissements s’intensifia à mesure que des personnes dépourvues de visage apparaissaient dans la salle. Le cauchemar recommençait pour Natacha. N’ayant pas envie de revivre les mêmes abus ou de se faire à nouveau insulter, elle se mit en tête de fuir. Malheureusement, lorsqu’elle tenta de le faire, elle fut une fois de plus retenue par la cheville et finit par trébucher. La pièce étant désormais éclairée, mademoiselle Barnes pouvait désormais voir la chose qui la retenait prisonnière. Quel fut alors son horrible de surprise lorsqu’elle découvrit qu’elle était littéralement enchaînée à l’estrade.

Natacha attrapa cette chaîne et tira de toutes ses forces, espérant la décrocher du sol. Malheureusement, cette action se solda par un cuisant échec, le lien étant beaucoup trop fort. Pendant que la jeune femme se débattait, essayant de regagner sa liberté, Simon Morgan se leva brusquement de son siège sous un tonnerre d’applaudissements. Au même moment, mademoiselle Barnes entendit Michael Ankou demander à quelqu’un d’apporter son présent à monsieur Morgan. Deux hommes, dont un sans visage, apparurent ensuite à l’une des extrémités de l’estrade.

En voyant ces deux personnes s’approcher d’elle, l’effroi s’abattit sur le visage de Natacha. En effet, un des individus en face d’elle n’était nul autre que son fiancé, Michael Orzak. Ce dernier s’avança vers elle, le regard froid et colérique, ce qui eut pour conséquence de la faire reculer de plusieurs pas. Elle le supplia ensuite de la pardonner, prétextant qu’elle n’avait pas eu d’autre choix.

– J’ai fait ça pour nous ! Pour notre avenir ! Il voulait s’en prendre à toi, poursuivit-elle.

Michael ne prononça pas le moindre mot et tenta de placer un collier métallique autour de son cou. Mademoiselle Barnes le supplia à nouveau de ne pas faire cela, s’étant rendu compte de son véritable objectif, et fit même tout son possible pour l’en empêcher. Des larmes se mirent à couler le long de son visage tandis que la situation devenait de plus en plus désavantageuse pour elle. La jeune femme continua de supplier Michael, mais ce dernier n’en avait que faire de cela. Tout ce qui lui importait était de lui mettre le collier, chose qu’il parvint à faire peu de temps après.

Maintenant que le collier avait été placé de force autour de son cou, une autre chaîne dont l’une des extrémités était ce dernier fit son apparition dans la main d’Orzak. Celui-ci se mit ensuite à tirer et à traiter Natacha comme si elle n’était qu’une vulgaire chienne. La jeune femme essaya de lui résister, mais sans succès ; il était beaucoup trop fort pour elle.

– Tu mérites tout ce qui t’arrive, Natacha. Je t’ai offert mon coeur et ma confiance…et tout ce que tu as trouvé de mieux à faire était de me trahir…de détruire tout ce que nous avons bâti, rétorqua-t-il en tirant à de nombreuses reprises sur la chaîne.

– Je suis désolée. Je suis sincèrement désolée. Je n’avais pas le choix…, dit-elle, en larmes.

– Oh si, tu avais le choix. Tu aurais pu venir m’en parler et on aurait pu trouver une solution ensemble. Mais tu as préféré agir derrière mon dos et trahir toute la confiance que j’avais placée en toi.

– Je suis sincèrement désolée.

– Je n’en ai que foutre de tes excuses, Natacha. Tu ne représentes plus rien pour moi.

– Non, Michael. S’il te plaît, ne dis pas ça. Je n’ai pas envie de te perdre.

– Trop tard. Va t’amuser avec eux comme c’est ça que tu veux.

À ce moment, mademoiselle Barnes se retrouva en face du banquier qui arborait toujours le même sourire narquois que la fois précédente. Celui-ci se frottait les mains, sûrement en imaginant tout ce qu’il allait lui faire. Ne voulant pas revivre tout ce qu’elle avait subi dans la chambre avec lui, Natacha supplia une fois de plus son fiancé de ne pas faire cela, de ne pas la livrer à cet homme. Malheureusement pour elle, il n’en avait que foutre de ses supplications.

Natacha se débattit donc de toutes ses forces, et ce malgré l’absurde force physique dont faisait preuve Michael. Elle ne voulait pas retourner auprès de cet homme, pas après tout ce qu’il lui avait fait subir. Elle ne put malheureusement rien faire et finit par se retrouver dans les bras de Simon Morgan. Mademoiselle Barnes hurlait, appelait à l’aide, suppliait Michael de ne pas la laisser, mais ce dernier continuait de s’éloigner d’elle sans regarder en arrière.

– Tu n’as plus à t’en faire pour lui. Tu es à moi désormais, rétorqua Simon avant de l’embrasser subitement.

Mademoiselle Barnes ne s’était absolument pas attendue à un geste de la sorte de sa part et tenta bien évidemment de le repousser. Cependant, elle n’y parvint pas, l’homme disposant d’une force physique anormalement élevée. Il poursuivit donc avec son baiser, ce qui donna l’impression à la jeune femme d’être souillée. C’était néanmoins le moindre de ses soucis, car elle sentit soudainement sa langue s’enfoncer de plus en plus dans sa gorge.

La jeune femme se mit à paniquer et essaya une nouvelle fois de le repousser, n’hésitant d’ailleurs pas à lui asséner des coups, mais sans succès. Sa langue continuait de s’enfoncer de plus en plus, faisant bientôt en sorte que mademoiselle Barnes ne puisse plus respirer correctement. Natacha devait donc agir, et ce au plus vite si elle ne voulait pas y rester. Mais que pouvait-elle bien faire ? Le banquier la tenait fermement et ne comptait pas la laisser. Ses coups de poing étaient beaucoup trop faibles et ne lui servaient donc à rien. Elle était perdue et n’arrivait plus à penser clairement. Sa vision devint également de plus en plus floue avant de devenir complètement noire.

A suivre !!!

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